Sur la signification du temple de Pietas - article ; n°2 ; vol.23, pg 125-137
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1997 - Volume 23 - Numéro 2 - Pages 125-137
La distinction entre les circonstances dans lesquelles a été prononcé le vœu de construire le temple de Pietas (en 191) et celles de sa dédicace (en 181) permet d'établir qu'à l'origine, le consul M'. Acilius Glabrio voulait honorer Apollon, lors de la guerre contre Antiochos, ce qui expliquerait aussi la localisation du temple ; en revanche, les événements survenus postérieurement ont incité les sources à privilégier comme signification la piété filiale.
The distinction between the historical circumstances of the votum and the dedicatio of the temple of Pietas allows us to establish that M'. Acilius Glabrio (cos 191) worshipped Apollo, in the context of the war against Antiochus ; it may also explain the site of the temple. But the fact that dedicatio was made by the consul's son influenced the sources toward familial piety as meaning of this monument.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Bruno Poulle
Sur la signification du temple de Pietas
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 23 N°2, 1997. pp. 125-137.
Résumé
La distinction entre les circonstances dans lesquelles a été prononcé le vœu de construire le temple de Pietas (en 191) et celles
de sa dédicace (en 181) permet d'établir qu'à l'origine, le consul M'. Acilius Glabrio voulait honorer Apollon, lors de la guerre
contre Antiochos, ce qui expliquerait aussi la localisation du temple ; en revanche, les événements survenus postérieurement ont
incité les sources à privilégier comme signification la piété filiale.
Abstract
The distinction between the historical circumstances of the "votum" and the "dedicatio" of the temple of Pietas allows us to
establish that M'. Acilius Glabrio (cos 191) worshipped Apollo, in the context of the war against Antiochus ; it may also explain the
site of the temple. But the fact that "dedicatio" was made by the consul's son influenced the sources toward familial piety as
meaning of this monument.
Citer ce document / Cite this document :
Poulle Bruno. Sur la signification du temple de Pietas. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 23 N°2, 1997. pp. 125-137.
doi : 10.3406/dha.1997.2354
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1997_num_23_2_2354Dialogues d'Histoire Ancienne 73 /2, 1997, 125-137
SUR LA SIGNIFICATION DU TEMPLE DE PIETAS
Bruno POULLE
CNRS - ISTA 6048 / Université de Franche-Comté
Le temple de Pietas in foro Holitorio fut voué par le consul de
191, M'. Acilius Glabrio, avant la victoire des Thermopyles sur
Antiochus III, et dédicacé par son fils du même nom dix ans plus
tard1. Il comportait une statue équestre dorée du consul2 ; si l'on en
croit Pline, il se trouvait à l'emplacement du théâtre de Marcellus,
pour la construction duquel il fut détruit3. Jusqu'à une date toute
Tite-Live, 40, 34, 4 : Aedes duae eo anno dedicatae sunt : una Veneris Erycinae ad portám
Collinam ; dedicavit L. Porcius L. f. Licinus duumvir (voto erat ab consule L. Porcio
Ligustino bello) ; altéra, in foro olitorio, Pietatis : earn aedem dedicavit M'. Acilius Glabrio
duumvir ; statuamque auratam, quae prima omnium in Italia statua aurata est, patri
Glabrioni posuit. Is erat, qui ipse earn aedem voverat quo die cum rege Antiocho ad
Thermopylas depugnasset ; locaveratque idem ex senatus consulte. Per eosdem dies, quibus
hae aedes dedicatae sunt, L. Aemilius Paullus proconsul ex Liguribus Ingaunis triumphavit.
Valère-Maxime, 2, 5, 1 : Statuam auratam пес in urbe пес in ulla parte Italiae quisquam
prius aspexit quam a M'. Acilio Glabrione equestris patri poneretur in aede Pietatis. Earn
autem aedem P. Cornelio Lentulo M. Baebio Tamphilo consulibus ipse dedicaverat compos
votifactus rege Antiocho apud Thermopylas superato.
Où se trouvait la statue équestre ? A prendre Valère-Maxime au pied de la lettre,
elle était dans le temple (in aede). Mais elle pouvait tout aussi bien être sur le faîte
du temple ou devant lui, l'extérieur convenant mieux à une statue équestre. Le
temple n'existait plus à l'époque de Valère-Maxime : sa formule n'est pas nécessa
irement précise.
Pline, H. N., 7, 121 : Humilis in plèbe, et ideo ignobilis puerpera supplicii causa carcere
inclusa matre, cum impetrasset aditum a janitore semper excussa ne quid inferret cibi,
depraehensa est uberibus suis alens earn. Quo miraculo, matris salus donata pietati est
ambaeque perpetuis alimentis. Et locus ille eidem consecratus est deae, C. Quinctio, 126 Bruno Poulie
récente, sa localisation exacte restait inconnue ; mais un sondage
archéologique semble avoir retrouvé un côté de son podium sous
Y aula regia orientale du théâtre de Marcellus, c'est-à-dire dans une
des deux salles absidées qui prolongent le porticus post scaenam*. Si
cette découverte est confirmée, le temple de Pietas viendrait dans le
prolongement, au nord, des trois temples de S. Nicola in Carcere, qui
sont antérieurs à lui.
C'est à partir de ces quelques indications dont nous disposons
que l'on peut essayer d'interpréter et de comprendre la décision
d'élever un temple, le premier et longtemps le seul à Rome, à cette
vertu divinisée ; pour cela, il faut mettre cette décision en rapport
avec les actions contemporaines du vainqueur d'Antiochus. Car dans
l'interprétation de ce temple, une certaine confusion semble s'être
établie très tôt entre les intentions du consul de 191 et celles de son
fils, le dédicant de 181. Ainsi, quand Valère-Maxime cite ce temple
comme exemple de pietas, il parle de la pietas du fils, qui érigea la
statue, non de celle du père, qui est pourtant à l'origine de la
construction : c'est la preuve que l'intervalle entre le vœu et la
dédicace, qui n'a rien d'exceptionnel, a modifié la signification
originelle donnée par le consul à son geste, dans la mesure où de
nouvelles circonstances, dont la mort d'Acilius Glabrio le père n'est
pas la moindre, favorisaient de nouvelles interprétations5.
Distinguer les significations venues à l'occasion de la dédicace (ou
M'. Acilio consulibus, templo Pietatis extructo in illhis carceris sede, ubi nunc Marcelli
theatrum est. Ce texte est mis en rapport avec ce que dit Dion Cassius (43, 49, 3) :
тис Se oixfàç to«5ç те vaoûç èv то x^P^ éxefvco ôvTaç à Kaîbap xa9eXà>v
aiTťav řXapev , oti те та ауаХцата , CuXiva nXfiv óXíywv бута , xcrréxauoe.
R. DELBRÙCK (Die drei Tempel am forum Holitorium, Rome, 1903) pensait qu'il y avait
deux temples distincts : le premier étant l'un des trois temples de S. Nicola in
Carcere, le second étant effectivement sous le théâtre de Marcellus (cf. RE, s. v.
Pietas, col. 1223, G. Kock). F. CASTAGNOLI (La pianta marmorea di Roma antica,
Gnomon, 33, 1961, p. 604-610) et F. COARELLI (II tempio di Bellona, ВС, 80, 1965-67,
p. 37-72) ont affirmé l'unicité de ce temple et l'ont identifié avec celui que Julius
Obsequens (54-114) et Cicéron (De div., 1, 98) disent être "in circo Flaminio". Leurs
arguments ont emporté la décision : il n'y a jamais eu qu'un seul temple, dit tantôt
in circo et tantôt in foro Holitorio, comme du reste c'est le cas pour le temple
d'Apollon voisin.
P. CIANCIO ROSSETTO, Ritrovamenti nel Campo Marzio méridionale, ВС, 96, 1994-
95, p. 197-200. Voir aussi F. COARELLI, II Marzio, Rome, 1997, p. 447-451.
Une telle modification de signification entre le vœu et la dédicace est chose
fréquente : l'exemple le plus célèbre est celui du temple de Mars Ultor, à l'origine
voué pour venger l'assassinat de César, et devenu célébration de la récupération
des enseignes de Crassus. Sur la distinction votum, locatio et dedicatio, voir
A. ZIOLKOWSKI, The temples of mid-republican Rome and their historical and topogra
phical context, Rome, 1992, p. 193 sq.
DHA 23/2, 1997 Sur la signification du temple de Pietas 1 27
même postérieurement) de celles que pouvait donner le consul lors de
la bataille des Thermopyles6 est à mon avis indispensable.
Grâce à la précision du texte de Tite-Live, nous savons que seule
la statue équestre est le fait de M'. Acilius Glabrio fils, tandis que le
vœu a été le fait de son père et la locatio fut faite par lui avec
l'accord du Sénat7. Ce sont donc les circonstances du vœu et la
localisation du temple qui peuvent permettre de comprendre la
décision d'honorer Pietas. Pourquoi M'. Acilius Glabrio a-t-il choisi
cette divinité ? En d'autres termes, en quoi Pietas, plutôt qu'un autre
dieu, l'a-t-elle favorisé face à Antiochus ? Certes, le consul avait la
certitude d'avoir accompli les rites qui convenaient8, de bien servir
sa patrie et par conséquent d'engager une guerre juste. Cependant, il
ne différait pas en cela des autres généraux, qui, eux, n'ont pas voué
de temple à Pietas9.
La pietas, on le sait, est une vertu romaine par excellence,
qualité "de celui qui s'est purifié par l'accomplissement des devoirs
qui lui incombaient"10. Qu'elle ait été divinisée n'a rien de
surprenant dans le contexte de l'époque, où l'on élevait des temples à
des concepts personnifiés11 ; on trouve sa divinisation déjà chez
Plaute12. Or une constante dans la pietas est la relation qu'elle
implique, par le biais de devoirs : relation avec la famille, avant
tout, et avec les proches, les supérieurs, la patrie et les dieu

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