Cambodge : deux ans après la libération - article ; n°4 ; vol.8, pg 143-156
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Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1977 - Volume 8 - Numéro 4 - Pages 143-156
La proclamation d'une nouvelle constitution et l'installation d'un nouveau gouvernement durant les premiers mois de l'année 1976 permettent de connaître quelque peu les personnalités dirigeant le Kampuchea, ainsi que les organes directeurs du pays. Si les liens avec la Chine demeurent très étroits, le Kampuchea s'est efforcé, durant toute l'année 1976 de tisser de nombreux liens avec l'extérieur, tant avec les pays du monde socialiste que ceux du monde capitaliste. Cependant les rapports avec ses voisins vietnamiens et thaïlandais demeurent très tendus. A l'ouverture diplomatique a correspondu une ouverture économique et le début d'échanges commerciaux. Mais c'est avant tout du travail forcené de toute la population mobilisée comme une armée en bataille que les leaders du Kampuchea espèrent établir « l'indépendance-souveraineté » du pays. Animée d'une volonté purificatrice intransigeante, la révolution khmère a versé un prix humain exorbitant, mettant en danger son avenir tant politique qu'économique.
Cambodgia : Two Years After Liberation.
The proclamation of a new constitution and the installation of a new government during the first part of 1976, have made it possible to know who are the personnalises directing the Kampuchea and the country's principal organs. Although it is still closely linked with China, the Kampuchea made an effort in the course of 1976 to engage in relations with the outside world, with both socialist and capitalist countries. However, relations with neighboring Vietnam and Thailand remain tense. The diplomatic overture was accompanied by the opening up of economic and commercial exchanges. But it is mainly through frenzied labour on the part of the entire population, mobilized like an army at war, that the leaders of Kampuchea hope to establish the independent sovereignty of the country. Animated by an intransigent purifying will, the Khmer revolution paid an exhorbitant human price placing its political and economic future in danger.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Ponchaud
Cambodge : deux ans après la libération
In: Revue d'études comparatives Est-Ouest. Volume 8, 1977, N°4. pp. 143-156.
Résumé
La proclamation d'une nouvelle constitution et l'installation d'un nouveau gouvernement durant les premiers mois de l'année 1976
permettent de connaître quelque peu les personnalités dirigeant le Kampuchea, ainsi que les organes directeurs du pays. Si les
liens avec la Chine demeurent très étroits, le Kampuchea s'est efforcé, durant toute l'année 1976 de tisser de nombreux liens
avec l'extérieur, tant avec les pays du monde socialiste que ceux du monde capitaliste. Cependant les rapports avec ses voisins
vietnamiens et thaïlandais demeurent très tendus. A l'ouverture diplomatique a correspondu une ouverture économique et le
début d'échanges commerciaux. Mais c'est avant tout du travail forcené de toute la population mobilisée comme une armée en
bataille que les leaders du Kampuchea espèrent établir « l'indépendance-souveraineté » du pays. Animée d'une volonté
purificatrice intransigeante, la révolution khmère a versé un prix humain exorbitant, mettant en danger son avenir tant politique
qu'économique.
Abstract
Cambodgia : Two Years After Liberation.
The proclamation of a new constitution and the installation of a new government during the first part of 1976, have made it
possible to know who are the personnalises directing the Kampuchea and the country's principal organs. Although it is still closely
linked with China, the Kampuchea made an effort in the course of 1976 to engage in relations with the outside world, with both
socialist and capitalist countries. However, relations with neighboring Vietnam and Thailand remain tense. The diplomatic
overture was accompanied by the opening up of economic and commercial exchanges. But it is mainly through frenzied labour on
the part of the entire population, mobilized like an army at war, that the leaders of Kampuchea hope to establish the "independent
sovereignty" of the country. Animated by an intransigent purifying will, the Khmer revolution paid an exhorbitant human price
placing its political and economic future in danger.
Citer ce document / Cite this document :
Ponchaud François. Cambodge : deux ans après la libération. In: Revue d'études comparatives Est-Ouest. Volume 8, 1977,
N°4. pp. 143-156.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1977_num_8_4_2120Cambodge: deux ans après la libération
François PONCHAUD
« Sur tout le territoire de notre pays, régnent la stabilité et la tran
quillité. Une telle situation assure à notre peuple des conditions favorables
pour continuer à relever et édifier l'économie nationale et à consolider
son pouvoir d'Etat. C'est dans cette situation de plus en plus favorable
que le Kampuchea démocratique a mis en place, avec succès, ses institu
tions étatiques, dans la grande et solide union nationale. »*
C'est en ces termes que Khieu Samphân, président du Presidium de
l'Etat du Kampuchea démocratique décrivait, le 17 août 1976, la situation
de son pays lors de la conférence des non-Alignés à Colombo. Peu
d'informations cependant, permettent de préciser ce tableau général, le
Kampuchea demeurant muré dans son isolement. Jusqu'à ce jour, à
peine deux délégations de journalistes vietnamiens et chinois ont été auto
risées à pénétrer dans le pays. Pour le reste du monde, les échos de la
situation intérieure du Cambodge ne parviennent que par Radio Phnom
Penh et par les récits des réfugiés. Malgré leur relative insuffisance, ces
sources nous permettent de cerner les contours des institutions politiques
du Kampuchea, la place que se donne le pays dans la communauté inter
nationale, sa situation économique et sociale, deux ans après « la libéra-
lion totale et définitive » du pays.
Le 4 février 1976, par la promulgation d'une nouvelle Constitution,
le Cambodge est devenu officiellement, « le Kampuchea démocratique ».
Elaborée par le troisième congrès spécial tenu à Phnom Penh du 15
au 19 décembre 1975, cette Constitution consacre « les aspirations fon
damentales et sacrées des ouvriers, des paysans et autres travailleurs,
des combattants et cadres de l'armée révolutionnaire du Kampuchea...
(1) « Discours du président du presidium de l'Etat du Kampuchea démocratique,
Khieu Samphân », diffusé par le comité des patriotes du démocratique en
France.
143 François Ponchaud
qui désirent un Kampuchea indépendant, uni, pacifique, neutre non-aligné,
souverain dans son intégrité territoriale, dans une société où règne le
bonheur, l'égalité, la justice et la démocratie véritable, sans riche ni
pauvre, sans classe exploiteuse ni classe exploitée, une société dans laquelle
tout le peuple vit dans l'harmonie et dans la grande union nationale et
s'unit pour participer au travail de production, édifier et défendre le
pays »1.
Suivant les articles 5 à 7 de cette Constitution, le peuple a élu, le
20 mars 1976, les 250 membres de « l'Assemblée des représentants du
peuple », répartis de façon originale : non par secteurs géographiques,
mais par catégories sociales, 150 membres représentant les paysans,
50 les ouvriers, 50 l'armée révolutionnaire. Les éligibles devaient être
âgés de 25 ans au minimum, avoir lutté sans faute et sans discontinuité
pour la révolution, être des exemples de bonne moralité, avoir l'accord
et le soutien du peuple. En outre, toute candidature devait recevoir
l'agrément du comité des élections, organisme créé durant le deuxième
congrès national (25-27 avril 1975). Pratiquement tous les candidats
devaient être des cadres militaires.
Quant aux électeurs, « ont droit de vote tout homme et toute femme
âgés de plus de 18 ans qui n'ont pas commis de crime depuis le
17 avril 1975, quelle que soit leur classe sociale précédente, leurs idées
politiques ou religieuses, que libération date d'avant ou d'après le
17 avril »2. Les réfugiés qui ont quitté leur patrie après le 20 mars 1976
cnt pu donner quelques précisions sur ce scrutin : dans certains villages,
seuls les combattants ont voté ; dans d'autres, les travailleurs ont cessé
leur tâche pendant quelques instants pour aller déposer dans une urne
un bulletin portant le nom d'un unique candidat parfaitement inconnu
des électeurs...
Les membres de l'Assemblée des représentants du peuple sont élus pour
5 ans et ont pour charge de « voter les lois et de définir les différentes
lignes en matière de politique intérieure et extérieure du Kampuchea »,
ils nomment le gouvernement qui est responsable devant l'Assemblée
« pour toutes ses activités, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays »3.
« La première session plénière de la première législature de
des représentants du peuple» s'est tenue du 11 au 13 avril 1976 à
Phnom Penh. Durant cette session, l'Assemblée a entériné les élections
du 20 mars, accepté la demande de démission du prince Sihanouk de
sa fonction de chef de l'Etat ainsi que celle du précédent gouvernement,
puis a désigné « un comité permanent » de 10 membres, dont Nuon Chéa
fut nommé président. Les dix membres de ce comité permanent sont
totalement inconnus des observateurs étrangers et des réfugiés khmers.
(1) Constitution, préambule.
(2) Emission radio du 10.3.76.
(3)art. 7 et 8.
144 Cambodge : deux ans après la libération
Depuis le début de la guerre révolutionnaire, Nuon Chéa était « vice-
président du haut commandement militaire des Forces armées populaires
de libération nationale du Kampuchea et chef de la direction politique
de l'armée »*. On ne connaît pas davantage le rôle de ce comité permanent
de l'Assemblée des représentants du peuple dont il n'est pas question
dans la Constitution.
L'Assemblée a également procédé à la désignation du presidium de
l'Etat et du gouvernement : Khieu Samphân, leader historique de la
révolution khmère, a été nommé « Président du Presidium de l'Etat >,
p

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