Un nouveau « corps des visiteurs » : musées et changements culturels - article ; n°1 ; vol.3, pg 13-27
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Description

Publics et Musées - Année 1993 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 13-27
This article explores the widely heralded shift towards a more visitor-focused relationship between muséums and their publics. Through an analytic focus on muséums 'construction ofthe visitor body, the article attempts to characterize the nature of changes within museums and to relate these to broader aspects of social, économie and cultural changes.
Este articulo explora el cambio importante que
ha ocurrido dentro de la relación entre los museos y sus pùblicos. Esta relación se enfoca ahora mas sobre el visitante. El articulo intenta caracterizar este cambio a través de un analisis de la construcción por los museos del «cuerpo de los visitantes». Ademàs, trata de relacionar este proceso con aspectos mas generales de la evolución social, económica y cultural.
L'article se propose d'étudier les mouvements annoncés depuis quelques années déjà, qui portent les musées à s'intéresser de plus en plus à leurs visiteurs. À partir d'une étude analytique de la construction du «corps des visiteurs» par les musées, l'article essaie de définir la nature des changements au sein des musées, et d'intégrer ceux- ci à des perspectives sociales, économiques et culturelles.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sharon Macdonald
Un nouveau « corps des visiteurs » : musées et changements
culturels
In: Publics et Musées. N°3, 1993. pp. 13-27.
Abstract
This article explores the widely heralded shift towards a more "visitor-focused" relationship between muséums and their publics.
Through an analytic focus on muséums 'construction ofthe "visitor body", the article attempts to characterize the nature of
changes within museums and to relate these to broader aspects of social, économie and cultural changes.
Resumen
Este articulo explora el cambio importante que
ha ocurrido dentro de la relación entre los museos y sus pùblicos. Esta relación se enfoca ahora mas sobre el visitante. El
articulo intenta caracterizar este cambio a través de un analisis de la construcción por los museos del «cuerpo de los visitantes».
Ademàs, trata de relacionar este proceso con aspectos mas generales de la evolución social, económica y cultural.
Résumé
L'article se propose d'étudier les mouvements annoncés depuis quelques années déjà, qui portent les musées à s'intéresser de
plus en plus à leurs visiteurs. À partir d'une étude analytique de la construction du «corps des visiteurs» par les musées, l'article
essaie de définir la nature des changements au sein des musées, et d'intégrer ceux- ci à des perspectives sociales,
économiques et culturelles.
Citer ce document / Cite this document :
Macdonald Sharon. Un nouveau « corps des visiteurs » : musées et changements culturels. In: Publics et Musées. N°3, 1993.
pp. 13-27.
doi : 10.3406/pumus.1993.1021
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pumus_1164-5385_1993_num_3_1_1021Sharon Macdonald
UN NOUVEAU «CORPS DES VISITEURS»:
MUSÉES ET CHANGEMENTS CULTURELS
«^4 l'origine, les règlements du British Muséum semblaient
avoir été établis pour dissuader les visiteurs de venir et pour
s'assurer que les seuls qui entraient au musée apprenaient le
moins possible de choses et prenaient aussi peu de plaisir que
possible. » (Hudson, 1975, p. 9).
«L'exposition sera amusante. La découverte doit [...] donner
du plaisir [. . .] l'exposition doit être conçue pour que les vis
iteurs choisissent ce qu'ils veulent voir [...]» (Bywaters,
Metcalfe et Mossam 1988, p. 7).
A l'origine, les visiteurs
qui souhaitaient visiter le
British Muséum en respect
ant ses règlements devaient
écrire au musée pour prou
ver qu'ils étaient «curieux et
studieux», et bien dans la
«norme» (Wittlin, 1949,
p. 113). Après deux semai
nes au moins, le temps
minimum pour l'examen de
la candidature, le visiteur
pouvait faire une très courte
visite d'une demi-heure,
sans aucune information
préalable.
Comme le visiteur courait d'une salle à l'autre, il n'avait pas la possibil
ité de s'arrêter devant les objets exposés. Ces visites n'avaient lieu que cer
tains jours de la semaine, à des horaires bien précis1.
Ces règlements datent de la fin du dix-huitième siècle (ils n'ont
officiellement changé qu'en 1963 (Hudson, 1975, p. 190), mais de nom
breux musées semblent avoir longtemps gardé l'attitude adoptée par le
British Muséum, et certains pensent que c'est encore le cas dans cer
tains musées aujourd'hui2. Cependant, si à maints égards les visiteurs
sont encore absents ou ignorés dans la pratique, la majorité des
musées, du moins dans leurs déclarations d'intention, attachent main
tenant une importance primordiale au public. Par ailleurs, les visiteurs
se fraient aujourd'hui leur chemin, métaphoriquement et parfois littér
alement, dans les différents domaines de la pratique et de la rhétorique
muséales.
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Un nouveau «corps des visiteurs»
publics & musées n° Le thème même de cet article est symptomatique de l'évolution de
la relation entre le musée et le public (ou, mieux encore, les publics).
L'ouverture des premiers cabinets de curiosité et collections privées
avait déjà donné naissance à un certain type de public. Je ne cherche
donc pas à prouver que « le public » fait son entrée dans l'histoire
récente du musée, mais que la relation entre les deux - et la nature du
corps du public imaginé et créé par les musées - est en train de se
modifier. Ces changements ne proviennent pas des intentions et des
idées qui circulent au sein du seul musée. Ils s'intègrent à un ensemble
d'évolutions sociales et culturelles. Cet article cherche donc à définir
certaines évolutions qui ont lieu au sein du musée - en particulier, la
construction du «corps des visiteurs» - et à les resituer dans un cadre
social et culturel.
La seconde citation donnée ci-dessus est tirée d'une étude de faisa
bilité effectuée pour une grande exposition permanente, «Food for
Thought: The Sainsbury Gallery» qui a ouvert au Musée des Sciences de
Londres en 1989- En tant qu'anthropologue extérieur au musée, j'ai
observé au jour le jour l'élaboration de cette exposition pendant l'année
qui a précédé son ouverture3. J'ai écouté les concepteurs définir leurs
objectifs et confronter leurs conceptions à celles définies dans d'autres
expositions ; j'ai entendu le personnel du Musée des Sciences et
musées parler de la nature des expositions; enfin, j'ai assisté aux étapes
de l'élaboration de l'exposition elle-même. Suite à toutes ces observat
ions, j'ai essayé de décrire comment les concepteurs concevaient le
«corps des visiteurs», et ils l'intégraient métaphoriquement à
l'élaboration de l'exposition. Cette recherche m'a permis de confirmer
que de nombreux professionnels du musée voyaient l'institution
muséale être de plus en plus «orientée vers le visiteur». Et ce change
ment n'était pas seulement perceptible dans les discours sur les objectifs
du musée, mais également dans l'organisation et l'administration du
musée, dans les priorités budgétaires, les stratégies d'exposition impli
quant la participation des visiteurs, l'installation de restaurants et l'am
énagement des toilettes, et le développement de la recherche sur les
visiteurs. Mais face à cette évolution reconnue de tous, les interpréta
tions et les attitudes des professionnels variaient. Dans le détail, celles
des créateurs de «Food for Thought» étaient particulières et spécifiques,
mais à un niveau d'ensemble, ces interprétations étaient caractéristiques
d'un mouvement général (Macdonald et Silverstone, 1990a). En me réfé
rant à cette exposition, je ne cherche pas à dire que les points de vue qui
ont été adoptés étaient les seuls possibles, mais plutôt à dégager
quelques thèmes dominants.
Dans mon analyse je ne considère pas seulement les musées comme
des lieux d'exposition d'artefacts et de création de certains domaines du
savoir, mais aussi comme des lieux d'exposition et de création de
«publics» ou de «corps de visiteurs» particuliers. En d'autres termes, la
vision du visiteur — d'un visiteur « idéal » pourrions-nous dire - est inscrite
implicitement, et parfois explicitement, dans les objets exposés
(Silverstone, 1989). Et l'« inscription» de cette vision ne se limite pas à défi-
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Un nouveau «corps des visiteurs»
publics & musées n° nir un âge minimum pour la compréhension des étiquettes par exemple,
ou à déterminer un niveau de connaissances élémentaire. Cette vision du
visiteur se traduit dans tous les aspects de l'exposition, dans l'architecture
comme dans les médias. Voilà pourquoi j'utilise l'expression «corps des
visiteurs». Je m'intéresse, en effet, à la fois au(x) public(s) compris
comme corpus de visiteurs de chaque musée, et à la manière dont le
corps physique du visiteur s'inscrit dans l'exposition - à travers ses mou
vements et son comportement. Ces deux niveaux d'inscription, et surtout
le dernier, précisément parce qu'il est le moins conscient, peuvent pro
fondément modifier l'expérience des visiteurs dans une exposition. Cela
ne veut pas dire

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