Critères d investissement et développement économique - article ; n°3 ; vol.12, pg 369-413
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Critères d'investissement et développement économique - article ; n°3 ; vol.12, pg 369-413

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Description

Revue économique - Année 1961 - Volume 12 - Numéro 3 - Pages 369-413
45 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Jacques Duvaux
Critères d'investissement et développement économique
In: Revue économique. Volume 12, n°3, 1961. pp. 369-413.
Citer ce document / Cite this document :
Duvaux Jacques. Critères d'investissement et développement économique. In: Revue économique. Volume 12, n°3, 1961. pp.
369-413.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1961_num_12_3_407466CRITERES D'INVESTISSEMENT
ET
DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
Malgré les études déjà nombreuses des critères d'investissement dans
les pays sous-développés, les économistes ne sont pas parvenus à harmoniser
leurs recommandations de politique économique. Deux conclusions, d'ail
leurs très générales, semblent seulement être acquises : on a reconnu d'une
part l'insuffisance du critère capitaliste, et d'autre part, la nécessité, pour
ces pays, de recourir à un minimum de planification.
L'application du critère de la rentabilité dans les pays sous-développés
se heurte à deux grands obstacles : 1° L'économie sous-développêe, dans
son aspect statique, est une économie «désarticulée» sans véritable marché.
Les calculs en termes de prix et de coûts y sont ou bien impossibles (en
raison de l'importance du secteur agricole d'auto-subsistance et du carac
tère dualiste de l'économie), ou bien ils se font par référence aux écono
mies développées dominantes. Ce fait a deux conséquences. La première
est que l'orientation des investissements dans le secteur capitaliste se fait
dans un sens qui n'est pas toujours conforme aux impératifs d'une poli
tique nationale de développement parce que les investissements sont choisis
en raison de la complémentarité des structures de production qu'ils ins
taurent entre pays primaires et pays industriels. La seconde est que même
si le critère capitaliste du profit permettait d'obtenir la productivité monét
aire maximum, dans l'ensemble national, il ne saurait assurer en même
temps la maximation du bien-être, ou le rendement social maximum (1). —
2° L'économie sous-développée, dans son aspect dynamique, est un «sys-
1. Dans une économie libérale, la compatibilité entre la recherche de
la productivité monétaire maximum et la recherche du bien-être est assurée
grâce aux forces du marché et à la concurrence qui font défaut dans
ces pays.
Revue Economique — Af° 3, 1961 24 ÉCONOMIQUE .370 REVUE
tème d'équilibre quasi stable» (2). Ceci signifie essentiellement que le
mécanisme du profit ne peut permettre une allocation optimum des res
sources, tant qu'un certain seuil de développement (ou niveau de revenu
par tête) n'est pas franchi (3).
Si on rejette le critère de la maximation du profit monétaire, le pro
blème se pose de savoir dans quelle direction l'investissement doit être
orienté. L'objet de cette étude est de dresser un bilan rapide des solutions
qui ont été proposées et d'essayer, à partir des contradictions que ce bilan
critique révèle, de tirer quelques enseignements pratiques. Les divers aspects
de cette question ne peuvent être relevés que dans le cadre plus général
du problème de la planification dans les pays sous-développés. Deux
étapes dans la programmation de longue période sont à distinguer. Il s'agit,
tout d'abord, pour un pays sous-développé, de fixer le quantum d'inves
tissement qui est nécessaire pour porter l'économie de la situation d'éc
onomie de subsistance à une situation d'économie développée, ou tout au
moins en voie de développement. Cette estimation doit se référer au revenu
par tête critique à partir duquel on juge que la croissance peut être auto-
entretenue (c'est le but assigné à la programmation macro-économique
des investissements). Il s'agit, en second lieu, de répartir cette somme
d'investissement dans le temps et dans l'espace. Cette répartition doit s'ef
fectuer à l'échelle des secteurs ou branches d'activité économique, à
l'échelle des régions et des industries, et elle doit prévoir l'échelonnement
dans le temps de ces investissements différenciés de manière à ce que
l'objectif global soit atteint (c'est le but assigné à la programmation micro
économique) (4).
2. Cette définition est celle de Harvey Leibenstein, dans Economie
backwardness and economic growth, New York, J. Wiley, 1957. Celui-ci
formalise une théorie générale du sous-développement qui se rapproche à
maints égards du modèle ricardien de l'état stationnaire.
3. Deux arguments, en particulier, justifient cette position. D'abord, les
mécanismes économiques libéraux ne peuvent pas tirer les pays sous-déve
loppés de leur stagnation en raison des « forces spontanées de dépression »
(par exemple, toute augmentation de revenu suscite un accroissement rapide
de population qui l'annule). Ensuite, il est évident que l'économie sous-
développée pose au delà du problème de la croissance, un problème de déve
loppement (ou de croissance par changements de structures) ; or, le critère
capitaliste se réfère à un mécanisme marginal qui implique des calculs
marginaux de rentabilité ne pouvant s'effectuer que dans une économie
complexe.
4. Nous avons repris ici la distinction terminologique de J. Ttnbebgen
entre « programmation macro-économique » et « programmation micro-éc
onomique » ; nous donnons, toutefois, à ces expressions discutables un contenu
légèrement différent. Cf. The design of development, Baltimore, The Johns
Hopkins press, 1958. D'INVESTISSEMENT 371 CRITÈRES
1. LA PROGRAMMATION MACRO-ECONOMIQUE
Elle comporte la définition d'un objectif et des moyens propres à
l'atteindre. L'objectif doit être déterminé par une comparaison entre les
quantités globales caractéristiques, projetées dans le futur (population,
épargne, accroissement du revenu national), et les quantités globales dési
rées. La méthode la plus courante consiste à évaluer le taux futur de crois
sance du revenu national de tel pays sous-développé en l'absence de toute
intervention des autorités économiques, et en supposant qu'aucun change
ment fondamental dans les structures ou les comportements n'est appelé
à se produire (5).
Cette première opération effectuée, on compare le taux de croissance
potentielle, ou prévue, de l'économie au taux de croissance désiré. Celui-ci
correspond au taux de croissance qui permet à l'économie de sortir de la
zone critique de sous-développement. Dans les termes de la théorie génér
ale du sous-développement de Leibenstein, le taux annuel d'expansion du
revenu doit être assez élevé pour contrebalancer les forces induites de
dépression du revenu (comme par exemple la croissance exponentielle de
la population, ou encore l'augmentation relative du coefficient moyen de
capital qui généralement ne manque pas de se produire dans toute écono
mie qui s'industrialise). L'écart entre le taux de croissance potentiel et le
5. On trouvera dans une étude des Nations-Unies (1951) des détails
relatifs à ces projections dans le futur des quantités globales caractéris
tiques; le modèle qui est proposé s'applique aux pays du Sud-Est asiatique.
On peut s'aider, d'autre part, de la formule de Marrama qui définit la
croissance économique, ou l'accroissement du revenu par tête, comme une
fonction de certains coefficients globaux liés au niveau de développement :
8
D = r
K
où D représente l'accroissement annuel relatif du revenu par tête; 8 le
taux net de formation du capital ou le rapport de l'investissement annuel
au revenu annuel; K le rapport marginal capital-produit ou le rapport des
investissements nets annuels à l'accroissement supplémentaire de revenu
qui en découle. L'auteur souligne le fait que 8, qui peut être considéré
comme une fonction croissante du revenu par tête, est faible; K, qui est
également lié au niveau de développement, a une valeur élevée; en consé-
8
quence, la fraction est moins élevée, sinon infér

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