Sages-femmes et accoucheurs : l obstétrique populaire aux XVIIe et XVIIIe siècles - article ; n°5 ; vol.32, pg 927-957
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Sages-femmes et accoucheurs : l'obstétrique populaire aux XVIIe et XVIIIe siècles - article ; n°5 ; vol.32, pg 927-957

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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1977 - Volume 32 - Numéro 5 - Pages 927-957
Written by and for doctors, the history of obstetrics long remainded a history of obstetrical techniques; it was only incidentally that interest was taken in the woman and the new-born child.
Until the last century, childbirth was a dangerous process, especially in the country, that the community midwife was not always able to control. But with the end of the 17th century, the near monopoly of the midwives was broken by the accoucheurs whose scheme was favored by the evolution of the mores, the support of the State, and the understanding of the Church.
The creation of schools for midwives, in the second half of the 18th century, brought childbirth under the control of doctors : the midwife became simple assistant
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 120
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jacques Gélis
Sages-femmes et accoucheurs : l'obstétrique populaire aux
XVIIe et XVIIIe siècles
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 32e année, N. 5, 1977. pp. 927-957.
Abstract
Written by and for doctors, the history of obstetrics long remainded a history of obstetrical techniques; it was only incidentally that
interest was taken in the woman and the new-born child.
Until the last century, childbirth was a dangerous process, especially in the country, that the community midwife was not always
able to control. But with the end of the 17th century, the near monopoly of the midwives was broken by the accoucheurs whose
scheme was favored by the evolution of the mores, the support of the State, and the understanding of the Church.
The creation of schools for midwives, in the second half of the 18th century, brought childbirth under the control of doctors : the
midwife became simple assistant
Citer ce document / Cite this document :
Gélis Jacques. Sages-femmes et accoucheurs : l'obstétrique populaire aux XVIIe et XVIIIe siècles. In: Annales. Économies,
Sociétés, Civilisations. 32e année, N. 5, 1977. pp. 927-957.
doi : 10.3406/ahess.1977.293872
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1977_num_32_5_293872SAGES-FEMMES ET ACCOUCHEURS
obstétrique populaire aux XV/ra et XVIIr siècles
obstétrique est entrée que depuis peu dans le territoire de historien
Seuls ces dernières années les médecins et les chirurgiens se sont inté
ressés au passé de leur pratique Soucieux de témoigner de la vitalité de cette
partie de art de guérir dès la fin du xvne siècle ils ont privilégié dans leurs
travaux innovation apparition de techniques nouvelles version poda-
lique symphyséotomie césarienne Cette histoire de obstétrique est ainsi deve
nue une histoire de la technique obstétricale marquée par des interventions vite
célèbres imitées ou combattues qui ont établi la réputation des grands accou
cheurs Deux siècles et demi de progrès qui ont fait hui de
chement un acte banal de la vie quotidienne histoire des grands praticiens
mais aussi histoire des grands théoriciens qui ont diffusé la science des accou
chements travers leurs manuels histoire de obstétrique ne est intéressée
la femme et au nouveau-né que dans une stricte perspective de progrès
médical
En écrivant une histoire de obstétrique et en insistant sur ses progrès cons
tants médecins et chirurgiens prennent parti dans une lutte influence qui
depuis le xvne siècle favorise la pratique de accoucheur et limite celle de la
sage-femme La thèse ils défendent est simple le chirurgien longtemps can
tonné dans son exercice par les matrones réussi grâce la science et aux
études imposer comme étant le plus apte accoucher pour le plus grand
bien des femmes et des enfants donc de humanité
Il est vrai que on peut parler un quasi-monopole des accoucheuses vers
1650 Il est incontestable que trois siècles plus tard la sage-femme est devenue
auxiliaire de accoucheur est elle désormais qui voit son rôle réduit un
travail assistance dans les hôpitaux et les cliniques Au milieu du xxe siècle le
développement des moyens de transport individuels rapides qui permettent aux
femmes de la campagne aller se faire accoucher la ville équipement
moderne des maternités ont presque évincée des régions rurales où elle avait
souvent réussi se maintenir depuis le début du siècle précédent Il agit donc
bien du terme une évolution amorcée de longue date et sur laquelle nous som-
927 LES DECINS ET LES SOIGNANTS
mes amenés nous interroger Par quels moyens accoucheur a-t-il réussi au
xvine siècle imposer sa pratique dans les villes et les campagnes De quels ap
puis a-t-il bénéficié Quelle défense la matrone lui a-t-elle opposée Comment
la femme a-t-elle pu être amenée se laisser accoucher par homme et avec
quelles conséquences pour son équilibre
Mais si la rivalité entre la sage-femme et accoucheur autour du lit de la
parturiente intéresse histoire de obstétrique elle déborde aussi largement ce
domaine parce que la matrone depuis toujours dans le village une influence
qui dépasse son rôle accoucheuse parce que glise la surveille et veut en
faire un instrument de reconquête religieuse surtout partir du xvne siècle
parce que tat enfin entend envoyer école pour la former une véritable
profession de sage-femme Et derrière cet affrontement entre homme de
art et la qui par bien des aspects reflète opposition séculaire en
tre la ville et la campagne est toute la communauté rurale qui se trouve con
cernée
es douleurs de enfantement
angoisse la peur de la future mère apparaît bien avant les premières
contractions qui annoncent approche de la délivrance Certes on considère
que le sort de la femme est de faire des enfants et de les faire dans la douleur
ainsi le veut la nature ainsi enseigne la tradition chrétienne Cette épreuve
ressentie comme telle peut-être les femmes accepteraient-elles il avait
inquiétude de la complication toujours possible Car accouchement autrefois
est souvent difficile dangereux même et laisse des traces chez la mère et en
fant La communauté garde le souvenir de couches qui ont conduit dans telle
famille une femme la tombe La mortalité en couches est une donnée per
manente de la vie rurale aux premières décennies du xxe siècle
La participation quotidienne des femmes de la campagne aux travaux des
champs perturbe les conditions de la grossesse et en complique parfois issue la
fréquence des dystocies rend difficile et parfois mortel le premier accouchement
ainsi que le cinquième ou le sixième lorsque la femme plus âgée est affaiblie
par ses couches précédentes Au terme de neuf mois est fréquemment la mort
qui attend la mère et son fruit
Tout concourt multiplier les risques de accouchement isolement du
village ou du hameau qui prive de tout secours le froid vif ou la trop forte
chaleur dont on ne peut se protéger dans des habitations sommaires et qui en
traînent des complications pour la nouvelle accouchée La fréquence du
rachitisme également des suites fâcheuses enclavement de la tête du tus
dans un bassin trop étroit laisse impuissant accoucheur ou la matrone Les
vices de conformation du bassin constituent un des principaux obstacles ac
couchement
Les témoignages sur les accouchements laborieux abondent dès le milieu du
xvine siècle curés de campagne chirurgiens de villes et de paroisses rurales
seigneurs quelquefois ont signaler au subdélégué ou intendant un cas peu
banal La généralisation de ces récits où on décèle fréquemment un goût mor
bide pour le détail macabre pour le pittoresque qui fait frémir incite se poser
quelques questions Pourquoi accouchement devient-il tellement digne inté-
928 GEL OBST TRIQUE POPULAIRE
ret Dans quel but écrit-on Quelle valeur accorder aux faits rapportés Une
prise de conscience de importance de la mortalité en couches et de ses
conséquences pour la famille et pour le pays effectue incontestablement vers
1750-1760 Et est pour remédier ces malheurs que des chirurgiens et des
curés affirment prendre la plume il faut mettre fin ces horreurs au nom de
humanité Mais toutes les relations mettent invariablement en cause impé-
ritie des matrones de routine leur ignorance crasse et leur vanité En un
mot la seule coupable est accoucheuse Cette unanimité traduit bien sûr un
état de fait mais la mise en accusation de la matrone est pas toujours nous le
verrons totalement désintéressée Par ailleurs il est évident que ce sont les cas
les plus frappants les plus aberrants même qui ont retenu attention des con
temporains Il serait absurde de noircir le tableau en ne reprenant que ces rela
tions et en les généralisant Pour un accouchement malheureux combien ac
couchements naturels sans conséquences qui ont pas été jugés dignes être
mentionnés Mais les témoignages sont aussi trop précis trop nombreux trop
concordants pour ne pas correspondre une réalité souvent abominable que
confirment les relevés annuels de naissances mariages et sépultures faits par les
curés
Les accoucheuses sont en général tout juste bonnes recevoir enfant dans
un accouchement ordinaire Et même dans ce cas leur hardiesse les entraîne
aux erreurs les plus grossières dont pâtissent le nouveau-né et sa mère Une
habitude très répandue veut que la matrone fasse tout pour hâter ac
c

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