Un apprentissage toujours indispensable : l écriture manuelle - article ; n°1 ; vol.66, pg 59-69
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Un apprentissage toujours indispensable : l'écriture manuelle - article ; n°1 ; vol.66, pg 59-69

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Description

Communication et langages - Année 1985 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 59-69
Les lecteurs de Communication et langages se souviennent sans doute de l'article de Nicolete Gray paru dans le n° 40 ; cette éminente spécialiste de l'écriture manuelle et de la calligraphie poursuit sa réflexion et ses recherches sur l'apprentissage et la place de cette discipline aujourd'hui. Afin de prolonger ses propres recherches, Michèle Zacharia a sollicité et obtenu un entretien.
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Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

Michèle Zacharia
Un apprentissage toujours indispensable : l'écriture manuelle
In: Communication et langages. N°66, 4ème trimestre 1985. pp. 59-69.
Résumé
Les lecteurs de Communication et langages se souviennent sans doute de l'article de Nicolete Gray paru dans le n° 40 ; cette
éminente spécialiste de l'écriture manuelle et de la calligraphie poursuit sa réflexion et ses recherches sur l'apprentissage et la
place de cette discipline aujourd'hui. Afin de prolonger ses propres recherches, Michèle Zacharia a sollicité et obtenu un
entretien.
Citer ce document / Cite this document :
Zacharia Michèle. Un apprentissage toujours indispensable : l'écriture manuelle. In: Communication et langages. N°66, 4ème
trimestre 1985. pp. 59-69.
doi : 10.3406/colan.1985.3657
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1985_num_66_1_3657UN APPRENTISSAGE
TOUJOURS
INDISPENSABLE : L'ÉCRITURE
MANUELLE
par Michèle Zacharia
Les lecteurs de Communication et langages se souviennent sans doute de
l'article de Nicolete Gray paru dans le n° 40 ; cette éminente spécialiste de
l'écriture manuelle et de la calligraphie poursuit sa réflexion et ses recher
ches sur l'apprentissage et la place de cette discipline aujourd'hui. Afin de
prolonger ses propres recherches, Michèle Zacharia a sollicité et obtenu un
entretien.
A bâtons rompus, nous avons conversé pendant trois trop brèves
heures, et cet échange aurait pu se prolonger fort longtemps. Je l'ai
poursuivi, seule, en traduisant le texte que Nicolete Gray a bien
voulu me confier. Dans cet article, je me propose tout d'abord de
faire le tour des certitudes qui nous semblent s'imposer. Puis, après
quelques extraits de The Running Script \ l'étude que Nicolete Gray
m'a remise et que j'ai traduite, figurent quelques interrogations sur
les formes et les outils de l'écriture manuelle aujourd'hui.
QUELQUES CERTITUDES S'IMPOSENT
II est urgent de mettre en place un enseignement revalorisé et
repensé de l'écriture manuelle. En France, comme en Angleterre, un
même constat : les adolescents ne savent plus écrire. Ce qui signifie
non seulement des copies illisibles pour les enseignants ou des mes
sages que les récepteurs ne peuvent déchiffrer mais également des
notes que le scripteur lui-même ne parvient plus à décoder quelques
heures après les avoir encodées. Ces adolescents, qui ne possèdent
plus une bonne — à défaut d'une belle 2 — écriture manuelle,
n'osent plus écrire, je veux dire ici s'exprimer par écrit. Ils ne
manient bien ni la forme des mots, ni leur orthographe ni leur agen
cement dans la phrase ; avec la maîtrise des formes des lettres dis
paraît celle de la mise en forme de la pensée. Qui se préoccupe
d'expression sait qu'avant de produire il faut posséder une forme,
un moule. Or ces formes primordiales que sont les lettres d'un alpha
bet ne sont plus en place.
1 . « L'écriture scripte : un handicap pour les enfants ».
2. Nous verrons plus tard quelle place laisser aux exigences esthétiques. Pédagogie
Cette revalorisation n'est possible que par une juste appréciation
des contraintes propres à l'écriture. Les premières sont d'ordre cor
porel — ce qui n'étonnera aucun de ceux qui ont à enseigner des
techniques d'expression. L'enfant doit sentir bien en main l'outil
scripteur. La bonne prise de cet outil est essentielle car d'elle dépen
dent la souplesse, le confort d'écriture nécessaires à la conquête de
la rapidité. Dans cette éducation de la sensibilité de la main doivent
intervenir aussi les notions de « main légère » et de « lourde »
d'où naîtront les variations graphiques et rythmiques. Une main
habile et sensible suppose un corps équilibré et cet impératif
entraîne de nouvelles contraintes, simples mais essentielles : place
ment des pieds, tenue du dos, bonne assiette, bonne vue. Une ques
tion ici, posée lors de notre conversation, par Nicolete Gray :
« Comment bien placer pieds et dos quand toutes les tables sur les-
« quelles les enfants apprennent à écrire sont trop hautes ? La posi-
« tion idéale est celle qui permet à l'avant-bras d'être horizontal,
« dans le prolongement du coude... Un plan incliné serait le bien-
« venu ; de toute façon, // faut empêcher l'enfant de se courber sur
« sa feuille ou son cahier (ce qui réduit son champ de vision). »
L'écriture demande à l'enfant un effort soutenu. Il ne convient donc
pas que les instants d'écriture soient trop longs, mais ils doivent être
intenses, dans le plaisir de l'exécution et de la découverte comme
dans l'effort. Les enfants peuvent, dès cinq ans (ce qui est la règle
en Angleterre), commencer cet apprentissage. Ils apprennent d'ail
leurs, souvent, trop et trop tôt, à écrire, hors de l'école. Les premiers
exercices doivent viser davantage l'acquisition des formes et des
mouvements que celle du tracé des lettres. Attention, toutefois, à
songer aussi à la maîtrise d'un rythme. Les « motifs » qui mettent en
place le geste scripteur doivent avoir une finale. On peut mettre en une séquence telle que « 1.2.3.4. stop., 1.2.3.4. stop,
etc. ».
Pour les premiers tracés, les lettres doivent être assez hautes et
assez grasses (ce qui pose la question de l'instrument scripteur qui
permet de faire varier la « graisse »).
Autre contrainte (la dernière, ici, car c'est en fait toute la méthode
de l'apprentissage qu'il faut exposer) : l'enfant doit très vite parven
ir à écrire droit. Suivre une ligne représente une difficulté certes,
£ mais cette contrainte est fort utile, très vite.
» Enfin affirmation de Nicolete Gray : « L'enfant doit apprendre
« « à écrire avec l'outil qu'il utilisera durant toute l'acquisition de cette
c « discipline. » Nous reviendrons sur cette consigne, au moment des
w questions sur le choix de l'outil.
1 L'ÉCRITURE EST BIEN UNE DISCIPLINE PRIMORDIALE
| Elle forme à des connaissances essentielles. Dans sa phase initiale,
| elle développe la motricité fine, en complémentarité certes avec
(S d'autres apprentissages mais elle présente des exigences spécifi- Un apprentissage de l'écriture manuelle 61
ques et met en place une habilité irremplaçable. Il est clair aussi
qu'elle développe et renforce les acquisitions linguistiques (prononc
iation et articulation de la langue, accords, homonymie, racines...).
Pas de moyen plus efficace en effet que de tracer un mot, à la main,
pour le graver dans sa tête, pour, particulièrement, en retenir
l'orthographe.
Des études sur le fonctionnement cérébral montrent aussi combien
l'écriture qui développe le sens de l'analyse, cet esprit de finesse
que tant d'activités contemporaines limitent, met aussi en jeu l'apt
itude à la synthèse. Elle fait appel, en effet, à la totalité de l'intellect
humain ; elle sollicite les deux lobes cérébraux dans une activité à la
fois manuelle et intellectuelle. L'écriture manuelle est sans nul doute
le moyen le plus économique de développer équilibre, sens du
rythme, goût de la rigueur et de l'analyse. L'apprentissage de l'écri
ture — même s'il le précède souvent dans sa phase préparatoire —
est lié étroitement à celui de la lecture ; ces deux disciplines, certes,
s'interpénétrent et s'enrichissent mutuellement. Toutefois, il ne faut
pas que cette interdépendance de l'écriture et de toutes les autres
disciplines linguistiques nuise à l'écriture.
RAPIDITÉ, LISIBILITÉ, ADAPTABILITÉ
Une mise en garde est ici nécessaire : l'apprentissage de l'écriture
aujourd'hui ne peut être calqué sur celui, dépassé, de l'école de la
IIIe République, avec les lignes, les coups de règle sur les doigts, les
taches et la lenteur de la leçon d'écriture d'alors. Pourquoi ? N'évo
quons pas ici les — profondes et essentielles — modifications de la
pédagogie. Rappelons brièvement les progrès des outils scripteurs
dont nous dirons plus loin les avantages mais aussi les dangers. Pré
cisons enfin que les finalités de l'écriture manuelle ne sont plus du
tout les mêmes

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