Création de la monnaie et multiplicateur du crédit - article ; n°1 ; vol.13, pg 29-56
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Description

Revue économique - Année 1962 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 29-56
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 63
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jacques Le Bourva
Création de la monnaie et multiplicateur du crédit
In: Revue économique. Volume 13, n°1, 1962. pp. 29-56.
Citer ce document / Cite this document :
Le Bourva Jacques. Création de la monnaie et multiplicateur du crédit. In: Revue économique. Volume 13, n°1, 1962. pp. 29-56.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1962_num_13_1_407496CREATION DE LA MONNAIE
ET MULTIPLICATEUR DU CREDIT
La théorie quantitative de la monnaie agonise. Les critiques banales,
acceptées depuis longtemps par tous, concernent l'instabilité des vitesses
de circulation, ainsi que la diversité des effets de la monnaie selon les
points où elle s'introduit dans le circuit économique, soit comme capital,
soit comme revenu (1). La critique fondamentale s'appuie sur la détermi
nation de la masse monétaire. Il est essentiel à la solidité de la position
quantitativiste que la quantité de monnaie soit une variable indépendante
du revenu national et de la conjoncture, une cause sans cause. Il faut donc
soutenir que les banquiers fixent le montant du stock monétaire par un
acte souverain, dans le secret de leur olympe.
C'est précisément cette condition de la théorie quantitative qui n'est
plus admise en France aujourd'hui : la Banking School et Wicksell triom
phent (2). Tous les praticiens soulignent l'action que la demande de
monnaie exerce sur la détermination de la masse monétaire et contestent
la capacité des banquiers à imposer, sauf contrôle extrême du crédit, une
limite déterminée au chiffre global des moyens de paiement existants dans
une économie (3). Ils souhaitent d'ailleurs presque tous l'abandon, par
la politique monétaire, de préoccupations et de procédés trop quantitati-
vistes dans leur inspiration et dont l'effet est en général de paralyser l'éc
onomie sans résoudre de manière durable le problème de la stabilité monét
aire.
1. Par exemple, pour amortir la dette publique ou pour verser des
salaires.
2. M. Rueff également, qui paraît avoir réinventé Wicksell, mais qui se
refuse toujours à tirer les conséquences de la « régulation monétaire ».
Comment soutenir que les réserves de devises commandent l'émission de la
monnaie ? Telle est pourtant la proposition avancée récemment par M. Rueff
pour analyser le Gold exchange Standard.
3. Citons, par exemple, MM. Bloch-Lainé et Devaux pour le Trésor,
MM. Boccon-Gibod et Berger pour la Banque de France, M. Denizet pour
le Service des Etudes économiques et financières. 30 REVUE ÉCONOMIQUE
L'objet du présent article n'est pas d'étudier complètement en termes
théoriques la détermination de la masse monétaire. Il faudrait examiner la
formation des besoins individuels d'encaisses pour les diverses catégories
d'agents économiques, puis l'agrégation de ces besoins, afin d'en établir
la résultante, c'est-à-dire la demande de monnaie nouvelle à l'échelle globale.
Enfin il faudrait analyser les procédés par lesquels cette demande est satis
faite, grâce au crédit, et l'action que les banquiers exercent à cette occasion.
Le propos de l'analyse suivante est beaucoup plus limité. Il semble en
effet que les modèles techniques construits pour rendre compte de la créa
tion monétaire et qui sont couramment exposés dans les ouvrages élément
aires contredisent la conception d'une adaptation de la quantité de monnaie
à la demande.
En parlant le langage de la comptabilité bancaire, ces modèles partent
de l'idée que les liquidités possédées, à un moment donné, par les banques
dans leurs actifs fixent le montant des crédits qu'elles peuvent consentir
et par conséquent celui des dépôts inscrits au passif de leurs livres. En
vertu de cette « vision », tout apport de liquidités aux banques, sous
forme de devises, de virements provenant du Trésor, ou de dépôts spon
tanés du public, alimente pour un montant déterminé la création de la
monnaie et constitue la seule base possible de cette création. L'expression
perfectionnée de cette conception forme la théorie dite du « multiplicateur
de crédit ».
Mais, par le biais d'une telle construction, on énonce toujours que les
banquiers fixent seuls la quantité de monnaie, alors que le courant contem
porain des idées monétaires postule que la demande de crédit détermine
cette quantité, ou tout au moins établit un partage de responsabilités entre
les banquiers et les emprunteurs.
Il paraît alors nécessaire d'abandonner l'idée d'un multiplicateur de
crédit qui est un fossile de la théorie quantitative et de donner une autre
explication technique au développement du crédit bancaire. Afin d'être
cohérente avec l'ensemble des idées monétaires, cette analyse doit montrer
que les banquiers peuvent répondre sans limite, s'ils le désirent, aux
demandes de crédit. Il faut donc qu'ils ne soient pas liés, au départ, par
un montant de liquidités préexistantes ; il faut que leurs prêts, en même
temps qu'ils alimentent les dépôts demandés, sécrètent les liquidités dont ils
ont besoin.
C'est l'esquisse d'une telle explication qui est tentée ici. Les pièces
qui la composent ne sont pas neuves ni originales, c'est plutôt leur agen- MONNAIE ET CRÉDIT 31
cernent qui permet d'aboutir à une « vision » différente de celle qui est
habituellement enseignée, et dont le redressement, en bonne pédagogie,
nous paraît nécessaire (4).
Cette étude comporte donc deux étapes : d'abord elle rappelle la théor
ie du multiplicateur de crédit pour marquer ses incertitudes; ensuite elle
suggère une interprétation opposée.
I
LE MULTIPLICATEUR DU CREDIT
REND -IL COMPTE DE LA CREATION MONETAIRE?
Pour exposer le comportement des banques, envisagées comme créa
trices de monnaie, la plupart des auteurs (5) construisent un modèle très
voisin, dans sa structure logique et son expression mathématique, du
multiplicateur d'investissement. Avant de marquer les points de cette
analyse qui nous paraissent douteux, il est nécessaire d'en rappeler l'es
sentiel.
A. Rappel sommaire de la théorie du multiplicateur de crédit
/. Au point de départ de la création monétaire, les banques disposent
à l'actif de liquidités excédentaires par rapport à la couverture jugée suffi
sante de leurs dettes, c'est-à-dire des dépôts inscrits au passif. Ces liqui
dités sont constituées par des avoirs en caisse ou à leur compte près de
la Banque centrale. Elles ont été formées par des dépôts spontanés venus
des clients, par des cessions de devises à l'Institut d'émission, ou pour toutes
les autres causes imaginables, cela importe peu. Comme ces liquidités ne
leur rapportent pas, les banques vont les prêter aux entrepreneurs. Un
4. La fréquence, dans les ouvrages d'enseignement, d'expressions telles
que : « l'injection de monnaie dans l'économie, l'augmentation de la quantité
de monnaie provoquée par l'impasse de Trésorerie, ou par les rentrées de
devises >, illustre un retard du langage, sinon des idées, qui entretient des
conceptions dépassées.
5. Cf. notamment P.A. Samuelson, L'Economique, tome I ; — Leif Johan-
sen, « Income formation and banking system», International economic papers,
vol. V, p. 91. Nous nous permettrons, pour le soumettre à la même critique,
de citer notre manuel de Capacité, L.G.D.J., pp. 207 à 215. 32 REVUE ÉCONOMIQUE
multiplicande est ainsi défini, il fournit la base d'une expansion ultérieure
du crédit, dont le montant est déterminé à la fois par les liquidités excé
dentaires initialement disponibles et par les règles que suivent les banques.
2. La multiplication s'opère ensuite de la façon suivante selon cette
théorie : chaque banque ne peut prêter qu'une partie des liquidités surnumér
aires qu'elle possède.
Elle est en effet soumise d'abord à la nécessité de ne pas s'endetter
envers les autres banques. Sa sécurité exige donc qu'elle ne prête pas au
delà de ce qu'elle possède au départ. Lorsque les liquidités excédenta

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