Culture scientifique et musées - article ; n°1 ; vol.11, pg 189-215
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Sociétés contemporaines - Année 1992 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 189-215
JACQUELINE EIDELMAN, BERNARD SCHIELE SCIENTIFIC CULTURE AND MUSEUMS After a short introduction on the evolution of museum sciences and the professionalization of this institution, this paper presents several surveys undertaken during the renovation program of the Museum National d'Histoire Naturelle. Audience studies, socio-cognitive approach, analysis of visitors trackings are the different dimensions bringing to light the recent ways of building and sharing scientific culture.
Après un rapide tour d'horizon de l'histoire de la muséologie des sciences et un aperçu des conditions d'émergence de la professionnalisation de l'institution, on présente les résultats d'une série d'enquêtes réalisées dans le cadre du programme de rénovation du Muséum National d'Histoire Naturelle. Sociographie des publics, étude socio -cognitive des représentations sous-jacentes à une théorie scientifique, analyse des pratiques de visite d'une exposition constituent les trois entrées d'une recherche qui vise à éclairer les formes récentes d'acculturation aux sciences.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jacqueline Eidelman
Bernard Schiele
Culture scientifique et musées
In: Sociétés contemporaines N°11-12, Septembre / Décembre 1992. pp. 189-215.
Abstract
JACQUELINE EIDELMAN, BERNARD SCHIELE SCIENTIFIC CULTURE AND MUSEUMS After a short introduction on the
evolution of museum sciences and the professionalization of this institution, this paper presents several surveys undertaken
during the renovation program of the Museum National d'Histoire Naturelle. Audience studies, socio-cognitive approach, analysis
of visitors trackings are the different dimensions bringing to light the recent ways of building and sharing scientific culture.
Résumé
Après un rapide tour d'horizon de l'histoire de la muséologie des sciences et un aperçu des conditions d'émergence de la
professionnalisation de l'institution, on présente les résultats d'une série d'enquêtes réalisées dans le cadre du programme de
rénovation du Muséum National d'Histoire Naturelle. Sociographie des publics, étude socio -cognitive des représentations sous-
jacentes à une théorie scientifique, analyse des pratiques de visite d'une exposition constituent les trois entrées d'une recherche
qui vise à éclairer les formes récentes d'acculturation aux sciences.
Citer ce document / Cite this document :
Eidelman Jacqueline, Schiele Bernard. Culture scientifique et musées. In: Sociétés contemporaines N°11-12, Septembre /
Décembre 1992. pp. 189-215.
doi : 10.3406/socco.1992.1086
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/socco_1150-1944_1992_num_11_1_1086♦ ♦♦♦♦♦♦ JACQUELINE EIDELMAN ♦ ♦♦♦♦♦♦
BERNARD SCHIELE
CULTURE SCIENTIFIQUE ET MUSEES
RÉSUMÉ : Après un rapide tour d'horizon de l'histoire de la muséologie des sciences et un
aperçu des conditions d'émergence de la professionnalisation de l'institution, on présente les
résultats d'une série d'enquêtes réalisées dans le cadre du programme de rénovation du
Muséum National d'Histoire Naturelle. Sociographie des publics, étude socio -cognitive des
représentations sous-jacentes à une théorie scientifique, analyse des pratiques de visite d'une
exposition constituent les trois entrées d'une recherche qui vise à éclairer les /ormes récentes
d'acculturation aux sciences.
Les recherches sociologiques sur l'institution muséale ne se sont développées
que récemment en France et demeuraient jusqu'à ces dernières années assez peu
nombreuses. D'une part, lorsqu'elles existaient elles s'attachaient aux musées ď art
(Bourdieu et Darbel, 1969 ; Barbier-Bouvet, 1980 et 1986). D'autre part, lorsqu'il
s'agissait des sciences et des techniques, le musée était soit ignoré au profit des
effets sociaux des médias écrits ou télévisuels de vulgarisation, soit au mieux défini
comme une institution essentiellement orientée vers le service rendu à la collectivité
(Roqueplo, 1974 ; Boltanski et Maldidier, 1977 ; Jurdant, 1973 ; Champion, 1978).
Depuis moins d'une dizaine d'années, à l'exemple de ce qui s'était développé
Outre-Manche et Outre-Atlantique dès la fin des années 60, les recherches en
«muséologie des sciences et des techniques» ont commencé de fleurir (Samson et
Schiele,1989 ; Gottesdiener,1987). D'abord, une première série d'études est venue
contredire les représentations les plus courantes jusqu'alors, pointant en particulier
deux faits : d'une part, le musée occupait une place singulière au sein de la sphère
de la diffusion culturelle ; d'autre part, il avait le plus souvent matérialisé la
coïncidence entre la formation d'un nouveau groupe social et la diffusion d'un type
de culture qui le légitime (Shinn et Whitley, 1985 ; Eidelman, 1986 et 1988 ; Schiele
et Jacobi, 1988) . Plus récemment, une seconde série d'études, issue d'une demande
Sociétés Contemporaines (1992) n° 11 ■ 12 (p. 189-215)
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sociale accrue, s'est développée s 'attachant à resituer la muséologie des sciences
dans les réseaux de production et d'appropriation de savoirs et de savoir-faire1.
C'est dans cette dernière voie que s'inscrivent les recherches que notre équipe
franco-québécoise conduit, depuis 1989, en relation avec la rénovation du Muséum
National d'Histoire Naturelle et particulièrement la création de sa Galerie de
l'Évolution. Après un tableau rapide du développement de l'institution muséale
tournée vers les sciences, nous présenterons les premiers résultats de notre travail.
Chemin faisant, nous tenterons une analyse de la fabrication de la culture muséale.
1 . REPÈRES HISTORIQUES, CONCEPTUELS ET MÉTHODOLOGIQUES
1.1. BREVE HISTOIRE DES MUSEES DE SCIENCES : DU CONSERVATEUR AU
MUSÉOLOGUE
Le musée de sciences trouve son origine dans legabinetto où furent d'abord
rassemblées curiosités naturelles et artificielles. Au lendemain de la Révolution,
l'institution du musée de sciences se fit largement au détriment de ces cabinets. En
même temps qu'elle substituait aux effets de spectacle les vertus austères de la
thésaurisation, elle contribuait à rendre invisible la science-en-train-de-se-faire
pour n'en retenir que les résultats ; accordant un privilège absolu à la chose au
détriment du processus, elle renforçait ses effets de vérité et d'autorité ; enfin,
faisant fond sur le mode d'avancement des sciences de la nature et la généralisation
de la classification binominale, la collection nationale s'établissait comme modalité
paradigmatique de toute démarche muséale (Taton, 1964 ; Pomian, 1987 ; Van
Praët, 1989). Le musée-conservatoire a ainsi essaimé partout en Europe et en
Amérique du Nord tout au long du XIXe. Son déclin, qui date en France de la fin du
siècle, s'explique d'abord par la dissociation des fonctions de recherche et
d'exposition, ensuite par la montée en puissance d'une recherche qui s'appuie sur
l'expérience plutôt que sur la collection (par exemple, Claude Bernard ; Limoges,
1980). À l'exposition d'une nature ordonnée dans des bibliothèques d'objets
destinées principalement à l'étude, succède le souci de faire appréhender par le plus
grand nombre ces objets replacés dans leur contexte (naissance du diorama) et «en
mouvement»2. Il faudra cependant attendre l 'entre-deux guerres pour qu ' un nouveau
l.En 1986, la création de la Mission Musée chargée de la rénovation des quatre grands musées de
l'Éducation Nationale constatant Г obsolescence du patrimoine muséal français (Rapport Héritier-Augé, cf.
bibliographie) frayait ainsi la voie à une muséologie innovante autant qu'elle appuyait des collaborations
systématiques avec la recherche en sciences humaines. Sous la double tutelle du Secrétariat aux Grands
Travaux et du Ministère de l'Éducation Nationale, cette mission a en charge : le Muséum National d'Histoire
Naturelle, le Palais de la Découverte, le Musée National des Techniques du CNAM, le Musée de l'Homme.
Les programmes de recherche soutenant une collaboration entre des musées et des équipes de recherche en
SHS sont principalement engagés par le MRT en 1989 avec une ATP-CNRS et le MEN avec le Programme
REMUS depuis 1990.
2. On notera, pour le contexte français l'influence d'au moins trois modèles concurrents du musée qui
contribuèrent à le faire évoluer de façon décisive : les Expositions Universelles, les conférences-spectacles
des propangandistes de la «science populaire» (en particulier, celles de Flammarion) et les Universités
Populaires des lendemains de l'Affaire Dreyfus (cf. bibliographie, J.Eidelman, 1988).
190 ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦ MUSÉES
genre muséal se concrétise. S'inspirant du Deutsches Museum de Munich (1925)
et du Museum of Science and Technology de Chicago (1933), le Palais de la
Découverte est créé par J. Perrin à l'occasion de l'Exposition Internationale de
1937 ; en théâtralisant le parti -pris épistémologique qui conçoit l'expérience
comme clef de voûte du progrès de la connaissance, il signe définitivement la fin du
musée de monstration et consacre l'avènement le musée de démonstration.
Jusqu'alors, en France, l'institution muséale avait servi principalement l

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