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Les hommes à l'épreuve du désordre

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Les hommes à l'épreuve du désordre - Approche anthropologique de la sexuation de l'espace domestique
Cet article porte sur l'émergence du masculin dans l'espace domestique. Dans une problématique de rapports sociaux de sexe, les chercheurs ont utilisé une méthodologie qualitative fondée sur l'ethnographie des logements.
Des hommes, déclarant explicitement avoir remis en cause leurs rapports aux femmes, ont servi de support à
l'enquête.

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Nombre de lectures 55
Langue Français

Extrait

LES HOMMES A
L’EPREUVE DU
DESORDRE
par
Daniel WELZER-LANG
Jean-Paul FILIOD
Brochure mise en en page par :
*Inertie communication*
c/o Jibé Lehmann / 18 avenue duchevreuil / 50120 Equeurdreville
xjibex@hotmail.com
LES HOMMES A L'EPREUVE DU DESORDRE
Approche anthropologique de la sexuation de l'espace domestique
Paru dans "Les hommes à l'épreuve du désordre : approche anthropologique de la sexuation de l'espace
domestique" ( avec J.P. FILIOD), in Dialogue, 121, L'énigme du sexuel, 82-94.
à paraître dans les temps modernes...
Daniel WELZER-LANG
Jean-Paul FILIOD
Daniel WELZER-LANG et Jean Paul FILIOD travaillent au Centre de Recherches et d'Etudes Anthropologiques, à
l'Université Lumière Lyon 2, 5 avenue Pierre Mendès-France, 69676 Bron cedex.
Daniel WELZER-LANG est enseignant et chercheur en anthropologie des sexes. A publié de nombreux livres et
articles sur les hommes et le masculin.
Jean Paul FILIOD est chercheur en anthropologie de la vie domestique. A travaillé sur le mode de vie en habitat
autogéré et communautaire en France et au Québec. Effectue une thèse de doctorat sur l'intimité et l'imaginaire
domestiques.
Résumé
Cet article porte sur l'émergence du masculin dans l'espace domestique. Dans une problématique de rapports
sociaux de sexe, les chercheurs ont utilisé une méthodologie qualitative fondée sur l'ethnographie des logements.
Des hommes, déclarant explicitement avoir remis en cause leurs rapports aux femmes, ont servi de support à
l'enquête. Ces derniers vivent seuls ou non, avec ou sans enfants, en couple ou en groupe. Pour dépasser le niveau
des discours et des représentations de ces hommes, les chercheurs ont utilisé une observation de type "participante"
combinant le "vivre avec" et le "vivre chez". A l'aide de cette méthode, ils montrent comment les changements
masculins sont précaires et s'inscrivent dans l'espace domestique. Les ouvertures et les circulations autour de l'axe
cuisine/WC, l'appropriation de territoires personnels différenciés et les symboliques du propre et du rangé servent
d'indicateurs pour analyser cette évolution. Cette inscription spatiale accompagne de nouveaux modes d'habiter :
certains hommes préfèrent vivre seul de manière permanente ou non, quand d'autres négocient un modèle d'union à
autonomies concertées avec leur compagne.
Mots-clefs
DESORDRE, ESPACE DOMESTIQUE, ETHNOGRAPHIE, HOMMES
INTRODUCTION
Et les hommes ?
Comment vivent les hommes vingt ans après la réémergence du féminisme ? Que font-ils dans les maisons ?
Comment s'accommodent-ils du propre et du rangé ? Une fois admis que tous les hommes ne sont pas ces hommes
absents que nous décrivent certaines publications, que toutes les femmes ne sont pas des femmes soumises à la
tyrannie masculine, comment se négocie l'émergence du masculin dans le privé ?
Le propre et le rangé constituent souvent dans les sciences sociales des indicateurs servant à expliciter le poids du
travail domestique réalisé par les femmes dans les couples, mesurer le "partage des tâches", c'est-à-dire le degré de
participation des hommes. Plus communément dans la vie quotidienne, il est courant de considérer que les hommes
ne rangent pas ou peu, et que leurs seuils de propreté sont inférieurs à ceux de leurs compagnes.
Nous avons voulu interroger ces pré-notions d'ordre et de désordre (Filiod, Welzer-Lang 1991 ; 1992) . Nous voulions
savoir si, au-delà de l'anathème lancé sur la pseudo-incapacité des hommes à ranger, on ne pouvait pas y lire les
effets - encore peu explorés - de la construction du genre et de la division sociale et sexuelle du travail dans la
sphère domestique.
Etudier le masculin dans l'espace domestique se heurte à une double difficulté méthodologique : comment étudier les
dominants et comment étudier l'intime ?
Godelier (1982), Mathieu (1985) et Dagenais (1988) ont souligné la difficulté d'analyser les dominants dans les
rapports sociaux. La domination est structurée par une opacité des pratiques sociales des hommes, quelquefois
cachées dans les "maisons des hommes".
Différents travaux précédents nous ont déjà montré la pertinence heuristique de s'intéresser aux frontières des
rapports sociaux de sexe. Pour étudier l'émergence du masculin dans l'espace domestique, encore fallait-il trouver
des hommes sur qui on puisse poser une hypothèse de changements. Nous nous sommes donc adressés à des
hommes qui annoncent ou ont annoncé explicitement vouloir remettre en question les relations hommes/femmes ;
nous avons privilégié deux groupes d'hommes différent avec qui, grâce à des travaux de recherche précédents,
existent des a priori de confiance .
Quant à savoir comment explorer l'intime et étudier ce que Kaufmann et De Singly ont appelé "les habitudes
sédimentées et routinisées hors de la mémoire et du discours" (Kaufmann, De Singly 1990), il n'y a évidemment pas
de réponse exhaustive. Pour ce qui nous concerne, nous avons opté pour une méthodologie combinant le "vivre
avec" et le "vivre chez". Un chercheur, après plusieurs mois de contacts préalables pendant lesquels s'effectuent des
entretiens semi-directifs, a vécu dans un certain nombre d'unités domestiques avec le statut d'invité. Certaines
conditions président à cette méthode d'enquête : la passation d'un contrat fixant les limites de la confidentialité, le lieu
d'hébergement dans le logement, éventuellement le partage des frais de séjour. Toutes les ethnographies ont fait
l'objet d'une mini-monographie, dont les sujets enquêté-e-s ont pu prendre connaissance et débattre. Les
observations sur certains domaines de l'intime (notamment, les pratiques sexuelles ou les éléments du secret confiés
au chercheur) ont été intégrées dans les parties communes de l'analyse.
L'HOMME ABSENT... DANS LES SCIENCES SOCIALES
Les transformations qui ont affecté la famille ont poussé les sociologues et les anthropologues à multiplier les
différents angles d'approches afin de déconstruire l'objet "famille". Le divorce, la cohabitation conjugale, les modes
d'éducation, le type de fonctionnement conjugal à l'échange ou à la dette, le travail domestique, deviennent objets
d'études. Mais dans nombre de ces travaux, il reste souvent un oubli ou un manque : l'homme - ou plutôt : les
hommes -, pris cette fois, non comme un genre neutre et hégémonique ou un référent exutoire, mais comme les
membres d'une catégorie sociale en interaction permanente avec l'autre ou les autres, notamment les femmes.
Nos recherches s'inscrivent dans une problématique de construction de la catégorie sociale "homme". Par la
nécessité de construire la catégorie sociale "femme", de faire reconnaître l'importance du travail domestique réalisé
par des femmes et devant la difficulté de connaître les pratiques des dominants, l'analyse de la relation
homme/femme a souvent été limitée à un seul terme des rapports sociaux de sexe. Les hommes sont plus souvent
invoqués ou convoqués que construits comme réalités sociologiques. Malgré différents appels à mener des
recherches sur l'ensemble du champ (Devreux 1985, Daune-Richard, Devreux 1986, Mathieu 1973 ; 1985), l'homme
reste absent des sciences sociales.
L'émergence du masculin dans les sciences sociales, comme pour les études féministes, correspond d'ailleurs à
l'arrivée de nouveaux chercheurs issus soit des mouvements sociaux antisexistes, soit de générations qui, depuis le
début de leur scolarité ont grandi dans la mixité, après ce que l'on a quelquefois qualifié rapidement de révolution
sexuelle.
LES CATÉGORIES DU PROPRE ET DU RANGÉ
Nous appuyons largement nos analyses sur les travaux pionniers de Mary Douglas (1967). Pour rendre intelligibles
les limites internes ou externes des rapports sociaux structurant un système, l'anthropologue invite à s'intéresser à
l'écart artificiel que crée chaque société entre saleté et propreté, pur et impur, le corps étant alors le miroir de la
société.
Notre langue distingue propre/sale et ordre/désordre. Nos manières de considérer le propre en opposition au sale et
l'ordre en opposition au désordre se mélangent et se conjuguent. Si l'on suit Douglas, la saleté absolue n'existe pas :
"en faisant la chasse à la saleté, [...] nous mettons simplement un nouvel ordre dans les lieux qui nous entourent"
(Douglas : 24). Ainsi, ce qui est déclaré sale doit nous servir pour entendre l'ordre social que cette déclaration
exprime.
Dans notre étude sur la sexuation de l'espace domestique et ses évolutions, dont l'émergence du masculin devient
une péripétie moderne, la division des sexes peut être étudiée à travers les catégories du propre et du rangé ; il nous
faut alors définir plus précisément ce qui se cache sous le terme générique de "désordre". Nos observations
montrent que le désordre est assimilé à "pollution" et à "saleté".
Le désordre est à la fois l'objet d'une désignation et d'une qualification . Outre l'appartenance sociale qui peut se
traduire dans les notions de désordre , le désordre auto-qualifié et celui désigné et qualifié par les cohabitant-e-s
interagissent dans la gestion du propre et du rangé dans l'espace domestique.
Le désordre auto-qualifié vient traduire un seuil personnel de l'individu, qui nous permet d'avoir accès de manière
projective à l'agencement idéal de l'espace domestique : "C'est trop en fouillis, il faut que je nettoie", "c'est vraiment
crado chez moi, j'en ai marre, je m'y retrouve plus". La personne semble ne plus pouvoir agir normalement, tout
l'espace lui apparaît pollué. D'autres fois, ce seuil personnel se confronte à la norme externe à la personne, norme
véhiculée par les cohabitant-e-s : "il faut que je nettoie, elle ne supporte pas" ou "il va gueuler, c'est le bazar !" ; il/elle
intériorise la norme de l'autre, il/elle se soumet à la frontière que dessine le seuil de tolérance de l'autre cohabitant-e.
Quant au désordre désigné, il l'est souvent par la personne qui contrôle tout ou partie du rangement (en général la
femme) envers la personne qui n'effectue pas ou seulement pour partie les travaux de rangement (en général
l'homme). Dans d'autres cas, le désordre est formulé comme reproche par les proches d'un homme qui prend en
charge l'entièreté du rangement (qu'il vive seul ou non). A partir de ces observations, nous pouvons esquisser une
typologie du désordre :
- il peut être ponctuel : lorsque la personne "laisse traîner" des affaires, ne les remet pas "à leur place" ;
- il peut être circonscrit : il concerne une pièce ou deux de l'espace domestique généralement appropriées et
contrôlées totalement par l'un ou l'autre ;
- il peut être total : couvrant l'espace domestique dans son entier, les multiples marques d'appropriation de l'espace
signifient la non-disponibilité du lieu à d'autres personnes que celle qui l'occupe ;
- enfin, il peut être ordonné, c'est-à-dire qualifié comme un "autre ordre" : tandis que le réseau amical qualifie
l'espace d'Antoine de "foutoir", de "bordel" ou de "merdier", il répond "caverne d'Ali Baba", "grotte" ou "musée" pour
signifier qu'il s'agit d'un autre ordre, son ordre à lui.
PREVENTIF / CURATIF : UNE AFFAIRE DE GENRE ?
Dans une perspective anthropologique, le nettoyage peut être considéré comme un rite séculier de purification qui
permet de remettre de l'ordre. Le but du rite n'est pas de montrer un ordre différent de l'agencement des rapports
sociaux en oeuvre dans l'espace considéré, mais bel et bien de définir et de contrôler sans cesse l'ordre symbolique
qu'il met en place. Dans cette perspective apparaissent deux types de rites :
- les rites de renouvellement : le nettoyage de printemps ou le déménagement ;
- les rites de confirmation et de contrôle : le nettoyage ordinaire régulier ou les nettoyages après une fête, qui
permettent de redisposer les frontières du foyer.
Au-delà des explications hygiénistes ou magiques pour légitimer le rite (contre la maladie ou son irruption symbolisée
par la souillure, pour purifier un espace...), le rite, qu'il soit de renouvellement ou de confirmation, permet de préciser
l'avant et l'après. Il est un moment de la négociation du pur et de l'impur, du propre et du rangé dans l'espace
domestique. Cette approche durkheimienne des représentations collectives qui fondent le rite nous permet de saisir
l'inter-relation entre nos catégories du propre et du sale et les rapports sociaux qui les sous-tendent.
Dans les espaces étudiés, nous avons observé ce qui provoque le nettoyage. Quelle que soit la forme du désordre
que la personne souhaite transformer, qu'il ait été désigné ou non, nous nous sommes penchés sur ce qui provoque
chez l'acteur ou l'actrice la mise en action du nettoyage. Avec des variabilités liées au milieu social d'appartenance,
nous avons observé une sexuation du nettoyage et du rangement, c'est-à-dire des pratiques différentes entre les
hommes et les femmes qui nettoient.
Il ressort que les femmes ont des actions préventives du désordre là où les hommes ont des actions curatives.
Les femmes, dans leur grande majorité, soit invoquent un nettoyage régulier ("je le fais tous les samedis matins,
comme ça, la maison n'est jamais vraiment sale"), soit invoquent un risque de pollution ("ça commençait à ne plus
être propre... j'aime bien quand c'est clean ici"). Nettoyant avant que ce ne soit trop sale, avant que le désordre
n'envahisse, elles expriment de manière plus ou moins formelle une identification entre l'espace domestique et la
personne qui nettoie. Elles montrent que l'action préventive est liée au désir de conformité au modèle social de la
"bonne épouse" ou de la "bonne mère", donc à la pression normative du milieu et/ou à une gestion cyclique des
travaux domestiques présentée comme "plus simple et plus pratique": "avec les enfants, je me pose vraiment plus la
question, je range...".
Dans d'autres cas, elles font intervenir l'irruption des humeurs corporelles : "souvent, quand j'ai mes règles, il faut
que je nettoie", dit une femme de 30 ans. L'association sang-pollution-mauvaise humeur , déjà étudiée par d'autres
anthropologues (Héritier 1984-85), a aussi une vertu préventive : "de toute façon, je sais que je ne me supporterais
pas si je nettoie pas, alors...". Notons que l'association humeur corporelle (en particulier lors des menstruations) et
dépollution-nettoyage a aussi été observée dans des espaces domestiques où la femme semblait ne pas adopter de
positions préventives pour le ménage régulier, voire même s'en défendait.
Quant aux hommes, qu'ils vivent seuls ou non, pour ceux qui cumulent prise de décision de nettoyage et nettoyage,
ils ont pu chaque fois nous montrer pourquoi ils dépolluaient : "c'est sale, ça se voit". Et l'homme de désigner tel
rouleau de poussière près d'un meuble, telle trace sur le sol, un amas de linge dans le séjour, le fait de ne pas
retrouver ses affaires, etc. La trace de désordre reste un invariant. L'homme nettoie quand c'est déjà sale. Quelques-
uns d'entre eux évoquent aussi les humeurs, mais celles-ci sont alors considérées dans leurs définitions
métaphoriques : "quand j'ai les boules, je nettoie", "c'est toujours pareil, quand ça va, je m'en fous ... quand j'ai pas la
forme, que je suis de mauvaise humeur, alors je nettoie, je range".
Même si chacun a son propre seuil de saleté, influencé par le milieu social, l'éducation familiale ou l'origine culturelle,
il reste que, produits de constructions sociales différentes, les hommes et les femmes ont des normes symboliques
différentes du propre et du rangé .
ORDRE LISSE, ORDRE DYNAMIQUE :
DES ORDRES MATÉRIELS ET SYMBOLIQUES QUI FONT SEUIL
De plus, outre la sexuation des pratiques de nettoyage, les représentations du rangé que laissent entendre hommes
et femmes, montrent une différenciation sexuée des modèles d'ordre.
D'une manière générale, plus les femmes sont dans une situation en conformité avec les positions de sexe
assignées de manière dominante au féminin, plus elles décrivent et mettent en oeuvre un ordre lisse, indifférencié, où
toutes choses d'une même classe d'objets doivent apparaître égales, souvent cachées derrières des portes et des
placards. On pense au rang d'oignons, à la bibliothèque où rien ne dépasse. Les femmes mettent en valeur un ordre
de façade, un ordre stable, régulier ou lisse.
A l'opposé de cet ordre plus ou moins lisse, les hommes font valoir que "c'est rangé, parce que je sais où est chaque
chose". Ils montrent alors, pour certains, des amas hétéroclites de papier, des tas d'habits ou de linge (quelquefois
cachés dans l'armoire), des piles de plats de grandeur et de nature différentes... Ceci peut signifier pour eux un
rangement car, là aussi, chaque objet est à sa place et respecte leurs limites internes de l'espace domestique. La
brosse à cheveux dans le séjour, le fer à repasser continuellement déplié dans un coin de la salle à manger, les
draps en boule indifférenciée dans le placard du salon, appartiennent par exemple à l'ordre de Dominique. Les
différentes frontières habituelles de l'espace domestique (les séparations entre salle de bains, chambre, salon)
n'étant pas respectées, cet ordre va être rapidement qualifié de désordre par d'autres. Plus les visiteurs ou les
visiteuses auront intégré les hiérarchies ordinaires (c'est-à-dire les frontières de non-pollution), considérées comme
"normales" dans notre culture contemporaine, plus cet ordre particulier représente un danger. Nous parlerons d'ordre
instable, irrégulier ou dynamique .
Ainsi, le propre et le rangé créent des ordres matériels et symboliques.
On comprend alors que le propre et le rangé soient un élément courant de polémiques dans le couple, puisque sous
le même vocable (un espace propre et présentable), il/elle désigne des pratiques et des représentations différentes.
Bien sûr, il s'agit ici d'une description de positions stéréotypales du masculin et du féminin. Des hommes et des
femmes, sujets à des mobilités sociales de sexe, modifient les prescriptions sociales (Daune Richard 1990).
Certaines femmes et certains hommes, suite à des ruptures de modèles sexués, par insoumission aux normes, ont
des comportements où les frontières de l'ordre et du désordre varient. La différenciation sur le propre et le rangé sert
alors de différenciateur intra-genre, une manière de se distinguer de ses homologues mâles ou femelles.
Mais quelles que soient les variations individuelles, chaque ordre particulier (celui de la femme ou celui de l'homme -
qu'il soit ou non qualifié de désordre par ses proches) devient la marque de l'appropriation d'un territoire. Les limites
de l'ordre et du désordre deviennent des seuils (Lawrence 1986) permettant de marquer symboliquement les
territoires de l'un-e et de l'autre.
Le propre et le rangé deviennent ainsi un mode de régulation non négligeable de l'espace domestique et des
rapports sociaux de sexe qui s'y déroulent. Ils trouvent une inscription spatiale qu'il nous faut à présent examiner.
LA SPATIALISATION DOMESTIQUE : L'AXE CUISINE/WC
Outre les normes symboliques et d'usage du propre et du rangé, comment lire un espace domestique particulier ?
Notre recherche, à partir du symbolisme corporel tel qu'il a été défini par Douglas , nous a permis de dégager la
pertinence d'un axe cuisine/WC pour une analyse de l'espace domestique et des rapports sociaux de sexe qui
l'organisent. Nous faisons l'hypothèse que le rapport individuel aux orifices corporels vient souligner les frontières
internes ou externes du système organisé par les rapports sociaux en oeuvre dans l'espace domestique.
Dans cette enquête - et lors de précédentes - nous avons vu l'axe cuisine/WC fonctionner comme un axe-refuge
dans un certain nombre de couples. La cuisine est utilisée par la conjointe comme un espace de refuge contre le
regard, l'intrusion ou le contact physique avec le conjoint. Elle invoque des prétextes d'hygiène ("la cuisine ouverte, à
l'américaine comme ils disent, ça pue"), des prétextes d'esthétisme ("comme je ne fais pas toujours ma vaisselle
après le repas, ça fait pas bien, alors je préfère fermer la porte et aller avec nos invités au salon") ou les normes du
propre et du rangé.
Dans ces espaces domestiques, la spatialisation du rangement des outils et des produits culinaires derrière de
multiples portes, souvent conforme à l'ordre de façade, permet aux épouses de mettre à distance les autres
cohabitants : le "vous ne savez pas où c'est et vous allez mettre le désordre dans ma cuisine" devient récurrent pour
affirmer l'exclusivité d'usage. Celle-ci n'est d'ailleurs pas remise en cause par leurs compagnons ou maris. Pour avoir
entendu des femmes, lors d'autres enquêtes (Welzer-Lang 1988, 1991), expliquer que "au moins à la cuisine, quand
il est devant la télé, j'ai la paix", nous faisons l'hypothèse que l'ordonnancement spécifique du propre et du rangé
dans la cuisine, la gestion du risque de pollution par la présence ou l'introduction des autres membres de l'espace
domestique permettent l'établissement des frontières internes à la famille, et en cela structurent l'espace refuge des
femmes dans ce type d'espace domestique.
D'un autre côté, les hommes s'isolent aux WC, accompagnés ou non de lectures diverses. Ils expliquent : "là-bas au
moins, je suis tranquille" ; "Dans notre organisation il est convenu qu'elle ne m'emmerde pas quand je suis aux
chiottes" ; "comme ça pue, elle me fout la paix". Disons-le tout de suite, certains hommes, quel que soit leur mode de
vie, vont maintenir cette pratique d'enfermement et de refuge dans les WC. Appris dans l'enfance, ce modèle de
sexuation de l'espace domestique reste prégnant, même lorsqu'ils contrôlent l'entièreté de l'espace domestique :
"Même quand je suis seul, je m'enferme dans les chiottes avec un journal", dit Jullien (homme célibataire, 28 ans).
Dans certains espaces domestiques, l'homme n'est pas le seul à trouver refuge aux WC. Certains enfants, voire
l'épouse, amènent aussi des lectures diverses dans ce lieu, faisant ainsi de cette pratique-refuge une habitude
familiale. Mais même dans ce cas-ci, tout semble se passer comme si seul le père pouvait légitimement utiliser tout
l'espace-temps qu'il désire aux WC.
Douglas a montré, au sujet des castes de l'Inde, que la division sexuée dans l'espace domestique trouve une
inscription corporelle. Ici, les espaces refuges utilisent la bouche et l'anus pour s'inscrire spatialement. La cuisine et
le WC affichent des fermetures parallèles. L'agencement de l'espace domestique et son contrôle organisent
symboliquement nos divisions entre manger/bouche - tâche noble - et expurger/anus - tâche moins noble et
dégradante - dont l'échelle de valeur est celle de la pollution.
Cette pratique spatiale du refuge dans l'axe cuisine/WC incite à un double effet : elle tend à légitimer symboliquement
l'absence de l'homme dans l'espace domestique et à privilégier les rôles maternels de la femme. L'assimilation
symbolique de l'homme à l'anus et à la défécation, dans nos schèmes de valeurs culturelles actuelles, dévalorise
l'homme dans l'espace domestique. Elle l'invite à rechercher des gratifications ailleurs : dans les annexes de l'espace
domestique, là où son savoir-faire professionnel est utile (atelier, garage) ou dans l'espace public, où l'homme et le
masculin sont valorisés. Quant à la valorisation de la femme par la cuisine, il s'agit d'une gratification, non pas pour la
femme mais pour la mère nourricière.
OUVERTURES ET CIRCULATIONS
Ce type d'organisation à double-espace-refuge est particulièrement présent chez les couples fortement bicatégorisés.
Dans l'évolution des rapports sociaux de sexe, nous assistons conjointement à une ouverture des lieux refuges
(cuisine, WC) et à une plus grande circulation des corps, des odeurs, entre les différents lieux de la maison.
Parallèlement à l'attribution négociée de chaque territoire personnel (on voit aussi des personnes frapper et attendre
l'autorisation de l'autre pour pénétrer son territoire, même si la porte est ouverte), les espaces communs s'ouvrent.
La circulation des corps est parallèle à l'utilisation multiple (par femme, homme et enfants) de la cuisine et des
espaces périphériques (garage, atelier, bureau...). L'ordre de rangement de ces pièces se simplifie de manière à
privilégier l'autonomie de chacun-e (enfants compris). L'utilisation de la cuisine ou des WC ne correspond plus à une
relégation volontaire :
- dans la cuisine, la préparation des repas donne lieu à des rites collectifs ; les odeurs, les plats circulent aisément du
lieu de préparation au lieu de consommation. Notons que cette observation a été faite dans des milieux sociaux très
différents. Seule à ce moment là, la différence en équipement, en mobilier, voire l'utilisation de personnel marquent la
différence de l'appartenance sociale ;
- dans les WC, on remarquera d'une part l'ouverture permanente de la porte ou son absence et d'autre part, pour des
WC situés dans la salle de bains, l'utilisation conjointe des lieux. Mais les WC s'ouvrent aussi symboliquement :
lorsque l'homme continue une conversation avec un habitant-e de la maison, un-e visiteur-euse pendant qu'il urine
ou va à la selle ; ou par l'iconographie exposée sur les murs, qu'elle soit le produit de réalisations personnelles ou
non (poèmes, citations, photos, cartes, posters,...).
Ajoutons enfin que la double transparence qu'on observe dans l'utilisation d'étagères ouvertes et de bocaux de verre
pour les produits culinaires s'intègre à ces nouvelles définitions de l'espace domestique.
L'ÉMERGENCE DU MASCULIN DANS L'ESPACE DOMESTIQUE :
DES MODÈLES D'UNION EN ÉVOLUTION
Le propre et le rangé, les seuils définis par les limites de l'ordre et du désordre et l'évolution de la spatialisation
domestique nous apportent aussi des éléments d'information sur les modèles d'union que les hommes enquêtés
vivent avec des femmes. La gestion du propre et du rangé appartient alors de plein droit aux modes de régulation de
l'espace domestique. Sans qu'il nous soit possible à partir d'un échantillonnage aussi réduit de proposer une
modélisation exhaustive, des régularités s'observent dans les trajectoires sexuées de ces hommes. Celles-ci
montrent que les changements masculins décrivent une séquentialité importante et qu'ils s'articulent avec les places
respectives des hommes et des femmes dans la sphère professionnelle.
La plupart des hommes, qu'ils aient été militants masculinistes ou non, décrivent une première remise en cause
domestique, qui succède à la mise en couple ou à la mise en groupe. Leurs "amies-femmes" comme les appelle
Denis, les questionne alors sur le machisme, la virilité obligatoire, les attitudes de pouvoir et leur non-participation au
travail ménager, mais elles leur apprennent en même temps "le sens des couleurs, du beau", comment organiser et
aménager l'espace domestique, voire pour certains, les rudiments culinaires. Cet apprentissage, articulé à une
culpabilité par rapports aux femmes et au féminisme, aboutit pour ces hommes à des attitudes mimétiques au regard
de leurs amies. Nous sommes ici en présence d'un modèle androgynique de fusion/indifférenciation, où l'homme
calque ses normes sur les pratiques dites féminines. Certains vont devenir "nourrices agrées" ou hommes au foyer
attendant chaque jour le retour de leurs proches. D'autres, dans une problématique arithmétique de l'égalitarisme,
comptent jour après jour les tâches effectuées pour que chacun-e en fasse la même part. Ce modèle androgynique
de fusion/indifférenciation, qu'il soit arithmétique ou pas, pourrait se résumer par la formule : l'un est l'autre (Badinter
1986).
Succède alors un constat généralisé de l'impossible fusion, de la non-pertinence du modèle du "tout dire" (Béjin 1983
; 1990). Devant de multiples micro-conflits trouvant leur origine dans la tendance de l'homme à oublier "ses acquis",
autrement dit à laisser traîner régulièrement divers objets, les nécessités de préciser les choix de carrières, les désirs
masculins - et féminins - de quitter l'éternel provisoire, à l'occasion de mobilités résidentielles et/ou amoureuses, le
modèle se redéfinit pour devenir progressivement ce que nous dénommons le modèle à autonomies concertées.
Dans ce modèle, chacun-e marque son territoire par sa symbolique du propre et du rangé, que l'autre respecte, et il y
a négociation sur les normes du propre et du rangé pour les territoires réputés communs.
Ce modèle nous montre dans les faits différentes réactions masculines marquées par une importante séquentialité
liée aux inscriptions différenciées dans la sphère professionnelle de l'homme et de la femme. Les changements
masculins sont précaires. Tous ces hommes décident de vivre seul (ou ont vécu seul) des périodes plus ou moins
longues, "de ne plus se casser la tête" avec le propre et le rangé et/ou la jalousie. Dans d'autres cas, les positions de
sexes reprennent des divisions plus traditionnelles. L'exemple d'Eric nous paraît à ce propos éloquent.
Au début de sa vie commune avec Marianne, le couple expérimente un modèle de fusion-indifférenciation, à savoir
qu'Eric participe à la gestion domestique et parentale tout en freinant sa carrière professionnelle. Suite à une série de
conflits sur le désordre du bureau d'Eric, Marianne décide un jour de "tout virer". Eric ne réagit pas, et surinvestit
alors le domaine professionnel. Marianne, au capital scolaire inférieur, décide de rester à la maison pour s'occuper
de leurs enfants. Le modèle du couple bicatégorisé apparaît alors ; aujourd'hui, Eric rentre tard le soir et aide
Marianne le week-end. Le bureau sert occasionnellement (courriers, papiers administratifs, dessins,...). Eric est
maintenant présent... sur les murs ou les étagères, où sont affichées photos, réalisations personnelles, souvenirs
communs, etc.
DISCUSSION
L'étude de l'émergence du masculin dans l'espace domestique, mais plus globalement l'étude comparative des
catégories sociales de sexe et de leurs pratiques sociales, semble confirmer l'existence d'un "double standard
asymétrique" (Welzer-Lang 1992 ; Welzer-Lang, Filiod 1992) : femme préventive, homme curatif, les symboliques
masculines et féminines dans l'espace domestique sont dissemblables quant au propre et au rangé, et traduisent des
constructions sociales différentes. Ceci confirme nos travaux sur les violences masculines domestiques où hommes
et femmes, violents et violenté-e-s, ne définissent pas de la même manière la violence (Welzer-Lang 1991).
Par ailleurs, notre étude est trop empirique pour se permettre de généraliser de manière conceptuelle les
changements masculins. Reste toutefois qu'ils existent, qu'ils montrent une séquentialité importante - pour une bonne
partie liée aux interactions avec la sphère professionnelle - et qu'ils s'inscrivent spatialement dans l'espace
domestique. Notamment, on retiendra l'appropriation symbolique de territoires et l'ouverture conjointe de l'axe
cuisine-WC qui s'oppose à la dévalorisation du masculin assimilé aux WC/anus dans les couples bicatégorisés.
L'apparition du modèle à autonomies concertées ou le fait de vivre seul sont de nouvelles données qu'il nous faut
interroger. Ces tendances peuvent en effet conduire vers l'affirmation d'un modèle où la variable genre ne sera plus
un discriminant central de pratique, de symbolique et de fonction, élaborant ainsi un troisième ordre ; ou, à l'inverse,
ce que semble montrer notre recherche, une consolidation des symboliques masculines et féminines.
Au terme de cette recherche, il nous semble important que des travaux complémentaires, dans d'autres aires
culturelles et avec d'autres types de populations, soient réalisés afin d'affiner l'analyse. Le propre et le rangé sont des
paradigmes de la régulation des rapports sociaux de sexe en oeuvre dans l'espace domestique. D'autres approches
sociologiques et anthropologiques doivent nous permettre à l'avenir de déceler, dans les mailles du quotidien, les
éléments sensibles d'une évolution des rapports sociaux de sexe.
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Article paru dans Dialogue, n°121, L'Enigme du sexuel (3 ième trimestre 93) pp 82-94
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