Spéculation et société : les grands travaux à Paris au XIXe siècle - article ; n°3 ; vol.23, pg 433-448
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Histoire, économie et société - Année 2004 - Volume 23 - Numéro 3 - Pages 433-448
Cet article constitue l'ébauche d'une réflexion sur l'histoire sociale de l'espace parisien entre 1750 et 1850. Une contradiction se fait jour à partir de 1750 entre les réalités urbaines et les aspirations des élites municipales: l'idéal édilitaire de la circulation de l'air et l'invention de la maison de rapport, nouvelle forme urbaine qui supposait des parcelles de grande étendue, se heurtent à la propriété foncière dans les quartiers du centre. Les riches tendent à quitter le centre pour s'installer dans les faubourgs et en banlieue. Avant même l'intervention d'Haussmann, c'est sans doute la grande peur politique et sociale de 1848 qui provoqua le début de résolution de cette contradiction, par le biais d'une politique d'emprunt et de nouvelles règles d'hygiène publique. La préfecture d'Haussmann représente le moment où la ville entra résolument dans un nouveau cours, marqué d'avance par le jeu des forces en présence et conduisant à la reconquête du centre. Mais la nécessité d'intégrer la ville annexée en 1860 fut bien aperçue par le préfet; en même temps, ses choix personnels (la constitution d'un grand ouest bourgeois par exemple) entraînaient l'espace urbain dans des directions inédites.
This article summarises some preliminary thinking about the social history of urban space in Paris between 1750 and 1850. From 1750 on, a contradiction began to emerge between the realities of the city and the aspirations of its municipal elites: the civic ideal of good circulation of air, and the invention of town houses for letting, a new urban form which presupposed large plots of land, both came into conflict with the actual patterns of land ownership in the central neighbourhoods of the capital. The rich tended to leave the centre for the outlying districts, the faubourgs, and for the suburbs. Even before Haussmann's major works during the Second Empire, however, new policies of public loans and new bye-laws on public hygiene, provoked by the great social and political fear of the year 1848, had already begun to resolve this conflict. But the period ofHaussmann's prefecture clearly represents the moment when the city entered into a new period, marked by the interplay of the forces already present and leading to the re-conquest of the city centre. The prefect was also aware of the necessity of integrating the outer arrondissements of the city, annexed in 1860. At the same time, his personal choices - the transformation of the west into a bourgeois residential zone, for example - also began to lead the capitals urban space in entirely novel directions.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alain Faure
Spéculation et société : les grands travaux à Paris au XIXe
siècle
In: Histoire, économie et société. 2004, 23e année, n°3. pp. 433-448.
Citer ce document / Cite this document :
Faure Alain. Spéculation et société : les grands travaux à Paris au XIXe siècle. In: Histoire, économie et société. 2004, 23e
année, n°3. pp. 433-448.
doi : 10.3406/hes.2004.2433
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2004_num_23_3_2433Résumé
Cet article constitue l'ébauche d'une réflexion sur l'histoire sociale de l'espace parisien entre 1750 et
1850. Une contradiction se fait jour à partir de 1750 entre les réalités urbaines et les aspirations des
élites municipales: l'idéal édilitaire de la circulation de l'air et l'invention de la maison de rapport,
nouvelle forme urbaine qui supposait des parcelles de grande étendue, se heurtent à la propriété
foncière dans les quartiers du centre. Les riches tendent à quitter le centre pour s'installer dans les
faubourgs et en banlieue. Avant même l'intervention d'Haussmann, c'est sans doute la grande peur
politique et sociale de 1848 qui provoqua le début de résolution de cette contradiction, par le biais d'une d'emprunt et de nouvelles règles d'hygiène publique. La préfecture d'Haussmann représente le
moment où la ville entra résolument dans un nouveau cours, marqué d'avance par le jeu des forces en
présence et conduisant à la reconquête du centre. Mais la nécessité d'intégrer la ville annexée en 1860
fut bien aperçue par le préfet; en même temps, ses choix personnels (la constitution d'un grand ouest
bourgeois par exemple) entraînaient l'espace urbain dans des directions inédites.
Abstract
This article summarises some preliminary thinking about the social history of urban space in Paris
between 1750 and 1850. From 1750 on, a contradiction began to emerge between the realities of the
city and the aspirations of its municipal elites: the civic ideal of good circulation of air, and the invention
of town houses for letting, a new urban form which presupposed large plots of land, both came into
conflict with the actual patterns of land ownership in the central neighbourhoods of the capital. The rich
tended to leave the centre for the outlying districts, the faubourgs, and for the suburbs. Even before
Haussmann's major works during the Second Empire, however, new policies of public loans and new
bye-laws on public hygiene, provoked by the great social and political fear of the year 1848, had already
begun to resolve this conflict. But the period ofHaussmann's prefecture clearly represents the moment
when the city entered into a new period, marked by the interplay of the forces already present and
leading to the re-conquest of the city centre. The prefect was also aware of the necessity of integrating
the outer arrondissements of the city, annexed in 1860. At the same time, his personal choices - the
transformation of the west into a bourgeois residential zone, for example - also began to lead the
capitals urban space in entirely novel directions.et société : les grands travaux Spéculation
à Paris au XIXe siècle
par Alain FAURE
Résumé
Cet article constitue l'ébauche d'une réflexion sur l'histoire sociale de l'espace parisien entre 1750
et 1850. Une contradiction se fait jour à partir de 1750 entre les réalités urbaines et les aspirations des
élites municipales: l'idéal édilitaire de la circulation de l'air et l'invention de la maison de rapport,
nouvelle forme urbaine qui supposait des parcelles de grande étendue, se heurtent à la propriété fon
cière dans les quartiers du centre. Les riches tendent à quitter le centre pour s'installer dans les fau
bourgs et en banlieue. Avant même l'intervention d'Haussmann, c'est sans doute la grande peur
politique et sociale de 1848 qui provoqua le début de résolution de cette contradiction, par le biais
d'une politique d'emprunt et de nouvelles règles d'hygiène publique. La préfecture d'Haussmann re
présente le moment où la ville entra résolument dans un nouveau cours, marqué d'avance par le jeu
des forces en présence et conduisant à la reconquête du centre. Mais la nécessité d'intégrer la ville an
nexée en 1860 fut bien aperçue par le préfet; en même temps, ses choix personnels (la constitution
d'un grand ouest bourgeois par exemple) entraînaient l'espace urbain dans des directions inédites.
Abstract
This article summarises some preliminary thinking about the social history of urban space in
Paris between 1750 and 1850. From 1750 on, a contradiction began to emerge between the realities
of the city and the aspirations of its municipal elites: the civic ideal of good circulation of air, and
the invention of town houses for letting, a new urban form which presupposed large plots of land,
both came into conflict with the actual patterns of land ownership in the central neighbourhoods of
the capital. The rich tended to leave the centre for the outlying districts, the faubourgs, and for the
suburbs. Even before Haussmann's major works during the Second Empire, however, new policies
of public loans and new bye-laws on public hygiene, provoked by the great social and political fear
* Ce texte est la version remaniée d'une conférence donnée à l'université métropolitaine de Tokyo en
fin 2001 (une traduction japonaise vient d'être publiée dans un ouvrage collectif dirigé par Nakano Takao).
Sur un objet historiographique classique et, depuis quelques années, très travaillé (voir encore récemment
Pierre Pinon, Atlas du Paris haussmannien : la ville en héritage du Second Empire à nos jours. Paris,
Parigramme, 2002, 209 p.), il s'agit pour l'auteur de poser le premier jalon d'une réflexion globale sur la
période dite «haussmannienne» où les «grands travaux» sont replacés dans des mouvements de fond de
l'histoire de la ville qui prennent leur source au milieu du XVIIIe siècle et ont tracé un difficile et réversible
chemin vers le triomphe d'une forme sociale urbaine: l'immeuble bourgeois de rapport.
n" 3, 2004 Alain Faure 434
of the year 1848, had already begun to resolve this conflict. But the period ofHaussmann's prefec
ture clearly represents the moment when the city entered into a new period, marked by the interplay
of the forces already present and leading to the re-conquest of the city centre. The prefect was also
aware of the necessity of integrating the outer arrondissements of the city, annexed in 1860. At the
same time, his personal choices - the transformation of the west into a bourgeois residential zone,
for example - also began to lead the capitals urban space in entirely novel directions.
L'évolution d'une ville dans le temps, que ce soit dans le dessin de ses voies, dans
la répartition de son peuplement ou dans l'espace occupé par ses diverses fonctions -
l'industrie par exemple -, est le produit d'un déséquilibre permanent entre des forces,
des tendances, des intérêts allant en divers sens ou bien carrément contradictoires.
Lorsque telle tendance l'emporte ou tels intérêts triomphent, quitte bien sûr à ce que
naissent aussitôt de nouvelles tensions, ce peut être de façon lente ou subreptice, mais
aussi de façon brutale, à la faveur d'une conjoncture où tout est rapidement tranché.
Les conjonctures sont toujours un peu les moments où les structures font peau neuve.
Dans l'histoire parisienne, le plus célèbre de ces moments reste sans doute l'œuvre
édilitaire réalisée ou inspirée par Georges Haussmann dans la période où cet administ
rateur dirigea la préfecture de la Seine, entre 1853 et 1869: nouveau réseau de voies
imposé dans le vieux tissu des quartiers du centre de la ville, amorce des futurs beaux
quartiers, à l'ouest, et annexion à la ville de toute une partie de sa banlieue en 1860.
Et cela sans parler des choix et des dépenses accomplis en matière d'équipement -
eaux, égouts, éclairage - et de transports publics, au fond aussi importants que la
nouvelle voirie dans ce renouvellement de la ville. À l'évidence des partis avaient été
pris, la puissance publique par ses interventions avait mis fin à certaines évolutions et,
non sans résistances et sans échecs, engagé la ville sur des chemins nouveaux.
Ce sont les ruptures et les continuités dans l'urbanisme parisien du XIXe siècle qui
font l'objet de ces pages, et plus spécialement les politiques publiques de grands travaux,

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