Centralisation du pouvoir : la preuve par la toponymie - article ; n°2 ; vol.63, pg 5-24
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Description

Journal des africanistes - Année 1993 - Volume 63 - Numéro 2 - Pages 5-24
On considère le matériel que sont les noms des 3 167 quartiers (segments de lignage localisés) des 712 villages administratifs actuels de la partie du Moogo (Burkina Faso) correspondant à l'ancienne zone de prépondérance du royaume du Yatenga. Une fois justifiée la réduction du nombre des quartiers étudiés à 1 504, on montre que cet échantillon relève pour une part significative (59,7 %) d'une toponymie fonctionnelle dont sont isolées seize composantes aux variantes près. Un modèle toponymique général, dont la réalisation concerne trois quartiers sur dix, associe le pouvoir local, le service du chef et la maîtrise de la terre. Le système toponymique apparaît comme un élément du système administratif, auquel se rattache également une classification des villages en neuf catégories, chacune d'elles correspondant à un type déterminé de chef.
In this article, the author examines the data constituted by the names of 3 167 « quartiers » (localized lignage segments) of the 712 present administrative villages of the Moogo part (Burkina Faso) corresponding to the former political area dominated by the Yatenga kingdom. Once the author has justified the reason why he only considers 1 504 « quartiers » for his study, he then shows that the sample mainly deals (59,7 %) with functional toponymy out of which sixteen components, including variants, are isolated. A general toponymie pattern applied to three out of ten « quartiers » links together local power, chief's service and earth priesthood. The place naming system appears as one element of the administrative system connected with a classification of the villages in nine categories, each corresponding to a specific type of chief.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michel Izard
Centralisation du pouvoir : la preuve par la toponymie
In: Journal des africanistes. 1993, tome 63 fascicule 2. pp. 5-24.
Résumé
On considère le matériel que sont les noms des 3 167 quartiers (segments de lignage localisés) des 712 villages administratifs
actuels de la partie du Moogo (Burkina Faso) correspondant à l'ancienne zone de prépondérance du royaume du Yatenga. Une
fois justifiée la réduction du nombre des quartiers étudiés à 1 504, on montre que cet échantillon relève pour une part significative
(59,7 %) d'une toponymie fonctionnelle dont sont isolées seize composantes aux variantes près. Un modèle toponymique
général, dont la réalisation concerne trois quartiers sur dix, associe le pouvoir local, le service du chef et la maîtrise de la terre.
Le système toponymique apparaît comme un élément du système administratif, auquel se rattache également une classification
des villages en neuf catégories, chacune d'elles correspondant à un type déterminé de chef.
Abstract
In this article, the author examines the data constituted by the names of 3 167 « quartiers » (localized lignage segments) of the
712 present administrative villages of the Moogo part (Burkina Faso) corresponding to the former political area dominated by the
Yatenga kingdom. Once the author has justified the reason why he only considers 1 504 « quartiers » for his study, he then
shows that the sample mainly deals (59,7 %) with functional toponymy out of which sixteen components, including variants, are
isolated. A general toponymie pattern applied to three out of ten « quartiers » links together local power, chief's service and earth
priesthood. The place naming system appears as one element of the administrative system connected with a classification of the
villages in nine categories, each corresponding to a specific type of chief.
Citer ce document / Cite this document :
Izard Michel. Centralisation du pouvoir : la preuve par la toponymie. In: Journal des africanistes. 1993, tome 63 fascicule 2. pp.
5-24.
doi : 10.3406/jafr.1993.2381
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1993_num_63_2_2381MICHEL IZARD
Centralisation du pouvoir :
la preuve par la toponymie
utile Dans de rechercher le cadre d'une en quoi réflexion la centralisation sur les mécanismes du pouvoir du peuplement, peut avoir une il a paru inc
idence sur. la constitution de l'espace social. Je n'envisagerai pas ici tous les
aspects de ce problème et limiterai mon propos à la présentation de deux modal
ités de traitement de l'espace : la double détermination d'une toponymie fonc
tionnelle, appliquée aux configurations minimales de peuplement que sont les
« quartiers » (segments de patri-lignage localisés) des villages1, et d'une typo
logie des configurations maximales de peuplement, établie du point de vue de
leur mode de gestion politique. Ces deux épiphénomènes de la centralisation
du pouvoir interviennent dans le processus de la construction étatique à l'étape
décisive de la conception d'une organisation administrative ; leur mise en œuvre
n'est pas separable du processus grâce auquel, sous l'égide d'un pouvoir cent
ralisé, on passe d'une société globale donné, historiquement hétérogène, à une
société globale produite, fonctionnellement homogène. La société est fondée,
dans le cas des Moose ou Moosi (sing. Mooga) dont il sera question ici, sur
une quadri-partition générale de la forme : gens du pouvoir/gens de la terre/ for
gerons (métallurgie du fer masculine et poterie féminine)/commerçants (tissage
du coton et commerce à longue distance)2.
J'appuierai mon analyse sur des données relatives au royaume mooga du
Yatenga (Yaadtenga) et aux formations politiques qui, à l'intérieur du Moogo,
constituaient sa zone d'influence en 1895, année du passage de la région sous
protectorat français : 1) les petits commandements de Busu et de Yesga, dont
les territoires sont limitrophes de celui du Yatenga au sud-ouest ; 2) vers l'est
1. Rappelons que le patri-lignage des Moose (buudu, inv.) se subdivise en unités résidentielles ou sakse
(sing, saka), aussi apples yiiya (sing, yiiri), terme qui désigne la grande famille traditionnelle. Le « vil
lage (tenga, plur. tëse) est un regroupement d'unités lignagères localisées, appelées « quartiers » par
l'administration française.
2. Л cette quadri-partition ne correspond pas une nomenclature systématique en moore, langue des
Moose. Le meilleur équivalent pour « gens du pouvoir » est évidemment « Moose », cet ethnonyme
étant entendu au sens restreint de membres du Moos buudu, ensemble des descendants en ligne agnati-
que de l'ancêtre fondateur Naaba Wedraogo ; on peut tout autant identifier les gens du pouvoir aux
descendants de cet ancêtre à partir de la deuxième génération : les fils étant des nabiise (sing, nabiiga),
les de ces fils sont des nakombse (sing, nakombga) ; tous les Moose sont des nakomhse
de Naaba Wedraogo, mais le terme fait aussi l'objet, dans chaque royaume du Moogo, pays
des Moose, d'une définition restrictive de membres du lignage royal : c'est le cas dans le Yatenga, où
les nakombse, dans ce registre, appartiennent aux cinq dernières générations du groupe de descendance
royal, issu du fondateur de la dynastie en place, Naaba Yadega ou Yaadga. « Gens de la terre » tra
duit littéralement tengdemba (avec tenga pour « terre » ; le singulier de tengdemba n'est pas usité),
mais les positions d'identité lignagère retiennent très généralement la dénomination « fils de la terre »
(tenzbiise, sing, tengbiiga). Le terme pour « forgeron » est sèya, plur. saaba. Les commerçants du Moogo
sont principalement des Yarse (sing. Yarga). de souche sarakole ; l'ethnonyme « Yarga » a d'autant
plus facilement acquis une signification fonctionnelle qu'on trouve parmi les Yarse de nombreux ligna
ges d'origine mooga.
hmrral (Us u/rntim-les <5» (2) IVti : 5 24 MICHEL IZARD
et le sud-est, les commandements « frères » du Zitenga (Ziidtenga ou Ziidten-
Gasongo), limitrophe du Yatenga, et du Ratenga, alliés au Yatenga au moins
depuis la seconde moitié du XVIIIe siècle; 3) enclavé entre le Zitenga et le
Ratenga et ayant au nord une frontière commune avec le Yatenga, le royaume
de Risyam ou du Tatenga, dont les visées hégémoniques sur la partie orientale
de l'espace politique d'ensemble considéré furent définitivement ruinées par une
guerre désastreuse qui l'a privé au milieu du XIXe siècle d'une assez vaste zone
septentrionale, annexée par le Yatenga ; 4) le petit commandement du Kirgi-
tenga, qui était à la fin du XIXe siècle la seule formation autonome à être
demeurée dans ce qui avait été la dernière zone d'influence du Tatenga3.
Une toponymie « libre » n'est en général pas un système de désignation
de lieux, parce que les traits déterminatifs au fondement de la création des
toponymes relèvent d'une typologie qui, sans être très ouverte, peut renvoyer
à des registres empiriques variés. Au contraire, une toponymie fonctionnelle
forme un système. Ce n'est même que pour autant qu'il y a système qu'il peut
y avoir fonctionnalité, ce qui n'implique pas pour autant qu'un topony-
mique soit nécessairement fonctionnel : on peut imaginer un grand nombre de
toponymies formelles non fonctionnelles. Par exemple, le Moogo central offre
l'exemple d'un système toponymique élémentaire (duel) non fonctionnel avec
l'opposition bien attestée Yiitaore-Dapore (ou -Dapoya) : « devant » (ouest)-
« derrière » (est), dont l'un des deux termes (Dapore-Dapoya) sert à désigner
le grand quartier des captifs royaux dans les résidences royales, tandis que l'autre
n'appartient pas à la toponymie des espaces royaux.
Le système dont il sera question dans ce texte assigne à certains quartiers
des toponymes qui sont autant de mentions de ce qui caractérise ces unités local
es. L'information peut revêtir l'une des deux formes suivantes : identité fonc
tionnelle d'un dignitaire local, identité collective des habitants. Les deux types
d'information ne s'excluent mutuellement pas, étant donné que la déterminat
ion d'une fonction n'est pas separable de l'identité collective du groupe local
dont le détenteur de la fonction est le chef. En géné

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