Assistance étrangère et développement rural - article ; n°54 ; vol.14, pg 295-314
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Description

Tiers-Monde - Année 1973 - Volume 14 - Numéro 54 - Pages 295-314
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Friedrich Kahnert
Assistance étrangère et développement rural
In: Tiers-Monde. 1973, tome 14 n°54. pp. 295-314.
Citer ce document / Cite this document :
Kahnert Friedrich. Assistance étrangère et développement rural. In: Tiers-Monde. 1973, tome 14 n°54. pp. 295-314.
doi : 10.3406/tiers.1973.1928
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1973_num_14_54_1928ÉTRANGÈRE" ASSISTANCE
ET DÉVELOPPEMENT RURAL
par Friedrich Kahnert*
Pour parler du développement rural, il faut rappeler quelques vérités
élémentaires :
— l'écrasante majorité des peuples économiquement sous-développés
vit en milieu rural ;
— la masse de cette population rurale va continuer à augmenter pour
bien des décennies encore;
— dans sa grande majorité, cette population n'a pas été touchée par
l'effort de développement et, quand elle l'a été, c'est souvent pour
subir une détérioration de sa position dans la société.
Tout « » qui ne réussit pas à améliorer la condition
de cette masse rurale est voué à l'échec. Les raisons en sont multiples.
Rappelons-en de trois sortes seulement : politiques, économiques et
morales. Est-il concevable que n'importe quel régime politique puisse
résister très longtemps à la pression des masses qui fuient des campagnes
sans espoir, souvent pour se soustraire à diverses formes d'oppression
et se retrouver chômeurs ou sous-employés dans des centres urbains
en expansion rapide et anarchique ? On manque d'imagination si on
peut regarder sans effroi la perspective, par exemple, de Mexico
City qui aura, si les tendances actuelles persistent, une population de
30 millions à la fin du siècle. Même les sociétés les plus riches paraissent
incapables de maîtriser des problèmes de cette ampleur et de cette
complexité.
* Chef de la recherche, Centre de Développement de l'O.C.D.E.
(1) Les vues exprimées dans cet article sont celles de l'auteur et ne représentent pas
nécessairement la position officielle de l'O.C.D.E., ni de ses gouvernements membres.
295 FRIEDRICH KAHNERT
Raisons économiques ensuite. Les industries modernes demandent
un marché large et en expansion. Déjà, dans beaucoup de pays en voie
de développement, le marché solvable local est largement approvisionné
par des industries locales qui n'arrivent souvent pas à travailler à pleine
capacité par manque de débouchés. Les marchés d'exportation sont
difficiles à pénétrer, souvent fortement protégés. Même si beaucoup de
possibilités restent encore à exploiter dans cette direction, il ne semble
pas réaliste de penser que le développement des pays pauvres dans leur
ensemble puisse être soutenu à long terme par les exportations vers les
pays riches. Reste alors le du marché local qui doit
obligatoirement passer par l'accroissement des revenus en milieu rural.
Restent les considérations morales. Trop souvent, on oublie que le
but du développement n'est pas d'accumuler un produit national brut
de plus en plus élevé, mais d'élever les conditions de vie de chacun à un
niveau acceptable. On n'est pas toujours suivi quand on trouve intolé
rable que des êtres humains meurent de faim d'un côté et d'obésité de
l'autre. Et pourtant on risque de sous-estimer gravement le ressort
moral et son rôle dans le développement. Le discrédit qui affecte l'aide
et l'effort de développement en général provient précisément du fait
que ces efforts n'ont pas amélioré le sort des plus pauvres et ce discrédit
retombe sur « le système » et « les sociétés » qui tolèrent ces divergences
moralement inacceptables.
Ceci dit, on ne gagne rien à remâcher ces vérités ou ces critiques.
Il ne sert pas à grand-chose de regretter que cette prise de conscience des
problèmes de pauvreté rurale dans le monde ne soit pas venue plus
tôt (i). Il vaut beaucoup mieux envisager les remèdes possibles. Sans
vouloir apporter des réponses définitives à toutes les questions épineuses
qui se posent en matière de développement rural, nous allons d'abord
exposer quelques considérations d'ordre conceptuel (Partie I) pour
ensuite circonscrire l'étendue du problème (Partie II) et les contraintes
et limites de l'action des dispensateurs d'aide (Partie III). Nous parle
rons ensuite des mesures générales qu'il serait désirable de voir adopter
par les donateurs (Partie IV) avant de proposer une série d'actions spéci
fiques à la portée de ces mêmes donateurs (Partie V). Tout au long
(i) Elle n'est pourtant pas tout à fait nouvelle. Ne citons pour en témoigner que le
résultat d'une conférence tenue en mars-avril 1968 : The Rural Base for Nationa/ Development,
édité par R. Robinson et P. Johnston, Cambridge, Royaume-Uni, Cambridge University
Overseas Studies Committee, 1969.
296 ASSISTANCE ÉTRANGÈRE
de cet article, il faut se rappeler qu'il est consacré au développement
rural et ne couvre donc ni toutes les actions des donateurs étrangers
ni l'ensemble des problèmes qui sont à résoudre dans les pays pauvres.
I. — Quelques considérations conceptuelles
II est de bon ton de sacrifier d'abord sur l'autel du dieu des définitions.
En fait, s'il y a un domaine dans lequel milieux universitaires et profes
sionnels de la diplomatie ou experts internationaux de développement
ont quelque chose en commun, c'est dans l'amour des discussions de
définitions. Ici, chacun peut prouver son originalité en modifiant lég
èrement le contenu des mots sans toucher à ce que chacun sent être
l'essentiel de ce qu'ils recouvrent. Les talents se font beaucoup plus
rares lorsqu'il s'agit de proposer l'action. C'est pourquoi nous n'allons
pas entrer en détail dans des discussions fastidieuses sur la définition
du « développement rural », mais nous allons nous limiter à dépeindre
à grands coups de brosse ce dont parlons. A chacun d'y apporter
les retouches qui lui plaisent.
Premièrement, il faut bien préciser que le développement rural
dépasse le développement agricole. Même si l'on admet que la plupart
des activités rurales sont intimement liées à la prospérité agricole, il
n'en reste pas moins que toute une série d'activités ne peut être appelée
agricole. Les activités qui par exemple assurent la distribution d'eau
potable, les services de santé et d'éducation, l'installation d'égouts, la
coordination des transports, la construction de logements, l'artisanat et
la petite industrie, etc. En parlant de développement rural, nous y
incluons donc toutes ces activités et bien d'autres au point qu'il paraît
juste d'affirmer que le développement rural est presque synonyme de
développement régional.
Nous sommes ainsi amenés à préciser un autre point. Le déve
loppement rural ne doit pas être confondu avec la croissance rurale.
En effet, nous sommes obnubilés par la croissance qui n'est nullement
synonyme de développement, sauf dans un sens très restreint et tout à
fait arbitraire. L'installation d'un point d'eau potable près du village est
peut-être plus bénéfique au bien-être des habitants qu'un accroissement
de leurs produits agricoles. L'expression « développement rural » est
donc comprise comme quelque chose de plus large qu'une simple
croissance du produit des campagnes.
297 FRIEDRICH KAHNERT
Cette vision du développement rural provient du désenchantement
apporté par la théorie néo-classique et « dualiste » de l'économie, qui
considère que le secteur rural représente la réserve de main-d'œuvre
dans laquelle le « moderne » peut puiser pour son dévelop
pement; par cette vision des choses, le secteur moderne résoudra tous
les problèmes et la pauvreté rurale est considérée comme un facteur qui
encourage le développement du secteur moderne. Or, un simple exemple
arithmétique peut montrer qu'il est absurde de vouloir appliquer cette
théorie dans le contexte démographique des pays en voie de dévelop
pement. Un pays dans lequel 80 % de la population vit en milieu rural
avec un accroissement de

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