Un essai de « réhabilitation » - article ; n°4 ; vol.9, pg 503-520
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Histoire, économie et société - Année 1990 - Volume 9 - Numéro 4 - Pages 503-520
Résumé Tomiko Yoshida procède à l'examen critique de témoignages divers pour décharger le Cardinal de l'accusation d'avarice. Partant de telles prémisses elle suit l'enrichissement du Premier Ministre en ses phases successives. Elle s'efforce de démontrer qu'en accumulant des biens d'un montant inégalé, il a voulu finalement fournir, de son vivant et après lui, à Louis XIV les moyens d'une grande politique. L'incompréhension dont il est victime vient pour une bonne part du culte de Mazarin pour le secret, son refus de divulguer ses intentions l'ayant durablement desservi auprès de la postérité.
Abstract Tomiko Yoshida carries out a critical examination of diverse testmonies to relieve the Cardinal of the accusation of avarice. Starting off from these premises she follows the enrichment of the Prime Minister, in its successive phases. She endeavours to prove that, in accumulating possessions of unrivaled amounts, Mazarin really wished to provide while he was living, and after, for Louis XIV the means of a great policy. The unwillingness to understand him from which Mazarin is a victim, is mainly due to his cult for secrecy. His refusal to disclose his intentions has long lastingly put him at a disavantage in the opinion os posterity.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Tomiko Yoshida
II. Un essai de « réhabilitation »
In: Histoire, économie et société. 1990, 9e année, n°4. pp. 503-520.
Abstract Tomiko Yoshida carries out a critical examination of diverse testmonies to relieve the Cardinal of the accusation of
avarice. Starting off from these premises she follows the enrichment of the Prime Minister, in its successive phases. She
endeavours to prove that, in accumulating possessions of unrivaled amounts, Mazarin really wished to provide while he was
living, and after, for Louis XIV the means of a great policy. The unwillingness to understand him from which Mazarin is a victim, is
mainly due to his cult for secrecy. His refusal to disclose his intentions has long lastingly put him at a disavantage in the opinion
os posterity.
Résumé Tomiko Yoshida procède à l'examen critique de témoignages divers pour décharger le Cardinal de l'accusation
d'avarice. Partant de telles prémisses elle suit l'enrichissement du Premier Ministre en ses phases successives. Elle s'efforce de
démontrer qu'en accumulant des biens d'un montant inégalé, il a voulu finalement fournir, de son vivant et après lui, à Louis XIV
les moyens d'une grande politique. L'incompréhension dont il est victime vient pour une bonne part du culte de Mazarin pour le
secret, son refus de divulguer ses intentions l'ayant durablement desservi auprès de la postérité.
Citer ce document / Cite this document :
Yoshida Tomiko. II. Un essai de « réhabilitation ». In: Histoire, économie et société. 1990, 9e année, n°4. pp. 503-520.
doi : 10.3406/hes.1990.1755
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1990_num_9_4_1755SUR LA FORTUNE DE M AZARIN 503
II
UN ESSAI DE «REHABILITATION»
Résumé
Tomiko Yoshida procède à l'examen critique de témoignages divers pour décharger le Cardinal de
l'accusation d'avarice. Partant de telles prémisses elle suit l'enrichissement du Premier Ministre en ses
phases successives. Elle s'efforce de démontrer qu'en accumulant des biens d'un montant inégalé, il a voulu
finalement fournir, de son vivant et après lui, à Louis XIV les moyens d'une grande politique.
L'incompréhension dont il est victime vient pour une bonne part du culte de Mazarin pour le secret, son refus
de divulguer ses intentions l'ayant durablement desservi auprès de la postérité.
Abstract
Tomiko Yoshida carries out a critical examination of diverse testmonies to relieve the Cardinal of the
accusation of avarice. Starting off from these premises she follows the enrichment of the Prime Minister, in
its successive phases. She endeavours to prove that, in accumulating possessions of unrivaled amounts,
Mazarin really wished to provide while he was living, and after, for Louis XIV the means of a great policy.
The unwillingness to understand him from which Mazarin is a victim, is mainly due to his cult for secrecy.
His refusal to disclose his intentions has long lastingly put him at a disavantage in the opinion os
posterity.
I - CONTRADICTIONS ET ENIGMES AUTOUR DE LA FORTUNE MAZARINE.
Les Français ont «supporté», de 1643 à 1661, un ministre «prévaricateur» Mazar
in. Il a profité de son pouvoir, pour se construire une fortune exorbitante. A sa mort,
en mars 1661, l'actif inventorié en fut évalué à environ quarante millions de livres,
soit équivalent de la moitié du budget de la même année1. Les Français de jadis et
d'aujourd'hui ont toujours traité le ministre de «voleur», et à ce titre de «traitre» en
vers le roi, son maître, et envers le peuple français. Cette vision est presque irrévoca
blement établie en histoire, depuis le début du XIXe siècle. Néanmoins, elle ne me
convainc pas.
Plus j'essaie de connaître le cardinal, plus je m'égare dans un labyrinthe de thèses
contradictoires. Y dominent les témoignages négatifs de ses contemporains - notam
ment sur sa fameuse fortune - sur lesquels les historiens du XIXe siècle ont bâti leur
verdict. Ces témoignages sont très souvent faux, soit par pure calomnie, soit par
simple malentendu, ou par imagination. Faux à tel point que j'en arrive à me faire une
conviction sur la probité absolue du cardinal-ministre. Je crois qu'avec cette hypot
hèse, qui est en contradiction totale avec la théorie orthodoxe, je saisis à merveille, et
sa personne, et sa vie aussi bien privée que publique. «Homme d'honneur, d'esprit
noble et généreux» : ce portrait esquissé, déjà en 1634, par Nicolini, résident de Tos
cane à Rome2, me semble valable à travers toute la vie de Jules Mazarin. Je me pro
pose de réexaminer, ici, quelques faits historiques, afin de mettre au net la valeur
réelle de chaque renseignement concernant la fortune mazarine ; mais avec un œil af
franchi de toutes idées préconçues, historiques ou littéraires. 504 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE
Aujourd'hui, personne ne conteste la valeur inestimable de l'œuvre politique du
cardinal. Mais une seule énigme persiste, et continue à noircir le nom de Mazarin : sa
gigantesque fortune, laissée sous forme de biens personnels. Un eminent savant, spé
cialiste du XVIIe siècle, désigne, sans être contredit, le cardinal comme : «Harpagon
en soutane», ou «être corrompu et rapace qui se nourrissait des dépouilles de l'Etat»3.
Il suffît d'ouvrir, en effet, Y inventaire après décès du cardinal.., dressé malgré
l'interdiction formelle du défunt. Cet énorme document, à lui seul, semble constituer
un flagrant délit de vol. En plus, les accusations infamantes laissées contre le cardinal,
par ses contemporains, au sujet de cette thésaurisation, semblent vouer à l'échec, toute
plaidoirie. . .
Mais a-t-on jamais essayé de savoir le pourquoi de la fortune mazarine ?
1) Interprétation traditionnelle : Mazarin «avare»
La thésaurisation frénétique du ministre est interprétée depuis plus de trois cents
ans, comme une «avarice sans limite». De là ces invectives contre, «Harpagon...» etc.
Non seulement les auteurs des Mazarinades, pures calomnies, aujourd'hui réfutées4,
mais aussi, malencontreusement pour mon hypothèse, mais les plus proches du
ministre, et les mieux intentionnés, tels Anne d'Autriche, reine mère régente, le père
Bissaro, confesseur du cardinal, ou Brienne, son jeune secrétaire d'Etat, ont dit que
Mazarin était devenu, «avare». Encore faut-il savoir dans quelles circonstances et dans
quels contextes, ils ont prononcé ce mot-clef.
Anne d'Autriche, se serait plainte, en 1659, de ce que le cardinal, jadis si aimable
et si généreux soit devenu de
«si mauvaise humeur et si avare qu'elle ne savait pas comment à l'avenir on pouvait vivre avec
lui...»5.
Mazarin est-il devenu donc brusquement «avare», en 1659 ? Ne sait-on pas qu'après
de longues années d'une guerre épuisante, un ministre responsable du redressement
du pays, doit savoir dire non, à toutes les dépenses exessives et secondaires de la
Cour ? «L'avarice» n'y avait rien à faire. D'après le contexte, on est tenté d'imaginer
que la reine était d'autant plus irritée qu'elle savait que l'or commençait à affluer dans
la caisse du ministre, grâce à la cessation des hostilités.
De même, Brienne (le jeune) écrit :
«L'avarice ... était sa passion dominante, et hors ce défaut, j'en ai peu rencontré en sa personne qui
ne se pussent excuser... Il donnait de mauvaise grâce et toujours le moins qu'il pouvait...»6.
Mazarin, en réalité, a dû se montrer très prudent, face à toutes les dépenses, même
indispensables ; ce que font, aujourd'hui, les ministres des finances du monde entier.
Personne n'ira, pour autant, les traiter d'«avares». Rappelons, en passant, qu'en SUR IA FORTUNE DE MAZARIN 505
1659, Mazarin refuse d'emmener Brienne aux conférences de la paix à Saint- Jean-de-
Luz, lui disant :
«Vous avez encore trop peu de barbe au menton pour être opposé aux moustaches espagnoles».
Propos adoucis, d'ailleurs, par un don de 2 000 écus. «Ce qui m'aida, confesse
Brienne, à digérer mon chagrin»7. Donner 2 000 écus à son jeune secrétaire qui
boude, pour qu'il aille s'amuser pendant l'absence de son maître, puis se faire traiter
d'avare par celui qui ne les a pas refusés, voilà qui est rude !
Les griefs du

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