Actualités bibliographiques : le travail social idéalisé, contesté, situé  ; n°3 ; vol.1, pg 341-361
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Déviance et société - Année 1977 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 341-361
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Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 24
Langue Français
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Extrait

Pierre Lascoumes
Actualités bibliographiques : le travail social idéalisé, contesté,
situé
In: Déviance et société. 1977 - Vol. 1 - N°3. pp. 341-361.
Citer ce document / Cite this document :
Lascoumes Pierre. Actualités bibliographiques : le travail social idéalisé, contesté, situé. In: Déviance et société. 1977 - Vol. 1 -
N°3. pp. 341-361.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1977_num_1_3_957Déviance et Société, Genève, 1977, vol. 1, No 3, p. 341-361
Actualités bibliographiques.
LE TRAVAIL SOCIAL IDEALISE, CONTESTE, SITUE.
Analyse bibliographique des parutions récentes
(en langue française)
P. LASCOUMES *
Depuis 1971, le secteur du travail social qui était jusque là un
secteur "sans problème" débordant de "bonnes intentions", a été animé
par une série de conflits qui l'ont fait progressivement s'interroger sur
ses fondements et ont ébranlé sa légitimité. Les réflexions sur cette
partie de l'action sociale se sont multipliées. Nous avons tenté de les
ordonner en trois courants.
I. Le travail social idéalisé
Différentes publications sont venues tout d'abord effectuer une
remise à jour du discours conformiste et plat qui était traditionnel
lement tenu sur le travail social (1). Elles ont pour auteur des "pen
seurs" de l'action sociale, impliqués dans les organes ministériels pro
ducteurs de la politique sociale. Rompant avec l'auto-satisfaction anté
rieure ils se présentent comme développant une analyse critique, sans
toutefois remettre en cause, ni les modes d'intervention classiques ni
surtout leurs fondements. Ces auteurs sont à la recherche d'un "bon"
travail social, c'est-à-dire efficace et d'une "meilleure" politique en ce
domaine. On peut cependant distinguer parmi eux une tendance huma-
nitariste, une tendance technocratique et une tendance radicale.
* Service d'Etudes pénales et Criminologiques, Paris; ERA/CNRS 634.
341 1. La tendance humanitariste
Elle s'exprime principalement chez B. Lory. Il a été directeur du
CTNEAI (2) et a activement participé à la préparation du Vlème Plan
(1971-1975) dans le secteur social. On retrouve dans ses publications et
surtout dans "La politique d'action sociale" (3) deux grandes idées :
— une mise en cause humanitariste de la croissance économique et
technique au nom des perturbations sociales qu'elle provoque. On
retrouve là l'analyse fonctionnaliste classique des dysfonction
nements induits par le changement social (4).
— une incitation au renforcement de l'action sociale, qui doit cesser
d'être "une parente pauvre" au rôle second. Sa finalité est de
rééquilibrer le versant négatif de la croissance en rétablissant "la
qualité de vie" dégradée. Elle doit s'orienter en priorité vers la
lutte contre l'injustice et la "pollution sociale".
Il trace un historique de l'action sociale et distingue trois phases :
celle de l'action sociale répressive, celle du paternalisme privé puis
public, celle enfin de la planification. A ce propos il expose l'ampleur
du niveau d'inexécution du Vlème Plan auquel il avait abondamment
participé. N'en tirant aucune conclusion, il se lance aussitôt avec un bel
optimisme dans une idéalisation du Vllème Plan qui devrait "en inver
sant les priorités devenir un véritable plan de développement social".
Il propose alors une réorientation de l'action sociale qui classiqu
ement est thérapeutique, parcellaire et paternaliste. Il substitue à ces
notions celles de promotion des individus et des groupes et celle
d'action globale (5). Il met l'accent sur la politique familiale dont les
objectifs devraient "permettre aux familles de faire face à leurs
responsabilités économiques ou éducationnelles et d'assumer leurs pro
pres choix", par des prestations en nature et en service, présentées
comme "augmentant leur liberté, préservant leur autonomie et permett
ant de s'adapter à des conditions défavorables".
Les instruments de cette politique sont essentiellement les travail
leurs sociaux définis comme des agents de changement impliqués dans
leur milieu d'action et à l'écoute des besoins réels.
Enfin pour conclure ces propos d'un idéalisme sans surprise,
l'auteur fait une concession au modernisme en consacrant son dernier
chapitre à "la recherche d'une rationalité sociale". Il s'agit d'une présen
tation d'indicateurs sociaux dont l'analyse devrait permettre une juste
orientation du choix des décideurs. On change ici de registre pour
rejoindre une perspective technocratique.
342 La tendance technocratique 2.
L'approche de l'action sociale crée à première vue
l'illusion d'une critique plus fondamentale du travail social mais elle
débouche sur une approche économisante et réductrice des problèmes
sociaux.
a)* R. Lenoir (6) et le mythe de l'exclusion
II est exceptionnel de voir un haut fonctionnaire français livrer
publiquement ses inquiétudes et les solutions qu'il envisage dans le
domaine dont il a la charge publique. Quelques mois après la parution de
son livre, il était nommé secrétaire d'Etat à l'action sanitaire et sociale.
C'est un livre profondément alarmiste et souvent qualifié de "terri
fiant". Les* exclus, c'est "l'autre France", celle de ceux qui en raison
d'un handicap physique, mental ou social ne participent pas à la course
. à l'abondance et qui forme un dixième de la population française.
Le principal responsable est selon lui notre mode de croissance. Et
il dresse un bilan particulièrement sévère du système d'urbanisation et
du système scolaire actuel. S'il y a toujours eu en France une zone de
misère et de pauvreté, il relève surtout le développement de l'immat
urité et de la frustration dans tous les milieux sociaux. Pour lui des
choix décisifs sont à faire, des priorités sont à donner et ils devront
l'être avec le Vllème Plan. Le sens de cette réorientation doit se faire au
profit d'un accroissement des mesures de prévention médico-sociale.
Que dit en fait R. Lenoir ? Rien de bien nouveau depuis les
rapports de la commission Bloch-Lainé (7). En ce qui concerne la
première partie de son ouvrage, décrivant quantitativement et qualitat
ivement les formes d'inadaptation, il a rassemblé et mis bout à bout
diverses études effectuées par ses services. Ce qui a sans doute le plus
frappé ses lecteurs, c'est moins la nouveauté des informations fournies
que l'impression apocalyptique occasionnée par leur juxtaposition. Il
renoue ainsi avec une vieille tradition, celle des enquêtes effectuées par
les hygiénistes sociaux au XIXème siècle (8) qui — découvrant le pro
blème du paupérisme — dressaient de grandes fresques alarmistes des
différents maux menaçant la société française. Impressionnés par sa
première partie, beaucoup ont été déçus par la seconde : thème et
variations sur l'antique refrain "Mieux vaut prévenir que guérir", où le
souci des économies budgétaires à réaliser apparaît déterminant. "Notre
société ne noie plus les inadaptés. Elle les bourre de vitamines et
d'oxygène; elle a besoin d'eux comme producteurs et comme consomm
ateurs. En les multipliant, elle accable la production de charges
récurrentes énormes, elle écrase les forts".
343 Les exclus n'est pourtant pas une oeuvre négligeable. En effet elle
a créé une double illusion dont les effets idéologiques sont décisifs.
— Tout d'abord ce livre laisse croire à un changement d'orientation
radical dans la politique sociale. Toute l'astuce a consisté à monter
en épingle un mode d'intervention, en fait très minoritaire, la
prévention, et à laisser croire à sa généralisation. Ainsi un chan
gement au niveau du discours plonge dans l'ombre la réalité des
pratiques. Cette opération de façade est d'ailleurs en parfait accord
avec l'orientation politique des gouvernants actuels en matière de
"changement".
— Mieux encore le Lenoirisme contribue à occulter avec une effi
cacité r

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