A la recherche d une sensation tactile pure - article ; n°1 ; vol.22, pg 167-183
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Description

L'année psychologique - Année 1920 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 167-183
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1920
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Philippe
V. A la recherche d'une sensation tactile pure
In: L'année psychologique. 1920 vol. 22. pp. 167-183.
Citer ce document / Cite this document :
Philippe Jean. V. A la recherche d'une sensation tactile pure. In: L'année psychologique. 1920 vol. 22. pp. 167-183.
doi : 10.3406/psy.1920.4426
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1920_num_22_1_4426I" ■
A LA RECHERCHE
D'UNE SENSATION TACTILE PURE
Par J. Philippe,
Directeur Adjoint du Laboratoire de Psychologie
Physiologique à la Sorbonne.
Le point de départ de ces recherches est un fait banal et
facile à vérifier. Lorsqu'on palpe à fleur de peau avant de les
regarder, un bouton, une cicatrice ou une écorchure, ils parais
sent sensiblement plus grands que nature, avec des contours
autres qu'en réalité '. L'obscurité de la sensation tactile nous
en a donc fait surestimer les dimensions, et défigurer la forme.
La vue remettra au point, sans doute parce que nous rappor
tons la sensation fournie par l'œil à des repères visuels que
nous avons par ailleurs exactement mesurés.
Pour analyser cette illusion et décomposer ses éléments, je
m'étais proposé de mesurer sur un sujet étranger aux méthodes
des laboratoires de Psychologie, des contacts étendus qu'il
sentirait sans les voir, ni pouvoir les rapporter aux points de
repères que fournit la vue. Dès les premiers essais, l'expérience
a bifurqué parce que les résultats m'ont paru offrir les éléments
d'une technique capable de cribler les données de la méthode
classique d'esthésiométrie de Weber.
On sait combien peu de résultats a donné l'esthésiométrie sur
laquelle, au début, se fondaient tant d'espérances. Les meilleurs
expérimentateurs s'y sont vus dans une impasse. Cependant,
avec quelle précision Weber avait déterminé les données du
problème et fixé la technique. Avant tout contact, c'est-à-dire
1. Le fait semble d'ordre général, puisqu'on éprouve le même genre
d'illusion quand on suit avec la langue les contours d'une érosion
dentaire, etc. MEMOIRES ORIGINAUX 168
avant d'entrer dans la réalité expérimentale, le sujet devait être
soigneusement averti : 1° qu'il sentirait appliquer sur sa peau
les deux pointes d'un compas : 2° que ce contact lui ferait
sentir (on ne dit guère percevoir) tantôt une et tantôt deux
pointes. Ces -prémisses posées, on ne s'occupait plus que de
faire varier l'ouverture du compas à l'insu des sujets.
Les successeurs de Weber n'ont guère changé de ces fo
rmules : ils ont préféré perfectionner l'outillage : uniformiser la
substance, la température, la surface des pointes, etc. Tout ce
qui tient aux conditions ambiantes de la sensation a été
travaillé avec soin. Mais les conditions psychologiques n'ont
guère été touchées *, et telle est la force de cette tradition, qu'en
ajoutant, avec L. Marillier un mémoire de plus à l'interminable
liste de nos devanciers 2, nous n'avions ni Tun ni l'autre cru
devoir changer cette technique. Notre seule modification avait
été de choisir des sujets tellement étrangers aux études psycho
logiques, que4eurs associations mentales fussent plus libres
d'éléments étrangers que celles des sujets de laboratoire
entraînés à ces expériences. Libération bien relative : car un
sujet muni des avis préalables de la technique de Weber se pré
servera difficilement de mélanger son image visuelle des pointes
du compas à la sensation de leur contact sur sa peau. La tech
nique qui enferme son attention dans le périmètre où il visual
ise les pointes, a nécessairement incorporé des éléments Visuels
dans toutes les perceptions que lui donnera le compas. Ce
qu'on a ainsi déposé dans les données du problème joue son
rôle dans la solution.
Mais quarriverait-îl si la sensation tactile des pointes du
compas entrait dans une conscience libre de toute cette prépa
ration visuelle? Comment interpréterions-nous dés données
sensorielles d'avance réduites au seul côté obscur du toucher? —
En d'autres termes, comment se présenterait la sensation tactile,
si, retournant la technique suivie jusqu'à présent, l'observateur
appliquait le compas avant de l'avoir montré au sujet? Celui-ci
ignorant alors quel genre de sensation tactile il reçoit, que
seraient ses réponses? .
Telle est la question à mettre au clair.
1. A Binet, dans son mémoire sur les sensations tactiles, touche ce
point : il ne semble pas avoir pousse sa conception assez loin pour en
obtenir le plein effet (voir Ann. Psych., 1899). .
2. Voir la bibliographie, de 1834 à 1890 dans : V. Henri. Revue générale
sur le sens du lieu de la peau (Ann. Psych., II, p. 351-362). PHILIPPE. — RECHERCHE D'UNE SENSATION TACTILE PURE
Technique. — Pour réaliser les contacts, je me suis servi d'un
instrument analogue au compas de Weber, mais beaucoup plus
facile à cacherau sujet. C'était une simple plaque de liège où
s'enfonçaient deux épingles à tête de verre, écartées, à même
hauteur, de 15 mm. pour le n° 1; de 25 mm. pour le n°2et de'
50 mm. pour le n° 3.
Au lieu de commencer'par nionlrer l'appareil pour en expli
quer le fonctionnement; au lieu de recommander, avant la
sensation, de concentrer toute son attention à discerner une ou
deux poinies, — au contraire, je disais seulement au suj^t qu'il
serait louché par un objet que je ne lui montrais pas, et
aurait à me dessiner et ensuite à m'écrire ce qu'il avait éprouvé.
C'était là un moyen (non peut-être le seul) de conduire les
se*nsa-tions tactiles jusqu'à la conscience sans les embarrasser
en chemin d'éléments étrangers au sens tactile. N'ayant ni
vision mentale de l'instrument, ni représentation objective du
contact, le sujet sentait simplement qu'il était touché; sa con
science ne recevait, pour ainsi dire, qu'une action tactile
primitive ou pure.
Conformément à ce principe essentiel, tout était disposé
durant l'expérience pour que ce sujet, s'il voulait interpréter,
ne pût avoir aucun point de repère parmi les objets qu'il savait
sur ma table de travail.
Avant de commencer, les yeux étaient fermés ou sous un
bandeau, suivant la région explorée; j'annonçais le contact sur
une région que je désignais; pendant ou après ce contact, le
sujet m'en faisait une brève description, que j'écrivais : on lui
libérait les yeux et il devait dessiner, non pas l'objet qu'il croyait
cause du contact, mais le contact même qu'il avait senti : à ce
dessin, il ajoutait quelques explications traduisant l'interpré
tation issue de ses tâtonnements pour éclairer dans sa con
science la sensation qu'il éprouvait sur la peau.
Cette obligation de ne répondre qu'après avoir obtenu une
certaine netteté de sensation et de dessiner le contaet tel que
perçu, remplaçait, dans mes recherches, la position mentale
imposée a priori par la question de Weber : « Sentez-vous une
ou deux pointes? » Mais tandis que cette question préalable
enfermait l'expérimenté dans un dilemme préparé d'avance, le
procédé du dessin et de la description laisse au contraire à sa '
MEMOIRES ORIGINAUX i70
conscience la liberté d'interpréter sur les seules données du
toucher : ou du moins, celles-ci ne sont pas soumises à l'orga
nisation préalable d'une visualisation déterminée.
Les 'expériences ont porté sur deux sortes de sujets : elles
ont été faites en deux séries distinctes, séparées par un long
intervalle1. Dans ces conditions, il est permis d'estimer que les
secondes n'ont pas subi, dans l'esprit de l'expérimentateur, la
•réaction des premières : aboutissant aux mêmes conclusions;
elles se corroborent donc au, lieu de simplement se doubler.
II
La première série, sur un seul sujet, a compris cinq séances,
d'intervalle.' A. B. d'environ trente- à quelques jours Ce
cinq ans, d'instruction moyenne, d'intelligence alerte, a l'habi
tude d'observé» les gens et les choses. Après une séance.p

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