Systèmes de production et circulation des céramiques Puuc (analyse pétrographique) ; n°1 ; vol.85, pg 353-365

Carmen Varelatorrecilla, Alain Leclaire

Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1999 - Volume 85 - Numéro 1 - Pages 353-365
13 pages

Sujets

• Sociologie, société et politique

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• Publié par: JOURNAL_DE_LA_SOCIETE_DES_AMERICANISTES
• Publié le: 01 janvier 1999
• Nombre de lectures: 81
• Langue: Français
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Extrait

Carmen Varela Torrecilla
Alain Leclaire
Systèmes de production et circulation des céramiques Puuc
(analyse pétrographique)
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 85, 1999. pp. 353-365.
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Varela Torrecilla Carmen, Leclaire Alain. Systèmes de production et circulation des céramiques Puuc (analyse pétrographique).
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 85, 1999. pp. 353-365.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1999_num_85_1_1742DE PRODUCTION ET CIRCULATION SYSTEMES
DES CÉRAMIQUES PUUC (ANALYSE PÉTRO GRAPHIQUE)
Carmen VARELA TORRECILLA et Alain LECLAIRE *
Entamée en 1997, cette recherche concerne l'évolution culturelle d'une partie de
l'aire maya préhispanique : les Basses Terres du Nord ' . Elle se situe dans le prolon
gement de travaux effectués, depuis 1986, dans la région Puuc, au nord-ouest du
Yucatan, par la маем (Mission archéologique espagnole au Mexique) et par plusieurs
membres de Гех-UPR 312 du cnrs.
La définition de cette région se fonde sur deux éléments princi
paux :
1. — son développement et son apogée sont datés de 650 à 1000 apr. J.-C. ;
2. — l'architecture qu'elle a produite constitue un ensemble stylistique uni
que, tout comme la poterie caractéristique de son apogée, le complexe céramique
Cehpech, avec notamment la catégorie dénommée « Muna Slate » ou « Muna
Pizarra » 2.
Pourtant, les séquences culturelles établies dans cette zone offrent très peu d'info
rmation sur les périodes antérieures au développement culturel de la région, et il
n'existe à ce jour aucune analyse systématique de l'origine et des causes ayant permis
l'avènement de cette variante de la civilisation maya. L'apparition et la diffusion du
complexe céramique Cehpech demeurent ainsi mal comprises, bien que ce dernier
suppose des changements techniques et stylistiques radicaux quand on le compare
avec la production céramique antérieure, riche en décors polychromes. On ne sait pas,
en particulier, si ce changement est dû à un processus évolutif local ou à des causes
extérieures liées, par exemple, à l'intrusion de populations nouvelles. C'est à l'analyse
régionale des processus de production et de circulation de la céramique Puuc, depuis
ses origines, que la présente étude est consacrée.
L'étude entreprise de la composition des pâtes du complexe céramique Cehpech
associé au phénomène Puuc, basée avant tout sur l'analyse pétrographique des lames
minces, a deux objectifs fondamentaux :
* Équipe «Archéologie des Amériques», Maison de l'archéologie et de l'ethnologie, 21, allée de
l'université, 92023 Nanterre cedex et Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF)-
UMR 171 du CNRS, 6, rue des Pyramides, 75041 Paris cedex 01.
Journal de la Société des Américanistes 1999, 85 : p. 353 à 365. Copyright © Société des Américanistes. 354 JOURNAL DE LA SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES
1 . — répertorier, à l'échelle régionale, la composition de ces pâtes, afin de définir
d'éventuels secteurs de production et de proposer des réseaux de distribution pos
sibles ;
2. — tenter d'éclaircir parallèlement le problème des origines et des modalités du
développement de ce type de poterie.
Dans les lignes qui suivent, nous nous attacherons seulement à résumer les
antécédents de la recherche, nos hypothèses de travail et les premiers résultats du
projet.
Antécédents
Le complexe céramique Cehpech a été défini pour la première fois par Smith en
1971. Il se compose de cinq groupes céramiques : Chum, Muna, Ticul, Teabo et
Orange Fin, le groupe « Muna Pizarra » étant le plus répandu et le plus caractéristique
de la céramique Puuc. L'ample diffusion spatiale et chronologique du groupe Muna
pose plusieurs problèmes. Bien que tous les éléments de cette problématique ne
puissent être exposés ici, on signalera malgré tout qu'il existe, par exemple, un
désaccord entre la chronologie relative postulée par Smith pour cette céramique
(800-1000 apr. J.-C.) et son association avec la plupart des styles architecturaux du
Puuc, qui, eux, couvriraient l'intervalle 650-1000 apr. J.-C.
À l'origine de cette discordance se trouve probablement le fait que les séquences
culturelles de la région Puuc n'ont offert, pendant longtemps, que très peu d'informat
ions sur les périodes des débuts du développement Puuc. Les fouilles de la маем à
Oxkintok (1986-1991), un des sites les plus importants de la région, ont fourni de
riches données (architecture, sépultures, céramiques,...) à partir desquelles, on a pu
identifier un groupe céramique qualifié de « Pré-Pizarra Sat » (Varela Torrecilla 1993,
1998) qui est, techniquement et formellement, l'antécédent du « Muna Pizarra ». Ce
groupe est clairement associé à la fin du style architectural Proto-Puuc (600-650
apr. J.-C.) et au Puuc ancien (650-750 apr. J.-C).
Autre sujet de réflexion, il a été constaté depuis longtemps que la céramique
Cehpech est en apparence largement répandue, au moins dans tout le nord de la
péninsule yucatèque, tandis que le style architectural Puuc est resté, lui, beaucoup plus
localisé au nord-ouest de cette dernière.
Pour tenter de répondre à ces diverses interrogations, un premier programme de
recherche sur la poterie Muna Pizarra fut lancé en 1986 avec la collaboration de
l'Institut de recherches anthropologiques de l'université autonome de Mexico et de d'édaphologie et de biologie végétale du C.S.I.C. espagnol dans le cadre du
Projet Oxkintok. Une étude préliminaire portant sur 45 tessons et 3 échantillons de
matières premières provenant d'un seul site archéologique (Oxkintok), mais apparte
nant à différentes périodes, fut réalisée : les techniques de la diffraction de rayons X, de
la microscopie électronique et de la spectroscopie infrarouge furent alors employées
pour tenter de déterminer diverses compositions minéralogiques (Galván et Galván
1990) 3. Les résultats obtenus furent décevants, en raison surtout de la fausse homog
énéité minéralogique des pâtes, qui tient à une forte proportion en carbonates NOTES ET COMPTES RENDUS DE RECHERCHES 355
(calcite), laquelle masque les variations pourtant visibles avec une simple loupe
binoculaire.
En 1988, une étude des propriétés physiques de la même céramique fut entreprise
à partir de 112 tessons provenant toujours du même site unique et appartenant à
différentes périodes chronologiques (Barba et Varela Torrecilla 1992). Six variables
ont été estimées : la porosité, la résistance, la texture, le pourcentage de matériel
calcaire, les caractéristiques de cuisson et la dureté. Ici, à nouveau, les résultats ne
furent pas à la hauteur des espérances, puisqu'ils n'aboutirent à différencier que deux
grands groupes chronologiques : aucune variation significative des critères étudiés ne
permit en particulier d'isoler la production du Classique récent ou celle du Postclas
sique ; toutefois, les céramiques plus anciennes se sont distinguées par moins de
résistance et davantage de porosité.
C'est après cette étude qu'une nouvelle recherche fut programmée qui faisait appel
à la méthodologie de l'analyse de lames minces (1989-1990) 4. On a alors étudié 121
tessons provenant de 23 sites archéologiques, ainsi que 11 échantillons de matière
première extraits de 6 gisements (Chung, Barba et Varela 1995). Quatre groupes
purent être identifiés de la sorte, à partir des éléments non plastiques utilisés (groupe à
calcite, groupe à cendres volcaniques, groupe à dégraissant mixte et groupe à roches
volcaniques et feldspaths). Pourtant, certains résultats concernant en particulier les
groupes à calcite et à cendres volcaniques étaient contradictoires : le type céramique
Muna Pizarra en particulier montrait des compositions et des distributions relativ
ement variables, ce qui contredisait l'hypothèse selon laquelle cette céramique aurait été
le fruit d'une production standardisée.
En 1997, en collaboration avec