Changements sociaux et population chinoise après la révolution (1949-1961) - article ; n°1 ; vol.57, pg 4-18
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Description

Perspectives chinoises - Année 2000 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 4-18
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Marie-Claire Bergère
Changements sociaux et population chinoise après la révolution
(1949-1961)
In: Perspectives chinoises. N°57, 2000. pp. 4-18.
Citer ce document / Cite this document :
Bergère Marie-Claire. Changements sociaux et population chinoise après la révolution (1949-1961). In: Perspectives chinoises.
N°57, 2000. pp. 4-18.
doi : 10.3406/perch.2000.2154
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/perch_1021-9013_2000_num_57_1_2154Histoire
Changements sociaux et
population chinoise après
la révolution (1949-1961)
chinoise s'attachaient principalement au processus poli
tique qui avait conduit à l'imposition de nouvelles insti
orsqu'ils Marie-Claire prennent le pouvoir Bergère en 1949, les comtutions. Ces études mettaient l'accent sur le rôle aut
munistes ont pour objectifs de moderniser la onome et central du Parti-Etat et sur les initiatives des di
I société chinoise et de la rendre plus équitable. rigeants. Et dans la mesure où le Parti-Etat exerçait un
'*■ ■/> La lutte s'engage contre les classes privilégiées, pouvoir quasi illimité, il est bien clair que l'action poli
de nouvelles institutions sont établies, telles les coopér tique était au cœur des transformations sociales. Mais
atives rurales, les entreprises mixtes ou publiques. Si les réactions de la population chinoise à la politique of
l'on veut juger de l'importance de ces changements, on ficielle demeuraient généralement mal connues. Tout au
ne peut ignorer le renversement de la politique écono plus faisaient-elles l'objet d'analyses théoriques, telles
mique et sociale, survenu en Chine depuis 1978 et la ré que celles poursuivies par William Skinner et Edward
apparition de structures et de pratiques prérévolution Winckler"', à l'aide d'un modèle abstrait, baptisé « cycle
naires qui s'en est suivi. Bien évidemment cette résur d'obéissance », mettant en parallèle les diverses
rection de structures et de modes de sociabilité tradi conduites sociales (engagement, hostilité, indifférence)
tionnels ne peut être considérée comme simplement un avec les différents types de pressions exercées par le r
retour au passé : la continuité s'accompagne de nomb égime (normatives, coercitives ou incitations matér
reuses différences. En outre on ne saurait aborder ielles). Mais depuis quelques années la recherche en
l'histoire en jouant sur le privilège que donne un point Chine est devenue plus ouverte et le travail sur le terrain
de vue rétrospectif. s'est développé. Il est désormais possible de s'intéresser
Pourtant les continuités qui se dégagent entre la société aux stratégies mises en œuvre par les agents sociaux
d'avant 1949 et celle d'après 1978 nous invitent à nous inface aux changements imposés par le régime commun
terroger sur la permanence des normes et des conduites iste. Et les transformations sociales apparaissent
sociales, transcendant la rupture révolutionnaire de comme le produit à la fois d'une révolution sociale
1949. Il ne suffit plus de se demander : qu'est-ce qui a conduite d'en haut et d'une série d'accommodements
changé ? Il faut aussi se demander : combien de temps réalisés à la base.
ces changements ont-ils duré ? Et quelle a été l'influence C'est surtout dans les premières années du régime, de
profonde de ces transformations sociales qui semblaient 1949 à 1956, que le Parti-Etat s' efforce de changer la so
si radicales au moment où elles se sont produites ? ciété chinoise. La population coopère dans une certaine
Jusqu'à une période récente, la plupart des études ana mesure à cette marche vers le socialisme ou bien elle est
lysant les transformations révolutionnaires de la société forcée de s'y rallier. A la fin de 1956 la collectivisation
erspectives chinoises 1ST 57 • JANVIER - FEVRIER 2OOO Chines
rurale et la nationalisation des entre
prises urbaines, commerciales et indust
rielles sont acquises: elles n'ont pas
provoqué de crise majeure. Mais par la
suite s'ouvTe une période de graves dif
ficultés qui durent de 1957 à 1961. En
couragé par le succès apparent de la
transfomiation socialiste, Mao Zedong
autorise une certaine libéralisation et
laisse aux divers groupes sociaux la
possibilité de s'exprimer. Le fiasco des
Cent fleurs (1957) et l'échec des tenta
tives postérieures de radicalisation du Illustration non autorisée à la diffusion
changement social avec l'introduction
du Grand bond en avant et des com
munes populaires (1958-1960) débou
chent sur une nouvelle phase d'immobi
lisme et de bureaucratisation. Après
1961, les institutions socialistes sont
toujours en place mais en dépit de nomb
reuses campagnes de masse et de la
Révolution culturelle qui cherche à
mettre en pièce tout le tissu social,
l'élan du changement est retombé. Sous
le modèle d'organisation soviétique im
posé à la société chinoise, les structures
« Longue vie aux communes populaires » Photo : Jean-François Huchet solidaires traditionnelles persistent et l
imitent l'ampleur des transformations
révolutionnaires. De façon contradictoire, ces struc Dans les campagnes, l'arriération et l'exploitation appel
tures rendent les nouvelles institutions socialistes lent des solutions également urgentes.
viables en se combinant à elles ; mais en même temps S'ajoute à cela le fait qu'en 1949 le Parti a déjà une
qu'elles permettent la survie de ces institutions, elles en longue expérience de la réforme agraire et des pre
altèrent la nature et le rôle. mières étapes de la collectivisation des terres. Il a
confiance en lui pour mener à bien la transfomiation ré
S'arranger avec une révolution venue d'en haut volutionnaire de la société rurale. Dans le cas de Mao
Les transformations de la société chinoise dans les pre Zedong, cette confiance va même si loin qu'elle le
mières années du régime communiste ne résultent pas conduira à se lancer dans des expériences relevant
d'une mobilisation populaire spontanée qui aurait pré d'une vision utopique, tel le Grand bond en avant. Les
cédé la révolution. Elles découlent d'une politique dél problèmes sociaux des villes sont moins familiers aux
ibérée appliquée par le Parti communiste triomphant. dirigeants communistes, issus pour la plupart de la guér
Cette politique vise à moderniser la société : à éliminer illa révolutionnaire. Dans les premières années du ré
les superstitions, l'ignorance, la misère et à rendre la so gime, le traitement réservé aux ouvriers et aux capital
ciété plus juste, à faire cesser l'exploitation du pauvre istes sera moins brutal que celui appliqué aux paysans
par le riche, de la femme par l'homme, de la jeune et aux propriétaires fonciers.
La priorité accordée par le nouveau régime à l'iépouse par la belle-mère... Ce programme ne s'applique
pas uniformément au monde rural et à la société ur ndustrialisation contribue aussi à accélérer le
baine. Dans les villes chinoises, touchées par la modern rythme de transformation de la société rurale. Les
isation dès la fin du XIXe siècle, la lutte contre les in dirigeants ont du socialisme une conception inspi
égalités a la priorité sur l'aggiornamento des mœurs. rée du modèle soviétique et reposant sur la pro-
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priété par l'Etat des moyens de production indust la politique officielle a trouvé des appuis dans la popul
rielle. Leur stratégie consiste à extraire le surplus ation ou que du moins elle ne s'est pas heurtée à une
de la production agricole pour accélérer l'indus vive résistance.
trialisation des villes. La collectivisation rurale ap En remettant la terre à ceux qui la cultivent, le Parti sa
paraît comme le moyen le plus efficace d'extraire tisfait une aspiration séculaire de la paysannerie et son
ce surplus et comme une condition préalable à initiative ne peut que rencontrer un accueil favorable
l'industrialisation. dans la majorité de la population rurale. Quant à la col
Aussi la transformation de la société chinoise revêt un lectivisation, on a souvent avancé que les formes él
caractère spécifique e

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