Un musicien, officier du roi et gentilhomme campagnard au XVIIe siècle. Jean-Baptiste de Boesset (1614-1685) - article ; n°1 ; vol.118, pg 97-165
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Un musicien, officier du roi et gentilhomme campagnard au XVIIe siècle. Jean-Baptiste de Boesset (1614-1685) - article ; n°1 ; vol.118, pg 97-165

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1960 - Volume 118 - Numéro 1 - Pages 97-165
69 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Norbert Dufourcq
Un musicien, officier du roi et gentilhomme campagnard au
XVIIe siècle. Jean-Baptiste de Boesset (1614-1685)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1960, tome 118. pp. 97-165.
Citer ce document / Cite this document :
Dufourcq Norbert. Un musicien, officier du roi et gentilhomme campagnard au XVIIe siècle. Jean-Baptiste de Boesset (1614-
1685). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1960, tome 118. pp. 97-165.
doi : 10.3406/bec.1960.449598
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1960_num_118_1_449598MUSICIEN, OFFICIER DU ROI ET GENTILHOMME CAMPAGNARD UN
, AU XVIIe SIÈCLE
JEAN-BAPTISTE DE BOESSET
(1614-1685)
Histoire du langage, histoire des œuvres, histoire des in
struments relèvent également de la musicologie. Il y faut
joindre, croyons-nous, celle des hommes, compositeurs, in
terprètes, facteurs d'instruments, sans lesquels la musique
ne serait pas. Or, cette histoire « sociale » de la ou
de ceux qui ont pour mission de la créer, de la perpétuer,
semble avoir été quelque peu laissée de côté. L'organisation
de la Société d'Ancien Régime nous apprend que celle-ci
connaissait quatre figures d'artistes : le compositeur, l'inter
prète, le professeur, le responsable de l'un des grands sec
teurs de l'administration musicale. Il arrive que ces fonc
tions viennent à se recouper en une seule et même personn
alité : Lully. Mais le contraire n'est pas moins vrai. Si
Lebègue, organiste de Saint-Merry et de la Chapelle royale,
apparaît comme l'un des professeurs parisiens de la fin du
xviie siècle le plus recherchés et l'un des maîtres de la comp
osition, Constantin reste avant tout un violoniste, Hotman
un violiste, Michel Lambert un compositeur d'airs de Cour.
Jean-Baptiste de Boesset appartient surtout au personnel de
l'administration. Et, par là même, son histoire ressortit à
celle des institutions musicales. Sa situation officielle de
maître et surintendant de la musique de la Chambre du Roi
— poste qu'il occupa près de cinquante ans — pose un cas
que cette modeste étude voudrait essayer d'expliciter et qui
relève de quelques données d'ordre social, psychologique,
économique autant que musical.
BIBL. ÉC. CHARTES. 1960 7 98 NORBERT DUFOURCQ
En développant ici l'histoire de la carrière de Jean-Bapt
iste de Boesset1, celle aussi de son comportement dans le
monde musical, aristocratique, militaire et campagnard au
quel il appartint, nous souhaitons prouver combien l'artiste
obéit aux lois d'un monde hiérarchisé, d'une société tirant
son autorité du jeu de ces dynasties qui engrangent de père
en fils, de ces familles qui doivent leur rang et leur préroga
tive au talent de l'un de ses membres, mais aussi à la faveur
du prince 2.
1. On trouve indifféremment, dans les textes, Jean ou Jean-Baptiste. En
fait, il portait bien le deuxième prénom.
2. Sources : A) Manuscrits. — A la Bibliothèque nationale (Cabinet des
Manuscrits), nous avons consulté les Pièces originales, le Cabinet d'Hozier aux
mots Boesset, Boisset, ainsi que le Journal des Bienfaits du Boi, le fichier La-
borde et plusieurs manuscrits.
Aux Archives nationales, la moisson s'est révélée plus riche. Aux détails
fournis par la Maison du Boi (O1), par les Comptes des Menus- Plaisirs, nous
avons ajouté les Insinuations du Châtelet, une lettre d'anoblissement. Le Mi-
nutier central a alimenté l'essentiel de nos recherches. Une vingtaine d'études
ont été consultées : cent actes ont été lus. Nous ne prétendons pas en avoir
extrait tout ce qui concerne notre personnage. Quelques pièces manquent
à l'appel sur lesquelles nous n'avons pu, jusqu'à présent, mettre la main. En
ce domaine, en ce lieu, nous ne sommes jamais assurés d'avoir épuisé un
sujet.
Les Archives départementales de la Sarthe ont été consultées avec grand
profit, puisqu'elles possèdent le chartrier de Dehault ; de même les Archives
communales de Dehault (canton de La Ferté-Bernard). Nous avons égal
ement effectué quelques sondages dans le minutier de Me Gaisne, notaire à
La Ferté-Bernard.
B) Imprimés. — Nous avons pris pour point de départ trois articles. Celui
d'A. Hervé sur Les Boesset (dans Réunion des Beaux- Arts des départements,
1888) ne réunit que quelques renseignements épars. Celui, très documenté, du
capitaine Derome [La famille des de Boesset, ses relations avec le Maine, dans
Revue historique et archéologique du Maine, t. LXXII, [1912], et Madame
de Villedieu inconnue, ibid., t. LXXI, [1911], p. 225) ignore le précédent :
il est consacré en majeure partie au frère benjamin de notre Jean-Baptiste,
Antoine de Villedieu, l'amant de la célèbre Marie-Catherine- Hortense Des Jar
dins. Si l'auteur a lu quelques textes notariés, dressé des arbres généalogiques,
il ne cite aucune référence. Mais nous avons pu vérifier certaines de ses décou
vertes dans les minutes parisiennes. Travaillant sur La dynastie des Boesset
(Bulletin de la Société française de Musicologie, 1920, n° 6, p. 13), Maurice
Gauchie semble ne pas connaître l'étude du capitaine Derome. Il a fait des
recherches dans- le d'Hozier, dans la série O1 des Archives nationales, et réussi
à fournir un squelette assez exact des trois générations d'artistes.
Aux données que nous offraient ces trois auteurs, nous avons ajouté, après
les avoir contrôlées, celles des dictionnaires ou encyclopédies courantes (Fétis,
Eitner) et celles, réduites souvent à de simples citations, que nous fournissait
la lecture des travaux classiques des Quittard, Tiersot, Prunières, Tessier.
Nous avons complété, autant que faire se peut, cette somme de renseigne- JEAN-BAPTISTE DE BOESSET 99
I. — Le milieu
Par le fait même qu'il a possédé pendant quarante et un
ans le titre de Surintendant de la musique de la Chambre
du Roi et pendant cinquante ans celui de Maître de la même
musique, Jean-Baptiste de Boesset constitue un cas unique
dans l'histoire de la musique française. Cette permanence
durant un demi-siècle, ou environ, à la tête de la musique
profane du Roi, aucun autre ne l'assura, aucun autre ne
l'assurera : ni son père Antoine (21 ans, 1622-1643), ni son
grand-père Pierre Guédron (9 ans, 1613-1621), ni ses con
temporains, Paul Auget (35 ans, 1625-1660) ou Cambefort
(1 an, 1660-1661), ni Lully même (26 ans, 1661-1687), ni
plus tard un Jean-Baptiste Lully, le fils du précédent (23 ans,
1696-1719), ni un Delalande (33 ans, 1689-1722) \
Boesset a donc servi trois princes ou régimes : le roi
Louis XIII, la régence de Mazarin, le roi Louis XIV, et deux
reines : Anne d'Autriche et Marie-Thérèse.
Il est bien évident qu'il profite d'une situation de fait,
créée par son grand-père et son père. Il jouit donc, avant
même d'être « émancipé d'aage », de l'estime du prince. Et
nous verrons que Louis XIII accepte, à la fin du règne, que
Jean remplace son père âgé. Rien ne nous autorise, par ail
leurs, à évoquer plus avant les relations qui ont existé entre
le roi vieillissant — mais qui aime toujours le chant et comp
ose, dit-on, à ses heures — et le jeune maître qui enrichit
de ses productions certains recueils ď Airs de Cour de son
père. Aucun détail non plus sur ses contacts avec Mazarin.
Celui-ci cherche à implanter l'art italien à la Cour (Rossi,
Cavalli). Boesset a-t-il favorisé cette politique? On l'ignore :
mieux, on en doute. Nous verrons, en revanche, qu'à l'heure
ments par la lecture de la Gazette, de la Muse historique, du Mercure, celle aussi
des théoriciens du temps, comme Bacilly, Titon du Tillet.
Nous avons utilisé au mieux ces différentes sources manuscrites et impri
mées. Nous avons corrigé les erreurs qui s'étaient glissées chez les historiens
précités. Procédant par recoupement, nous nous sommes hasardé à formuler
quelques hypothèses.
1. Il est vrai que Delalande dirigera la Chapelle durant quarante-trois ans :
1683-1726. 100 NORBERT DUFOURCQ
où le cardinal premier ministre décide de procéder à la fon
dation d'une « Musique » de la nouvelle reine Marie-Thérèse,
ce n'est pas son protégé Cambefort qui en assumera la direc
tion, mais bien Boesset, et ce g

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