Les universaux du langage
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MOUNIN, Georges, « Les universaux du langage», Les problèmes théoriques de la traduction, Paris, Gallimard, 1963, p.191-223.

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Publié le 26 juin 2012
Nombre de lectures 2 200
Langue Français

Extrait

Master 1 linguistique et sémiologie générales
Cours de diversité des langues
Dirigé par Aziza Boucherit
M
OUNIN
, Georges,
« Les universaux du langage»,
Les problèmes théoriques de la traduction
,
Paris, Gallimard, 1963, p.191-223.
Résumé par Constance Bénit.
Dans cette partie de l’ouvrage, Mounin aborde les universaux du langage qui selon lui
pourraient être utiles à la théorie de la traduction.
Il expose tout d’abord plusieurs exemples qui appuient le fait que la traduction serait
impossible.
Il nous parle dans un premier temps de la surtraduction qui oblige le traducteur, qui a peur de
ne pas assez traduire, a trop traduire. Ou encore, la théorie des visions du monde différentes et
propre à chaque peuple qui donne à chaque langue une manière de catégoriser le monde
différente. Par exemple, les dénominations de la neige chez les eskimos qui sont infinies, là
ou semble t-il en apparence les français n’auraient que quelques termes pour définir la neige.
Or, il nous montre que cet argument est vite réfutable. En effet, on peut trouver dans une
même langue donnée des niveaux de l’expérience différents pour des locuteurs différents,
sans que l’on parle de vues linguistiquement différentes.
Il prend pour illustrer cet argument l’exemple du français, et nous montre bien que même si le
français moyen n’aura qu’une façon de dénommer la neige, le skieur français en aura lui
autant que l’eskimo.
On ne peut donc dire que les visions du monde des eskimos sont irréductibles aux nôtres.
La notion de vision du monde prend appuie sur les universaux du langage, introduits
tardivement dans le champ d’étude de la linguistique. Cette dernière s’étant intéressée d’abord
à ce qui différenciait les langues et non à ce qui les rapprochait.
Donc la question que se pose Mounin est : y a-t-il des traits communs à toutes les langues ?
Mounin nous parle d’une première espèce d’universaux qu’il nomme cosmogonique qui
découlerait du fait qu’étant donné que les Hommes habitent la même planète, les idiomes
auraient certains parallélismes illustrés par les universaux écologiques par exemple :
chaud/froid, pluie/vent etc…
Il cite également les universaux biologiques, évoqués par les Aginsky, qui se dégagent en sept
champs linguistiques : la nourriture, la boisson, la respiration, le sommeil, les excrétions, la
température, et le sexe.
Mounin réfutent également la théorie des couleurs, dans le sens où pour lui il existe des
universaux physiologiques, qui même si ils n’intéressent pas la linguistique, sont importants
dans une théorie de la traduction. Même si chaque langue dénomme les couleurs
différemment, les Hommes quelque soit la langue qu’ils parlent, voient les couleurs de la
même façon.
Dans la même lignée, Mounin nous montre que les visions du monde différentes exprimées
par la langue sur les notions de distance est réfutable.
Il cite Suzanne Öhman qui démontre bien que la notion de distance en milles ou en kilomètres
ne repose pas sur la langue, mais sur la pratique et l’expérience d’un individu.
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En effet, si on donne à un individu le matériel linguistique pour comprendre les milles, il en
sera au même point que quand il ne connaissait pas la langue, ni les termes pour comprendre
ce système de mesurage. En revanche, si ce même individu part vivre dans un pays où sur les
panneaux routiers on affiche les distances en milles, puis qu’il conduit une voiture où le
compteur marque les distances en milles, il finira par s’y habituer, et n’aura plus de difficultés
pour mesurer les distances.
Mounin en conclut donc qu’il ya également des universaux biophysiologiques liés à l’unicité
physique des Hommes, qui leurs donnent donc des références communes qui pourront se
refléter dans les langues.
Pour Mounin, il existe aussi des universaux psychologiques, ces universaux ne sont pas
développés car ils sont trop peu étudiés, à tord selon lui.
Les universaux les plus importants sont pour lui les universaux linguistiques.
Sur ce point, Hjelmslev qui a abordé la question, écarte ce qu’il considère comme définissant
le langage c'est-à-dire le fait que le langage véhicule une substance au moyen d’une forme,
l’opposition et l’interdépendance entre Sa et Sé, entre expression et contenu, entre système et
texte, entre paradigmatique et syntagmatique, les trois grandes fonctions syntaxique
(parataxis, hypotaxis, catataxis), et enfin certaines catégories sémantiques.
Pour Hjelmslev ces procédés sont élémentaires, pour Mounin en linguistique peut-être mais
pas pour une théorie de la communication entre les langues.
Pour lui sans ces points énumérés, la traduction serait impossible. C’est certain qu’entre une
collectivité humaine parlant une langue pourvu de la double articulation, et une autre parlant
une langue qui en serait dépourvu, la communication serait difficile, et la traduction
s’effondrerait.
Au-delà des caractères communs exposés précédemment, la vraie question pour l’auteur est
de savoir si il y a des universaux syntaxiques, et sémantiques dans les langues.
Il cite Benveniste qui dit que d’une manière ou d’une autre une langue distingue toujours des
temps et que toutes les langues possèdent des pronoms personnels, du moins dans une
certaine proportion. Pour Mounin même si il existe des exceptions et que ces faits ne sont que
quasi-universels, ils sont utiles et non négligeables pour une théorie de la traduction.
Pour Bloomfield, beaucoup de situations sont universelles et donc dites dans chaque langue,
quelque soit la manière de les nommer, on peut donc trouver des équivalences.
Toujours dans un souci d’une théorie de la traduction, Mounin évoque les universaux de la
culture qui ont selon lui un impact sur les langues.
Si on revient à la théorie des couleurs, on s’est rendu compte que beaucoup de nominations de
couleurs étaient faites en fonction des technologies de teinture, peinture, marquage, ou encore
coloriage. Par exemple, en Latin, les couleurs se référent au miel, à l’ivoire etc…, ou en
Français elles se référent au bordeaux, au tabac etc…
Les visions du monde ne sont pas incommunicables puisqu’elles se référent à un même point,
ici les technologies, qui ne change pas et dont la signification peut être transmise d’une langue
à une autre.
Il y a donc des similitudes dans chaque culture, et l’on peut donc trouver des équivalences de
langue à langue.
Pour Mounin, il ya également une convergence des cultures. Les linguistes l’illustrent
principalement par la culture européenne. Cette convergence faciliterait la communication
entre les langues européennes.
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D’autres linguistes étendent ce phénomène au-delà de l’Europe. Par exemple, pour Sapir les
langues ne sont pas isolées. Les Aginsky pensent eux aussi que les conditions de
communication ont tellement évolué, que les cultures ne sont plus isolées et que cette
convergence de cultures aux traits communs nous donnent des langues avec certains traits
communs.
Pour conclure, en prenant en compte tous ces universaux du langage : cosmogoniques,
biologiques, biophysiologiques, psychologiques, linguistiques, ou encore culturels, on peut
affirmer que la traduction d’une langue à une autre est possible.
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