A propos du composé chimique - article ; n°58 ; vol.15, pg 231-249
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Revue néo-scolastique - Année 1908 - Volume 15 - Numéro 58 - Pages 231-249
19 pages

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Publié le 01 janvier 1908
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Langue Français
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Extrait

D. Nys
A propos du composé chimique
In: Revue néo-scolastique. 15° année, N°58, 1908. pp. 231-249.
Citer ce document / Cite this document :
Nys D. A propos du composé chimique. In: Revue néo-scolastique. 15° année, N°58, 1908. pp. 231-249.
doi : 10.3406/phlou.1908.2158
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1908_num_15_58_2158VII.
A PROPOS DU COMPOSÉ CHIMIQUE.
Comment les éléments se trouvent-ils dans le composé
chimique ? Y conservent-ils leur être individuel, leur nature
propre ; la combinaison n'a-t-elle d'autre but que de niveler
les propriétés des corps réagissants et d'établir entre elles
un état d'équilibre plus ou moins stable ? Ou bien, au
terme de leur interaction, les éléments se fusionnent-ils en
une substance nouvelle où ils ne possèdent plus qu'une
existence virtuelle ? Il y a place, on le voit, pour deux opi
nions contraires.
Mais la deuxième de ces hypothèses se prête elle-même
à des interprétations divergentes. En effet, une fois admise
l'unité substantielle du composé, c'est-à-dire l'unification
des matières premières des composants sous l'empire d'une
forme essentielle nouvelle, substitut naturel des formes,
disparues, on peut encore se demander quel est l'état acci
dentel de pareil composé. Pour bon nombre de scolastiques,
le faisceau des propriétés accidentelles du mixte n'est pas
plus complexe que celui d'un corps simple ordinaire. Toutes
les énergies de même nom, par exemple, toutes les forces
calorifiques des éléments générateurs se trouvent remplac
ées dans le composé par une seule force calorifique qui est
comme une moyenne des énergies thermiques supplantées.
Chacune de ces forces, réellement simple mais virtuellement
multiple, occupe la masse entière du composé en sorte que
celui-ci constitue un corps substantiellement et accidentelle- 232 D. NYS
ment homogène, doué d'une seule puissance calorifique,
d'une seule puissance électrique, etc.
Dans notre Cours de cosmologie, nous avons combattu
cette opinion, au nom du principe de causalité. Si,
comme on le soutient, la molécule d'eau jouit d'une homog
énéité parfaite au double point de vue de la substance et
des accidents, il nous paraît impossible que sous l'action
d'une cause unique, telle la chaleur ou l'électricité, elle
puisse donner lieu aux deux espèces irréductibles dont elle
résulte, l'oxygène et l'hydrogène. L'hétérogénéité du
résulta,t réclame, d'évidence, un principe de différenciation
dans le sujet récepteur de l'action.
Nous avons donc proposé une théorie nouvelle qui nous
semble commandée par les faits, la théorie de l'hétérogé
néité du mixte. Selon nous, le composé chimique réunit les
matières premières des composants sous l'empreinte d'une
seule forme spécifique ; il est donc essentiellement un ; mais
malgré son unité essentielle il comprend des parties qualita
tivement hétérogènes où sont localisés les divers groupes
de propriétés représentatives des éléments générateurs.
L'étendue de chacun de ces groupes correspond exactement
aux diverses quantités de matière fournies au composé par
les corps. élémentaires.
Cette interprétation n'a point rallié le suffrage du
R. P. Gredt. Pour le distingué religieux, l'homogénéité
complète du mixte inorganique est une donnée principielle
du système scolastique, en harmonie avec les faits et confi
rmée par l'étude des combinaisons chimiques.
Ce n'est pas cependant que l'auteur admette sans réserve
l'hypothèse de la permanence virtuelle des éléments dans le
composé. A son avis, les propriétés atténuées des compos
ants sont intégralement reproduites dans l'être nouveau et
répandues chacune d'une manière uniforme sur toute la
masse. Il y a donc autant de groupes divers de propriétés
que d'éléments représentés ; mais, contrairement à notre
opinion, ces groupes occupent chacun tout le département A PROPOS DU COMPOSÉ CHIMIQUE £33
moléculaire. Cette sorte de permanence porte donc à bon
droit le nom de permanence formelle.
Dans la nouvelle édition du Cours de cosmologie publiée
en 1906, nous avons fait la critique de cette hypothèse et
lui avons reproché de se réclamer de principes que l'expé
rience condamne et de compromettre la dissolution régul
ière des composés chimiques.
Le R. P. Gredt rouvrit le débat dans la Revue Néo-
Scolastique, août 1907. C'est à cet-essai de justification
que nous nous proposons de répondre.
I.
. Il est impossible, dit le R. P., que la combinaison
chimique laisse persister dans le mixte des différences qual
itatives. Quel est en effet son but primordial ? C'est d'établir
un équilibre stable entre les forces contraires des éléments
qui prennent part à l'action. L'opposition des propriétés et
l'inégale intensité des énergies étant les causes uniques du
conflit, il est clair que ce conflit ne peut cesser qu'au
moment où toute tension a disparu. La combinaison doit
donc aboutir à un nivellement complet, à une distribution
homogène de l'énergie dans toutes les parties du composé.
La chaleur dégagée est un phénomène secondaire qui
résulte de la transformation de l'énergie potentielle en
énergie actuelle. Elle est absorbée par le milieu ambiant
et mesure de la sorte la perte réelle d'activité subie par
les éléments antagonistes.
Le R. P. semble accorder une grande importance à ce
premier argument. Il y voit même l'assise la plus solide de
son système. La chimie confirme-t-elle cette conviction !
Que la combinaison chimique implique un état d'équil
ibre, c'est un fait que nul ne conteste. Mais la question qui
nous occupe est tout autre ; elle vise non plus l'existence
de l'équilibre, mais les conditions auxquelles est subor
donné cet état. La tension qui provoque et règle l'action 234 D. NYS
chimique s'exerce-t-elle entre les quantités intégrales des
énergies dont les deux corps antagonistes sont dépositaires,
et dès lors faut-il que ces énergies tout entières soient enga
gées dans la lutte qui tend à la constitution d'un corps
nouveau ? Ou bien l'échange d'activités n'a-t-il réellement
lieu qu'entre certaines parties disponibles des forces en
présence ? Dans le premier cas, l'équilibre ne se réalisera
qu'avec le nivellement parfait et la répartition homogène de
toutes les énergies sur la masse entière du composé. Dans
le second cas, toutes les parties intéressées à l'action fin
iront sans doute par s'équilibrer, mais le nivellement sera
toujours incomplet et devra se concilier avec une véritable
hétérogénéité accidentelle, car l'état d'équilibre ne peut
s'étendre à ces fractions d'énergie potentielle que les corps
n'ont point mises en jeu. Celles-ci conserveront donc leur
degré spécial d'intensité et leur caractère différentiel, malgré
le nivellement partiel et l'équilibre correspondant qu'exige
la combinaison. Or, à notre avis, la seconde hypothèse, et
elle seule, se ^vérifie dans les phénomènes chimiques.
Notons d'abord qu'une différence d'énergie ne constitue
nullement une différence de tension. Les corps simples
positifs de la chimie se distinguent les uns des autres par leur
nature et l'intensité relative de leurs forces. Du point de vue
énergétique, il y a une distance énorme à établir entre les
métaux alcalins et les métaux lourds. Cependant ces corps
n'exercent les uns sur les autres aucune tension chimique
et ne sont point susceptibles de combinaison.
Or l'argument du R. P. perd sa valeur si à toute
différence d'énergie ne correspond point une tension équi
valente ; à défaut de cette corrélation, rien n'empêche qu'un
état d'équilibre, même relativement très stable, soit compat
ible avec des forces qui

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