Recherches de Husserl pour une philosophie de la géométrie / Husserl s research on the philosophy of geometry - article ; n°2 ; vol.52, pg 179-206
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Recherches de Husserl pour une philosophie de la géométrie / Husserl's research on the philosophy of geometry - article ; n°2 ; vol.52, pg 179-206

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Revue d'histoire des sciences - Année 1999 - Volume 52 - Numéro 2 - Pages 179-206
RÉSUMÉ. — L'article porte sur les recherches que Husserl entreprend sur la géométrie dans les années 1892-1894. Dans une première partie, nous dégageons une méthode épistémologique originale, qui n'apparaît ni dans la Philosophie de l'arithmétique, ni dans les Recherches logiques. Dans une seconde partie, nous reprenons l'analyse logique que Husserl tente sur la géométrie de son temps, et les analyses réflexives, qui retracent la formation de la représentation de l'espace.
SUMMARY. — This paper is based on the researches that Husserl carries out on geometry in 1892-1894. In the first part, we bring out an epistemogical method, which appears neither in the Philosophy of arithmetic nor in the Logical Investigations. In the second part, we study the logical analysis that Husserl tries on geometry, and the reflexive analysis, that explains the formation of the representation of space.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M PIERRE CASSOU NOGUES
Recherches de Husserl pour une philosophie de la géométrie /
Husserl's research on the philosophy of geometry
In: Revue d'histoire des sciences. 1999, Tome 52 n°2. pp. 179-206.
Résumé
RÉSUMÉ. — L'article porte sur les recherches que Husserl entreprend sur la géométrie dans les années 1892-1894. Dans une
première partie, nous dégageons une méthode épistémologique originale, qui n'apparaît ni dans la Philosophie de l'arithmétique,
ni dans les Recherches logiques. Dans une seconde partie, nous reprenons l'analyse logique que Husserl tente sur la géométrie
de son temps, et les analyses réflexives, qui retracent la formation de la représentation de l'espace.
Abstract
SUMMARY. — This paper is based on the researches that Husserl carries out on geometry in 1892-1894. In the first part, we
bring out an epistemogical method, which appears neither in the Philosophy of arithmetic nor in the Logical Investigations. In the
second part, we study the logical analysis that Husserl tries on geometry, and the reflexive analysis, that explains the formation of
the representation of space.
Citer ce document / Cite this document :
CASSOU NOGUES PIERRE. Recherches de Husserl pour une philosophie de la géométrie / Husserl's research on the
philosophy of geometry. In: Revue d'histoire des sciences. 1999, Tome 52 n°2. pp. 179-206.
doi : 10.3406/rhs.1999.1350
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1999_num_52_2_1350Recherches de Husserl
pour une philosophie de la géométrie
Pierre Cassou-Noguès (*)
RÉSUMÉ. — L'article porte sur les recherches que Husserl entreprend sur la
géométrie dans les années 1892-1894. Dans une première partie, nous dégageons
une méthode épistémologique originale, qui n'apparaît ni dans la Philosophie de
l'arithmétique, ni dans les Recherches logiques. Dans une seconde partie, nous
reprenons l'analyse logique que Husserl tente sur la géométrie de son temps, et les
analyses reflexives, qui retracent la formation de la représentation de l'espace.
MOTS-CLÉS. — Axiome ; espace ; géométrie ; phénoménologie ; psycholo-
gisme.
SUMMAR Y. — This paper is based on the researches that Husserl carries out
on geometry in 1892-1894. In the first part, we bring out an epistemogical method,
which appears neither in the Philosophy of arithmetic nor in the Logical Investigat
ions. In the second part, we study the logical analysis that Husserl tries on geometry,
and the reflexive analysis, that explains the formation of the representation of space.
KEYWORDS. — Axiom ; geometry ; phenomenology ; psychologism ;
Notre étude part des remarques de Jean-Toussaint Desanti qui,
à plusieurs occasions, avoue avoir cherché dans la phénoménologie
une discipline descriptive qui ne relève pas d'une philosophie pre
mière. Nous avons voulu dans cette perspective interroger l'œuvre
de Husserl à un moment où la méthode hésite. Dans la seconde
partie du tome XXI des Husserliana, Studien zur Arithmetik und
Geometrie, sont regroupés une vingtaine de textes sur la géométrie,
rédigés par Husserl dans les années 1892-1894, c'est-à-dire entre la
(*) Pierre Cassou-Noguès, université Charles-de-Gaulle Lille III, UFR de philosophie,
Domaine universitaire du « Pont de Bois », BP 149, 59653 Villeneuve-d'Ascq Cedex.
Rev. Hist. ScL, 1999, 52/2, 179-206 180 Pierre Cassou-Noguès
Philosophie de l'arithmétique, que grève peut-être un certain psycho-
logisme, et les Recherches logiques, où perce déjà le discours trans-
cendantal. Les textes sur lesquels nous nous pencherons représen
tent véritablement une étude sur le terrain. L'analyse se confronte
aux théories mathématiques effectives. Husserl se contentant
d'habitude du style des mathématiques, c'est une chose rare qui, au
moins, méritait d'être interrogée et qui, selon nous, témoigne d'une
démarche spécifique, abandonnée, effacée aussitôt qu'elle a abouti.
I. — Difficulté préliminaire, le psychologisme
Quelle lecture pouvons-nous proposer de ces textes ? Ces recher
ches entreprises sur la géométrie sont encore dites « psychologi
ques ». Or, on connaît la critique radicale des Prolégomènes à la
logique pure. En outre, dans la préface, Husserl semble s'impliquer
dans cette critique, avouer s'être compromis avec le psychologisme
contre lequel il s'élève maintenant. Il reconnaît s'être considérable
ment éloigné des hommes et des ouvrages auxquels il est le plus
redevable de sa formation, et conclut :
« En ce qui concerne la critique sans réserve à laquelle je me suis livré
vis-à-vis de la logique et de la théorie de la connaissance psychologistes, je
me permettrai de rappeler le mot de Goethe : il n'est rien que l'on
condamne plus sévèrement que les erreurs dont on vient de se défaire (1). »
Dans ces conditions, si Husserl désavoue franchement ses
recherches antérieures, pouvons-nous y chercher une démarche épis-
témologique solide ? Les arguments des Prolégomènes à la logique
pure paraissent convaincants à l'égard du statut des objectités logi
ques. Si les doctrines qu'ils discutent interprètent les lois logiques
comme des lois induites à partir des processus naturels de connais
sance et, par là, rendent la vérité et les relations logiques relatives à
la nature humaine ou même à l'individu, dans le contexte où nous
nous plaçons, un tel psychologisme est en effet inacceptable. Toutef
ois, il n'est pas clair que Husserl ait jamais embrassé cette concept
ion. Dallas Willard note : « [...] on cherche en vain des passages
dans [les écrits antérieurs de Husserl] où il défendrait une telle
(1) Husserl, 1959, préf. à la lre éd., t. I, p. IX-X. Husserl et la philosophie de la géométrie 181
logique (2) », et, dans la Philosophie de l'arithmétique, « malgré
d'importantes obscurités terminologiques et conceptuelles (malgré
également le choix de mots très déroutants, [...]) il n'est simplement
pas vrai que Husserl repousse tout dans le subjectif et, en général,
ne parvienne pas à distinguer le niveau logique et le niveau psycho
logique ». Nous ne reprendrons pas les arguments de D. Willard. Il
nous faut plutôt essayer de cerner les ambiguïtés qui pourraient
faire lire dans nos textes un psychologisme au sens des Prolégomèn
es à la logique pure.
Nous nous attaquerons à deux problèmes. Premièrement, Huss
erl ne marque pas de distinction terminologique systématique entre
l'immanence des contenus de sensation et des fonctions aperceptives
et intentionnelle, c'est-à-dire entre l'immanence du
vécu de représentation et celle de l'objet de la représentation.
L'absence de distinction conceptuelle entre ces deux modes
d'immanence signifierait l'assimilation du concept pensé à la pensée
du concept, l'assimilation du niveau logique au niveau subjectif.
Elle équivaudrait à un psychologisme au sens des Prolégomènes à la
logique pure. Toutefois, à plusieurs reprises, Husserl oppose très
explicitement l'objet de la représentation et les contenus immanents,
les contenus réels qui fondent cette représentation (3). Le terme
« réel » (wirklich) est employé dans ce sens avec une certaine
rigueur. Ce n'est donc pas que Husserl confonde les deux modes
d'immanence. Cependant, il ne semble pas éprouver le besoin de
caractériser cette distinction, ce qui finit par le conduire à des diffi
cultés. Par exemple, ce qui est effectivement pensé du concept par le
mathématicien est dit, par opposition au contenu logique, au
contenu auquel s'attache la logique et qui doit être fixé dans une
définition, « contenu psychologique », bien qu'il soit du côté de
l'objet. Il y a là une ambiguïté terminologique. Deuxièmement, Huss
erl, revenant dans ses leçons de 1925, Phanomelogische Psychologie,
sur les Recherches logiques, souligne l'importance de la découverte
du sens de la corrélation entre objets idéaux et vécus subjectifs. Les
Recherches logiques déterminent le vécu de connaître d'après le
connu. « Le thème exclusif des Recherches logiques est le psychique
corrélatif aux objectités de pensée, et spécialement aux objectités
(2)

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