Sur le chemin de l Académie des sciences : le cercle du mathématicien Claude Mylon (1654-1660) - article ; n°2 ; vol.44, pg 241-251
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Sur le chemin de l'Académie des sciences : le cercle du mathématicien Claude Mylon (1654-1660) - article ; n°2 ; vol.44, pg 241-251

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Description

Revue d'histoire des sciences - Année 1991 - Volume 44 - Numéro 2 - Pages 241-251
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 27
Langue Français

Extrait

Monsieur Jean Mesnard
Sur le chemin de l'Académie des sciences : le cercle du
mathématicien Claude Mylon (1654-1660)
In: Revue d'histoire des sciences. 1991, Tome 44 n°2. pp. 241-251.
Citer ce document / Cite this document :
Mesnard Jean. Sur le chemin de l'Académie des sciences : le cercle du mathématicien Claude Mylon (1654-1660). In: Revue
d'histoire des sciences. 1991, Tome 44 n°2. pp. 241-251.
doi : 10.3406/rhs.1991.4305
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1991_num_44_2_4305Sur le chemin
de l'Académie des sciences :
le cercle du mathématicien
Claude Mylon (1654-1660)
Entre les académies privées qui précédèrent et préparèrent l'offi
cielle Académie des sciences, fondée par Colbert en 1666, celle
du P. Mer senne fut la plus ancienne et la plus prestigieuse. Créée
en 1635, se distinguant d'emblée des cercles érudits antérieurs par
son orientation « toute mathématique (1) », elle réunit jusqu'à la
mort de son fondateur, en 1648, l'élite des savants français, Mer-
senne lui-même, Roberval, Desargues, Mydorge, Carcavy, les Pascal
père et fils, et, présents par leur correspondance bien qu'ils fussent
établis au loin, Descartes et Fermat. Seul Mersenne, par son ouver
ture d'esprit, par ses dons d'animateur, par le respect unanime
dont il était entouré, pouvait maintenir la cohésion au sein d'un
groupe où les antagonismes ne manquaient pas. Sa mort n'entraîna
pourtant pas la disparition de ce groupe. On savait par l'abbé
de Marolles qu'il avait trouvé un successeur en la personne du
mathématicien et poète Jacques Le Pailleur, et nous avons montré
que ce nouvel animateur avait dûment joué son rôle jusqu'à sa
propre mort, en 1654 (2). Qu'arriva-t-il ensuite? Il apparaît, à beau
coup d'indices, que Le Pailleur fit du mathématicien Mylon son
héritier intellectuel. Mais il faut aller plus loin. Mylon s'occupa
à son tour de faire survivre l'ancienne académie Mersenne, qui
ne disparut complètement qu'à sa mort.
(1) L'expression est de Mersenne, Correspondance, t. V (Paris : Ed. du cnrs, 1959),
209 (lettre à Peiresc du 23 mai 1633). Voir aussi, pour la première composition de l'aca
démie, ibid., 371.
(2) Voir notre article, Pascal à l'académie Le Pailleur, L 'Œuvre scientifique de Pascal
(Paris : PUF, 1963), 7-16. Sur Les Origines de l'Académie royale des sciences, voir le petit
volume de René Taton qui porte ce titre (Paris : Palais de la découverte, 1965).
Rev. Hist. ScL, 1991, XLIV/2 242 Jean Mesnard
Mais, pour bien apprécier ce rôle final, il est indispensable de
remonter aux origines d'une carrière qui fut tout entière vouée
au service de la même académie.
Qui était celui qui, au bas de ses lettres à Mersenne, à Huygens,
à Pascal signait constamment « Mylon (3) »? Cette orthographe
reconnue oblige à écarter les fantaisies de correspondants qui écri
vaient parfois « Milon » ou « Milion ». Dans les lettres qu'il envoie
ou qui lui sont adressées, son prénom n'est jamais mentionné.
Toutefois, en tête d'une démonstration datée de juin 1658, il se
désigne par « Cl. Mylon », tandis qu'une autre proposition, du
26 janvier 1659, se donne pour « demonstrata a Claudio
Mylon (4) ». L'hésitation est donc levée. Sa profession? Dans les
Specimina philosophiae Cartesianae de l'Allemand Lipstorp, publiés
en 1653, il est appelé « Ampliss. Dn. Mylon, Mathematicus et 1С
Parisiensis (5) » : « 1С », c'est-à-dire jurisconsultus, habituellement
traduit par jurisconsulte, terme sans doute approximatif. Sa qualité
exacte est indiquée par le biographe de Mersenne, le P. Hilarion
de Coste, en 1649 : « avocat en la Cour de Parlement (6) ». Même
titre, accompagné d'une adresse, dans la suscription d'un envoi
de Mersenne, en 1646 : « A Monsieur Milion, avocat du Parle
ment, demeurant rue de Tirechappe, aboutissant à la rue Saint-
Honoré, près des Halles, à Paris (7) ».
En voilà suffisamment pour identifier, sans erreur possible, la
personne et la famille de notre mathématicien. Son père se nommait
Benoît Mylon. Ce dernier semble devoir être tenu pour le fils d'un
autre Benoît Mylon, le membre le plus distingué de la famille,
mort en 1593, conseiller d'État et président en la Chambre des
comptes, après avoir été aussi contrôleur général des finances. Ce
premier Benoît Mylon avait fait construire en 1580, le magnifique
château de Wideville, près de Versailles, et la chapelle de la Trinité
de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, lieu de la sépulture famil
iale. Sa veuve, Madeleine de Crèvecœur, hérita du château
de Wideville et de beaucoup de ses biens, qui passèrent à sa
(3) Une notice sur Mylon a été rédigée par Pierre Costabel pour le Dictionary of Scienti
fic Biography, t. IX (New York, 1974), 599. Nous apportons ici retouches et compléments.
(4) Christiaan Huygens, Œuvres complètes, t. II (La Haye : Nijhoff, 1889), 335-337.
(5) Nous citons d'après Descartes, Œuvres, t. IV (Paris : Ed. Adam et Tannery,
1901), 232.
(6) H. de Coste, La Vie du R. P. Marin Mersenne (Paris : Cramoisy, 1649), 93.
(7) Descartes, op. cit., t. IV, 397; ou Mersenne, op. cit., t. XIV (1980), 225. Le cercle de Claude Mylon 1АЪ
mort, en 1629, à René de Longueil, le futur président de Mai
sons (8).
Au second Benoît Mylon, il semble pourtant difficile, à en juger
par les actes notariés qui le concernent, de prêter le même brillant
statut social qu'au premier. La clef de cette mystérieuse contradic
tion et la véritable parenté des deux homonymes sont révélées par
deux documents. D'abord par le testament du seigneur de Wide-
ville, passé le 28 juin 1593 : une sollicitude toute particulière s'y
manifeste à l'endroit de deux enfants. L'un, Benoît Foucquet,
« fîliol » du testateur, était fait bénéficiaire d'une rente de 500 livres
due par ses parents, « à charge de porter le nom dudict sieur testa
teur ». L'autre, Madeleine Hévyn, recevrait en don une rente de
deux cents écus sol à compter du jour de son mariage. Voilà qui
laisse attendre le second de nos deux documents : le contrat de
mariage, passé le 14 février 1603, de celui qui s'appelait désormais
Benoît Mylon, et exerçait les fonctions de receveur des tailles en
l'élection de Pont-Audemer, avec Madeleine Hévyn précisément,
alors âgée de seize ou dix-sept ans. Cette dernière, à ce que nous
apprend le contrat, était filleule de de Crèvecœur, qui,
après son veuvage, avait épousé Nicolas Chevalier, conseiller d'État
et président aux Enquêtes du Parlement. La jeune fille logeait
avec ses parents dans la maison de sa protectrice, rue Béthisy,
paroisse Saint-Germain-PAuxerrois. Pour la passation du contrat,
Benoît Foucquet, dit Mylon, était assisté de sa mère, Marguer
ite Moreau, veuve d'Hénoc Foucquet, conseiller du roi et trésorier
des cent gentilshommes de l'ancienne bande de la maison de Sa
Majesté, alors remariée à Jacques Daguindeau, trésorier et payeur
des gages de Messieurs du Grand Conseil (9). Nul doute que le premier
Benoît Mylon et sa femme, souffrant de ne pas avoir d'enfants,
n'aient arrangé de longue date ce mariage entre leurs filleuls res
pectifs, enfants de familles de leur clientèle, et n'y aient trouvé le
moyen de se créer par procuration une postérité du nom de Mylon.
Mais les avantages financiers consentis en faveur de ce mariage étaient
peu de chose en regard de l'immense fortune de l'authentique famille
Mylon, dont la parenté naturelle recueillit l'essentiel de l'héritage.
(8) Voir une abondante documentation dans YEpitaphier du Vieux Paris, t. V, fasc. I
(Saint-Germain-l'Auxerrois), (Paris : Impr. nationale, 1974), 126-128, 129-130, 135. L'hési
tation qui est exprimée quant au lieu de la sépulture familiale, chapelle de la Madeleine
ou chapelle de la Trinité, ne nous semble pas fondée.
(9) Pour les deux actes correspondants, voir : Minutier central, LIV, 231 et 241. 244 Jean Mesnard
S'il était important de préciser ainsi les origines de notre
Claude Mylon, il n'y a pas lieu d'insister sur la personnalit

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