Le local en réseaux - article ; n°1 ; vol.13, pg 25-37
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Description

Quaderni - Année 1991 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 25-37
Le problème du local est double : ou bien on n'en voit que l'aspect universalisant et homogénéisant de l'Etat et on réduit le local à l'état de miniature de la société globale, ou, à l'inverse, on ne prête attention qu'à la dimension singularisante et autonome des sociétés «locales», sans rapport avec le contexte dans lequel elles s'inscrivent. Lorsqu'on tente de reconstruire et de repenser autrement le local, on se trouve en présence d'obstacles que constituent la gangue des mots, des corps de discours constitués qui enserrent et médiatisent l'objet en question. Il s'agit donc dans cet article de reconstituer les « territoires de solidarités » et leur articulation en « réseaux de proximité » face aux réseaux-vecteurs de l'administration.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mr Mohamed Djouldem
Le local en réseaux
In: Quaderni. N. 13-14, Printemps 1991. pp. 25-37.
Résumé
Le problème du local est double : ou bien on n'en voit que l'aspect universalisant et homogénéisant de l'Etat et on réduit le local à
l'état de miniature de la société globale, ou, à l'inverse, on ne prête attention qu'à la dimension singularisante et autonome des
sociétés «locales», sans rapport avec le contexte dans lequel elles s'inscrivent. Lorsqu'on tente de reconstruire et de repenser
autrement le local, on se trouve en présence d'obstacles que constituent la gangue des mots, des corps de discours constitués
qui enserrent et médiatisent l'objet en question. Il s'agit donc dans cet article de reconstituer les « territoires de solidarités » et
leur articulation en « réseaux de proximité » face aux réseaux-vecteurs de l'administration.
Citer ce document / Cite this document :
Djouldem Mohamed. Le local en réseaux. In: Quaderni. N. 13-14, Printemps 1991. pp. 25-37.
doi : 10.3406/quad.1991.1927
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/quad_0987-1381_1991_num_13_1_1927¦
MOHAMED DJOULDEM
LE LOCAL EN RESEAUX
L l'horizon es interprétations d'une double sur le interprétation. local se déploient Les persdans
pectives thématiques sont au fond, dans un cas, le
réaménagement administratif, l'évaluation des
possibilités de perfectionnement et d'innovation
du système politico-administratif local et les blo
cages qui lui sont inhérents. Dans l'autre cas,
l'idée de crise constitue l'axe de réflexion sur les
limites de l'Etat et son déploiement territorial
pour rationaliser la gestion sociale du local. Cert
es, quelle que soit son origine, l'Etat implique
pour fonctionner, conformément à la logique
moderne, la mise en place d'une technique polit
ique qui semble commune à toutes les sociétés
modernisantes. Il suppose d'abord la création
d'appareils bureaucratiques favorisant sa pénét
ration au sein de la périphérie, rédiction d'un
système de lois générales et impersonnelles assu
rant de manière uniforme la coordination des
rôles sociaux, mais aussi l'instauration des condi
tions permettant d'assurer la participation polit
ique des différents secteurs de la périphérie ainsi i
sollicités. La théorie et la pratique ont, cependant,
constamment entretenu une idée ambiguë, qui
consiste à mesurer la réalité du local à l'aune des
notions de démocratie et de rationalité dans la
gestion(l).
Le travail anthropologique a montré les difficul
tés et les impasses auxquelles peuvent conduire
des analyses en ces termes ainsi qu'une opposit
ion irréductible entre le micro et le macro(2). La
société est un agrégat organisé et structuré insti-
tutionnellement et territorialement, mais pas fo
rcément homogène. Elle est fondée sur des rap
ports sociaux certes, mais également bâtie par des
réseaux constitutifs d'une série de relations, entre
groupes et/ ou individus, qui outrepassent les
frontières administratives. A cet égard,
G. BALANDIER souligne qu' « un territoire
n'est pas une simple décision administrative et
des moyens d'administration propres, les rela
tions entre unités restent semblables à celles qui ¦>.
CEPEL MONTPELLIER lient les segments entre eux au sein d'une société .
QUADERNI N> 13-14 - PRINTEMPS 1991 4lO25 If LOCAL EN RESEAUX classique (...). La segmentarité n'est jamais enti implique alors un effort d'institutionnalisation
èrement resorbable, ni dans l'Etat traditionnel, ni visant à la rendre compatible avec la stabilité du
dans l'Etat moderne »(3). système politique. Cependant, la participation ne
se limite pas à un aménagement institutionnel.
Cette observation anthropologique permet sans Face à l'Etat central, la périphérie n'a pas un rôle
doute de repenser autrement le rapport entre le passif mais, en réagissant conformément à la tra
politique et le territoire, et donc celui de l'Etat et dition dont elle est dépositaire, elle tend à modul
du local. Ainsi que le dit G. BALANDIER, er et à ajuster les actions et les comportements
territoriaux de l'Etat. Cette transaction peut être « chaque "règne", même républicain, marque
d'une manière nouvelle un territoire, une cité, un observée à plusieurs niveaux. D'abord, les insti
espace public. Il aménage, modifie et organise, tutions centrales, loin de rejeter toute référence à
selon les exigences des rapports économiques et la tradition, tendent de la réutiliser comme res
sociaux dont il est le gardien (...) »(4). On peut source de légitimation. De même, l'Etat, pour
donc concevoir le rapport en question comme un pouvoir fonctionner et pénétrer la périphérie,
cycle périodique et évolutif de territorialisation/ compose avec le personnel local. Il s'établit ainsi
déterritorialisation/reterritorialisation rythmé et au gré des structures sociales et des enjeux un jeu
agencé par les mutations socio-politiques et éco complexe d'échanges qui amène les leaders lo
nomiques. Cette dynamique du territoire montre, caux, visibles ou non, à établir avec l'Etat un
selon U.HANNERZ, que « les gens vivent en se réseau de communication fondé sur des demand
conformant à des normes pratiques plus qu'à des es tantôt de redistribution, tantôt de protection
normes idéales, et tous ceux qui se côtoient sont de leur statut, instaurant de fait les conditions
dans la même situation par rapport au système d'un rapport Etat/local plutôt original(7).
normatif »(5). De ce point de vue, écrit J.-F.
BAY ART, « les dominants et les dominés, mais On ne peut donc se présenter une société locale
aussi éventuellement les dominés entre eux, comme le simple lieu d'exécution de la norme
n'évoluent pas nécessairement dans la même nationale, c'est-à-dire un étalon de mesure et de
épistémè. Les groupes sociaux dominés se défi standardisation édicté par l'Etat central et appli
cable uniformément à l'ensemble du territoire. nissent par rapport à d'autres espaces, détermi
On ne peut non plus la considérer, a contrario, nés par des temporalités autres (...) ». Cette
hétérogénéité de l'espace social fait que « les seulement comme un rapport des habitants à leur
acteurs sociaux ne s'inscrivent pas nécessair terroir. Même s'il apparaît, en dépit du discours
ement sur le même registre, et le problème du sur la nécessité de libérer l'initiative et la créativi
dominant est peut-être précisément de trouver té locales, que ces micro-territoires ont le plus
grand mal à prendre une certaine consistance, des dominés et les contraindre à demeurer dans
un espace social domestique où pourra s'exercer cela se comprend parce qu'ils ne trouvent sans
la domination »(6). doute pas de base sociale suffisamment dynami
que pour obliger la logique moderniste étatique à
Puisque l'hypothèse d'unifier et de pacifier la composer avec eux. Or, une telle pratique ne
société, de la transformer en un espace plat et relève pas seulement de la domination, mais de
l'inadéquation entre le territoire et le politique, homogène se révèle impraticable, puisque les
c'est-à-dire des impossibilités ou des difficultés intérêts et les hostilités survivent, il faut en annul
pour l'Etat de produire et de faire fonctionner er les aspects déstabilisateurs, et amener à la
compétition électorale et au débat politique les concrètement, suivant sa stratégie, les sociétés
acteurs de la confrontation. La participation locales.
QUADERNI N> 13-14 - PRINTEMPS 1991 26 if LOCAL EN RESEAUX -
¦
Dans le cadre de l'Etat territorial, « le local ne liées aux modes de vie et à des cultures, des
peut se comprendre que comme un lieu particul logiques propres à l'espace local, à sa représentat
ier, c'est-à-dire referable ou opposable à un génér ion et à sa cohérence. Cet ensemble est structuré
al ou à un total. Hors de cette dualité, point de et agencé par un système de réseaux en état de
local »(8). L&#

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