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2. Les transferts (dissémination)
ou responsabilités dans la prolifération
Jean-Marie Collin
Les cinq puissances nucléaires officielles, qui maîtrisent l’ensemble de la chaîne du nucléaire (enrichissement,
fabrication de combustible, emploi dans le réacteur, retraitement des combustibles irradiés), sont les principales
responsables de la prolifération à travers le monde. Cette première vague de dissémination de technologie et de
savoir-faire s'est faite notamment dans la période 1960-1990. Outre ces pays, bien d’autre ont joué un rôle
important dans l’exportation de technologie duale. À titre d’exemple, on peut citer le Canada
1
qui joua un rôle clé
dans la création des puissances nucléaires indienne et pakistanaise, l’Allemagne et ses multiples sociétés
(Siemens, Messerschmidt-Boelkow-Bloem) qui signèrent des contrats avec l’Irak, le Brésil, l'Afrique du Sud. Il est à
noter que l'Allemagne
2
a sciemment renforcé la composante sous-marine israélienne lui conférant de faite une
capacité de riposte à toute attaque nucléaire. La Suisse
3
qui transféra des technologies vers l'Afrique du Sud ; la
Norvège qui fournit Israël en eau lourde dans les années 1960, etc.
La France
La France a joué un rôle important de dissémination nucléaire en direction de plusieurs pays, principalement à des
fins économiques. Cette dissémination c’est faite la plupart du temps directement par la vente de savoir-faire et de
technique, ou indirectement par la vente à un premier pays de technologie qui a son tour diffusera ce processus à
un autre Etat
4
.
Principaux exemples de prolifération française :
Israël
5
. En s'appuyant sur une coopération étroite entre les deux pays à partir de 1953, la France va
construire une pile à uranium naturel eau lourde capable de fournir de grande quantité de plutonium. La pile et
l'usine d'extraction de plutonium sont installées clandestinement sur le pseudo-site d'une usine de textile à
Dimona (désert du Néguev). Paris fournira également les premières tonnes d'eau lourde nécessaire au
fonctionnement de ce réacteur. Outre la fourniture d'équipement et de savoir-faire, la France, par le biais de
Dassault, livra à Israël un vecteur pour sa bombe : le missile « anti-cité » MD 660, rebaptisé Jéricho. Ce
missile était alors « prévu pour détruire des objectifs civils ». En 1968, le général De Gaulle décida d’arrêter ce
programme et toute coopération nucléaire avec Israël
6
;
Pakistan. Le 18 mars 1974, Paris signe avec Islamabad un contrat portant sur la vente d'une usine de
retraitement de combustibles irradiés, capable de produire 150 kilos de plutonium militaire par an. «
Pas plus le
Quai d'Orsay que le Commissariat à l'énergie atomique n'étaient assez naïf pour croire à la pureté pacifique du
projet
7
. » Suite à diverses « pressions » états-uniennes, le 16 décembre 1976, le président Valery Giscard
d’Estaing annonce la suspension du contrat de Saint-Gobain Nucléaire en charge de ce dossier. Mais entre
1976 et 1978, la France continuera à fournir au Pakistan des plans de l’usine et quelques éléments spécifiques
à son fonctionnement. En 1978, l’usine est achevée et la France peut alors annoncer officiellement la non-
exécution du contrat ;
Afrique du Sud. La France participe à la réalisation du centre de Valinbada (complexe d’enrichissement
d’uranium) et Framatome fournit deux centrales nucléaires de 900 Mwe à Koebberg. Paris souhaite que ces
installations soient sous le contrôle de l’AIEA ;
L'Irak se lance dès 1956 dans l’activité nucléaire avec l’aide entre autres de la France. Paris prendra un
rôle majeur dans cette coopération lors de l’accord franco-irakien de novembre 1975 — Jacques Chirac est
alors Premier ministre — prévoyant la construction du complexe nucléaire de Tuwaitha et du réacteur Osirak
(70 Mwe), la formation de techniciens et la fourniture de combustible nucléaire. Un très grand nombre de
1
En 1956, le Canada offre à l'Inde un réacteur de recherche et de production de plutonium, le CIRUS (réacteur à eau lourde). L'Inde
s'engageait, alors à n'utiliser ce réacteur qu'à des fins pacifiques. En 1974, New Delhi réalise son premier essai nucléaire en utilisant du
plutonium produit par le CIRUS. Le Canada a vendu 2 réacteurs CANDU, plus le savoir-faire pour construire ce type de réacteur, au début
des années 1960 ; chacun de ces réacteurs a une capacité de production annuelle entre 50 et 60 kilogrammes de plutonium !
2
Avec ses trois sous-marins de la classe
Dolphin
Israël dispose de sous-marins (diesel - électrique) parmi les plus modernes du monde, qui
peuvent emporter 21 torpilles ou missiles à capacité nucléaire. C'est pour compenser le rôle que l'industrie allemande avait joué dans le
développement des armements non conventionnels de l’Irak que le gouvernement allemand (en 1991) a offert de financer entièrement l'achat
de deux sous-marins (
Dolphin, Leviathan
) et de partager le financement du troisième (
Tekuma
). Israël accepta immédiatement l'offre pour les
deux premiers sous-marins. On estime que le coût de chaque sous-marin est environ de 320 millions $. Deux autres sous-marins pourraient
être commandés à l’Allemagne en 2003 et livrés d’ici quatre ans.
3
Ben Cramer,
Le nucléaire dans tous ses Etats
, Editions Alias etc., 2002.
4
Voir également le chapitre « Les guerres du nucléaire civil » in
Le complexe nucléaire
, Bruno Barrillot, co-édition Observatoire des armes
nucléaires françaises/CDRPC et le Réseau « Sortir du nucléaire », Lyon, 2005, pp. 81 à 103.
5
Roland Jacquard,
Le marché noir de la Bombe
, Co-édition Vertige du nord – Carrère, 1986.
6
Cf. Roland Jacquard,
Le marché noir de la bombe A
, Vertiges/Carrere, 1986, p. 52.
7
Dominique Lorentz,
Affaires Atomiques
, édition Les Arènes, Paris, 2001, p. 306.
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