Trente ans de théatre. Préf. de Henry Roujon

Bernheim Adrien 1861-

Sujets

• Theatre
• Comédie-Française

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Extrait

Trente ans de ThéâtreADRIEN BERNHEIM
oo o
Trente ans
de
Théâtre
r
J. RUEFF, ÉDITEUR
6 et 8, RUE DU LOUVRE
PARISTrente ans de théâtre
Janvier 1904.
SOUVENIRS DE CENSURE
derniers jours,On a, en ces une fois encore invoqué
l'esprit et la dignitéTindépendance de du génie... Les
libertéuns réclament la absolue qui laisserait aux
droit tout censurer;spectateurs le de les autres, plus
remarquerqueprudents, font cette libertésans surprise
et sans restriction aurait l'inconvénient de placer les
théâtres, c'est-à-dire les auteurs, les directeurs et les
artistes, sous la juridiction directe de la police.
Et tandis qu'on agite ces graves questions, on passe
—sous silence n'est-ce pas attristant, mon cher
—Henri Varennes ? cet arrêt, cet admirable arrêt des
tribunaux condamnantune directrice de café-concert à
payer dommages-intérêtsdes à sa principale pension-
naire, laquelle se plaint d'avoir été mise à l'amende
pour avoir chanté tropavec de mollesse ! {sic).trentp: ans de théâtre.
— On chante commeon peut! avait répondu l'artiste
incriminée vous m'avez engagée;
; vous devez me
payer il ne vous appartient
; aucunement d'apprécier
mon talent. Vous êtes directrice ; vous n'êtes pas
critique!
Je n'ai pas le plaisir de connaître la gracieuse
inculpée qui a nom Marville, mais je ne fais aucune
difficulté pour confesser que ses arguments semblent
excellents. Quant à la condamnée, qui, quand je
tenais la férule du censeur, exerçait déjà, et avec
beaucoup d'intelligence, les fonctions d'itnpresaj^ia.
elle se consolera aisément de ce petit échec. Je sais,
d'ailleurs, que sa Gaîté-Rochechouart conserve les
saines traditions d'autrefois j'entends par là cette
;
surveillance quotidienne de la directrice installée au
contrôle dès l'ouverture des bureaux et ne le quittant
qu'à la fin du spectacle, cette ponctuelle régularité des
artistes aux répétitions et aux représentations, et ces
belles amendes infligées à la troupe.
Faut-il dire que la mollesse de la diction, du jeu
——et du chant n'avait de mon temps du moins!
voir avec les rappels au règlement ? Seule, larien à
déjà bonne dame, était invoquée suivant lesCensure,
de la cause, et les directeurs, ceux des concertsbesoins
comme ceux des théâtres, s'abritaient derrière ses