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Paul Fraisse
Mémoire de dessins et de phrases en fonction de la durée de
présentation
In: L'année psychologique. 1974 vol. 74, n°1. pp. 145-156.
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Fraisse Paul. Mémoire de dessins et de phrases en fonction de la durée de présentation. In: L'année psychologique. 1974 vol.
74, n°1. pp. 145-156.
doi : 10.3406/psy.1974.28029
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1974_num_74_1_28029Résumé
Résumé
On a tenté de vérifier l'hypothèse selon laquelle la supériorité de la mémoire de dessins par rapport à
celle de phrases serait due à un double codage, iconique et verbal, du matériel concret.
Le matériel consistait en une série de dessins comportant une mise en relation de deux éléments et une
série de phrases décrivant ces dessins.
Afin d'empêcher ou au contraire de faciliter la verbalisation du contenu des dessins, on a fait varier
l'intervalle entre les stimulus (de un tiers de seconde à une seconde et demie).
Les sujets devaient évoquer en rappel libre, après une seule présentation, les items présentés.
Quand l'intervalle entre les stimulus est trop bref (inférieur à 500 ms) pour permettre le codage verbal,
la mémoire des dessins n'est pas supérieure à celle des phrases. Mais la mémoire des dessins croît de
100 % lorsque augmente l'intervalle entre les items, alors que celle des phrases ne croît que de 20%.
Les résultats sont du même ordre en mémoire différée. L'hypothèse du double codage iconique et
verbal des dessins est donc vérifiée, même quand la verbalisation du contenu est plus complexe que
celle d'objets singuliers.
Abstract
Summary
The present study is an attempt to test the hypothesis that the superiority of memory for drawings over
memory for sentences is due to double (iconic and verbal) coding of concrete material.
The material consisted of a series of drawings showing two elements related to each other, and a series
of sentences describing these drawings.
In order to hinder, or, on the contrary, to facilitate the verbalization of the content of the drawings, the
interval between stimuli was varied from one third of a second to one and a half seconds.
The Ss. were required to evoke the items in a free recall situation, after one single presentation.
When the inter-stimulus interval is too brief (less than 500 ms) for a verbal coding to be possible,
memory for drawings is not better than memory for sentences. But there is a 100 % increase in memory
for drawings when the interstimulus interval is increased, while the corresponding of
for sentences is only 20 %.
The results are comparable when recall is delayed.
The hypothesis of double, iconic and verbal, coding of drawings is supported by the results, even in the
case when verbalization of drawings is complex.Année psychol.
1974, 74, 145-156
Laboratoire de psychologie expérimentale et comparée
Université Bené-Descartes et E.P.H.E., 3e section
associé au C.N.R.S.
MÉMOIRE DE DESSINS ET DE PHRASES
EN FONCTION DE LA DURÉE DE PRÉSENTATION1
par Paul Fraisse
SUMMARY
The present study is an attempt to test the hypothesis that the superiority
of memory for drawings over memory for sentences is due to double (iconic
and verbal) coding of concrete material.
The material consisted of a series of drawings showing two elements
related to each other, and a series of sentences describing these drawings.
In order to hinder, or, on the contrary, to facilitate the verbalization
of the content of the drawings, the interval between stimuli was varied
from one third of a second to one and a half seconds.
The Ss. were required to evoke the items in a free recall situation,
after one single presentation.
When the inter-stimulus interval is too brief (less than 500 ms) for
a verbal coding to be possible, memory for drawings is not better than
memory for sentences. But there is a 100 % increase in memory for drawings
when the interstimulus interval is increased, while the corresponding
increase of memory for sentences is only 20 %.
The results are comparable when recall is delayed.
The hypothesis of double, iconic and verbal, coding of drawings is
supported by the results, even in the case when verbalization of
is complex.
Les études comparées de la mémorisation d'images d'objets
et des noms qui y correspondent ont été très nombreuses depuis
1. Travail réalisé de bout en bout avec la précieuse collaboration de
Madeleine Léveillé. 146 MÉMOIRES ORIGINAUX
dix ans. Leurs résultats sont sans ambiguïté. A court terme
comme à long terme, on retient mieux les images que les noms.
Le phénomène est vérifié dans des situations de reconnaissance,
lorsque stimulus et réponses sont de même nature (Shepard,
1967 ; Snodgran, Volvovitz et Walfish, 1972), aussi bien que
lorsque les stimulus sont des dessins et les réponses des listes de
mots dans lesquelles il faut reconnaître ceux qui désignent les
dessins (Jenkins, Neale, Deno, 1967). On trouve les mêmes
résultats dans des épreuves d'évocation, que ce soit chez les
enfants (Ducharme et Fraisse, 1965) ou chez les adultes (Sampson,
1970).
On a pu s'étonner qu'en situation de reconnaissance ou
d'évocation, les réponses verbales à des dessins soient plus
disponibles que celles à des mots lus ou entendus, puisque le
codage des images apparaît moins direct. En effet, la difficulté
du codage des images est attestée objectivement par le fait que
le temps de dénomination des objets (ou des dessins) est plus
long que le temps de lecture des noms correspondants (Fraisse,
1964 et 1968).
Plusieurs auteurs (Fraisse et Ducharme, 1965 ; Paivio, 1971)
ont alors émis l'hypothèse que les dessins bénéficiaient d'un
double codage visuel et verbal. Une expérience antérieure
(Fraisse, 1970) a montré que même les performances des enfants
n'étaient pas améliorées lorsqu'on leur présentait le dessin avec
le nom correspondant. La verbalisation se produirait quasi
spontanément.
Si l'hypothèse du double codage est vraie, la supériorité
des dessins devrait diminuer ou disparaître quand la verbali
sation est difficile et demande une interprétation de l'image.
Nous avons en partie vérifié ce phénomène dans notre recherche
de 1970, en comparant l'évocation de dessins comprenant deux
objets (avec un rapport d'action, ex. : le pompier monte à l'échelle ;
ou de contenant à contenu, ex. : la cigarette sur le cendrier ;
ou avec deux objets indépendants, ex. : un réveil et une échelle)
à celle des phrases qui les décrivent. Avec les trois types de
matériel, la mémoire immédiate des dessins est meilleure que
celle des phrases ; mais ici le rappel des dessins dénommés par
l'E. au moment de la présentation est supérieur à celui des
dessins présentés sans commentaire. Le codage verbal ajoute
quelque chose au codage visuel.
Cette recherche reprend ce problème sous un autre angle. P. FRAISSE 147
Compte tenu du fait que le temps de réaction verbale aux dessins
est plus long que le temps de lecture du nom correspondant,
comment évoluera la mémorisation des dessins et des phrases
quand le temps de présentation des items variera de telle manière
que la verbalisation sera possible ou impossible ?
Même pour des lettres, on sait que la mémoire immédiate
est meilleure si la durée de présentation croît de 250 ms à 1 000 ms
(Murray, 1966). Par une méthode de reconnaissance de stimulus
témoins présentés avant ou après une série de lettres, Henderson
et Matthews (1970) ont trouvé que l'efficience diminuait quand
on raccourcissait le temps de présentation des lettres, surtout
dans la gamme de durées comprises entre 500 et 80 ms. La même
constatation a été faite pour des séries de dessins présentés
rapidement (Potter et Levy, 1969). La probabilité (corrigée pour
le hasard) de les reconnaître passe de .16 pour un intervalle de
125 ms entre les dessins à .93 pour un intervalle de 2 s.
Paivio et Csapo (1969 et 1971), eux, se sont intéressés dire
ctement à ce problème : comparer l'effet de la durée de présentation
sur la mémorisation de séries de dessins d'objets et des noms
concrets correspondants. Ils ont utilisé deux durées de présen
tation : 188 et 500 ms, la première permettant de reconnaître
le stimulus mais non de le verbaliser, la seconde permettant une
verbalis