Une communauté de femmes : Maria, Teija, Anne - article ; n°1 ; vol.23, pg 101-107
8 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Une communauté de femmes : Maria, Teija, Anne - article ; n°1 ; vol.23, pg 101-107

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
8 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Les Cahiers du GRIF - Année 1978 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 101-107
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 14
Langue Français

Extrait

Une communauté de femmes : Maria, Teija, Anne
In: Les Cahiers du GRIF, N. 23-24, 1978. Où en sont les féministes ?. pp. 101-107.
Citer ce document / Cite this document :
Une communauté de femmes : Maria, Teija, Anne. In: Les Cahiers du GRIF, N. 23-24, 1978. Où en sont les féministes ?. pp.
101-107.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/grif_0770-6081_1978_num_23_1_2132une communauté de femmes
tidienne s'organise autrement, toute notre libido
maria se structure d'une façon tout à fait autre.
Quand je repense cette année qu'on a passée Il ne m'est pas du tout facile à exprimer et à
ensemble, et quand j'essaye de voir les motivations voir avec une certaine distance ce que j'ai envie
profondes qui m'ont amenée à vivre entre femd'affirmer. Ce que j'ai envie de dire c'est que la
mes, je pense que le déterminant a été mon envie complicité et la solidarité qui se développent entre
d'autonomie. Le discours féministe m'avait pos nous sont énormes, et l'absence d'éléments mascul
sédée tout à fait, et je sentais d'une façon très ins est quelque chose qui joue dans les deux sens.
intense que je ne pouvais plus continuer à vivre C'est en même temps cette absence qui a empêché
ma sexualité et mon affectivité en fonction du dé une série de conflits classiques; elle en structure
sir de plaire à l'autre. L'autre, pour moi, a été d'autres, mais ces autres, je ne sais pas encore les
toujours un homme. J'ai vécu toujours ma sexual définir, les exprimer. Ces conflits se posent surtout
ité d'une façon hétérosexuelle et monogamique, au niveau de l'inconscient, du discours de l'incon
si bien que j'ai été une femme d'un discours assez scient qui passe dans le quotidien, et qu'on n'est
libre, mais j'étais toujours la femme d'un seul pas toujours capable de cerner.
homme, même si je changeais d'homme, même si
A certains moments, même si les problèmes j'étais considérée comme une femme très mé
économiques, les problèmes des enfante sont résochante, dans le sens de nier le mariage; je me suis
lus, même si tout marche bien, il y a quelque mise à vivre avec un autre type sans régler la
chose qui cloche, il y a une certaine « allergie » situation au niveau juridique, j'ai fait un enfant
de l'une vis-à-vis de l'autre, il y a une difficulté de avec un type qui n'était pas marié avec moi. Donc,
parole, il y a quelque chose qu'on ne peut pas même si ces choses exprimaient une certaine rébel
expliquer. Mais tout ça est vécu autrement que lion j'ai été jusqu'à l'année dernière quelqu'un de
dans une communauté mixte. Le lieu de parole très dominé par la norme. Au niveau de la sexual
a une autre dimension. Les possibilités de s'expriité je ne pensais pas ma vie au-delà de la vie en
mer, de s'interroger, de permettre à l'inconscient couple, de mon rapport sexuel et affectif à un
de se manifester sont autres. homme, d'un centre masculin pour satisfaire mon
affectivité et ma sexualité. La démarche profonde Je ne serais pas capable d'évaluer tout ça, de
que j'ai faite, qui s'est réalisée et qui s'exprime faire une analyse de tout ça. Ce que je ressens
aujourd'hui à travers une communauté de femc'est que nos rapports au niveau du comportement
mes, va dans le sens de chercher un moyen de profond s'organisent autrement. Les hommes ont
couper avec cette organisation de mon affectivité toujours vécu notre relation comme quelque chose
et de ma sexualité. Cette année je l'ai vécue autre de pas dérangeant... et ça les interroge. Ils se
ment. J'ai une relation assez importante et qui se demandent ce qu'elles sont ces bonnes femmes qui
tient encore et qui fonctionne dans ma vie comme sont là, qui ont cette maison où tout marche, cette
élément déterminant de mon équilibre actuel, et maison où il y a des fleurs, où il fait propre, où il
pourtant nous sommes séparés par des circons y a des enfants, du bruit, du mouvement, des dra
tances, ... par un grand voyage. Cela n'a pas dé mes et du bonheur.
rangé ma vie, cela veut dire que j'ai découvert que
Cette maison qui fonctionne et qui vit, surtout je peux vivre, que je peux être autonome, sans la
ça, indépendamment de leur permission. Ce qui présence d'un homme dans mon quotidien. C'est
les gêne c'est qu'on remet en question le couple. ça que j'ai voulu avec la communauté de femmes.
On n'a pas un comportement sexiste pourtant,
Dans une communauté de femmes la vie je ne veux pas dire par là que je suis contre un
101 comportement sexiste, je veux dire simplement qu'ils ont des rapports indépendants avec beau
que nous, on ne l'a pas. Plutôt le contraire, on fait coup d'adultes, ils ne sont pas dominés par leur
pas mal de concessions à leurs manières de pen filiation étroite mère-enfant. Ils ont des rapports
ser la vie et de la vivre. Ce que je vois c'est qu'ils avec d'autres femmes, ils peuvent nous comparer...
ont des résistances assez grandes et profondes et ce qui atténue assez fort notre rôle de mère. Ils
qu'en même temps ils ont une envie, un désir de peuvent nous démystifier. Nous sommes quatre
connaître nos secrets, ce qui nous a amenées à femmes, toutes différentes, avec des exigences dif
férentes. Nous ne vivons pas ensemble pour avoir faire ce que nous faisons comme nous le faisons.
Ils ne sont pas porteurs de ces secrets et les hom toutes les mêmes exigences vis-à-vis des enfants.
mes n'ont jamais supporté de ne pas être porteurs Nos exigences sont déterminées d'un côté par nos
des secrets des femmes. besoins individuels, de l'autre par les besoins de la
maison.
Nous, on ne cohabite pas, on vit en commun
auté, on a de grands bonheurs, de grandes souf Il y a le respect de certaines normes qui sont
frances en commun. La douleur de l'une, c'est un des normes à nous quatre et qu'on demande aux
peu la douleur de l'autre. On se partage, pour enfants d'intégrer comme leurs propres normes et
pouvoir les supporter, les agressions qui nous sont de certains codes à nous quatre qu'on leur de
faites non seulement de la part des hommes, mais mande de respecter. Mais ils ont le droit de cont
de la part d'une société qui écrase l'individualité. ester, ils peuvent dire clairement à n'importe
laquelle d'entre nous « tu m'embêtes et je n'ac
Ce n'est pas seulement une lutte de femmes cepte pas ton interdit » et toutes quatre, nous
que l'on mène, mais on s'organise pour une lutte sommes capables de réfléchir si l'interdit était
plus large qui se propose de trouver les moyens juste ou pas et de reculer éventuellement. ¦
de combattre les impositions du système, l'obl
igation d'organiser notre quotidien au service d'un Dans ce sens, on voit une petite fille qui a des
système de production avec lequel nous ne somrevendications au niveau de son quotidien et de
mes pas d'accord. Nous n'avons pas envie de pro mande à l'autre de ne pas entrer dans sa chambre,
duire et reproduire pour le capital, nous n'avons et un garçon qui demande que l'on frappe avant
rien à en foutre ! Et si l'on vit ensemble, si nous d'entrer ... et ces enfants ont 5 et presque 7 ans.
sommes organisées pour ne pas être enfermées seu
les dans un appartement avec une machine à laver On a une petite fille de huit mois qui rigole,
pour soi toute seule, avec une cuisine et une salle danse, fait sa nuit de 12 heures, va à sa crèche, qui
de bain pour soi toute seule, un fils ou fille pour a une discipline dans l'organisation de sa vie...
soi, c'est parce que nous voulons combattre, nous Ce qui m'étonne, c'est qu'avec les enfants, ça marc
voulons essayer de répondre de façon concrète à he; je ne sais pas ce que ça va donner plus tard,
l'organisation du quotidien qui est déterminée par je n'ai pas envie de prévoir. Pourtant, parfois, je
le système capitaliste. Et nous ne sommes pas m'interroge très fort mais je ne crois pas que
simplement victimes de ce système, nous transmet l'absence du père en tant qu'élément central du
tons aussi ses valeurs. Si nous nous sommes réu quotidien empêche leurs personnalités de se struc
nies, si nous nous sommes organisées pour ne pas turer. Je ne crois pas que cela pose des problèmes
vivre selon la norme de la société, c'est parce que à un niveau profond plus insupportables que le
nous n'aimons pas être porteuses de cette norme, type classique de l'dipe dans la famille classi
ça nous gêne. On a envie de faire quelque chose que. J'espère que les résultats seront meilleurs.
dans le sens de combattre cette norme qui vient J'ai confiance car ces enfante ont u

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents