A quel moment du traitement des homographes intervient la fréquence relative de leurs acceptions ? - article ; n°4 ; vol.90, pg 489-509
23 pages
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Description

L'année psychologique - Année 1990 - Volume 90 - Numéro 4 - Pages 489-509
Résumé
Utilisant un paradigme d'amorçage, qui permet de faire varier le décalage entre l'amorce et la cible (SOA), l'expérience présentée ici s'efforce de préciser si l'effet de la fréquence relative des acceptions dans le traitement des ambiguïtés lexicales est un effet tardif, intervenant après un accès non sélectif, comme il est généralement admis, ou s'il s'agit au contraire d'un effet précoce se manifestant lors de la phase même d'accès au lexique, comme le laissent supposer quelques travaux antérieurs. Les résultats conduisent à envisager trois phases lors du traitement des homographes : une première étape très précoce dans laquelle seule est activée l'acception la plus fréquente, à condition qu'elle soit suffisamment dominante, une seconde phase dans laquelle sont disponibles les deux acceptions, et une troisième période au cours de laquelle les acceptions fréquentes sont à nouveau les plus disponibles, à la suite d'une sélection de nature attentionnelle. La discussion des résultats obtenus est centrée sur les considérations méthodologiques qui sont susceptibles d'expliquer les divergences entre les résultats rapportés dans la littérature consacrée à l'ambiguïté lexicale.
Mots clés : accès au lexique, ambiguïté lexicale, fréquence relative des acceptions.
Summary : Which stage ofhomograph processing is affected by relative frequency of meanings ?
Using a priming task ivith varying stimulus onset asynchrony (60, 120 and 200 milliseconds), the experiment presented in this paper was carried out in order to determine whether the effect of the relative frequency of meanings in the processing of homographs is a late one, following an exhaustive access, as usually proposed, or an early one, as indicated by certain previous results. Our findings suggest the existence of three stages in the processing of homographs. In the earliest phase, significant facilitation in lexical decision times is obtained only when the target word is related to the more frequent meaning of the ambiguous prime and this facilitation is obtained only in the case of unbalanced homographs. In a second stage, both meanings are retrieved, whereas, in a third period, once again only the more frequent meanings are available, probably due to an attentional selection process. These results are discussed with regard to methodological considerations which are likely to clear up the differences between the results reported in the lexical ambiguity literature.
Key words : lexical access, lexical ambiguity, relative frequency of meanings.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Marquer
Maud Lebreton
Madeleine Léveillé
Corinne Dionisio
A quel moment du traitement des homographes intervient la
fréquence relative de leurs acceptions ?
In: L'année psychologique. 1990 vol. 90, n°4. pp. 489-509.
Citer ce document / Cite this document :
Marquer Pierre, Lebreton Maud, Léveillé Madeleine, Dionisio Corinne. A quel moment du traitement des homographes intervient
la fréquence relative de leurs acceptions ?. In: L'année psychologique. 1990 vol. 90, n°4. pp. 489-509.
doi : 10.3406/psy.1990.29424
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1990_num_90_4_29424Résumé
Résumé
Utilisant un paradigme d'amorçage, qui permet de faire varier le décalage entre l'amorce et la cible
(SOA), l'expérience présentée ici s'efforce de préciser si l'effet de la fréquence relative des acceptions
dans le traitement des ambiguïtés lexicales est un effet tardif, intervenant après un accès non sélectif,
comme il est généralement admis, ou s'il s'agit au contraire d'un effet précoce se manifestant lors de la
phase même d'accès au lexique, comme le laissent supposer quelques travaux antérieurs. Les résultats
conduisent à envisager trois phases lors du traitement des homographes : une première étape très
précoce dans laquelle seule est activée l'acception la plus fréquente, à condition qu'elle soit
suffisamment dominante, une seconde phase dans laquelle sont disponibles les deux acceptions, et
une troisième période au cours de laquelle les acceptions fréquentes sont à nouveau les plus
disponibles, à la suite d'une sélection de nature attentionnelle. La discussion des résultats obtenus est
centrée sur les considérations méthodologiques qui sont susceptibles d'expliquer les divergences entre
les résultats rapportés dans la littérature consacrée à l'ambiguïté lexicale.
Mots clés : accès au lexique, ambiguïté lexicale, fréquence relative des acceptions.
Abstract
Summary : Which stage ofhomograph processing is affected by relative frequency of meanings ?
Using a priming task ivith varying stimulus onset asynchrony (60, 120 and 200 milliseconds), the
experiment presented in this paper was carried out in order to determine whether the effect of the
relative frequency of meanings in the processing of homographs is a late one, following an exhaustive
access, as usually proposed, or an early one, as indicated by certain previous results. Our findings
suggest the existence of three stages in the processing of homographs. In the earliest phase, significant
facilitation in lexical decision times is obtained only when the target word is related to the more frequent
meaning of the ambiguous prime and this facilitation is obtained only in the case of unbalanced
homographs. In a second stage, both meanings are retrieved, whereas, in a third period, once again
only the more frequent meanings are available, probably due to an attentional selection process. These
results are discussed with regard to methodological considerations which are likely to clear up the
differences between the results reported in the lexical ambiguity literature.
Key words : lexical access, lexical ambiguity, relative frequency of meanings.L'Année Psychologique, 1990, 90, 489-509
MÉMOIRES ORIGINAUX
Laboratoire de Psychologie expérimentale
Université René Descaries
EPHE 3e section, EHESS, associé au CNRS1
A QUEL MOMENT DU TRAITEMENT
DES HOMOGRAPHES INTERVIENT LA FRÉQUENCE
RELATIVE DE LEURS ACCEPTIONS ?
par Pierre Marquer, Maud Lebreton, Madeleine Léveillé
et Corinne Dionisio2
SUMMAR Y : Which stage of homograph processing is affected by relative
frequency of meanings ?
Using a priming task with varying stimulus onset asynchrony (60,
120 and 200 milliseconds) , the experiment presented in this paper was
carried out in order to determine whether the effect of the relative frequency
of meanings in the processing of homographs is a late one, following an
exhaustive access, as usually proposed, or an early one, as indicated by
certain previous results. Our findings suggest the existence of three stages
in the processing of homographs. In the earliest phase, significant facili
tation in lexical decision times is obtained only when the target word is
related to the more frequent meaning of the ambiguous prime and this
facilitation is obtained only in the case of unbalanced homographs. In a
second stage, both meanings are retrieved, whereas, in a third period, once
again only the more frequent meanings are available, probably due to an
attentional selection process. These results are discussed with regard to
methodological considerations which are likely to clear up the differences
between the results reported in the lexical ambiguity literature.
Key words : lexical access, lexical ambiguity, relative frequency of
meanings.
1. 28, rue Serpente, 75006 Paris.
2. Nous remercions Juan Segui pour ses précieuses remarques sur une
version antérieure de cet article. 490 P. Marquer, M. Lebreton, M. Léveillé et C. Dionisio
Les homographes, ces items qui, pour une même forme,
admettent au moins deux acceptions différentes, constituent,
depuis une quinzaine d'années, un matériel privilégié pour les
psycholinguistes. Au-delà de son intérêt intrinsèque, l'étude de
l'ambiguïté lexicale permet en effet d'aborder un problème
essentiel pour la psychologie dite « cognitive », celui du mode
d'intervention du contexte lors du traitement de l'information
(cf. Simpson, 1984 ; Simpson et Burgess, 1988). De ce point de
vue, il importe certes de savoir si l'accès aux différentes accep
tions des homographes est bien indépendant du contexte,
comme on peut le supposer si l'on adopte une approche fondée
sur l'autonomie des processeurs (Forster, 1976, 1979 ; Fodor,
1983), mais il est également nécessaire d'identifier les facteurs
déterminants de ce traitement autonome.
Dans deux articles antérieurs (Marquer, Le Nestour, Léveillé
et Welitz, 1982 ; Marquer et Léveillé, 1987), nous nous étions
attachés à montrer que la fréquence relative des acceptions pouvait
constituer l'un de ces facteurs essentiels dans le traitement des
homographes. Nos résultats expérimentaux semblaient indiquer
que, conformément au modèle de recherche ordonnée d'Hoga-
boam et Perfetti (1975), la disponibilité des acceptions était
fonction de leur fréquence relative, à condition que l'une des
acceptions soit suffisamment dominante par rapport à l'autre.
Les tâches que nous avions utilisées (détection d'ambiguïté,
jugement d'acceptabilité) ne permettaient toutefois d'étudier
que la manière dont les sujets utilisent l'information extraite
de leur lexique et non la phase de l'accès au lexique proprement
dit. La recherche présentée ici s'efforce de préciser à quel moment
du traitement intervient la fréquence relative des acceptions.
UN ACCÈS NON SÉLECTIF AUX DIFFÉRENTES ACCEPTIONS ?
La plupart des nombreux travaux publiés depuis une dizaine
d'années recourent à la technique d'amorçage intermodalités
(amorce auditive, cible visuelle), conçue par Swinney, Onifer,
Prather et Hirshkowitz (1979), et concluent en faveur du « modèle
à deux étapes » dérivé des conceptions de Posner et Snyder (1975)
et proposé par Yates (1978) : dans une première étape, très brève
(moins de 200 ms), toutes les acceptions de l'item ambigu
seraient activées de façon automatique, puis, très rapidement,
serait sélectionnée une seule acception, la plus compatible avec Le traitement des homographes 491
le contexte, ou, en l'absence de contexte contraignant, la plus
fréquente. L'effet de la fréquence relative des acceptions, tout
comme l'effet du contexte, est alors considéré comme postérieur
à l'accès au lexique, qui serait lui-même non sélectif (Onifer et
Swinney, 1981 ; Lucas, 1987).
Un certain nombre de travaux utilisant le même paradigme
expérimental concluent pourtant à des effets précoces du contexte
et/ou de la fréquence relative des acceptions. C'est notamment
le cas d'une recherche de Simpson (1981), dont l'interprétation
reste cependant difficile, dans la mesure où un intervalle inter
stimulus (isi) de 120 ms pourrait déjà permettre à des processus
postérieurs à l'accès de se manifester. De même, des résultats
comme ceux de Seidenberg, Tanenhaus, Leiman et Bienkowski

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