Aspects économiques du processus de paix : politique israélienne et création d une dépendance de type colonial - article ; n°163 ; vol.41, pg 597-621
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Aspects économiques du processus de paix : politique israélienne et création d'une dépendance de type colonial - article ; n°163 ; vol.41, pg 597-621

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Tiers-Monde - Année 2000 - Volume 41 - Numéro 163 - Pages 597-621
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 16
Langue Français
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Extrait

Fadle M. Naqib
Aspects économiques du processus de paix : politique
israélienne et création d'une dépendance de type colonial
In: Tiers-Monde. 2000, tome 41 n°163. pp. 597-621.
Citer ce document / Cite this document :
Naqib Fadle M. Aspects économiques du processus de paix : politique israélienne et création d'une dépendance de type
colonial. In: Tiers-Monde. 2000, tome 41 n°163. pp. 597-621.
doi : 10.3406/tiers.2000.1417
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2000_num_41_163_1417ASPECTS ÉCONOMIQUES
DU PROCESSUS DE PAIX :
POLITIQUE ISRAÉLIENNE
ET CRÉATION D'UNE DÉPENDANCE
DE TYPE COLONIAL
par Fadle M. Naqib*
L'article analyse les relations économiques entre Israël et la Palest
ine, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Pendant l'occupation
(1967-1994), la politique israélienne a créé une dépendance de type colo
nial : la perte du contrôle des ressources naturelles, la dépendance crois
sante de sources de revenu exogènes et un énorme déficit de la balance
commerciale ont façonné une économie palestinienne pauvre et rentière,
dépendante d'Israël et de l'aide étrangère. La période de gestion auto
nome limitée (1994-2000), loin de modifier cette situation, l'a renforcée
en créant un secteur public doté d'une vaste bureaucratie, sans auto
nomie et soumise à des intérêts particuliers. L'étude des dispositions éco
nomiques régionales à venir montre que l'économie israélienne peut
étendre sa domination de l'économie palestinienne à d'autres pays
arabes, notamment la Jordanie.
L'instauration progressive d'une gestion autonome palestinienne
limitée dans certaines parties de la Cisjordanie et de la bande de Gaza
à partir de mai 1994 a nourri de grands espoirs d'amélioration. Cette
gestion autonome devait libérer le pays des dures conditions de
l'occupation et créer un nouvel environnement propice à l'industrie et
au commerce. La paix et la stabilité devaient encourager les activités
économiques intérieures, attirer les investisseurs étrangers et ouvrir la
voie à la coordination et à l'intégration régionale, avec tous les avan-
* Université de Waterloo, Canada.
Revue Tiers Monde, t. XLI, n° 163, juillet-septembre 2000 598 Fadle M. Naqib
tages liés à la rationalisation de la production à ce niveau. En outre, la
communauté internationale s'était engagée à prendre en charge une
partie du coût du programme de reconstruction de la Palestine, ce qui
devait apporter une aide importante vu l'insuffisance des capitaux et
des échanges extérieurs1.
Au niveau régional, une voie multilatérale a été lancée par la
Conférence au sommet de Casablanca (octobre 1994), en réponse à un
appel du Conseil des relations internationales des États-Unis et du
Forum de Davos (Suisse). La conférence a réuni des chefs d'État, des
représentants des gouvernements, des universitaires et des hommes
d'affaires venus d'Israël et de la plupart des pays arabes, de tous les
pays industrialisés et de nombre d'autres. Un encadrement institutionn
el, chargé de coordonner les efforts d'intégration économique régio
nale, a été créé aux niveaux des secteurs gouvernemental et privé. Ce
sommet s'est à nouveau réuni à Amman (1995), au Caire (1996) et à
Doha (1997).
Cinq ans de gestion autonome palestinienne et d'efforts pour par
venir à l'intégration régionale n'ont apporté aucune des améliorations
économiques attendues. Bien au contraire, la situation économique en
Cisjordanie et dans la bande de Gaza n'a cessé de se détériorer et,
entre 1996 et 1998, l'état de crise a été atteint, sous la forme d'une
hausse importante du chômage, d'un déclin spectaculaire du com
merce, d'un accroissement de la pauvreté et d'une situation générale
normalement associée aux économies en état de siège2.
Le gouvernement israélien considère que l'Autorité palestinienne
(ap) est responsable de la dégradation de la situation économique.
L'incapacité de Гар à empêcher le Hamas de commettre des attentats
a amené Israël à fermer ses frontières avec les Territoires palestiniens,
ce qui a provoqué une baisse très importante de l'emploi, de la pro
duction et du commerce3. L'ap, de son côté, bien qu'elle condamne les
actes du Hamas, considère que le gouvernement israélien est respon
sable de cette situation car ses actions créent une atmosphère de conf
lit entraînant la violence. Parmi les actions incriminées figurent la
poursuite des implantations de colons juifs sur des terres arabes, le
non-respect de plusieurs accords avec I'ap et une tendance générale à
1. En octobre 1993, l'administration américaine a réuni une conférence internationale de 42 pays qui
a promis 2,4 milliards de dollars d'aide au programme de développement et de reconstruction de la Pales
tine (1994-1999).
2. Voir Roy, 1998.
3. L'engrenage de la violence a pris un tour très dangereux lors du massacre d'Hébron, en
février 1994, lorsque des extrémistes juifs ont assassiné des Palestiniens dans une mosquée pendant la
prière. Des attentats-suicides commis par des poseurs de bombe du Hamas ont suivi, tuant des civils à
Jérusalem et Tel-Aviv, en particulier en octobre 1994, et à nouveau en février et mars 1996. économiques du processus de paix 599 Aspects
considérer la gestion autonome comme une autre forme d'occupation.
Cependant, comme c'est souvent le cas, ces polémiques féroces sur la
violence et la responsabilité concernent les symptômes plus que les
causes.
La violence, avec ses répercussions politiques et économiques,
n'est pas à l'origine des difficultés économiques de la Palestine. Elle
n'en est qu'une expression, une manifestation claire du mécontente
ment populaire face à la dégradation continuelle de la situation poli
tique, économique et sociale provoquée par les activités liées à la
politique israélienne en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. À vrai
dire, les actes de violence palestiniens de 1996, qui ont conduit Israël
à placer les Territoires en état de siège, montraient combien le projet
de la politique israélienne avait réussi à réduire l'économie palest
inienne à un état de complète dépendance. Cinq ans de gestion
autonome limitée, loin d'inverser cette situation, l'ont intensifiée.
Cette relation de type colonial est la cause fondamentale des difficul
tés économiques de la Palestine, auxquelles la gestion autonome
limitée palestinienne ne peut faire face, et elle continuera à être la
cause de conflits et violences, menaçant tout mouvement vers une
paix véritable.
L'objet de cet article est d'analyser ce problème fondamental et de
montrer que les relations économiques israélo-palestiniennes corre
spondent aux modèles coloniaux centre-périphérie et emploient le méca
nisme de Г 'économie de rente, et que, d'autre part, le processus de paix
étend la domination d'Israël sur les autres pays arabes, en particulier
la Jordanie. La section I étudie les relations économiques entre Israël
et l'économie palestinienne, en mettant l'accent sur la dynamique des
relations entre une économie développée et son voisin sous-développé.
Le rôle du projet politique israélien dans le déséquilibre en faveur de
l'économie israélienne et au détriment de l'économie palestinienne est
analysé dans la section II, qui démontre que trente ans d'occupation
ont transformé le territoire palestinien en une économie pauvre et
dépendante d'Israël, avec également certaines caractéristiques des éco
nomies de rente. La section III examine les aspects économiques de la
gestion autonome limitée (1994-1999) et montre que celle-ci ne modifie
pas la teneur des relations entre les deux économies, mais qu'elle la
renforce en soutenant le modèle d'économie de rente. La dernière sec
tion étudie le rôle futur de l'économie israélienne au niveau de la
région. 600 Fadle M. Naqib
I /RELATIONS DYNAMIQUES ENTRE LES ÉCONOMIE

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