Le climat et la végétation de la dorsale Congo-Nil - article ; n°249 ; vol.44, pg 264-280
24 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le climat et la végétation de la dorsale Congo-Nil - article ; n°249 ; vol.44, pg 264-280

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
24 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales de Géographie - Année 1935 - Volume 44 - Numéro 249 - Pages 264-280
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1935
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

H. Scaetta
Le climat et la végétation de la dorsale Congo-Nil
In: Annales de Géographie. 1935, t. 44, n°249. pp. 264-280.
Citer ce document / Cite this document :
Scaetta H. Le climat et la végétation de la dorsale Congo-Nil. In: Annales de Géographie. 1935, t. 44, n°249. pp. 264-280.
doi : 10.3406/geo.1935.10916
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1935_num_44_249_10916LE CLIMAT ET LA VÉGÉTATION DE LA DORSALE
CONGO-NIL
(RÉGION DU LAC KIVU)
(Pl. IX-XI.)
Au début de l'année 1927, j'eus l'honneur d'être chargé par le
Gouvernement belge d'une Mission d'études écologiques dans la
région du lac Kivu. La Direction générale de l'Agriculture du Minis
tère des Colonies désirait se documenter sur les conditions de climat
et de sol des régions montagneuses de cette partie orientale du Congo
Belge, que l'on voulait ouvrir à l'agriculture et au peuplement pe
rmanent des éléments européens.
Pour répondre à ces desiderata dans la mesure des moyens mis à
ma disposition et commandés d'ailleurs par la nature primitive du
pays à explorer, l'étude de la « station », dans le sens bio-physique
du terme, devenait le but ultime de mes recherches.
Mais pour parvenir à la « station » il a fallu étudier le complexe
ambiant. Nulle organisation scientifique n'existait dans le pays, qui
venait à peine d'attirer l'attention des milieux officiels et des milieux
financiers de la métropole. Je ne pouvais songer à aucune application
de la méthode écologique à l'agriculture, car les premiers colons
commençaient à peine à arriver dans la région et entreprenaient avec
beaucoup de courage et avec des capitaux importants les essais d'une
exploitation agricole.
Le Kivu n'est pas une unité géographique séparée, mais son bas
sin de 7 480 km2 et son lac merveilleux d'une superficie de 2 300 km2
sont au contraire le nœud de jonction de régions très différentes
convergeant au cœur de l'Afrique. Mes recherches durent par consé
quent être étendues aux territoires avoisinants : à l'Est, les hauts pla
teaux du Ruanda, tributaires du Victoria-Nyanza, jusqu'à la fron
tière avec le Tanganyika Territory et l'Uganda ; à l'Ouest, la limite
de la grande forêt équatoriale ; au Sud, la partie septentrionale du
bassin du lac Tanganyika.
Un coup d'oeil panoramique révèle un paysage extrêmement variér
pour des causes tenant à la fois aux vicissitudes géologiques et aux
actions érosives diverses exercées par le Congo et par le Nil.
Le Kivu occupe approximativement le centre du grand fossé
tectonique qui sillonne l'Afrique et apparaît encore de nos jours un
lac de barrage. Les vallées latérales sont manifestement noyées, ce
qui confère aux rives une configuration très découpée, avec des golfes
étroits et profonds tels des fjords aux parois escarpées. J'eus la bonne LA DORSALE CONGO-NIL : CLIMAT, VÉGÉTATION 265
fortune de découvrir des fossiles de la faune actuelle dans une terrasse
lacustre située à 180 m. au-dessus du niveau actuel des eaux : ce qui
prouve qu'à une époque relativement récente du Quaternaire le
Kivu noyait sa vallée tectonique sur une surface de 3 300 km2, supé
rieure de 1 000 km2 à l'étendue actuelle.
Une chaîne centrale par rapport à la vallée tectonique actuelle
s'est partiellement effondrée. L'île Idjwi, longue de 40 km., en est le
dernier vestige. Une série de petits îlots disséminés près des côtes et
au Sud la rattachent à là chaîne primitive qui atteint son point culmi
nant au mont Bisunzu à 2 523 m. d'altitude et rejoint par une série
de chaînons parallèles le seuil Kivu-Tanganyika.
A l'Ouest du lac une série de failles longitudinales a donné nais
sance à une série correspondante de foyers éruptifs. Ils commencent
au fond même du lac entre la pointe méridionale de l'île Idjwi et la
rive occidentale et culminent au massif Kahuzi, dont la cime atteint
3 308 m. Cette montagne, probablement d'origine péléenne, ouvre
l'histoire géologique de toute la contrée. Une première phase erup
tive basaltique a déversé des nappes fluides qui ont coulé vers le lac
(on découvre de nombreux basaltes colonnaires sous des amas épais
d'argiles rouges), vers l'Ouest en direction de la cuvette congolaise,
vers le Sud en direction du Tanganyika. Dans cette direction la lar
geur des coulées basaltiques dépasse 100 km.
Une phase de quartz-porphyres et de rhyolithes, accompagnée de
manifestations péléennes et de manifestations vulcaniennes d'une
grande violence, compléta la construction de ces appareils volca
niques, que nous observons aujourd'hui au contact de la dorsale con
golaise, entre 2°6' et 2°28' S et entre 28°40' et 28°45' de long. O.
A une époque postérieure, une cassure transversale donna lieu à
l'imposant massif volcanique des Mufumbiru. Sept appareils volca
niques principaux s'alignent dans une direction approximative E-O.
Les points culminants sont atteints au centre par le Karisimbi et le
Mikeno, respectivement 4 506 m. et 4 437 m., et à l'Est par le Muha-
vura dont le sommet s'élève à 4 127 m. (pi. IX, A et B).
L'activité paroxysmale de cet ensemble doit avoir été extrême
ment intense, ainsi qu'en témoignent l'étendue des coulées, le nombre
extraordinaire des cratères, les dépôts de cendres et de lapilli projetés
à de grandes distances et dans des directions opposées, comme nous le
verrons tout à l'heure. Deux volcans de construction récente restent
actifs : le Niragongo en activité strombolienne et le Nyamalagira à
l'état de solfatare (pi. X, B). Ce dernier, haut de 3 050 m. et
dont le cratère mesure à l'intérieur un diamètre de 2 km., est sans
doute parmi les volcans les plus intéressants de la Terre. En compag
nie de mon eminent ami, le Professeur Henri Humbert, du Muséum
d'Histoire Naturelle, nous passâmes une nuit à l'intérieur du era- 266 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
tère. Nous y avons compté 12 cheminées en éruption. Les explosions
alternaient avec l'émission de coulées incandescentes.
Les Mufumbiru ont barré au Nord la vallée du Kivu et ont comblé
partiellement la partie Sud du bassin du lac Edouard. Depuis cette
époque a commencé vraisemblablement le retrait des eaux de ce lac.
A une date relativement récente, le niveau des eaux a baissé de
110 m., ainsi que le prouvent les fossiles de la faune actuelle que j'ai
trouvés dans une ancienne plage de transgression.
L'effondrement du plancher septentrional du Tanganyika con
temporain de la phase porphyrique du Kahuzi et, par la suite, la cap
ture du Kivu par le creusement de la vallée de la Ruzizi ont enfin
créé l'équilibre actuel.
A l'Ouest de la dorsale congolaise l'érosion du Congo a été très
active. Le relief est extrêmement tourmenté, les vallées sont entaillées
profondément et accusent un profil jeune; les ruptures de pente et
les captures sont nombreuses.
Au delà de la dorsale orientale du fossé tectonique, la sculpture
du relief change. Les hauts plateaux du Ruanda sont mamelonnés,
les vallées s'élargissent, les bas-fonds et les marécages sont fr
équents. L'action erosive du Nil s'y révèle beaucoup moins intense que
celle du Congo. On en a l'explication dans le fait que le niveau de base
atlantique est beaucoup plus près du faîte que le de
méditerranéen ; d'où l'avance constante du Congo aux dépens du Nil.
A l'Ouest de la dorsale congolaise la descente vers la cuvette cen
trale est en effet très rapide, tandis qu'à l'Est la pente moyenne entre
la dorsale du Ruanda et les rives occidentales du Victoria-Nyanza est
de 7 à 8 p. 1 000.
Le fossé tectonique entre 1° N et 4« S présente une succession de
trois bassins orientés approximativement dans le même sens N-S
et emmurés entre des montagnes élevées et abruptes.
Le seuil des Mufumbiru et le seuil Kivu-Tanganyika en sont les
barrages transversaux.
L'altitude moyenne des chaînes dorsales limitant les trois bassins
est de 2 500 m. dans le Kivu et dans le Tanganyika septentrional ;
de 2 100-2 200 m. dans le

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents