Notes sur les Boni de la Guyane  française. - article ; n°1 ; vol.35, pg 123-148
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1943 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 123-148
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1943
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

R. De Lamberterie
Notes sur les Boni de la Guyane française.
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 35, 1943. pp. 123-148.
Citer ce document / Cite this document :
De Lamberterie R. Notes sur les Boni de la Guyane française. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 35, 1943. pp.
123-148.
doi : 10.3406/jsa.1943.2348
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1943_num_35_1_2348NOTES SUR LES BONI
DE LA GUYANE FRANÇAISE.
Par R. DE LAMBERTERIE.
(Planche X).
Les nègres marrons en Guyane française. — On appelait nègres
marrons — de l'espagnol cimarron — les esclaves qui s'enfuyaient des
plantations. Ils se réunissaient par bandes parfois nombreuses, créaient
des villages dans les bois et faisaient les défrichements nécessaires à leur
subsistance. Pour se procurer ce que la terre ne pouvait leur donner, pour
se venger des mauvais traitements qu'ils avaient subis, ils revenaient atta
quer et piller les « habitations ». Des expéditions étaient entreprises contre
ces voisins dangereux, mais on ne réussissait pas toujours à les reprendre,
surtout quand ils étaient nombreux. Ces bandes de fugitifs ont fini parfois
par créer de véritables peuplades, menant une existence à part, s'efîorçant
de faire revivre dans la forêt américaine les traditions du pays de leurs
ancêtres.
Des colonies ont dû traiter avec elles. Plusieurs de ces peuplades existent
encore, surtout en Guyane hollandaise ; mais aussi en Guyane française
sur les rives du Maroni.
Le marronage, qui fut un fléau pour de nombreuses colonies et menaça
sérieusement l'existence même de quelques-unes, n'eut jamais en Guyane
française une très grande importance. Comme partout, des esclaves s'en
fuirent et se réfugièrent dans les bois, mais ils ne formèrent jamais de
bandes très nombreuses. On trouve chez de vieux auteurs 1 des plaintes
et des craintes exprimées au sujet des nègres marrons et du danger qu'il
y aurait à s'établir dans l'intérieur, mais si l'on approfondit le sujet, on
s'aperçoit qu'il s'agit de faibles groupes (50 à 60 individus), encore ces
groupes venaient-ils parfois de colonies voisines.
1. Entre autres : Milhaud. Histoire de l'île de Cayenne et Province de Guyane [1732].
Tableau de la colonie de Cayenne (manuscrit de la bibliothèque de Cayenne, sans
nom d'auteur, 1689 ?). .
124 SOCIÉTÉ DES AMÉKICANISTES
Ceci s'explique avant tout par le petit nombre des esclaves et aussi, en
partie, par le fait que les nègres baptisés et dotés d'une petite instruction
religieuse étaient assez liés à la civilisation de leurs maîtres pour qu'on pût
parfois les ramener par la persuasion. Vers 1750, par exemple, un mission
naire fit revenir une quarantaine de fugitifs dont certains étaient dans les
bois depuis vingt ans.
Cependant, après la première libération, beaucoup de noirs s'enfoncèrent
dans l'intérieur, surtout quand il fallut revenir, sous le Premier Consul, à
l'ancien état de choses. On trouve dans les archives de la Guyane des docu
ments relatifs à la lutte que Victor Hugues mena contre ces fugitifs. D'après
Al. de Saint-Quentin (Introduction à Г Histoire de Cayenne, Antibes, 1872),
la bande la plus importante (1.200) aurait eu ses établissements sur le haut
de la rivière la Comté ; le dernier chef de ce qui restait de ce groupe, Pomp
ée, ne fut pris que vingt-deux ans après le commencement de la lutte.
Dans l'ensemble donc, il n'y eut rien en Guyane française qui ressemblât
à ce qui se produisit en Guyane hollandaise ou à la Jamaïque. On vint à
bout finalement de tous les groupes de fugitifs. Il est possible que certains
d'entre eux se soient joints aux bandes plus nombreuses qui vivaient près
du Maroni, en Guyane hollandaise, mais aucun groupe n'a donné nais
sance à une des peuplades dont il va être question.
Les Bosch. — Pourtant il y a chez nous des descendants de ces
nègres marrons ; ils sont désignés parle terme générique de Bosch (du néer
landais, ou de l'anglais bush = brousse). Les uns sont fixés à demeure
sur les bords et dans les îles du Maroni, d'autres viennent pour exercer l'i
ndustrie du canotage sur les fleuves, seules routes conduisant dans l'intérieur,
donc aux placers. Ces fleuves sont d'un parcours difficile à cause des « sauts »
parfois nombreux et dangereux et seuls, ou à peu près, les Bosch sont
capables d'y conduire de lourds canots. Les voyageurs sont à la merci des
canotiers, moins au point de vue du prix qu'à celui du temps. S'il leur plaît
de s'arrêter dans un village, parce qu'ils y ont des amis ou un job (en anglais,
« travail payé ») à faire, ou en pleine brousse pour partir à la poursuite
d'un singe rouge, ceux qui les emploient n'ont qu'à les attendre.
Les tribus représentées en Guyane française sont :
1. Les Saramaca x, dont le « vrai pays » est sur la rivière de Surinam et
la rivière (Guyane holl.). Ils forment une peuplade très nomb
reuse. La colonie de Surinam traita avec eux vers le milieu du xvine siècle
obtenant d'eux, contre la reconnaissance de leur liberté et autres avan-
1. Au sujet de cette tribu, voir Melville et Frances Herskovits : Rebel Des
tiny. Londres, 1934. LES BONI DE LA GUYANE FKANÇAISE 125
tages, la promesse de cesser leurs pillages et de rendre les nouveaux fugitifs.
Aujourd'hui encore un accord règle les rapports entre le Grand Man des
Saramaca et le gouvernement de la Guyane hollandaise. Ceux qui sont sur
notre territoire s'y trouvent d'une manière plus ou moins passagère, pour
y gagner quelque argent. Ils n'amènent pas de femmes. Ils ont un village
permanent en aval de Saint-Georges, sur l'Oyapock, et obéissent à un« capi
taine ». Ce sont les Saramaca qui assurent le transport des voyageurs et
marchandises sur l'Oyapock, l'Approuague, la Sinamary, la Màna ; on en
trouve aussi sur la rivière La Comté.
2. Les Juka 1 (Djuka), qu'on appelait aussi et qu'on appelle encore par
fois Auka-Ouka. Le nom primitif de la tribu aurait été Auka, le nom de
Juka leur ayant été donné à la suite de leur fuite vers le Maroni par une
crique de ce nom 2. Ils vivent aujourd'hui sur plusieurs rivières de la Guyane
hollandaise, mais surtout sur les rives du Tapanahony et du Maroni. Leurs
villages sont en général sur la rive hollandaise, mais on en trouve aussi dans
des îles et sur la rive française. Comme les Saramaca, ils sont liés par traités
à la colonie de Surinam. Ce sont eux qu'en français on désigne plus spé
cialement sous le nom de Bosch quand on veut les distinguer des autres.
3. Les Paramaca, du nom d'une crique sur laquelle ils ont vécu long
temps; peu nombreux. On trouve leurs villages surtout dans des îles, approx
imativement du Saut-La-Moitié au Saut Lo-ca-Lo-ca. Les agglomérations
sont à Langa Tabiki (Langa=long, tabiki=île) et à Amckan. Les Paramaca
se livrent à l'exploitation du bois pour le compte de commerçants de la
côte.
4. Les Poligodou, qu'on peut citer pour mémoire ; ils sont établis
aux environs du saut du même nom. A partir de 1772 les Hollandais em
ployèrent des esclaves affranchis dans la guerre contre les nègres marrons.
Beaucoup de ces soldats noirs désertèrent ; le groupe des Poligodou devrait
son origine à ces désertions. Il n'a jamais été très nombreux (un seul vil
lage, d'environ 150 individus). En fait ils sont aujourd'hui intégrés à la
tribu Yuka.
5. Les Boni, fixés surtout sur la rive française du Maroni, ou plus exac
tement de l'Awa, le Maroni proprement dit commençant au saut Poli
godou, confluent du Tapanahoni et de l'Awa.
Les Boni feront seuls l'objet des notes suivantes.
1. A leur sujet, voir Morton С. Kahn : Djuka. New York, 1931.
2. Coudreau (Henri). Chez nos Indiens. Paris, Hachette 1893, ch. II. SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES 126
I
HISTOIRE ET ORIGINE DES BONI.
Leur histoire. — Au milieu du xviiie siècle le nombre des esclaves
marrons dans la colonie de Surinam était évalué à 20.000 par certains
auteurs, comme Fermin xet Stedman2. Ce chiffre est probablement exagéré,
mais il n'est pas douteux que la colonie courait un grave danger. Des traités
plus ou moins respectés furent conclus avec les Auca, les Saramaca, les
Nègres de la crique Tampati, mai

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