Les Monts du Forez - Recherches morphologiques - article ; n°316 ; vol.59, pg 241-258

Bruno Duroselle

Description

Annales de Géographie - Année 1950 - Volume 59 - Numéro 316 - Pages 241-258
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié le: 01 janvier 1950
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Bruno du Roselle
Les Monts du Forez - Recherches morphologiques
In: Annales de Géographie. 1950, t. 59, n°316. pp. 241-258.
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du Roselle Bruno. Les Monts du Forez - Recherches morphologiques. In: Annales de Géographie. 1950, t. 59, n°316. pp. 241-
258.
doi : 10.3406/geo.1950.13040
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1950_num_59_316_13040316. — LIX« année. Juillet-Octobre 1950. №
ANNALES
DE
GÉOGRAPHIE
groupe, Loire H. et Baulig mieux, l'Allier, a une bien RECHERCHES depuis unité marqué LES le : deux MONTS Velay que massifs l'ensemble MORPHOLOGIQUES jusqu'au DU au FOREZ1 Nord, Bourbonnais, des montagnes les Bois Noirs forment situées et la entre un Madelseul la
eine, deux au Sud, le Forez et le Livradois. De tous ces massifs, le Forez
n'est pas seulement le plus imposant, mais il groupe aussi les caractères les
plus expressifs. Son étude est indispensable pour comprendre l'ensemble.
Barrière humaine très nette, si nette qu'à, travers tous les bouleverse
ments politiques ils ont toujours servi de frontière, les monts du Forez
séparent de l'Auvergne si particulariste des peuples fortement influencés par
la Méditerranée. C'est aussi un double jeu d'influences orientales et occident
ales qui explique leur morphologie. Pris entre la rigidité du massif ancien,
bien marquée à l'Ouest, et la violence des poussées alpines venues de l'Est,
ils composent un paysage de transition où plateau et chaîne montagneuse
s'unissent en un équilibre original.
A l'Est, le sol s'élève lentement au-dessus de la basse plaine du Forez,
pour atteindre 1 640 m. à Pierre-sur- H aute (fig. 3) ; ensuite c'est, à. l'Ouest, la
retombée brutale sur le fossé d'Ambert et le seuil d'Olliergues. Séparant ces
deux versants dissemblables, les sommets offrent un pays de relief calme,
moutonnement de croupes basses entre de larges vallons ; pays des pâturages
d'été, rappelant tout a fait la montagne limousine. Plus heurtés, les deux
flancs connaissent des gorges profondes. Des torrents rapides descendent vers
les plaines, cependant que de longs cours d'eau, parallèles aux lignes de haut
eurs, semblent s'attarder en des couloirs plus larges, hésitant à. abandonner
le massif. Dans ces vallées ouvertes s'est réfugiée la vie de la montagne ; sur
le versant occidental, les villages du Trévy, du Brugeron, de Saint-Pierre-la-
Bourlhoname ; à, l'Est, Sauvain, Chalmazelle, Jeansagnère y ont trouvé des
lieux propices à, leur installation. En dehors de ces rares endroits riants, la
forêt, les étendues désertes parsemées de marécages et de rochers, donnent
au pays un aspect austère et sauvage.
Quelques chercheurs se sont déjà intéressés à. cette contrée2. H. Baulig
1. Le manuscrit de cet article a été déposé en 1947.
2. H. Baulig, Le Plateau Central de la France et sa bordure méditerranéenne {Étude morphol
ogique), Paris, 1928, troisième partie, chap. II, p. 133-170. — Ph. Glangeaud, Le Massif Centred,
ANN. DE GÉOG. LIX* ANNÉE. 16 ANNALES DE GÉOGRAPHIE 242
lui a consacré un important chapitre de sa thèse. Il a montré que le Forez
était un pays très fortement disloqué par des failles SE-NO. Dans cette mar-
quetterie de blocs disparaît le flanc occidental du grand anticlinal dont la
Limagne serait la clé de voûte effondrée. Les sommets aplanis présentent
l'aspect accoutumé des plateaux du Massif Central et doivent, comme eux,
être rapportés à, la pénéplaine éogène. Les érosions postérieures n'ont eu
qu'une assez faible influence et n'ont pas réussi, en raison de la dureté des
roches, à faire disparaître les formes structurales encore fraîches. Ph. Glan-
geaud a, d'autre part, étudié en divers articles un certain nombre de pro
blèmes que pose cette région : la structure ancienne, les rapports entre le socle
granitique et la couverture sédimentaire à, l'Est du Massif, la tectonique par
ticulière de la région de Pierre-sur-Haute et surtout le rôle et l'importance
des phénomènes volcaniques. Il a, de plus, signalé la présence de formes
glaciaires très caractéristiques et de moraines rendant leur origine indubi
table. Enfin, L. Gachon a fait une remarquable étude du bassin de Valci-
vières. Malheureusement, ce travail ne porte que sur une zone limitée. Ses
conclusions, particulièrement en ce qui concerne l'existence de plusieurs
glaciations, ne semblent pas s'accorder parfaitement avec les constatations
faites en d'autres endroits.
L'objet du présent article a été de rechercher l'origine de ces dislocations
complexes qui donnent souvent au pays un caractère confus et d'en mesurer
le rôle dans la topographie et l'hydrographie, en outre d'essayer de com
prendre les phases de l'érosion d'après les restes qui en demeurent encore
dans la morphologie. Par sa position presque centrale dans le Massif Central,
par l'élévation considérable du socle dans les environs de Pierre-sur-Haute,
le Forez se trouve dans des conditions particulièrement favorables pour
enregistrer tous les phénomènes qui ont agi sur l'ensemble de cette région.
L'élaboration des formes si originales que l'on peut y discerner n'est certa
inement pas sans intérêt pour une étude plus large et plus générale.
I. — La structure
Le matériel rocheux du Forez offre si peu de diversité que l'on peut con
sidérer le pays comme un bloc cristallin homogène, soulevé, déformé par
divers mouvements et dans lequel l'érosion a sculpté les formes actuelles.
C'est cette résistance du matériel qui explique d'abord la lente évolution des
Г Université de Cler mont elle Pays d'Auvergne, Clermont, 1909 ; Les formations archéennes, V 'ancienne
couverture et les plissements des Monts du Forez (C. R. Ac. Se, CL, 1910, p. 942-944) ; Architecture
de la partie centrale des Monts du Forez (Ibid., CL, 1910, p. 804-806); La bordure occidentale du
Bassin de Montbrison (Ibid., CLI, 1910, p. 904-907) ; La Région Volcanique du Forez (Ibid.,
CLXIX, 1919, p. 986) ; La glaciation dans le Forez (Ibid., CLI, 1910, p. 1085) ; Les Mylonites
du Forez (C. R. somm. Soc. géol. Fr., 1914, p. 59) ; Les cycles d'érosion dans la région septen
trionale du Forez (Ibid., p. 612) ; C. R. coll. p. carte géol., p., 1909, n<> 126, p. 94-101 ; Ibid.,
p., 1906, no 115, p. 78-79 ; Ibid., p., 1910, no 128, p. 75-79 ; Ibid., p., 1912, p. 105-110. —
D'Alvkrky, Géographie botanique des Monts du Forez (Ann. Soc. bot. de Lyon, 1910). —
L. Gachon, Les phases du creusement dans la région de Valcivières (Revue de Géographie
alpine, XV, 1927, fasc. 4, p. 599-613). MONTS DU FOREZ 243 LES
Fig. 1. — Carte morphologique. — Échelle, 1 : 400 000.
1, Restes de la surface éogène. — 2, Restes de la surface aquitano-burdigalienne. — 3, Niveau
helvétien. — 4, Niveau pliocène inférieur. — 5, Limite de la glaciation. — 6, Escarpement
de faille. — 7, Ligne de crête. — 8, Rivière. — Abréviations : Aub., Aubusson ; В., Le Brugeron;
E., Essertines ; J., Jeansagnère ; N., Noirétable ; OÏL, Olliergues ; P., Pierre- sur- Haute;
P. G., le Puy Gros ; S., Sauvain ; S. G., Saint-Georges-en-Couzan ; S. P., Saint- Pierre-la
Bourlhomme. 244 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
cycles d'érosion. Il faudra une longue période de stabilité pour qu'un cycle
dépasse le stade de maturité, c'est-à-dire pour que se façonne la pénéplaine.
Et les formes structurales, particulièrement les escarpements de failles,
horsts et fossés, garderont longtemps leur netteté originelle. Le relief actuel
peut donc nous révéler la structure, au moins dans ses plus grands traits.
La trame apparente. — Un examen même rapide de la carte morphol
ogique (fig. 1) révèle l'importance de l'orientation SE-NO. Sur le terrain
on voit les rivières, les alignements de hauteurs, les escarpements suivre
avec continuité cette direction. Il n'est pas douteux que la structure joue un
grand rôle. D'indubitables failles peuvent être facilement repérées par des
zones de roches broyées et de mylonites, ou par les innombrables filons de
quartz qui les jalonnent. Elles se révèlent beaucoup plus nombreuses que la
carte géologique ne les a notées (fig. 2). Ces failles sont suivies par des escar
pements dont le caractère rectiligne, la raideur, l'altitud