Crise économique et régionalisation en Asie orientale - article ; n°169 ; vol.43, pg 27-45
20 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Crise économique et régionalisation en Asie orientale - article ; n°169 ; vol.43, pg 27-45

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
20 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 2002 - Volume 43 - Numéro 169 - Pages 27-45
Sophie Boisseau du Rocher — Economic crisis and régionalisation in Eastern Asia.
The Asian economic crisis certainly served as boosting drive on the spur of novel views to the constitution of East-Asian community. But two main trigger- factors seem responsible for reversing the dominant current. Such are the initiatives taken prior to 1997 and the Chinese development, which serves as a powerful regional impetus.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 177
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sophie Boisseau du Rocher
Crise économique et régionalisation en Asie orientale
In: Tiers-Monde. 2002, tome 43 n°169. pp. 27-45.
Abstract
Sophie Boisseau du Rocher — Economic crisis and régionalisation in Eastern Asia.
The Asian economic crisis certainly served as boosting drive on the spur of novel views to the constitution of East-Asian
community. But two main trigger- factors seem responsible for reversing the dominant current. Such are the initiatives taken prior
to 1997 and the Chinese development, which serves as a powerful regional impetus.
Citer ce document / Cite this document :
Boisseau du Rocher Sophie. Crise économique et régionalisation en Asie orientale. In: Tiers-Monde. 2002, tome 43 n°169. pp.
27-45.
doi : 10.3406/tiers.2002.1566
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2002_num_43_169_1566CRISE ÉCONOMIQUE
ET RÉGIONALISATION
EN ASIE ORIENTALE
par Sophie Boisseau du Rocher*
Si la crise économique a permis de relancer sur des bases nouvelles la
réflexion sur la constitution d'une communauté est-asiatique, elle n'en a
pas pour autant été le facteur déclencheur, pour deux raisons : les pre
mières initiatives datent d'avant 1997 ; le renversement de tendance
lourde pourrait être à rechercher dans le développement chinois et ses
implications considérables sur la région.
La crise qui s'est déclenchée en Asie orientale en 1997 n'est pas une
simple monétaire et financière ; il s'agit plutôt de la crise d'un
modèle de développement devenu difficilement compatible avec les exi
gences normatives de la mondialisation. En effet, ce ne sont pas tant
les principes d'organisation (industrielle ou des services) qui sont remis
en cause que leur combinaison avec des modes de financement libérali
sés. Les secousses ont atteint à la fois le champ économique mais aussi
politique, social, voire sécuritaire (Boisseau du Rocher, 1999 a) : tous
les paramètres du développement ont été touchés, ce qui explique
d'ailleurs en partie la lenteur et la complexité de la reprise.
Parmi ces paramètres, l'équilibre régional jouait un rôle important
et intéressait les observateurs car il reposait sur des bases différentes
des modèles connus, notamment la référence européenne. L'espace
asiatique (Asie du Nord-Est et Asie du Sud-Est) s'organisait suivant
des modes complexes et inclusifs qui paraissaient défier la rationalité
occidentale ; jusqu'à la crise d'ailleurs, il était difficile de distinguer ce
qui relevait de l'illusion du mouvement plus profond vers la construc
tion d'une région. Cette remarque est toujours valable aujourd'hui et,
* Chercheur associée au ceri.
Revue Tiers Monde, t. XLIII, n° 169, janvier-mars 2002 28 Sophie Boisseau du Rocher
alors que diverses propositions pour une coopération plus institution
nalisée sont à l'étude, le basculement de l'Asie orientale vers la régio
nalisation reste hypothétique et difficilement déchiffrable.
La crise de 1997 a servi d'épreuve de vérité et a bien démontré cer
tains des paradoxes des rapprochements en cours. Si, dans un premier
réflexe, les États se sont tournés vers la communauté internationale et
ont privilégié les canaux traditionnels, ils ont simultanément donné à
la régionalisation une impulsion particulière. Les interdépendances
révélées mais aussi les pressions externes, qu'elles viennent des institu
tions internationales (type fmi) ou des partenaires extérieurs (les États-
Unis notamment), ont renforcé l'idée d'un même ensemble, d'une
même pertinence. Cette prise de conscience, empirique, a logiquement
activé le débat sur la régionalisation et les formes de coopération les
plus avantageuses. Plusieurs propositions sont apparues, qui, si elles
restent encore au niveau d'ébauche, n'en révèlent pas moins un débat
de fond et les directions souhaitées dans l'ensemble de ces pays. Ces
débats suscitent aussi en dehors de l'Asie orientale des réactions qui
peuvent, dans un sens ou dans l'autre, infléchir son cours : c'est rappel
er le caractère labile de cette régionalisation est-asiatique.
UNE RÉGIONALISATION PARTICULIÈRE
L'Asie orientale n'est pas, et n'a jamais été, une notion évidente et
les divers noms qui lui sont donnés (Asie orientale, Extrême-Orient,
Asie du Pacifique, Asie de l'Est...) montrent bien les difficultés de sa
représentativité et de sa définition. Il y a bien, selon les termes de
Jean-Luc Doménách, une « énigme identitaire » de l'Asie orientale
(Doménách, 1997).
L'Asie orientale se définit tout à la fois par son extrême diversité et
une certaine unité. Diversité géographique, humaine, diversité des civi
lisations qui l'animent, diversité des niveaux de développement aussi
(Boisseau du Rocher, 1999 b) ; évoquer une identité asiatique spon
tanée constitue clairement une erreur. Paradoxalement, on ne peut
ignorer cette tendance à l'unité, quoique inachevée, à partir d'éléments
communs comme le bouddhisme (95 % des 350 millions de bouddhist
es vivent en Asie orientale), le riz ou l'eau ; on insistera entre autres
sur l'effervescence séculaire de l'axe maritime asiatique, de cette Asie
hanséatique organisée autour de grands ports (Hong Kong, Singa
pour, Kaoshiung, Pusan...) et animée de tous temps par des entrepre- Crise économique et régionalisation en Asie orientale 29
neurs, des commerçants, des producteurs ou des individus prêts à
vendre leur force de travail chez leurs voisins. Autre catalyseur,
l'antagonisme mobilisateur représenté par la pression occidentale. Ces
deux derniers siècles, la construction de l'Asie orientale s'est nourrie
du refus, inégal dans son ampleur et souvent divergent dans ses moti
vations, de ces pressions (Godement, 1993) ; encore aujourd'hui,
l'identité régionale se nourrit des relations de coopération et/ou de
rejet avec l'Occident, facteur de modernité mais aussi de dépendance
(Mahbubani, 1995). Enfin, la dernière vague de ce mouvement s'est
établie sur la base de la proximité économique. Proximité des modèles
de développement (industrialisation par les exportations (gemdev,
1995)) et proximité géographique qui a rapproché les forces du marc
hé, stimulées par trente ans de croissance : en se développant grâce
aux opportunités de la mondialisation, la région s'est simultanément
centrée sur elle-même (Fouquin, Dourille-Feer et Oliveira-Martins,
1991) pour former un espace économique à part entière.
La valorisation systémique de cette proximité géographique a
débuté avec l'établissement d'une sphère de coprospérité japonaise ;
cette période explique les réticences ultérieures (au plan interne comme
régional) à laisser Tokyo prendre l'initiative. Les rapprochements ont
repris à la fin des années 1960, quand le Japon s'est à nouveau tourné
vers les ressources d'Asie du Sud-Est, puis se sont étoffés de manière
irréversible au milieu des années 1980 (Boisseau du Rocher, 1992).
Dans le même temps, Deng Xiao Ping lance le programme de modern
isation de l'économie chinoise. En étant les premiers à exploiter les
ouvertures et à introduire des méthodes capitalistes en Chine communi
ste, les entrepreneurs asiatiques assure la suture entre la Chine et le
monde extérieur : la matérialité d'un espace économique asiatique se
concrétise. Si la Chine a en partie réussi sa transition, c'est grâce à
cette multitude de liens tissés par le monde asiatique qui ont joué,
simultanément, le rôle d'amortisseur face à la modernité et de vecteurs
de cette modernité.
Les observateurs évoquent la formation d'un nouveau pôle dans
un monde tripolaire constitué de l'Asie orientale, de l'Europe occident
ale et de l'Amérique du Nord. Leur analyse se fonde sur la hausse
ininterrompue des échanges et des investissements. À cette période, en
effet, le commerce intra-asiatique, qui s'élevait à un peu moins de
30 % du des pays de la zone, atteint 40,5 % en 1992 pour
dépasser un peu plus de 50 % en 1997. Dans les faits, le Japon est le
fer de lance de cette régionalisa

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents