La fécondité en Allemagne avant 1850 - article ; n°3 ; vol.34, pg 695-705
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Description

Population - Année 1979 - Volume 34 - Numéro 3 - Pages 695-705
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 31
Langue Français

Extrait

Jacques Houdaille
La fécondité en Allemagne avant 1850
In: Population, 34e année, n°3, 1979 pp. 695-705.
Citer ce document / Cite this document :
Houdaille Jacques. La fécondité en Allemagne avant 1850. In: Population, 34e année, n°3, 1979 pp. 695-705.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1979_num_34_3_18101C64S2
NOTES ET DOCUMENTS
LA FÉCONDITÉ EN ALLEMAGNE AVANT 1850
Jusqu'au dernier tiers du xixe siècle, la fécondité en Allemagne resta
élevée alors qu'elle baissait en France depuis trois quarts de siècle. Les
estimations les plus anciennes qu'on puisse tirer des recensements allemands
donnent une descendance finale de 5 enfants pour les femmes nées de
1836 à 1840. C'est seulement pour celles nées de 1851 à 1860, c'est-à-dire
mariées quelque 25 ans plus tard, qu'apparaît un fléchissement (4,82 enfants),
qui s'accentue par la suite (1>. Il s'agit là de la descendance de l'ensemble
des femmes, mariées ou non. Ce chiffre est donc affecté par la nuptialité
qui a pu varier au début de la Révolution industrielle.
La démographie historique en Allemagne. Malgré une très riche docu
mentation, les études de démog
raphie historique sont restées assez longtemps négligées en Allemagne. Les
causes de ce retard sont surtout politiques. A la veille de la Seconde Guerre
mondiale, les recherches généalogiques connurent une grande vogue Outre-
Rhin. Le parti national socialiste ayant exigé que les candidats à certains
emplois donnent la preuve de leur ascendance « aryenne », les généalogistes
leur facilitèrent la tâche en reconstituant les familles de nombreux villages.
Les résultats de leurs recherches furent imprimés ou tout au moins dacty
lographiés. L'écroulement du Troisième Reich ne mit pas fin à la publication
de ce genre d'ouvrages qui gardaient, cependant, mauvaise réputation dans
les milieux universitaires.
C'est donc assez tard que ces reconstitutions de famille ont été utilisées
à des fins démographiques. Selon diverses monographies, la fécondité en
Allemagne jusqu'à la fin du xix* siècle ne différait guère de celle de la
France du Nord avant la Révolution. Cependant une étude sur la petite
ville de Giessen en Hesse, faite sous la direction d'A. Imhof et publiée
en 1975, révéla une baisse possible de la fécondité au début du xvin* siècle.
<*> Voir Patrick Festy. « Evolution de la fécondité en Europe occidentale ».
Population, 1970, 2, p. 262. n" 3, 1979. NOTES ET DOCUMENTS 696
La descendance complète des femmes mariées de 1681 à 1730, pour
une répartition fixe des mariages par âges, y serait tombée à 4,53 alors
qu'elle était de 5,09 pour celles mariées de 1631 à 1680 (2K A Heuchelheim,
village proche de Giessen, on notait également une baisse de la descendance,
assez forte dans le deuxième quart du xviii* siècle. La distribution des âges
à la dernière maternité confirmait cette baisse pour le village mais non
pour la petite ville, alors qu'on s'attendait plutôt au contraire.
Ce résultat, assez surprenant, remettait en question l'hypothèse selon
laquelle la limitation des naissances était à peu près inconnue ou, tout au
moins, très peu pratiquée dans les populations préindustrielles. Pour la France,
de nombreuses monographies tendaient à prouver le bien-fondé de cette
hypothèse mais une étude par E. A. Wrigley sur un village du Sud de
l'Angleterre <3>, Colyton, constatait une baisse sensible de la fécondité pour
la période 1647-1719. Une autre étude sur un village de Hongrie au
xvme siècle révélait une fécondité étonnamment basse pour l'époque <4).
Ces résultats qui portaient sur de petites populations restaient d'autant plus
sujets à caution qu'on pouvait se demander si, dans certains cas, ils n'avaient
pas été obtenus à partir de registres paroissiaux défectueux. La méthode
de reconstitution des familles ne permettait guère alors de pallier le sous-
enregistrement des naissances et l'effet des déplacements hors paroisse des
couples retenus pour l'étude de la fécondité.
D'où l'intérêt d'une analyse très approfondie par J. Knodel sur la
fécondité dans une dizaine de villages d'Allemagne <5>. Tout comme celles
d'A. Imhof, cette étude provient de reconstitutions de famille (Dorfssip-
penbucher) faites par des généalogistes, et les données en ont été syst
ématiquement vérifiées.
Les dix localités étudiées ne sont pas réparties dans toute l'Allemagne,
mais elles sont situées dans des régions protestantes aussi bien que catho
liques; trois d'entre elles ont des registres remontant à une période antérieure
à 1650.
Qualité des registres. Pour juger de la qualité de ces registres, la mortalité
des enfants (de 0 à 4 ans) a été analysée pour la
période 1750-1849. Les résultats figurent au tableau 1.
Pour la France, de 1750 à 1829, ce quotient, corrigé pour tenir compte
du sous-enregistrement des décès d'enfants, est de l'ordre de 0,400. Mais
la mortalité calculée à partir des registres sans faire de corrections est
(2) Voir Arthur E. Imhof. Historische Démographie als Sozialgeschichte,
Giessen und Umgebung vom 17 zum 19 Jahrhundert. Darmstadt 1975, I, 426.
(3) E. A, Wrigley. «Family limitation in preindustrial England», Economic
History Review, 1966, 19, 82-109.
<4> R. Andorka. « La prévention des naissances en Hongrie dans la région
Ormansag depuis la fin du xvme siècle ». Population, 1971, 1, 63-78.
<5> John Knodel. « Natural fertility in pre-industrial Germany ». Population
Studies, 1978, 3, 481-510. ET DOCUMENTS 697 NOTES
Tableau 1. — Mortalité des enfants dans dix villages d' Allemagne
Quotient de
mortalité Population Confession Régions des enfants prédominante en 1933
0,345 Catholique 1406 Bade
Bavière
1 205 0,371 Catholique (3 villages)
0,391 Protestante 219 Wurtemberg
Hesse
1943 0,318 Protestante (4 villages)
0,233 Frise orientale 698
loin d'atteindre ce niveau. Pour les filles nées de 1750 à 1829, le sous-
enregistrement dépasserait un peu 6% (6>; le quotient non corrigé (0,376)
serait donc assez proche de ceux calculés pour l'Allemagne, sauf dans le
village de Frise orientale où il est anormalement faible. En somme, la
mortalité des enfants ne semble pas avoir été plus mal enregistrée en
Allemagne qu'en France <7>.
Nuptialité. L'âge moyen au premier mariage a été calculé à partir de
ces reconstitutions de famille. Les fiches utilisées portent sur
les couples où l'âge de l'épouse est connu à un an près, ce qui implique
qu'il a été tenu compte des migrants. En outre, ces généalogies ont souvent
été complétées par des dépouillements dans les paroisses avoisinantes.
Les résultats figurent au tableau 2, page suivante.
Cet âge aurait été plus élevé dans l'Allemagne rurale qu'en France.
Cette différence reste toutefois à préciser car elle tient en partie à l'âge
exceptionnellement élevé dans les trois villages de Bavière. Dans plusieurs
Etats allemands au début du XIXe siècle, de sérieuses restrictions furent
mises au mariage des jeunes gens qui n'avaient pas les moyens d'élever
une famille. L'âge élevé au mariage n'est donc probablement pas particulier
aux villages de Bavière étudiés ici.
Fécondité. Le propos de cette étude est surtout de voir si quelque limi
tation des naissances apparaît en Allemagne avant 1850. Pour
W Le sous-enregistrement des décès de garçons ne peut être estimé pour
les générations 1765-1795, du fait des pertes de guerre. Il n'y a pas lieu de
penser qu'il différait beaucoup de celui des filles.
(7> Le est évident pour les villages de Bavière où,
au XIXe siècle, la plupart des enfants étaient nourris au biberon. NOTES ET DOCUMENTS 698
Tableau 2. — Age moyen des garçons et des filles mariés en 1750-1849
dans dix villages d'allemagne
Age au premier mariage
Région
Filles Garçons
27,9 26,5 Bade
31,4 29,5 Bav

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