Le Bahr el Ghazal : Notions générales sur la province, les rivières, les plateaux et les marais - article ; n°58 ; vol.11, pg 315-338
32 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Bahr el Ghazal : Notions générales sur la province, les rivières, les plateaux et les marais - article ; n°58 ; vol.11, pg 315-338

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
32 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales de Géographie - Année 1902 - Volume 11 - Numéro 58 - Pages 315-338
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1902
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

A. Henri Dyé
Le Bahr el Ghazal : Notions générales sur la province, les
rivières, les plateaux et les marais
In: Annales de Géographie. 1902, t. 11, n°58. pp. 315-338.
Citer ce document / Cite this document :
Dyé A. Henri. Le Bahr el Ghazal : Notions générales sur la province, les rivières, les plateaux et les marais. In: Annales de
Géographie. 1902, t. 11, n°58. pp. 315-338.
doi : 10.3406/geo.1902.18183
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1902_num_11_58_18183LE BAHR EL GHAZAL
NOTIONS GÉNÉRALES SUR LA PROVINCE, LES RIVIÈRES,
LES PLATEAUX ET LES MARAIS
(Cahtes, Pl. X ft XI. Puot. Pl. 12-15)
II y a une quarantaine d'années la chasse à l'ivoire et aux esclaves
battait son plein dans tous les territoires du haut Nil, sous le règne,
du Khédive Ismail, petit-fils de Méhémet Ali. Celui-ci avait commencé
en 1820 la conquête des régions tropicales qui formèrent le Soudan
Égyptien, sans doute pour y chercher des mines d'or et surtout des
hommes. Les voyageurs européens n'avaient pas tardé à suivre la
voie ouverte par les soldats du Khédive; en 18(il et 18 fi -4 Speke et
Grant puis Bakerdécouvraientles grands réservoirs où s'alimente h; Nil.
La ville de Khartoum,, fondée en 1830 au confluent du Nil Blanc et
du Nil Bleu, était l'entrepôt général du Soudan Egyptien. Les traitants
arabes et nubiens, qui remontaient périodiquement le fleuve sur
leurs barques à voiles, avaient découvert vers l'Ouest une sorte de
chenal coulant au milieu des roseaux et des papyrus, entre ries berges
souvent inondées. Ce chenal était le plus important affluent venant
du pays des noirs situé à l'occident. Les traitants lui donnèrent le
nom de Bahr el Ghazal, c'est-à-dire « Rivière des Gazelles », à cause
de, ces gracieux animaux toujours aperçus sur les termitières des
plaines basses. Grâce à cette voie lluviale, parfois obstruée par des
barrages d'herbes flottantes, ou sedd1, ils aboutissaient au débarca
dère mystérieux de Mechra er Rek, où convergeaient les convois de
« bois d'ébène » et d'ivoire, réunis flans les chasses, razzias et pillages
aux pays des noirs. Ainsi fut retrouvé et esquissé au milieu de ce
siècle, par les voyageurs européens г qui suivirent les marchands de
Khartoum, dans leurs expéditions vers l'Ouest, le chenal dit Bahr el
Ghazal, qui donna son nom à une importante province égyptienne.
1. En arabe le verbe sedd signifie boucher.
2. Le lac Xô fut reconnu lors des expéditions envoyées par Mehemet Ali h la
recherche des sources du Nil: Selim et Thibaut (1839-40), d'Arxaud, Thibaut et Werxe
(1840-1841), d'Arxvud (1841-42;. Voir pour cette période : Henri Dehëraix, Le Soudan
égyptien sous Mehemet Ali (Paris, Carré & Naud, 18У8, in-8, xn + 385 p... Les pre
miers qui dépassèrent à l'Ouest le lac Nû furent Vaudhey (1852;, Petherick (1853-
S8), Brux-Rollet (1856., A. et J. Poxcet (1854-liOj, Lejean(1861 ■, Heuglix et M1uTixxé
{1863}, etc. ■
,
ti GÉOGRAPHIE RÉGIONALE. 31
Dix-huit siècles auparavant, c'est dans cette même région qu'avaient
été arrèlés, par des marais encombrés de hautes herbes, les deux
centurions envoyés par Néron. à la recherche des sources du Nil1.
Vers le Sud les zérihas, ou villages enclos de palissades, créées par
les marchands arabes et nubiens qui pénétraient dans la Rivière des
Gazelles, s'échelonnaient au delà de la ligne de partage des eaux entr
eCongo et Nil, jusque sur TOuellé. De nombreuses tribus noires peu
plaient le pays administré ou exploité par les maîtres des zéribas, et
qui prit le nom de province du Rahr el Ghazal. Le plus puissant des
traitants fut Ziber pacha; sa petite armée de bazingers (soldats armés
de. fusils) lui permit de faire la conquête du Dar Four, et le souvenir
de sa puissance est encore vivant chez tous les chefs indigènes de la
région. Nommé moudir, c'est-à-dire gouverneur de la province du
Rahr el Ghazal, par le Khédive, il- fut ensuite, rappelé à Khartoum, et
en 1878 Gessi pacha, chargé de mettre fin à la traite et aux razzias des-
Nubiens, exécutait son fils Soliman2 révolté contre l'autorité égyp
tienne.
De 1869 à 1871 les zéribas des traitants recevaient la visite du natu
raliste allemand Schweinfurth, qui atteignit l'Ouellé. Les descriptions
consciencieuses de cet eminent explorateur, complétées parcelles div
Russe Junker (1880-1883), révélèrent à l'Europe les traits principaux,
de la contrée3. C'était l'époque, où les Raker et les Gordon s'illustraient
au Soudan Égyptien, qui semblait entrer dans une ère de paix, de
progrès et de civilisation.
Mais brusquement éclata la révolte triomphante des fanatiques et
des pillards surexcités par le mahdi Mohamed Ahmed. Le 28 avril 1884
Lupton bey, dernier gouverneur de la province du Rahr el Ghazal au
nom de l'Egypte, était fait prisonnier à Dem Ziber parles bandes-
mahdistes. Simultanément l'invasion des hordes derviches et le sou
lèvement des tribus noires fétichistes mettaient tinà l'éphémère domi
nation de l'Egypte.
Dès lors, les noirs de ces contrées se retrouvèrent livrés à eux-
mêmes, libérés des razzias qui avaient dépeuplé certains districts.
Cassant* ou vendant les fusils des traitants, absorbés par le souci de-
leur bétail, les soins des cultures, la chasse, leurs danses nocturnes, .
— le corps nu comme il y a des siècles sous cases de chaume,,
VI," 1. La description qu'en donne Sé.nèqce [Quœstiones nalurales, s'applique 8)
parfaitement aux marais du Ghazal.
2. Soliman est le même mot que Souleïman, Sliman, Salomon. On sait que
dans : les divers dialectes arabes les consonnes, transmises seules par l'écriture.:
sont immuables, tandis que les voyelles varient beaucoup dans la prononciation,
suivant les régions. Jl en est ainsi pour Ziber, Zoubir, Zobeïr, pour Rabah, Rabehv
Rabin, pour Abdallah, Abdullahi, etc.
3. 11 faut citer encore les ouvrages ou articles de Wilson et FfXKix, Potagos„
Buchta, Emix, Casati, Bohndorf, etc. ВАНШЕЬ GIIAZAL. . 317 LE
— ils ignoraient certes les compétitions européennes qui s'agitaient
autour de leur pays. Tandis que le mahdi toujours victorieux, Moha
med Ahmed, puis son successeur le khalife Abdoullah, régnaient en
maîtres à Khartoum1 et sur les bords du Nil Blanc, les tribus nègres
du Bahr el Ghazal, la sagaïe et la massue en mains, anéantissaient les
"hordes derviches des envahisseurs Karam Allah et Abou Mariam.
Mais déjà les puissances européennes agissaient pour s'assurer la
possession totale ou partielle du Soudan égyptien. Sans apprécier
ici la politique tortueuse du Foreign Office de Londres, qui aboutit
.au massacre de l'héroïque Gordon, il n'est pas inutile de rappeler les
partages sensationnels du Bahr el Ghazal qui se firent, sur le papier,
entre les diplomates.
D'abord la Convention anglo-allemande du 1er juillet 1890, qui
■assurait à l'Angleterre le protectorat de l'Ouganda, les sources du 'Nil
Blanc, et lui permettait parle Sud l'accès dans les anciennes provinces
égyptiennes2. Puis les célèbres conventions du 12 mai 1894, entre
l'Angleterre et l'État indépendant du Congo, conventions qui provo
quèrent de si vives protestations en Allemagne et en France, et dont
certaines clauses furent déclarées de nul ell'et. L'Etat indépendant du
Congo, qui avait déjà proposé au général Gordon, puis à Stanley et à
Emin, de gouverner en son nom dans les régions du Bahr el Ghazal et
de l'Équatoria, recevait à bail tous les pays situés sur la rive gauche
du Nil, jusqu'à Fachoda.
Mais le traité d'août 189-4' entre la-. France, et l'État du Congo;
œuvre de Mr Ilanotaux, rétablissait nos droits incontestables sur les
confins de l'Oubangui, et sauvegardait notre légitime sphère d'influence
vers le Nil.
De 1895 à- 1899 les colonnes françaises venant des plateaux du
M'bomou, pacifiquement conquis par Mr' Liotard; occupèrent la
province du Bahr el Ghazal. Le commandant Marchand créa dans ce
pays une organisation durable, acquit: l'alliance des chefs de tribus,
fonda sur le Souéh une solide base de, ravitaillement.
Depuis

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents