A l intérieur de la région Rhône-Alpes, un département en crise : l Ardèche  - article ; n°3 ; vol.52, pg 463-496
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Revue de géographie alpine - Année 1964 - Volume 52 - Numéro 3 - Pages 463-496
Sommaire. — Dans une première partie, l'auteur insiste sur un fait majeur, l'exode rural qui sévit ici depuis plus d'un siècle. Conséquence d'un déséquilibre économique, l'exode a modifié la répartition de la population, a faussé la structure normale des âges, a accéléré la dénatalité et en est arrivé à s'entretenir lui-même. Dans une seconde partie, l'auteur s'interroge sur les causes profondes de la récession, par-delà les raisons évidentes. Pourquoi une remarquable expansion à la fois démographique et économique commencée au xvnf siècle a-t-elle été arrêtée net vers le milieu du siècle dernier ? L'explication en serait dans une double carence urbaine et industrielle due à la mise à l'écart du département des grands axes d'échanges, au caractère particulier de la principale industrie, le travail de la soie, étroitement tenue en laisse par les soyeux lyonnais, ainsi que peut-être à des facteurs psychologiques. En conclusion, sont présentées les perspectives actuelles qui paraissent fort limitées et qui posent le grave problème de l'avenir de l'Ardèche en tant que département.
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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 4
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jacques Schnetzler
A l'intérieur de la région Rhône-Alpes, un département en crise :
l'Ardèche
In: Revue de géographie alpine. 1964, Tome 52 N°3. pp. 463-496.
Résumé
Sommaire. — Dans une première partie, l'auteur insiste sur un fait majeur, l'exode rural qui sévit ici depuis plus d'un siècle.
Conséquence d'un déséquilibre économique, l'exode a modifié la répartition de la population, a faussé la structure normale des
âges, a accéléré la dénatalité et en est arrivé à s'entretenir lui-même. Dans une seconde partie, l'auteur s'interroge sur les
causes profondes de la récession, par-delà les raisons évidentes. Pourquoi une remarquable expansion à la fois démographique
et économique commencée au xvnf siècle a-t-elle été arrêtée net vers le milieu du siècle dernier ? L'explication en serait dans
une double carence urbaine et industrielle due à la mise à l'écart du département des grands axes d'échanges, au caractère
particulier de la principale industrie, le travail de la soie, étroitement tenue en laisse par les soyeux lyonnais, ainsi que peut-être à
des facteurs psychologiques. En conclusion, sont présentées les perspectives actuelles qui paraissent fort limitées et qui posent
le grave problème de l'avenir de l'Ardèche en tant que département.
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Schnetzler Jacques. A l'intérieur de la région Rhône-Alpes, un département en crise : l'Ardèche . In: Revue de géographie
alpine. 1964, Tome 52 N°3. pp. 463-496.
doi : 10.3406/rga.1964.3180
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1964_num_52_3_3180.
A l'intérieur de la région Rhône-Alpes
un département en crise : l'Ardèche
par Jacques SCHNETZLER
Sommaire. — Dans une première partie, l'auteur insiste sur un fait
majeur, l'exode rural qui sévit ici depuis plus d'un siècle. Conséquence
d'un déséquilibre économique, l'exode a modifié la répartition de la
population, a faussé la structure normale des âges, a accéléré la dénatalité
et en est arrivé à s'entretenir lui-même.
Dans une seconde partie, l'auteur s'interroge sur les causes profondes
de la récession, par-delà les raisons évidentes. Pourquoi une remarquable
expansion à la fois démographique et économique commencée au xvnf
siècle a-t-elle été arrêtée net vers le milieu du siècle dernier ? L'expli
cation en serait dans une double carence urbaine et industrielle due à
la mise à l'écart du département des grands axes d'échanges, au caractère
particulier de la principale industrie, le travail de la soie, étroitement
tenue en laisse par les soyeux lyonnais, ainsi que peut-être à des facteurs
psychologiques *.
En conclusion, sont présentées les perspectives actuelles qui parais
sent fort limitées et qui posent le grave problème de l'avenir de l'Ardèche
en tant que département2.
INTRODUCTION
L'Ardèche se vide de ses habitants depuis plus d'un siècle et
la « déprise » humaine continue. Elle frappe jusqu'à l'observateur
1 On a systématiquement écarté tout développement sur des problèmes
d'ordre général et on a passé rapidement sur l'évolution démographique
d'avant 1954, étudiée en particulier par Elie Reynier, Le Pays de Vivarais
(Yssingeaux, 1947, 238 p.). et Pierre Bozon, La vie rurale en Vivarais (Valence»
1961, 641 p.).
2 L'actuel département de l'Ardèche continue en gros l'ancien pays de
Vivarais, d'où la forte individualité historique de ce département. 464 JACQUES SCHNETZLER
le moins averti qui ne cesse de rencontrer maisons, hameaux, voire
villages abandonnés et plus ou moins en ruine, murettes éboulées,
champs en friche gagnés par la forêt ou la lande. L'impression
est d'autant plus forte qu'au milieu du siècle dernier, l'Ardèche
était plus densément peuplée que la moyenne française; elle port
ait, en 1861, sur ses 5 556 km2, 388 529 habitants, 69,9 au kilomètre
carré 3, 58 % de plus qu'en 1962.
Pareil dépeuplement traduit avec force l'infirmité d'une éco
nomie qui, depuis la rupture d'équilibre du milieu du xix* siècle,
n'a jamais pu opérer de redressement.
Bien que dans la population totale la part des agriculteurs
ait baissé en valeur absolue comme en valeur relative, elle reste
encore élevée (en 1954, près de 50 % d'agriculteurs dans la popul
ation active masculine). Le département est donc toujours avant
tout d'économie agricole.
Mais alors que dans l'ensemble français la part de l'industrie
croissait quand diminuait celle de l'agriculture, l'Ardèche, dans
les derniers cent ans, a gardé à peu. près le même nombre de
salariés industriels, entre 22 500 et 25 000 environ.
De même, si, dans cet ensemble français, la proportion de
population urbaine a crû fortement et continuellement, l'Ardèche
n'a suivi que de très loin ce mouvement et elle ne possède même
pas une ville d'importance moyenne.
Ainsi, le déclin de l'agriculture n'a point été ici compensé par
une importance accrue de l'industrie. Le monde rural ne s'est pas
vidé, en partie du moins, au profit des centres urbains du pays.
Rien n*a sérieusement contrarié un exode qui est devenu très vite
catastrophique.
Une histoire économique assez événementielle a insisté sur
les graves difficultés rencontrées depuis cent ans par d'importantes
ressources de la terre vivaroise, maladies comme la pébrine des
vers à soie, le phylloxera de la vigne et l'encre des châtaigniers,
désaffection du public à l'endroit des châtaignes, de l'huile d'olive
dont les prix s'avilissent, substitution à la soie naturelle de textiles
nouveaux, difficultés qui causèrent parfois des crises graves. Mais
pour expliquer l'état présent, peut-être est-il aussi , important d'in
sister sur l'indigence industrielle et urbaine de l'Ardèche.
8 La France d'alors, 67,9 au km2. DÉPARTEMENT EN CRISE : L'ARDÈCHE 465 UN
I. __ UN FAIT MAJEUR : L'EXODE RURAL
Depuis 1861, le dépeuplement a été continu (sauf entre 1872
et 1876). En réalité, il avait commencé bien avant dans le bas
Vivarais et les Cévennes du Sud; en 1861 même, ce sont 15 cantons
qui accusent un déficit souvent depuis des décennies. Mais le déclin
sera plus tardif dans les cantons de la Montagne et du Nord. Un
seul canton progressera régulièrement jusqu'en 1936, celui de
Viviers, grâce aux chemins de fer et aux chaux et ciments
(fig. 1, 2, 3, 4).
a) L'exode a d'abord accéléré la dénatalité qui, sans cela,
n'aurait été que faible. P. Bozon 4 a calculé pour la période 1830-
1930 le bilan démographique des différents secteurs du pays. Si
partout la natalité baisse, tout en restant élevée çà et là (parties
hautes de la Montagne et du Coiron), la mortalité n'a que faibl
ement décru par suite du vieillissement de la population; aussitôt
des régions ont été déficitaires (bordure coironnique, bas Vivarais,
Cévenne, vallée du Rhône); d'autres, d'abord hésitantes, voyaient
leur situation se détériorer ensuite (haut Vivarais, Boutières), les
pays du Nord étant de bien meilleure santé démographique que
ceux du Sud. Il en est résulté partout une baisse de population, à
l'exception déjà soulignée du canton de Viviers et de quelques
communes urbaines isolées. La baisse résulte donc de l'émigration
et souvent de l'excédent des décès sur les naissances. Une excep
tion intéressante est à noter : la vallée du Rhône reçoit plus d'im
migrants qu'elle ne perd d'émigrants, mais le déficit des naissances
est tel que le pays se vide quand même.
b) L'exode a déséquilibré la structure par âge des habitants.
Les pyramides d'âges dressées par cantons pour l'année 1954
sont des plus expressives; elles permettent quelques remarques
communes :
— Partout à la base, élargissement à caus

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