Le modèle halieutique bigouden à l'épreuve de la crise - article ; n°1 ; vol.167, pg 499-515

Le Bail(J.), Claude Nicot

Description

Norois - Année 1995 - Volume 167 - Numéro 1 - Pages 499-515
On the meridional littoral of the pays bigouden, an original fishing activity has gradually developped ; four craft-structured ports projects. The region has flourished, stimulated by the seamen 's enterprising mind but the prosperity was toonar- rowly dependent on fishing activities. With the present crisis, the future is dull : tourism, the region's secondary activity brings only extra resources and few jobs.
Sur le littoral méridional du pays bigouden s 'est peu à peu construit une activité halieutique originale : quatre ensembles portuaires à structure artisanale. L'esprit d'entreprise des marins bigoudens a fait la prospérité de cette région mais l'a rendu étroitement dépendante de la pêche. Avec la crise actuelle, l'avenir est sombre : l'activité secondaire qu'est le tourisme n'apporte que des ressources complémentaires et peu d'emplois.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: NOROIS
• Publié le: 01 janvier 1995
• Nombre de lectures: 60
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Jacques Le Bail
Claude Nicot
Le modèle halieutique bigouden à l'épreuve de la crise
In: Norois. N°167, 1995. pp. 499-515.
Abstract
On the meridional littoral of the pays bigouden, an original fishing activity has gradually developped ; four craft-structured ports
projects. The region has flourished, stimulated by the seamen 's enterprising mind but the prosperity was toonar- rowly
dependent on fishing activities. With the present crisis, the future is dull : tourism, the region's secondary activity brings only extra
resources and few jobs.
Résumé
Sur le littoral méridional du pays bigouden s 'est peu à peu construit une activité halieutique originale : quatre ensembles
portuaires à structure artisanale. L'esprit d'entreprise des marins bigoudens a fait la prospérité de cette région mais l'a rendu
étroitement dépendante de la pêche. Avec la crise actuelle, l'avenir est sombre : l'activité secondaire qu'est le tourisme n'apporte
que des ressources complémentaires et peu d'emplois.
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Le Bail Jacques, Nicot Claude. Le modèle halieutique bigouden à l'épreuve de la crise. In: Norois. N°167, 1995. pp. 499-515.
doi : 10.3406/noroi.1995.6649
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182X_1995_num_167_1_66491995, Poitiers, t. 42, n° 167, p. 499-515 Norois,
Le modèle halieutique bigouden
à l'épreuve de la crise
par Joël LE BAIL et Claude NICOT
Maître de conférences de géographie,
Agrégé de
URA 904 Dynamique et gestion des espaces littoraux
Université de Bretagne occidentale, Brest
RÉSUMÉ
Sur le littoral méridional du pays bigouden s 'est peu à peu construit une activité
halieutique originale : quatre ensembles portuaires à structure artisanale. L'esprit
d'entreprise des marins bigoudens a fait la prospérité de cette région mais l'a
rendu étroitement dépendante de la pêche. Avec la crise actuelle, l'avenir est
sombre : l'activité secondaire qu'est le tourisme n'apporte que des ressources
complémentaires et peu d'emplois.
ABSTRACT
On the meridional littoral of the pays bigouden, an original fishing activity has
gradually developped ; four craft-structured ports projects. The region has flouri
shed, stimulated by the seamen 's enterprising mind but the prosperity was toonar-
rowly dependent on fishing activities. With the present crisis, the future is dull :
tourism, the region's secondary activity brings only extra resources and few jobs.
Héritiers d'une longue tradition halieutique les deux cantons du sud
bigouden, Pont-1'Abbé et Le Guilvinec, vivent d'abord de la pêche et de
ses activités induites ; la prospérité de ce secteur a permis à leurs com
munes, en particulier celles du littoral méridional, de mieux résister au
phénomène d'atonie qui frappe de nombreuses communes bretonnes. Mais
l'essoufflement des débarquements et la chute des cours provoquent un
marasme. Certes dans le passé, le monde maritime a traversé plus d'une
crise, mais, aujourd'hui, n'assiste-t-on pas à un phénomène de plus grande
intensité, dont l'ampleur, dépasse le cadre halieutique, mettant un terme à
la « belle époque » ?
Mots-clés : Pêche. Crise. Dépendance. Pays bigouden.
Key words : Fishing. Crisis. Dependence. Pays 500 JOEL LE BAIL ET CLAUDE NICOT
I. — LE MODÈLE HALIEUTIQUE BIGOUDEN : UN COMPLEXE
ARTISANAL MULTIPOLAIRE DYNAMIQUE
A) UNE TRADITION MARITIME ANCIENNE
Le littoral bigouden entretient avec la mer une intimité multiséculaire.
Penmarc'h fut une cité florissante aux XVe et XVIe siècles, comptant
11 000 habitants et disposant d'une importante flottille. A cette époque,
les marins bigoudens associaient pêche et commerce maritime et dispo
saient du quasi monopole de la route du vin et du pastel. Ils travaillaient
pour les marchands de Bordeaux et de Toulouse mais également pour les
Anglais, les Espagnols et les Néerlandais. Le poisson séché (merlu) se
vendait sur les côtes de France, d'Espagne et du Portugal. Dès cette pério
de, s'affirme le caractère entreprenant et individualiste des Bigoudens
ainsi que l'émiettement spatial des armements.
A la fin du XVIe siècle, la prospérité s'essouffle, commerce et pêche
souffrent de l'essor des grandes compagnies de commerce et du dévelop
pement de la pêche à la morue dans les eaux de Terre-Neuve. Le coup de
grâce est donné par La Fontenelle qui prend et pille Penmarc'h en 1595.
Il faut attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour que les activités
halieutiques renaissent ; l'impulsion est donnée par les pêcheurs douarne-
nistes qui migrent, parfois définitivement, vers le pays bigouden pour cap
turer sardines et maquereaux. L'implantation de conserveries et la
construction du chemin de fer stimulent la pêche. Nombre de paysans se
tournent vers la mer, associant parfois pêche et agriculture. Cet essor des
activités halieutiques marque le passage d'une économie rurale à une éco
nomie maritime.
Cette prospérité est remise en cause à la fin du XIXe siècle et au début
du XXe, le développement des pêches espagnoles et portugaises provo
quant la chute des cours de la sardine. Il faut attendre les lendemains de la
Seconde Guerre mondiale pour que les pêches bigoudennes retrouvent leur
dynamisme. La taille des navires augmente très sensiblement : ainsi, on
enregistre une régression des embarcations de moins de 25 tonneaux, 877
en 1950, 453 en 1970, et une forte progression des plus de 25 tonneaux,
66 en 1950, 242 en 1970. Nombre de marins-pêcheurs font construire des
chalutiers, les fameux malamocks, de 14 à 16 mètres ; la forte rentabilité
de ces unités conduit des investisseurs, parfois étrangers au monde de la
pêche, à acheter des parts de bateaux.
Dès les années cinquante, le chalutage devient l'activité principale du
quartier. L'augmentation du tonnage des navires permet d'étendre l'espa
ce de production et, dès 1946, des bateaux du Guilvinec et de Saint-
Guénolé vont chaluter en mer d'Irlande. En 1947, un jeune patron-pêcheur
découvre des fonds de pêche à la langoustine à l'ouest des Scilly ; plu
sieurs chalutiers suivent l'exemple. Les « langoustiniers du Nord » doi
vent vendre leurs captures à Concarneau, car les mareyeurs locaux ne sont
pas en mesure d'écouler une telle quantité de produits. Ainsi, dès 1953, LE MODÈLE HALIEUTIQUE BIGOUDEN A L'ÉPREUVE DE LA CRISE 501
des travaux portuaires sont entamés au Guilvinec, cale, terre-plein, etc. En
1957, criée et magasins de marée voient le jour. Les autres ports ne
demeurent pas en reste et s'équipent : hangars à poisson, quais, criées, etc.
Des armements se constituent : en 1961, l'Armement guilviniste, en 1966
l'Armement bigouden et l'Armement coopératif finistérien. A partir des
années soixante, le volume des prêts octroyés par le Crédit maritime enfle
rapidement et, au début des années soixante-dix, les politiques d'aide à la
pêche permettent aux patrons-pêcheurs de renouveler la flottille, les sub
ventions pouvant atteindre 25 % du prix du bateau. Les structures profes
sionnelles se développent : une vingtaine de coopératives forment la pre
mière organisation de producteurs de France. Les débarquements
enregistrent une forte progression : 11 800 t en 1945, 25 500 t en 1970,
35 000 t en 1975, autour de 38 000 t dans les années quatre-vingt ; et la
valeur de la production débarquée ces dernières a dépassé 700 mil
lions de francs, plaçant le Quartier du Guilvinec au premier rang français.
B) UN QUARTIER MARITIME PROSPÈRE
Le quartier maritime du Guilvinec apparaît comme un modèle de dyna
misme et d'organisation, rivalisant avec les plus grands ports de pêche
industrielle. Si le volume des débarquements ne progresse plus depuis
quelques années — 25 500 t en 1970, 35 000 t en 1975, 38 000 environ au
cours de la décennie 1980/90 — , en revanche la valeur de la production
débarquée a fortement augmenté : elle passe de 155 millions de francs en
1974 à 663 en 1993. Cette valeur place le quartier au premier rang natio
nal devant Boulogne (594 millions), Lorient (411 millions) et Concarneau
(364 millions, sans inclure les apports de thons congelés).
L'originalité du quartier maritime réside dans le fait que l'activité repo
se essentielle