Approches de la structure sociale en Pologne : du dogme unique au pluralisme d écoles - article ; n°4 ; vol.13, pg 129-155
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1982 - Volume 13 - Numéro 4 - Pages 129-155
Approaches to an analysis of the social structure in Poland : from a single dogma to pluralist schools.
The model of society and social relationships put forward by Marxist theoreticians as descriptive of a post-revolutionary society has a quasi-constitutional status in those countries, particularly those of Eastern Europe, which claim adherence to soviet-type socialism. Its main function being to legitimize the actions of those who wield power, it thus acquires doctrinal significance. The history of sociology in these countries clearly illustrates the conservative nature of official doctrine. However, the real mechanisms of society, in so far as they deviate from the official paradigm, upset doctrinal stability and may, in consequence, lead, if not to a revision of the official dogmas, then to the acceptance of a certain degree of flexibility.
In order to understand the development of theoretical analysis of social stratification, and the social inequalities which represent its most sensitive area of discussion, it must be noted that post-war sociology has reflected a continuing effort by sociologists to create an independent scientific framework for their discipline.
Since 1956, there have been apparent, side by side, an upheaval within the body of Marxist thought, and the growth of various currents of non-Marxist opinion. While Marxist — inspired theorists encounter obstacles, e.g. censorship and self-criticism, which inhibit them from pursuing to a logical conclusion certain key questions about the soviet-type socio-political system, i.e. the appropriation of power, and the privileges arising therefrom, the self-perpetuating nature of these privileges encouraged by new forms of inheritance, the self- recruiting tendency within the ruling group, and the closing of inter-class barriers, the same constraints also affect other theoretical analysis. These obstacles have temporarily deflected the sociologist from asking awkward questions, but the variety and vitality of the different schools of thought is not thereby impaired.
At all events, this article makes it clear that, in the context of a soviet- type society, the study of theories and empirical data in an area as sensitive as that of social stratification cannot take place without a simultaneous assessment of all the parameters of sociological output, givens the existence of theories which compete with the orthodox ideological image of society.
Le modèle de société et de rapports sociaux conçu par la théorie marxiste pour décrire la réalité d'une société post-révolutionnaire acquiert un statut quasi- constitutionnel dans les pays se réclamant du socialisme de type soviétique, et notamment en Europe de l'Est. Sa fonction majeure devient la légitimation de la pratique des détenteurs du pouvoir, ce qui lui confère le rôle d'une doctrine de référence. L'Histoire de la sociologie dans ces pays illustre bien le caractère conservateur de la doctrine officielle. Toutefois les processus sociaux réels, dans la mesure où ils ne confortent pas le paradigme officiel, troublent la stabilité doctrinaire et par voie de conséquence, peuvent aboutir, sinon à la révision des dogmes, du moins à en tolérer un certain assouplissement.
Pour comprendre l'évolution des approches théoriques de la stratification sociale et de son point névralgique que sont les inégalités, il est nécessaire d'observer que la sociologie d'après-guerre se développe comme une tentative permanente des sociologues de bâtir pour leur discipline un statut de science à part entière. Dès 1956, on assiste simultanément à un éclatement interne de la doctrine marxiste et à l'épanouissement de courants non-marxistes.
Si les courants d'inspiration marxiste butent sur des obstacles — censure et autocensure — qui empêchent d'aller jusqu'au bout des questions stratégiques du système politique et social de type soviétique, à savoir : l'appropriation du pouvoir, les privilèges qui en découlent, la perpétuation de ces privilèges par des formes nouvelles d'héritage, les tendances à l'autorecrutement du groupe dirigeant et à la fermeture des barrières inter-classes, il en est de même pour d'autres théories explicatives. Ces obstacles détournent temporairement les sociologues des interrogations abruptes sans pour autant briser la vitalité et le pluralisme des écoles.
Quoi qu'il en soit, notre étude démontre que dans le contexte d'une société de type soviétique, la lecture des théories et des données empiriques concernant un domaine aussi sensible que la stratification sociale, du fait des rapports de concurrence avec la représentation idéologique de la société, ne peut pas se faire sans un décodage simultané de toutes les dimensions déterminantes de la production sociologique.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Georges Mink
Approches de la structure sociale en Pologne : du dogme
unique au pluralisme d'écoles
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 13, 1982, N°4. pp. 129-155.
Citer ce document / Cite this document :
Mink Georges. Approches de la structure sociale en Pologne : du dogme unique au pluralisme d'écoles. In: Revue d’études
comparatives Est-Ouest. Volume 13, 1982, N°4. pp. 129-155.
doi : 10.3406/receo.1982.2407
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1982_num_13_4_2407Abstract
Approaches to an analysis of the social structure in Poland : from a single dogma to pluralist schools.
The model of society and social relationships put forward by Marxist theoreticians as descriptive of a
post-revolutionary society has a quasi-constitutional status in those countries, particularly those of
Eastern Europe, which claim adherence to soviet-type socialism. Its main function being to legitimize
the actions of those who wield power, it thus acquires doctrinal significance. The history of sociology in
these countries clearly illustrates the conservative nature of official doctrine. However, the real
mechanisms of society, in so far as they deviate from the official paradigm, upset doctrinal stability and
may, in consequence, lead, if not to a revision of the official dogmas, then to the acceptance of a certain
degree of flexibility.
In order to understand the development of theoretical analysis of social stratification, and the social
inequalities which represent its most sensitive area of discussion, it must be noted that post-war
sociology has reflected a continuing effort by sociologists to create an independent scientific framework
for their discipline.
Since 1956, there have been apparent, side by side, an upheaval within the body of Marxist thought,
and the growth of various currents of non-Marxist opinion. While Marxist — inspired theorists encounter
obstacles, e.g. censorship and self-criticism, which inhibit them from pursuing to a logical conclusion
certain key questions about the soviet-type socio-political system, i.e. the appropriation of power, and
the privileges arising therefrom, the self-perpetuating nature of these privileges encouraged by new
forms of inheritance, the self- recruiting tendency within the ruling group, and the closing of inter-class
barriers, the same constraints also affect other theoretical analysis. These obstacles have temporarily
deflected the sociologist from asking awkward questions, but the variety and vitality of the different
schools of thought is not thereby impaired.
At all events, this article makes it clear that, in the context of a soviet- type society, the study of theories
and empirical data in an area as sensitive as that of social stratification cannot take place without a
simultaneous assessment of all the parameters of sociological output, givens the existence of theories
which compete with the orthodox ideological image of society.
Résumé
Le modèle de société et de rapports sociaux conçu par la théorie marxiste pour décrire la réalité d'une
société post-révolutionnaire acquiert un statut quasi- constitutionnel dans les pays se réclamant du
socialisme de type soviétique, et notamment en Europe de l'Est. Sa fonction majeure devient la
légitimation de la pratique des détenteurs du pouvoir, ce qui lui confère le rôle d'une doctrine de
référence. L'Histoire de la sociologie dans ces pays illustre bien le caractère conservateur de la
officielle. Toutefois les processus sociaux réels, dans la mesure où ils ne confortent pas le paradigme
officiel, troublent la stabilité doctrinaire et par voie de conséquence, peuvent aboutir, sinon à la révision
des dogmes, du moins à en tolérer un certain assouplissement.
Pour comprendre l'évolution des approches théoriques de la stratification sociale et de son point
névralgique que sont les inégalités, il est nécessaire d'observer que la sociologie d'après-guerre se
développe comme une tentative permanente des sociologues de bâtir pour leur discipline un statut de
science à part entière. Dès 1956, on assiste simultanément à un éclatement interne de la doctrine
marxiste et à l'épanouissement de courants non-marxistes.
Si les courants d'inspiration marxiste butent sur des obstacles — censure et autocensure — qui
empêchent d'aller jusqu'au bout des questions stratégiques du système politique et social de type
soviétique, à savoir : l'appropriation du pouvoir, les privilèges qui en découlent, la perpétuation de ces
privilèges par des formes nouvelles d'héritage, les tendances à l'autorecrutement du groupe dirigeant et
à la fermeture des barrières inter-classes, il en est de même pour d'autres théories explicatives. Ces
obstacles détournent temporairement les sociologues des interrogations abruptes sans pour autant
briser la vitalité et le pluralisme des écoles.
Quoi qu'il en soit, notre étude démontre que dans le contexte d'une société de type soviétique, la lecture
des théories et des données empiriques concernant un domaine aussi sensible que la stratification
sociale, du fait des rapports de concurrence avec la représentation idéologique de la société, ne peut
pas se faire sans un décodage simultané de toutes les dimensions déterminantes de la production
sociologique.Approches de la structure sociale
en Pologne :
du dogme unique au pluralisme d'écoles
Georges MINK"
Contrairement aux attentes du pouvoir, sa représentation de la struc
ture sociale, arbitrairement implantée à l'apogée du stalinisme, n'a fait
qu'encourager les tentatives de révision endogènes et la résistance des
courants extra-marxistes. Dès 1956, on assiste simultanément à un
éclatement interne de la doctrine marxiste et à l'épanouissement de non-marxistes. Tous tirent le plus grand profit d'un rappro
chement entre le, dogme et la réalité empirique ; et pour les courants
non-marxistes, leur supériorité s'affirme aussitôt par l'élaboration d'in
struments de recherche empirique.
Souche marxiste
Dès la renaissance de la sociologie polonaise, due aux mutations
politiques d'octobre 1956, se dégage dans la tradition marxiste un courant
qui essaye de comprendre et d'inventorier les forces centrifuges et
conflictuelles de la nouvelle structure sociale. Il tente aussi de théoriser
la persistance des inégalités après la nationalisation des principales
branches de l'économie (agriculture exceptée).
Tous les courants se réclamant du marxisme partent d'une double
constatation :
— la société socialiste (ou de transition) ne contient plus le conflit
structurel qui opposait deux classes fondamentales, les propriétaires
des moyens de production et les propriétaires de la seule force de travail.
(*) Attaché de recherche au C.N.R.S. II s'agit de l'adaptation du chapitre Les approches
de la stratification et des inégalités en Pologne, rapport du C.O.R.D.E.S., 1982.
129 Mink Georges
L'expropriation des capitalistes et des grands propriétaires terriens rend
caduc le modèle bi-polaire ouvriers/capitalistes. Aussi, le mécanisme
générateur des inégalités (précisément la propriété des moyens de
production) cesse d'opérer et la division dichotomique de classe basée
sur l'appropriation constante par une classe de la plus-value produite
par une autre disparaît ;
— l'observation empirique prouve que si l'antagonisme fondamental
ouvriers/capitalistes n'est plus à même de servir de base à la description
de la position des individus dans la structure sociale, la condition
ouvrière ne disparaît pas pour autant, la plupart des dimensions de la
situation de classe se maintiennent et en font la spécificité. C'est Julian
Hochfeld qui introduira d'abord le concept d'intérêt objectif propre à
chaque classe, y compris dans la nouvelle formation sociale1.
Si les intérêts des classes sont objectivement contradictoires, cela
découle de leurs rapports dans un système économique précis. Mais
pour les exprimer, J. Hochfeld propose de distinguer deux critères :
« la maximalisation des avantages » obtenus par une classe et « la
minimalisation des souffrances »2. Cela fut interprêté par ses élèves
comme une porte entre-ouverte à la recherche des motivations des
« échanges » inégaux non pas seulement entre les classes, mais aussi
entre les individus membres de ces classes3. J. Hochfeld écrivait :
« je serais tenté de désigner par l'intérêt objectif, un modèle de ratio
nalisation de

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