Agriculture

Par Kristina Frétière

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Extrait

Approches sectorielles AGRICULTURE
La sécheresse : un impact finalement modéré
sur les productions herbagère et laitière
Malgré la sécheresse printanière, les récoltes sont satisfaisantes, grâce aux pluies
de juillet. Le maïs atteint même un rendement record. La production laitière
dépasse celle de 2010, stimulée par un prix du lait en hausse. Le revenu agricole
moyen français est en léger repli en 2011, en raison du coût croissant des
consommations intermédiaires. En Franche-Comté, compte tenu de l’importance
de l’élevage laitier, notamment herbager, le revenu progresserait légèrement.
La météo de l’année 2011 est exceptionnellement chaude et Une production laitière dynamique
sèche. La grande douceur du début d’année autorise une mise
à l’herbe dès le mois de mars ainsi qu’une première coupe L’impact de la baisse de la production herbagère sur
anticipée. Mais le manque d’eau s’avère vite pénalisant pour la production laitière est étonnamment faible. Avec
la pousse de l’herbe. Les zones de plaine et les sols superficiels 11,8 millions d’hectolitres de lait, la production franc-
sont les plus touchés. La croissance de l’herbe ralentit dès fin comtoise 2011 dépasse de 3,8 % celle de 2010. Le
avril en plaine et sur les plateaux, et à partir de mi-mai en prix du lait incite en effet à produire davantage. En
montagne. En moyenne régionale, la production herbagère moyenne annuelle, le prix du lait non AOC s’élève à
de printemps accuse un déficit d’environ 30 % par rapport à 35,6 €/hl, soit plus de 2 €/hl au-dessus du prix de
la moyenne observée entre 1982 et 2009. Mais, grâce aux 2010. La progression des livraisons est cependant
pluies de juin-juillet et à l’automne clément, ce déficit est freinée en mai par la sécheresse. En outre, la réforme
ensuite presque comblé. En fin de saison de pâturage, l’écart des vaches laitières, c’est-à-dire leur abattage en
n’est plus que de 2 %. fin de carrière, augmente de 47 % par rapport à la
Le prix du lait AOC2011, une année
grimpe encore en 2011 dans la régionexceptionnellement chaude et sèche
Évolution du prix du lait (€/hl)Météo 2011 à Besançon
Prix (€/hl)Précipitations (en mm) Température (en °C)
50200 25
Précipitations 2011 Prix du lait AOC (Franche-Comté)
180 Moyenne 1991-2010 Prix du lait non AOC (Franche-Comté)
45Température 2011 Prix du lait standard (national)160 20
140 40
120 15
35100
80 10
30
60
40 5 25
20
200 0
20112006 2007 2008 2009 2010JF MA M JJ A S O N D
AnnéeMois
Source : Agreste (enquête mensuelle laitière)Source : Météo France
7Agriculture
(1)moyenne triennale de mai. De plus, la finition des vaches Le meilleur rendement en maïs grain
est moins bonne. depuis plus de dix ans
Évolution du rendement en maïs grain en q/haLes réformes de vaches allaitantes progressent également de
Rendement (q/ha)36 % en mai et de 14 % en juin. Malgré cet afflux de vaches, la
110(2)cotation de la vache O franc-comtoise est de 2,96 €/kg en
moyenne annuelle contre 2,74 €/kg en 2010. Les cours des Maïs grain100
gros bovins sont élevés. Ils sont dopés par les faibles dispo-
90nibilités européennes et une demande en jeunes bovins sou-
tenue à l’export, notamment à destination de la Turquie. 80
Le prix du lait destiné aux fromages AOC est aussi incitatif. En
70moyenne sur neuf mois, l’écart entre 2011 et 2010 dépasse
0,70 €/hl. Les fédérations départementales des coopératives
60
laitières du Doubs et du Jura s’inquiètent de l’augmentation
des stocks de comté. Cette augmentation pourrait être aggra- 50
1100 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10vée par la hausse de la production laitière. Pour maîtriser les
Année
stocks de comté, elles demandent aux éleveurs de modérer
Source : Agreste (SAA 2006 à 2009, SASD 2010, SAP 2011)
la production des vaches. Du lait est aussi valorisé hors de
la filière (vente en Italie).
élevés. Le bilan mondial du maïs est tendu avec un ratio
Un rendement record en maïs stock sur consommation de seulement 14 %. Les moyennes
annuelles des prix francs-comtois pour le blé, le maïs et le
Fin mars 2011, les cultures d’hiver sont en avance d’une semaine colza sont supérieures de 30 % à celles de 2010.
par rapport à 2010. Mais la sécheresse printanière laisse crain- La vigne bénéficie aussi d’un développement végétatif pré-
dre de faibles rendements. Les pluies de juin et juillet inversent coce, avec trois semaines d’avance par rapport à 2010. Les
la tendance. Les rendements sont finalement bons en cultures pluies de juin permettent un bon remplissage des grappes.
d’hiver. Le maïs atteint le record de 105 q/ha, la moyenne Avec 112 000 hl de vin AOC en 2011, la récolte jurassienne
décennale étant de 85 q/ha. Seules les céréales à paille de est abondante.
printemps ont véritablement souffert du manque d’eau. Au niveau national, le revenu agricole est en léger repli en
La récolte de grandes cultures est préservée. Elle progresse 2011 malgré la bonne tenue des prix. En effet le coût des
même de 2 % par rapport à 2010. En effet, les éleveurs n’ont consommations intermédiaires progresse, notamment l’éner-
(3)finalement pas eu besoin de transférer des surfaces de maïs gie, les engrais et amendements ainsi que les aliments des
grain en maïs ensilage. Dans une ambiance morose liée à la animaux. D’après les premières estimations, compte tenu de
crise financière, la tendance des prix des grandes cultures est l’activité laitière dominante et de l’orientation herbagère de la
globalement baissière par rapport aux pics atteints fin 2010. région, le revenu des exploitations agricoles franc-comtoises
(4) Les marchés sont aussi très volatils, mais les cours restent progresserait légèrement. 
Kristina FRÉTIÈRE (SRISE)
(1) En zootechnie, phase ultime de l’élevage des animaux de boucherie visant, par une alimentation riche, à améliorer l’état d’engraissement des sujets.
(2) Les animaux abattus sont classés selon une grille européenne indiquant leur conformation (grille EUROP : de E excellente à P médiocre).
(3) Substance organique ou minérale incorporée au sol en quantité importante pour améliorer ses propriétés physiques et chimiques.
(4) Les données pour 2011 sur le revenu sont basées sur des estimations provisoires.
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