Ralentissement de la productivité et réallocations d emplois : deux régimes de croissance - article ; n°1 ; vol.367, pg 69-82
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Economie et statistique - Année 2003 - Volume 367 - Numéro 1 - Pages 69-82
Ralentissement de la productivité et réallocations d’emplois: deux régimes de croissance
On rapproche l’évolution de la productivité de l’évolution de l’emploi, au cours de deux périodes de croissance soutenue (1987-1990 et 1996-1999). Cette comparaison est effectuée à partir de données individuelles d’entreprises, en distinguant la contribution à l’évolution de la productivité des entreprises présentes au cours de chacune des périodes (entreprises pérennes) de celle des créations/ disparitions. La productivité du travail augmente deux fois moins vite à la fin des années 1990 qu’à la fin des années 1980. Ce ralentissement est moins marqué dans le cas de la productivité globale des facteurs (PGF). Sur la seconde période, cette moindre croissance repose essentiellement sur les entreprises pérennes: ces dernières contribuent à l’augmentation de la productivité par les changements qualitatifs et quantitatifs survenus à l’intérieur de chaque unité quant à l’utilisation des facteurs (composante dite «intra» de l’évolution de la productivité), aussi bien que par les réallocations de facteurs entre entreprises. En revanche, la part de l’augmentation de la productivité imputable aux créations/ disparitions d’entreprise a légèrement reculé d’une période à l’autre, du fait d’une baisse de la contribution des créations. Enfin, dans le même temps, le taux de croissance nette de l’emploi a baissé du fait d’un tassement des créations brutes d’emplois plus marqué que celui des destructions. Cette évolution s’explique principalement par un recul de l’impact des créations d’entreprises sur les créations brutes d’emplois, et par de moindres destructions d’emplois de la part des entreprises pérennes. Cet enrichissement en emplois de la croissance donnerait un caractère davantage «smithien» que «schumpéterien» à la croissance française.
Slowdown in Productivity and Job Reallocation: Two Growing Trends
Growth in productivity is compared with growth in employment over two periods of steady growth (1987-1990 and 1996-1999). The comparison is made using individual business data with a differentiation between the contribution of businesses operating in both peiods (enduring businesses) to growth in productivity and the contribution of start-ups/ disappearances. Labour productivity rose half as fast in the late 1990s as in the late 1980s. This slowdown was less marked in the case of total factor productivity (TFP). In the second period, this lower growth was due essentially to the enduring businesses, which contributed to the increase in productivity by means of qualitative and quantitative changes to the use of factors within each unit (“ intra” component of productivity growth) and by means of reallocations of factors between businesses. However, the proportion of the productivity increase due to business start-ups/ disappearances fell slightly from one period to the next due to a decrease in the contribution of start-ups. At the same time, the net employment growth rate dropped due to a sharper fall in gross job creations than in destructions. This can be explained mainly by a softening of the effect of business start-ups on gross job creations and by enduring businesses axing fewer jobs. This growth richer in jobs would lend a more Smithian” than •Schumpeterian” nature to French growth.
Rückgang der Produktivität und Beschäftigungsreallokationen: zwei Wachstumssysteme
Für zwei Perioden kräftigen Wachstums (1987-1990 und 1996-1999) werden die Entwicklung der Produktivität und die Entwicklung der Beschäftigung einander gegenübergestellt. Angestellt wird dieser Vergleich anhand individueller Unternehmensdaten, wobei zwischen dem Beitrag der in jedem dieser Zeiträume präsenten Unternehmen (existierende Unternehmen) zur Entwicklung der Produktivität und demjenigen der neu gegründeten bzw. aufgelösten Unternehmen unterschieden wird. Ende der 1990er Jahre nahm die Arbeitsproduktivität nur halb so schnell zu wie Ende der 1980er Jahre. Bei der globalen Faktorenproduktivität ist diese Verlangsamung weniger spürbar. Im zweiten Zeitraum wird dieses langsamere Wachstum hauptsächlich von den existierenden Unternehmen getragen: denn diese tragen zum Anstieg der Produktivität bei durch qualitative und quantitative Veränderungen innerhalb jeder Einheit bei der Faktorenbenutzung (so genannte «interne» Komponente der Produktivitätsentwicklung) wie auch durch die Reallokationen von Faktoren zwischen Unternehmen. Dagegen nahm der Anteil des Anstiegs der Produktivität infolge der Gründung/ Auflösung von Unternehmen zwischen diesen beiden Zeiträumen leicht ab, da der Beitrag der Gründungen rückläufig war. Im gleichen Zeitraum ging das Nettowachstum der Beschäftigung zurück, da die Bruttoschaffung von Arbeitsplätzen stärker rückläufig war als der Abbau von Arbeitsplätzen. Zurückzuführen ist diese Entwicklung hauptsächlich darauf, dass die Unternehmensgründungen weniger Auswirkungen auf die Bruttoschaffung von Arbeitsplätzen hatten und die existierenden Unternehmen weniger Arbeitsplätze abbauten. Die Beschäftigungswirksamkeit des Wachstums würde dem französischen Wachstum eher einen «Smithschen» als einen «Schumpeterschen» Charakter verleihen.
Ralentización de la productividad y nuevos repartos de empleos: dos regímenes de crecimiento
Se comparan aquí la evolución de la productividad y la del empleo durante dos periodos de fuerte crecimiento (1987-1990 y 1996-1999). Esta comparación se lleva a cabo mediante unos datos individuales de empresas, distinguiendo la contribución a la evolución de la productividad de las empresas presentes en cada periodo (empresas perennes) de la de las creaciones/ desapariciones. La productividad laboral aumenta mitad menos a fines de los noventa que a fines de los ochenta. Esa ralentización se da con menos intensidad en el caso de la productividad global de los factores (PGF). En el periodo siguiente, ese menor crecimiento descansa esencialmente en las empresas perennes: éstas contribuyen al aumento de la productividad por los cambios cualitativos y cuantitativos acaecidos dentro de cada unidad en cuanto a la utilización de los factores (componente llamada «intra» de la evolución de la productividad), así como por los nuevos repartos de factores entre empresas. En cambio, la cuota del aumento de la productividad debida a las creaciones/ desapariciones de empresa ha bajado levemente de un periodo a otro, pues ha bajado la contribución de las creaciones. En fin, al mismo tiempo, la tasa de crecimiento neto del empleo ha bajado debido a un estancamiento de las creaciones brutas de empleos mayor que el de las destrucciones. Esta evolución se explica esencialmente por una disminución del impacto de las creaciones de empresas sobre las creaciones brutas de empleos, y por menores destrucciones de empleos de parte de las empresas perenes. Este enriquecimiento en empleos del crecimiento le daría un carácter más «smithiano» que «schumpeteriano» al crecimiento francés.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2003
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Langue Français

Extrait


EMPLOI
Ralentissement
de la productivité et réallocations
d’emplois : deux régimes
de croissance
Bruno Crépon et Richard Duhautois*
On rapproche l’évolution de la productivité de l’évolution de l’emploi, au cours de deux
périodes de croissance soutenue (1987-1990 et 1996-1999). Cette comparaison est
effectuée à partir de données individuelles d’entreprises, en distinguant la contribution à
l’évolution de la productivité des entreprises présentes au cours de chacune des périodes
(entreprises pérennes) de celle des créations/disparitions.
La productivité du travail augmente deux fois moins vite à la fin des années 1990 qu’à
la fin des années 1980. Ce ralentissement est moins marqué dans le cas de la productivité
globale des facteurs (PGF). Sur la seconde période, cette moindre croissance repose
essentiellement sur les entreprises pérennes : ces dernières contribuent à l’augmentation
de la productivité par les changements qualitatifs et quantitatifs survenus à l’intérieur de
chaque unité quant à l’utilisation des facteurs (composante dite « intra » de l’évolution
de la productivité), aussi bien que par les réallocations de facteurs entre entreprises. En
revanche, la part de l’augmentation de la productivité imputable aux créations/
disparitions d’entreprise a légèrement reculé d’une période à l’autre, du fait d’une baisse
de la contribution des créations.
Enfin, dans le même temps, le taux de croissance nette de l’emploi a baissé du fait d’un
tassement des créations brutes d’emplois plus marqué que celui des destructions. Cette
évolution s’explique principalement par un recul de l’impact des créations d’entreprises
sur les créations brutes d’emplois, et par de moindres destructions d’emplois de la part
des entreprises pérennes. Cet enrichissement en emplois de la croissance donnerait un
caractère davantage « smithien » que « schumpéterien » à la croissance française.
* Bruno Crépon est chercheur au Crest-Insee. Richard Duhautois appartient à la division Synthèses des statistiques
d’entreprises et est membre associé du Crest.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 367, 2003 69
ntre 1936 et 1996, la productivité apparente pour cela une méthode de décomposition origi-
du travail en France (mesurée par salarié) a nale de la productivité apparente du travail et deE
été multipliée par six environ (Marchand et la productivité globale des facteurs (PGF). La
Thélot, 1997). Toutefois, ce rythme de crois- période étudiée est divisée en quatre périodes
sance varie fortement selon les années et l’acti- triennales, 1987-1990, 1990-1993, 1993-1996
vité considérées. Ainsi, le rythme de croissance et 1996-1999. On compare les périodes 1987-
de la productivité du travail sur la période 1973- 1990 et 1996-1999, caractérisées toutes deux
1996 est trois fois moins élevé que sur la période par une croissance forte et par des créations net-
1949-1973. Les différences entre le secteur tes d’emplois importantes : l’évolution de la
industriel et le secteur tertiaire, et, au sein de ces productivité (productivité du travail et producti-
deux secteurs, d’un sous-secteur à l’autre, sont vité globale des facteurs) y-est-elle comparable
importantes. ou au contraire nettement différenciée ? Quel
est, au cours de chacune de ces périodes, le rôle
Il existe de plus une forte hétérogénéité entre respectif des créations/disparitions d’entrepri-
entreprises au sein d’un même secteur d’activi- ses et des entreprises pérennes dans l’évolution
tés à un niveau fin (Caves, 1998). Ainsi, même de cette productivité ? Quel est le lien entre
dans les secteurs à forte croissance, des entrepri- l’évolution de la productivité, et celle de
ses disparaissent et dans les secteurs en déclin, l’emploi ? Celle-ci est-elle imputable aux créa-
certaines sont florissantes. De la même façon, tions/disparitions, ou bien aux entreprises
les périodes de croissance et de récession pérennes ? Cette répartition est-elle susceptible
macroéconomiques n’engendrent pas forcément d’assurer au système productif une croissance
des évolutions pro-cycliques pour toutes les « schumpeterienne », c’est-à-dire le renouvelle-
entreprises. Les études à partir de données indi- ment des entreprises par destruction créatrice et
viduelles d’entreprises montrent que l’hétérogé- les technologies innovantes associées
néité des comportements n’est pas sans (cf. encadré 1). Les données individuelles
influence sur le niveau agrégé. L’extrapolation d’entreprise utilisées pour avancer quelques élé-
à partir d’une entreprise considérée comme ments de réponse à ces questions sont issues de
représentative (hypothèse dite « de l’agent la base de données des bénéfices réels normaux
représentatif ») s’en trouve d’autant limitée (cf. encadré 2).
(pour l’emploi : Davis et Haltiwanger, 1990,
1992, 1998 ; Duhautois, 2002 ; pour
Distinguer la contribution des entreprises l’investissement : Doms et Dunne, 1998 ;
pérennesCaballero, Engel et Haltiwanger, 1995 ; Duhau-
tois et Jamet, 2002 ; pour la productivité : Baily,
La croissance de la productivité agrégée peutHulten et Campbell, 1992 ; Bartelsman et
être décomposée en trois éléments : la crois-Doms, 2000).
sance de la productivité au sein des entreprises
pérennes (composante « intra») et deux élé-L’hétérogénéité des entreprises au sein d’un
ments qui ont trait à la réallocation des facteurssecteur d’activité a de nombreuses causes. Elle
de production entre entreprises pérennes (com-peut indiquer le degré de concurrence poten-
posante « inter ») et entre entreprises qui setielle ou réelle du secteur. Par exemple, si les
créent ou qui disparaissent (effet net debarrières à l’entrée d’un secteur sont faibles, si
l’entrée). La composante intra est souvent asso-l’ancienneté des entreprises y est variable et si
ciée au progrès technique alors que le processuscertaines sont intensives en capital, on peut
de réallocation (de l’emploi et de la valeur ajou-s’attendre à des comportements hétérogènes.
tée) refléterait plutôt l’évolution du marchéL’incertitude sur les profits, qui incite les entre-
(réallocation de facteurs entre entreprises)prises à innover en procédés ou en produits, est
(cf. encadré 1 et Ahn, 2001).un autre facteur (Jovanovic, 1982 ; Ericson et
Pakes, 1995). Enfin, l’hétérogénéité des entre-
L’effet intra dépend des changements dans laprises peut s’expliquer par la « qualité » des
quantité et la qualité des facteurs de productionsalariés et celle des entrepreneurs, par la pré-
et de l’intensité avec laquelle ils sont utiliséssence éventuelle de syndicats et par l’existence
dans le processus productif. À court terme, c’estd’innovations organisationnelles (Baldwin,
l’intensité qui varie pour faire évoluer la pro-1995 ; Ahn, 2001).
ductivité.
On se propose de comparer deux périodes de
croissance soutenue par la différence de leurs L’effet inter reflète les gains de productivité des
effets sur l’emploi et la productivité. On utilise entreprises en place qui gagnent des parts de
70 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 367, 2003
Encadré 1
QUELQUES REPÈRES THÉORIQUES
La notion de destruction créatrice (usuellement attri- Certains faits stylisés corroborent les modèles
buée à Joseph Schumpeter) est primordiale pour la d’apprentissage décrits ci-dessus (MacGuckin et Sti-
compréhension de la croissance économique. La roh, 2001). En particulier, les cohortes de nouveaux
théorie de Schumpeter développe l’idée que l’hétéro- entrants sont des groupes hétérogènes : chaque
généité des entrepreneurs et les changements dans entreprise commence son activité avec une taille diffé-
la composition de la population des entreprises rente reflétant (peut-être) sa propre perception de son
résultant des créations et des disparitions, de la avenir. Compte tenu de l’incertitude, une nouvelle
croissance et de la récession peuvent être impor- entreprise qui devient florissante ex post doit com-
tants pour la création et le développement de nou- mencer avec une plus petite taille. Cela explique la

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