Conduite et besoin d exploration chez les Mammifères - article ; n°1 ; vol.57, pg 99-119
22 pages
Français

Conduite et besoin d'exploration chez les Mammifères - article ; n°1 ; vol.57, pg 99-119

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
22 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1957 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 99-119
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

F. Orsini
Conduite et besoin d'exploration chez les Mammifères
In: L'année psychologique. 1957 vol. 57, n°1. pp. 99-119.
Citer ce document / Cite this document :
Orsini F. Conduite et besoin d'exploration chez les Mammifères. In: L'année psychologique. 1957 vol. 57, n°1. pp. 99-119.
doi : 10.3406/psy.1957.26583
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1957_num_57_1_26583REVUES CRITIQUES
CONDUITE ET BESOIN D'EXPLORATION
CHEZ LES MAMMIFÈRES
par Francine Orsini
Le besoin d'exploration, objet de nombreuses et récentes recherches,
a été étudié depuis le début du siècle, mais d'une façon épisodique et
superficielle. Ce n'est qu'à partir de 1950, que les travaux relatifs à
cette question devinrent systématiques et permirent de constituer un
ensemble de données cohérentes, susceptibles d'attirer l'attention du
psychologue, sur le problème important qu'elles soulèvent.
Dans un rappel historique succinct, nous voudrions d'abord esquisser
une vue d'ensemble de ces recherches, telles qu'elles ont évolué au
cours de ce demi-siècle ; nous étudierons ensuite, de plus près, les pro
blèmes qu'elles posent.
La recherche la plus connue qui marque l'origine de ces travaux
est celle de Dashiell en 1925 ; Dashiell met en évidence chez le Rat un
instinct particulier : « L'instinct de curiosité ». L'animal affamé, placé
dans une cage nouvelle, contenant de la nourriture, commence par
explorer la cage, avant de satisfaire sa faim. Cependant, Hamilton en
1911 et Lashley en 1912 avaient recueilli des observations sur des
phénomènes « d'impulsion exploratrice » (exploratory impulse), et d'oscil
lations régulières dans des expériences d'apprentissage par discriminat
ion. Ces phénomènes d'oscillations furent, par la suite, fréquemment
étudiés en des recherches sur « l'alternance spontanée». Dès 1925, Tolman
décrit cette alternance spontanée des rats, qui, placés à un point de choix
entre deux chemins équivalents, oscillent de l'un à l'autre pour aller
chercher leur nourriture. Cette alternance régulière des choix : droite-
gauche, droite-gauche..., dépasse une simple probabilité au hasard.
Tolman suggère à partir de là, que les conduites d'essais et d'erreurs,
dans un apprentissage normal, ne résultent pas simplement de l'échec,
mais plutôt d'une tendance spécifique à l'alternance. Yohioka (1929),
Hunter (1931) et Witkin (1937) rejoignent ces vues. Denis en 1934
montre qu'une exploration préalable de certaines parties du labyrinthe
entraîne l'élimination de ces parties dans les parcours subséquents.
Il se produit ce que l'auteur appelle « une adaptation négative ». 100 REVUES CRITIQUES
En 1930, une expérience marquante de Nissen met en évidence Ja
force de ce besoin d'exploration : un rat n'hésite pas à traverser une
grille électrisée pour avoir la possibilité d'explorer un nouveau compart
iment. A la suite de cet article, d'autres recherches, portant sur des
techniques plus complexes que l'alternance spontanée, étudient le
besoin de variabilité, sous des formes diverses chez l'Homme. Tel-
ford (1931) et Luh (1931) reprennent des expériences de Thorn-
dike (1927) sur la variabilité de la réponse dans des associations libres.
Heather (1940), dans une revue succincte de ces questions, cite les travaux
de Irwin et Preston sur l'alternance régulière des jugements. (Dans
cette expérience il s'agit d'entendre deux sons et de soupeser deux
poids plusieurs fois à la suite. Alors qu'il n'existe aucune raison objec
tive d'alterner les jugements : plus fort-plus faible, plus lourd-plus
léger, on enregistre une variation régulière.) Ces auteurs insistent
sur l'évitement de la répétition et ils rattachent généralement cette
tendance à des phénomènes de la période réfractaire.
A partir de 1950, avec la publication de Berlyne, on commence à
étudier le besoin d'exploration dans la conduite d'approche déterminée
par l'apparition d'un stimulus nouveau. Les techniques utilisées se
fondent essentiellement encore sur l'alternance spontanée dans un
labyrinthe en Y ou en T, complétée par des techniques plus complexes
qui consistent à présenter des stimuli nouveaux, des situations-problèmes
dans le champ perceptif de l'animal. Toutes ces recherches seront étu
diées dans la suite du présent article. Pour mémoire, nous citons seul
ement quelques dates principales : en 1950 l'école de Harlow commence
à publier des recherches importantes sur le besoin de manipulation
chez le Chimpanzé. En 1951 paraît la première recherche de Montgomery,
suivie d'une série nombreuse, qui suscite des travaux en relation
avec l'apprentissage latent. Ces recherches étudient les conduites
exploratrices en fonction des attributs du stimulus. Hebb (1953), après
les dernières publications de Berlyne, entreprend l'étude de ces
sur un plan expérimental et théorique.
Pour achever cette revue succincte, nous pouvons mentionner le lien
étroit qui rattache ces travaux aux expériences de Pavloo sur la réaction
d'investigation et regretter qu'on ait presque complètement ignoré
cet aspect.
Nous limitons l'objet de cet article à l'étude du besoin d'exploration
chez les Mammifères. Certains travaux montrent qu'on trouve chez les
Invertébrés des formes élémentaires de l'exploration (8, 39).
Ce rappel historique, introduction à l'étude du besoin d'exploration,
montre combien les questions multiples qu'il soulève se situent sur
des plans différents. Il convient, pour faciliter cette étude, de sérier
les questions. Nous étudierons successivement : la conduite exploratrice
à un niveau descriptif, le besoin d'exploration à un niveau expérimental,
et l'interprétation théorique de ce besoin, concept nouveau dans la
terminologie psychologique. F. ORSINI. — CONDUITE CHEZ LES MAMMIFÈRES 101
I. — La conduite exploratrice
Si aucune définition générale n'a été donnée, l'ensemble des auteurs
s'accorde sur un certain nombre de traits qui peuvent caractériser de
façon originale cette conduite exploratrice. Nous pouvons nous appuyer
plus particulièrement sur Berlyne (1), Montgomery (35), Harlow (21),
Mac Dougall (1) et Darchen (8) pour dégager ces traits essentiels : une
conduite exploratrice peut se définir comme une séquence d'activités
déclenchée par l'apparition d'un stimulus nouveau, orientée vers l'inves
tigation plurisensorielle de ce généralement manifestée par
un mouvement d'approche vers ce stimulus.
Les principaux déterminants de ces conduites sont en relation
plus ou moins directe avec le facteur « nouveauté » du stimulus qui
prédomine nettement sur les autres et que nous examinerons en pre
mier lieu.
1° Degré de nouveauté
Berlyne (1) essaie de définir ce caractère de nouveauté qui différen
cierait essentiellement les stimuli capables de déclencher des conduites
exploratrices, des stimuli connus non capables de déterminer des
conduites exploratrices. Cette définition est difficile car les propriétés
particulières de ces stimuli ne peuvent se confondre avec les
physico-chimiques du stimulus considéré objectivement. Leur caractère
de nouveauté se définit essentiellement en fonction du rôle qu'ils ont
dans l'histoire du sujet, c'est-à-dire en fonction de leur familiarité ou
non familiarité. Chez l'enfant, l'ensemble des stimuli environnants est
cause perpétuelle d'exploration ; peu à peu la familiarisation avec le
milieu entraîne la disparition partielle de ces conduites exploratrices.
Cependant, Mower (I) note que des animaux placés dans un laby
rinthe inconnu se mettent à uriner et à déféquer. De même, Hebb (23)
relève des réactions de fuite, manifestations émotionnelles variées,
lorsque l'on présente à un chimpanzé un objet comportant un trait
inhabituel, bizarre : un modèle de corps humain dont la tête est déta
chée du tronc (alors que l'animal ne manifeste aucune réaction lorsqu'il
est placé dans une situation totalement inconnue). Berlyne év

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents