Une épopée bugis dans la lumière d un regard international. À propos de la mise en spectacle de I La Galigo par Robert Wilson et Rhoda Grauer - article ; n°1 ; vol.68, pg 13-20
9 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Une épopée bugis dans la lumière d'un regard international. À propos de la mise en spectacle de I La Galigo par Robert Wilson et Rhoda Grauer - article ; n°1 ; vol.68, pg 13-20

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
9 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Archipel - Année 2004 - Volume 68 - Numéro 1 - Pages 13-20
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 7
Langue Français

Extrait

Gilbert Hamonic
Une épopée bugis dans la lumière d'un regard international. À
propos de la mise en spectacle de I La Galigo par Robert Wilson
et Rhoda Grauer
In: Archipel. Volume 68, 2004. pp. 13-20.
Citer ce document / Cite this document :
Hamonic Gilbert. Une épopée bugis dans la lumière d'un regard international. À propos de la mise en spectacle de I La Galigo
par Robert Wilson et Rhoda Grauer. In: Archipel. Volume 68, 2004. pp. 13-20.
doi : 10.3406/arch.2004.3828
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_2004_num_68_1_3828ACTUALITE
Une épopée bugis dans la lumière d'un regard
international
À propos de la mise en spectacle del La Galigo par Robert Wilson
et Rhoda Grauer (*)
C'est au cours du Festival dan Seminar internasional La Galigo qui s'est
tenu à Barru, Sulawesi Selatan, en mars 2002 que j'ai fait la connaissance de
Rhoda Grauer et de Restu Kusumaningrum, respectivement responsable de
la dramaturgie et coordinatrice artistique de ce spectacle. Ce sont elles qui,
plusieurs mois plus tard, m'ont invité pendant quelques jours au Watermill
Center de Long Island (USA) afin de présenter le cycle épique de La
GaligoV) à Robert Wilson et à la presse. Par la suite, devant les obstacles
divers que faisait surgir cette entreprise, un Dewan Proyek Advisor fut
1. Mise en scène, décor et conception des lumières de Robert Wilson, sur une dramaturgie et
adaptation textuelle de Rhoda Grauer. Coordination artistique de Restu Kusumaningrum.
Chorégraphie de Andi Ummu Tunru. Musique de Rahayu Supanggah. Avec la participation
de Puang matoa Saidi, prêtre bissu de Ségéri. Une production de Change Performing Arts
(Elisabetta di Mambro et Franco Laera) en partenariat avec Bali Purnati Center For the Arts,
commandée et coproduite par Esplanade Theatres on the Bay (Singapour), Les Nuits de
Fourrières (Lyon), Lincoln Center Festival (New York), Het Muziektheater (Amsterdam),
Forum Universal de les Cultures (Barcelone) et Ravenna Festival (Italie). Ce spectacle a éga
lement été montré à Madrid et Bologne.
2. Le poème épique de La Galigo est rédigé en vers pentasyllabiques (qui deviennent tétrasyl-
labiques lorsque l'accent tonique se déplace de la pénultième à l'antépénultième). On sait que
La Galigo est l'un des héros de ce cycle (non le principal) auquel il a donné son nom. Une
tradition postérieure raconte qu'il en serait l'auteur. Toujours est-il que le / de l'expression /
La Galigo intitulant ce spectacle n'est qu'une cheville sans signification, destinée à faire res
pecter le nombre de syllabes requis lors de la récitation traditionnelle du texte.
Archipel 68, Paris, 2004, pp. 13-20 14 Actualité
constitué, réunissant plusieurs
Don't miss this international debu spécialistes des traditions de Singapore • Amsterdam • Barcelona • France • Italy • New York
Célèbes-Sud (3X J'ai accepté
A VISIONARY WO*K«V bien volontiers d'en faire part
ie, tant ce projet (un peu fou)
et ses participants m'étaient
sympathiques. Impliqué dans
cette réalisation depuis son
début, je ne saurais donc
m' improviser critique théâtral.
Connaissant cependant assez
bien l'épopée de La Galigo, je
me contenterai de quelques
remarques qui sont simple
ment celles d'un spectateur,
amoureux à la fois de la cultu
re bugis et du théâtre.
On ne relèvera pas la
gageure de résumer ce spec
tacle ou les caractéristiques du
cycle mythique. Il est à croire
que grâce à cette réalisation,
le ressort des intrigues sera de
mieux en mieux connu du
grand public. Encore faut-il
préciser qu'il ne s'agit pas de
brosser ici une approche
scientifique des arguments o
mis en scène. Conventions du
spectacle obligent, de grandes
libertés sont prises à l'égard
de la structure de l'épopée
elle-même. Des générations
divines sont omises (celle de
Batara Lattu par exemple), des raccourcis saisissants sont empruntés, des
coupes à vif sont faites dans l'agencement des épisodes... Mais comment
pourrait-il en être autrement pour ce qui touche à un poème épique dépassant
Christian Pangerang (chants moi-même. 3. Ce comité et Pelras, cérémonies (liaison est Ibu composé avec Ida bissu), Madjid, la de communauté Drs. Prof. lin Muhammad Joesoef Dr. Fachruddin traditionnelle Madjid, Salim Dr. Ambo' (texte de Roger Luwu'), et Enre Toi, intrigue), (intrigue), Drs. Andi Sirtjo Puang Ummu Koolhof Andi matoa Tunru, Anthon Saidi et Dr. de
Archipel 68, Paris, 2004 Actualité 15
les 600000 vers, dont personne en vérité ne connaît l'origine (peut-être a-t-il
été mis en forme aux alentours du XVe siècle), dont personne n'a jamais vu
ni lu la totalité et qui est rédigé dans une écriture et une langue bugis
anciennes que bien peu sont capables de comprendre aujourd'hui? À part
quelques courts extraits, sa traduction n'a d'ailleurs jamais été faite en aucu
ne langue occidentale. En indonésien même, cette traduction est encore la
rgement inachevée, et sera de toute façon partielle puisqu'elle se base sur la
compilation d'un texte rédigé sur demande à la fin du XIXe siècle (4).
Pour se résumer simplement, disons que ce spectacle, comme le cycle
épique lui-même, mêle intimement trois types de matériaux : des éléments
mythologiques (la création du monde des humains à partir d'un couple de
dieux, dont l'un descendu des cieux et l'autre surgi des profondeurs), des él
éments romanesques, tournant surtout autour d'un amour-passion irrésistible;
et des éléments épiques, faits de voyages et d'aventures maritimes, de
conquêtes galantes, de combats de coqs et autres prouesses guerrières.
Rhoda Grauer, assistée de Drs Mohammad Salim dans sa compréhension des
extraits de textes auxquels elle a eu affaire, a opté pour une lecture transver
sale de cette épopée qui s'étend sur six générations, en mettant l'accent sur
l'amour incestueux et fatal entre Sawérigading et sa sœur jumelle Wé
Tenriabeng. C'est cet impossible amour qui est à la source du principal res
sort dramatique ici choisi : recherche d'un sosie Wé Cudaï pour remplacer
l'épouse interdite, heurts et malheurs des héros, accomplissement inéluctable
de leur destinée.
Bien peu se sont essayés à la lecture (difficile) de certains épisodes de La
Galigo, même parmi les spécialistes locaux ou étrangers. Lorsqu'on s'y
confronte comme je l'ai fait pour quelques rares extraits, l'un des traits les
plus frappants qui s'en dégage est une impression d'extrême foisonnement,
presque de trop grande richesse : des centaines de dieux, des milliers de
guerriers combattants (et autant de victimes), des centaines de de
buffles offerts en sacrifice, en plus du déchaînement constant des forces de la
nature, et le tout en une symbolique extrêmement riche et fleurie. Bref, un
effet d'énormité, de gigantisme, et aussi de mystère et de magie impossible à
rendre autrement que par le pouvoir du rêve et de l'imagination.
Or, le génie de ce spectacle est à mon sens d'avoir su évoquer cette
magnificence, cette profusion de la façon la plus pure qui soit, tout en lui
restant fidèle. J'ai particulièrement apprécié les simples traits de lumière
évoquant le confinement de Wé Cudaï dans son palais, le navire de
Sawérigading, le plus grand du monde nous dit le texte, et très bien évoqué
4. Pour un bref état des ébauches de traduction du cycle de La Galigo, voir par exemple les
notations de Christian Pelras (p. 14 sqq) dans le livre concernant ce spectacle : / La Galigo, A
music theatre work inspired by Sureq La Galigo, Change Performing Arts, Milan, May 2004,
110 p.
Archipel 68, Paris, 2004 16 Actualité
dans cette mise en scène grâce à un parfait dépouillement (prenant pour base
un jeu d'enfants avec leur sarong, très courant à Makassar), l'arbre wélen-
reng où nichent tous les oiseaux de la création - mais ici deux ou trois suffi
sent pour que l'émotion passe -, et bien d'autres encore. Pourrait aussi être
souligné le bonheur de bien des trouvailles de mimiques : la naissance du
bébé de Wé Cudaï, les combats de coqs, les combats guerriers (aux costumes
en partie inspirés des baju garusu des

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents