Contribution à l étude de la complexité du système mnésique humain - CHAPITRE-VI
71 pages
Français

Contribution à l'étude de la complexité du système mnésique humain - CHAPITRE-VI

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
71 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Apports expérimentaux Chapitre 6 : intention, mémoire et métamémoire CHAPITRE 6 : EFFETS DE L'ENCODAGE INTENTIONNEL SUR LA PERFORMANCE DE MEMOIRE ET LES JUGEMENTS DE METAMEMOIRE EN SITUATION DE LABORATOIRE 6.1. CADRE GENERAL La seconde expérience de mémoire réalisée en laboratoire a été conçue pour approfondir l'analyse des effets de l'encodage intentionnel dans un échantillon plus grand et dans un cadre méthodologique plus proche de celui de Craik et Lockhart (1972 ; Craik et Tulving, 1975). Dans le paradigme de la profondeur de traitement, les sujets sont soumis à des tâches d'orientation qui induisent différents types d'opérations mentales sur le matériel ; une analyse structurale des stimuli (e.g., détecter la présence d'une lettre-cible, analyser la forme écrite d'un mot…) débouche sur une performance mnésique ultérieure plus faible qu'une analyse sémantique (e.g., décider de l'appartenance à une catégorie, juger du caractère agréable des éléments…). Contrairement à l'expérience précédente, le facteur intention est manipulé inter-individuellement ; on évite ainsi les effets possibles d'apprentissage d'une condition à l'autre. Dans cette expérience, l'analyse des stratégies est rendue possible grâce à l'utilisation d'un matériel informatique enregistrant les temps d'exposition sur le matériel au cours de la phase d'encodage. De plus, le choix d'une liste de mots catégorisable nous permet d'appréhender les stratégies d'élaboration et de ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Apports expérimentaux Chapitre 6 : intention, mémoire et métamémoire
CHAPITRE 6 : EFFETS DE L'ENCODAGE INTENTIONNEL SUR LA
PERFORMANCE DE MEMOIRE ET LES JUGEMENTS DE
METAMEMOIRE EN SITUATION DE LABORATOIRE
6.1. CADRE GENERAL
La seconde expérience de mémoire réalisée en laboratoire a été conçue pour
approfondir l'analyse des effets de l'encodage intentionnel dans un échantillon plus
grand et dans un cadre méthodologique plus proche de celui de Craik et Lockhart
(1972 ; Craik et Tulving, 1975). Dans le paradigme de la profondeur de traitement, les
sujets sont soumis à des tâches d'orientation qui induisent différents types d'opérations
mentales sur le matériel ; une analyse structurale des stimuli (e.g., détecter la présence
d'une lettre-cible, analyser la forme écrite d'un mot…) débouche sur une performance
mnésique ultérieure plus faible qu'une analyse sémantique (e.g., décider de
l'appartenance à une catégorie, juger du caractère agréable des éléments…).
Contrairement à l'expérience précédente, le facteur intention est manipulé inter-
individuellement ; on évite ainsi les effets possibles d'apprentissage d'une condition à
l'autre.

Dans cette expérience, l'analyse des stratégies est rendue possible grâce à
l'utilisation d'un matériel informatique enregistrant les temps d'exposition sur le
matériel au cours de la phase d'encodage. De plus, le choix d'une liste de mots
catégorisable nous permet d'appréhender les stratégies d'élaboration et de
regroupement sémantique.

Les mesures de métamémoire utilisées portent à la fois sur la prédiction de la
performance, l'évaluation qualitative des performances prédites et réelles et la
certitude associée aux prédictions. Les sujets devaient procéder à d'autres auto-
évaluations et répondre à un questionnaire d'attribution de la performance au cours de
cette même expérience ; nous considérerons ces dernières dans le chapitre suivant.

Enfin, l'expérience entre dans le cadre d'une recherche plus large combinant des
mesures de performances mnésiques, de métamémoire, de personnalité (Anxiété de
Cattell, 1962 ; Locus de contrôle de Rotter, 1966) et d'auto-évaluation de la mémoire
quotidienne (Questionnaire d'auto-évaluation de la mémoire quotidienne de
Chapitre 6 – 437 Apports expérimentaux Chapitre 6 : intention, mémoire et métamémoire
139Sunderland, Harris et Baddeley, 1983 (chapitre 7). Ce dernier point sera un des
aspects "écologiques" étudiés au chapitre 7.

Comme dans l'expérience précédemment rapportée (chapitre 5), nous posons
l'hypothèse d'une amélioration de la performance mnésique lorsque les sujets sont
avertis du test de mémoire futur (H.2.1.). Cette amélioration pourrait être interprétée
comme le résultat de la mise en place de stratégies d'encodage, d'une plus grande
attention sur le matériel ou de la constitution d'un plan de récupération. Les résultats
des sujets d'un groupe contrôle (pas de tâche d'orientation et auto-régulation de
l'apprentissage) nous permettront de déterminer l'impact (notamment perturbateur)
d'une tâche d'orientation sur la mémorisation des données et sur la prise de conscience
de l'organisation du matériel.
L'amélioration de la performance devrait être plus importante sur le matériel le
plus difficile à mémoriser (H.2.1.2.), c'est-à-dire les mots accompagnés d'une question
d'orientation orthographique ou phonétique (i.e., qui font l'objet d'un traitement de plus
bas niveau). On observe classiquement que les éléments associés à une réponse
positive sont mieux mémorisés que les éléments correspondant à une réponse négative,
au moins pour les plus hauts niveaux de traitement (Craik et Tulving, 1975) ; dans ces
cas, la question et le mot constituent une unité intégrée, élaborée, qui sera plus facile à
activer au moment du rappel.
Notre hypothèse sous-entend que les sujets avertis du test de mémoire futur vont
prendre conscience de la nécessité d'accorder un traitement approfondi au matériel.
Dans l'éventualité d'une analyse approfondie de l'ensemble des stimuli, les sujets
devraient également prendre conscience de l'organisation de la liste et se servir de cette
organisation au moment de la recherche des éléments en mémoire. L'encodage
intentionnel devrait ainsi mener à la disparition de l'effet de profondeur de
traitement et de l'effet de supériorité des items positifs. Le degré de regroupement
sémantique au rappel nous renseignera sur cette prise de conscience.
Concernant les mesures de métamémoire, nous émettons l'hypothèse d'une
différence dans les jugements de prédiction et d'évaluation des performances entre
les trois situations d'encodage des stimuli. Les représentations les plus adéquates du
contenu mnésique (adéquation de la prédiction avec le rappel) et de la qualité de la
performance devraient être obtenues chez les sujets qui possèdent le plus
d'informations sur l'issue de l'expérience (groupe intentionnel et groupe contrôle). En
effet, l'orientation intentionnelle de l'encodage devrait permettre une analyse plus fine
des caractéristiques des tâches et du matériel à retenir, donc contribuer à une
connaissance métamnésique plus élaborée et plus réaliste (H.2.2.2.). Cette
connaissance sera utilisée à la fois pour améliorer l'efficacité du processus de
mémorisation (auto-régulation, stratégies, contrôle) et pour émettre les jugements de
prédiction et d'évaluation (memory monitoring).

139. Version présentée dans Baddeley (1993a), pp. 252-253.
Chapitre 6 – 438 Apports expérimentaux Chapitre 6 : intention, mémoire et métamémoire
6.2. DESCRIPTION DE L'EXPERIENCE
6.2.1. Sujets
Cent onze étudiants volontaires (annexe 6.1 et tableau VI.1), âgés de 18 à 46 ans,
ont été répartis en trois groupes différenciés par les consignes reçues à propos de la
140tâche de mémoire . Le niveau d'étude moyen (nombre d'années de scolarisation depuis
le cours préparatoire) est de 14,5 ans, ce qui correspond au premier cycle universitaire.
Soixante huit femmes et 43 hommes composent cet échantillon. Les trois groupes ne
diffèrent pas dans la répartition des sexes (χ²(2)=2,34, ns) et dans le niveau scolaire
moyen (F(2;108)<1, ns). Les sujets du groupe 3 sont significativement plus âgés que
141
ceux du groupe 1 (F(2;108)=3,37, p=.04) .


Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 TOTAL Comparaison
Effectif 37 36 38 111 -
Age 21,94 (1,98)24,46 (5,74) 25,34 (8,12) 23,92 (6,01) F(2;108)=3,37, p=.038
Sexe 21 F / 16 H 20 F / 16 H 27 F / 11 H 68 F / 43 H χ²(2)=2,34, ns
Niveau scolaire 14,32 (1,53) 14,83 (2,08) 14,29 (2,04) 14,48 (1,90) F(2;108)=0,94, ns
Forme générale 3,76 (0,76) 3,42 (0,73) 3,68 (0,81) 3,62 (0,78) F(2;108)=1,98, ns
Stress 4,14 (0,71) 4,11 (0,79) 3,95 (0,93) 4,06 (0,81)(2;108)=0,59, ns
Motivation 4,27 (0,56) 4,06 (0,58) 4,00 (0,74) 4,11 (0,64) F(2;108)=1,90, ns
Tableau VI. 1 : Caractéristiques des sujets répartis dans chaque groupe de l'expérience.
La forme générale, le niveau de stress lié à l'expérience (plus la note est haute, moins le sujet
se dit stressé) et la motivation pour passer l'expérience sont donnés sur une échelle
d'évaluation en 5 points (codée de 1 à 5).


Trois questions préliminaires (appelées auto-évaluations générales) ont été posées
avant la présentation des consignes et de la tâche afin de vérifier l'équivalence des
auto-évaluations dans les trois groupes (mais également pour étudier les relations entre
cognition et conation – chapitre 7). Il nous a paru intéressant de prendre une mesure
générale de la forme perçue comme référence d'auto-évaluation et indice du niveau
d'efficacité et du bien-être subjectif, une mesure de la confiance du sujet face à la
situation expérimentale et une mesure de l'implication motivationnelle

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents