Textes en kmer moyen. Inscriptions modernes d Angkor 2 et 3 - article ; n°1 ; vol.57, pg 99-126
29 pages
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Textes en kmer moyen. Inscriptions modernes d'Angkor 2 et 3 - article ; n°1 ; vol.57, pg 99-126

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1970 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 99-126
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Saveros Lewitz
VI. Textes en kmer moyen. Inscriptions modernes d'Angkor 2 et
3
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 57, 1970. pp. 99-126.
Citer ce document / Cite this document :
Lewitz Saveros. VI. Textes en kmer moyen. Inscriptions modernes d'Angkor 2 et 3. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-
Orient. Tome 57, 1970. pp. 99-126.
doi : 10.3406/befeo.1970.5413
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1970_num_57_1_5413TEXTES EN KMER MOYEN
Inscriptions modernes ď Angkor 2 et 3
PAR
Saveros LEWITZ
A Monsieur Louis Godard.
Introduction
Les principales œuvres en khmer moyen qui nous sont connues
peuvent être classées en trois catégories :
1. les épopées : Râmakerti et Lpoek Nagarvatt «L'édification d'Angkor
Vat » ;
2. les Cpâp' ou « Traités de morale » ;
3. les inscriptions dite « modernes » dont la majorité se trouvent gravées
sur les murs d'Angkor Vat, d'où le nom d'Inscriptions modernes
d'Angkor (IMA).
Ces dernières sont toutes des salyapranidhân, « vœux de vérité ».
Des fidèles bouddhistes, upâsak et upâsikâ, examinent les actes pieux
qu'ils ont accomplis jusqu'à un certain moment de leur vie et, ainsi
fortifiés dans leur foi, rassérénés et forts du bénéfice de leurs mérites
(phalânisans), ils formulent des vœux soit pour eux-mêmes, soit pour
autrui.
Ces textes furent étudiés par Aymonier1 qui en a donné des résumés
plutôt que des traductions (sauf pour Г IMA 38 qu'il a appelée « la grande
inscription »). Plus tard, ils furent publiés en écriture khmère par l'Insti
tut bouddhique de Phnompenh2 sur les conseils de M. George Cœdès
(1) Le Cambodge, vol. III, 1904, p. 282-324. Voir aussi JA, 1899, p. 493-529 et 1900,
p. 143-175.
(2) Silâcârjk Nagarvatt ou Inscriptions modernes d'Angkor, Phnom-Penh, lre édition
1940, 2e édition 1958, in-8°, 206 p. avec cartes. SAVEROS LEWITZ 100
alors Directeur de l'École Française d'Extrême-Orient. Mahâ Bidû
Krasem (M.B.K.), chargé d'éditer ces textes, Га fait pour un public
de Khmers bouddhistes, en donnant un glossaire (padânukram) et un
appendice sur les noms officiels des religieux (samanasakti) de cette
époque. Nous profitons de la présente occasion pour louer les mérites de
ce savant travaillant dans un milieu où la grande majorité des gens, en
dépit des apparences, sont tout à fait indifférents aux questions de
sciences humaines. Mais cette édition khmère, il faut le dire, est inaces-
sible aux étrangers, d'où notre idée de les traduire en français en ajou
tant non seulement les corrections nécessaires mais encore, pour les mots
de forme insolite ou équivoque, des notes qui restituent leur forme en
khmer moderne, en sanskrit ou en pâli1.
Pour commencer, nous proposons les IMA 2 et 32 car elles sont parmi
les plus anciennes et sont les seules à émaner des gens de la classe prin-
cière. Nous garderons Г IMA 1 pour une prochaine étude parce que, étant
très courte et abîmée, elle présente un intérêt moins immédiat que les
deux présentes.
IMA 23
A. — Objet.
Cette inscription a pour objet la profession de foi de la reine-mère
Mahâkalyânavattï Çrïsujâtâ. On ne peut dire si le texte a été composé
par elle-même, par quelque lettré de cour (kavipandit) ou par un moine
qui résidait à Angkor Vat. Il y a cependant de fortes chances pour que ce
soit l'un ou l'autre des deux derniers personnages plutôt que la reine
elle-même.
Ce qui nous frappe c'est la forte personnalité de cette pieuse prin
cesse. Elle proclame sa foi droite (sucarit) dans le Triple Joyau. Modeste,
elle déclare avoir été influencée par l'acte pieux de restauration d'Angkor
Vat (brah bisnulok) accompli par le roi son fils (cf. IMA 3). Aussi fut-elle
décidée à agir de même en édifiant des statues de Bouddha destinées à
être exposées et honorées dans la galerie de Bakan.
L'originalité de cet acte réside dans le bénéfice souhaité par la donat
rice : obtention à chaque renaissance de la condition d'/iomme, adepte
fidèle de l'enseignement du Bouddha, ce qui montre une ambition peu
banale pour une femme cambodgienne, sinon une foi entière soutenue
par une personnalité exceptionnelle. Un deuxième souhait qu'on voit
exprimer plus souvent dans les pratiques cultuelles du Cambodge
moderne est celui de renaître en même temps et aux côtés du bodhi-
satva Àryamaitreya (en khmer moyen Çrïâryamaiirî, kh-mod. Sïârya-
metrï*).
(1) Nous devons à notre maître George Cœdès de nous avoir guidée et encouragée dans
cette étude par son inégalable érudition et son inépuisable bonté.
(2) Aymonier, Ibid., respectivement 5-A et 6-B.
(3) Aymonier, Ibid., p. 291-292.
(4) Sï- note la prononciation siamoise du sk. çrï empruntée par les Cambodgiens dans cer
tains cas. TEXTES EN KHMER MOYEN 101
В. — Orthographe et phonétique.
La fantaisie règne dans l'orthographe, trait commun à tous les textes
de l'époque moyenne (inscriptions et manuscrits). Mais dans l'ensemble
elle est plus proche de celle du vieux khmer que de celle du khmer
moderne.
1. Parmi les signes diacritiques, un seul est à retenir. Le signe —
placé sur un signe-consonne est un vestige de Vanunâsika rencontré
sporadiquement dès le vieux khmer et dont il a gardé la valeur dans
notre texte. Ainsi, sâvara correspond à samvara ou saňvara [s»rjvara].
2. Le l pâli est noté Jj.
3. La sifflante palatale sanskrite notée f!f est encore couramment
employée, bien que confondue phonétiquement avec la sifflante den
tale CÚ-
4. Le virâma étant hors d'usage, c'est au lecteur de couper lui-même
les mots.
5. Pour noter les consonnes géminées bb, on souscrit la seconde sous
la forme de v, ainsi ÇJ au lieu de Ç) . Pourtant, le b souscrit est connu et
usité avec d'autres consonnes. Par exemple dans IMA 3, le mot kambujje-
sur (A, 1. 12) s'écrit avec m et b souscrit, ^ .
6. La souscription des consonnes n'intéresse pas seulement les groupes
de consonnes à l'intérieur d'un mot. Elle s'applique également à la
consonne initiale d'un mot par rapport à la consonne finale du mot pré
cédent non marquée par le virâma (cf. 4). Ex. : utuňta (1. 7) s'analyse
en utuň (sk. ultuňga) et ta.
7. Les oppositions de quantité de voyelles ne sont pas marquées
régulièrement. Le mot paň (1. 29, 25), verbe « abandonner », s'oppose au
mot paň « aîné » par la brièveté de sa voyelle [b»q]^[b»:q]. Or rien ne
l'indique dans l'écriture, ce qui risque d'entraîner une confusion entre
les deux mots. Il faut noter toutefois l'emploi de l'anusvâra. Il est étendu
à toutes syllabes fermées par -m, quelle que soit la voyelle, et même à
celles fermées par -q. Ainsi dans le mot sumjsumm « demander », l'anus
vâra abrège la voyelle longue écrite п.
8. IL y a flottement dans l'emploi des signes vocaliques о et au. Ainsi :
vx.khm. khm.moy. khm.mod.
samvau sambau sambau
паи по паи
dau do dau
9. Des signes vocaliques nouveaux :
a. Le signe ae, £ _, diphtongue issue du e du vx.khm, annonce notre
ae moderne. Ex. : kamralaen « le seigneur », laeň « abandonner » (mais le
démonstratif « ceci » s'écrit tantôt neh, tantôt naeh).
b. Issu de i/e/ya en vx.khm., on trouve sporadiquement Fe, cJ. Par
exemple, rien (1. 9), dïen (1. 17). SAVEROS LEWITZ 102
С. — Langue.
La langue est claire, car le style est aisé, contrairement aux textes
connus en vieux khmer1. La construction est basée surtout sur la propos
ition principale, ou plutôt sur une suite de propositions principales.
Ceci ne nuit en rien à ce texte de nature narrative.
1. Les mots du vocabulaire religieux sont de forme hybride. Ainsi
on emploie p. aniccâ au lieu de sk. anitya, mais Çrïârgamaitrï au lieu de
Sirïariyamettï.
2. L'analyse des particules grammaticales montre beaucoup d'ar
chaïsmes.
a. La particule du vx.khm. nu « et, au moyen de » est encore écrite nu.
Actuellement elle est de

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