D Holbach et le problème de la nation représentée par Georges Benrekassa - article ; n°1 ; vol.8, pg 79-87
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Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie - Année 1990 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 79-87
Georges Benrekassa : D'Holbach and the Question of the Nation.
An analysis of D'Holbach's Encyclopédie article représentants, which brings out its contradictory elements. It is linked to an archaic vision of society but proposes a new social dynamics and new questions ; the end of the article in particular is open to two readings. Thus we can see how the Encyclopédie reflects its time, embodies its conflicting tendencies and evolves with changes in political thought.
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 25
Langue Français

Extrait

Georges Benrekassa
D'Holbach et le problème de la nation représentée par Georges
Benrekassa
In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 8, 1990. pp. 79-87.
Abstract
Georges Benrekassa : D'Holbach and the Question of the Nation.
An analysis of D'Holbach's Encyclopédie article représentants, which brings out its contradictory elements. It is linked to an
archaic vision of society but proposes a new social dynamics and new questions ; the end of the article in particular is open to
two readings. Thus we can see how the Encyclopédie reflects its time, embodies its conflicting tendencies and evolves with
changes in political thought.
Citer ce document / Cite this document :
Benrekassa Georges. D'Holbach et le problème de la nation représentée par Georges Benrekassa. In: Recherches sur Diderot
et sur l'Encyclopédie, numéro 8, 1990. pp. 79-87.
doi : 10.3406/rde.1990.1054
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1990_num_8_1_1054D'Holbach et le problème
de la nation représentée
Les grandes œuvres politiques de D'Holbach, de la Politique natur
elle à YEthocratie et au Système social sont largement postérieures à la
tâche encyclopédique. On s'accorde à reconnaître combien, par dessus
la Révolution, pour ainsi dire, elles sont une admirable préparation à la
société bourgeoise du dix-neuvième siècle : société de propriétaires ra
ssemblés autour des richesses issues du travail et de l'épargne, éducation
morale et nationale, liberté de la presse, utilitarisme bien compris, tous
les ingrédients de l'âge louis-philippard dans ses épisodes libéraux y sont
systématisés. Avec l'article représentants de Y Encyclopédie, on se
situe dans une perspective assez différente, y compris en ce qui concerne
le rapport Lumières-Révolution. Comme beaucoup d'autres auteurs du
Dictionnaire, D'Holbach fournit, à ceux qui vont avoir à les mettre à
l'épreuve d'une situation historique totalement inédite, concepts,
notions, références historiques, problématiques appelés à être boulevers
és, mais sans lesquels la «régénération » de la pensée et de la pratique
politiques n'eussent pas été ce qu'elles furent. En outre, le contexte
encyclopédique, même si cette conception est un peu difficile à préciser,
donne à son article politique et historique une tonalité qui n'est pas tout
à fait celle du pragmatisme social qui exprimera des années plus tard
l'opinion moyenne de la coterie1. C'est pourquoi il importe de rappeler
d'abord brièvement le rapport de l'article avec ce contexte, dans la pers
pective de la grande fracture historique du siècle, avant de montrer l'ori
ginalité et la fécondité ambiguës de son contenu.
On ose à peine répéter, après tant d'autres, qu'il n'y a aucune
homogénéité pensable du contenu des articles « politiques » de YEncy-
1. Nous renvoyons au livre fondamental d'A.C. Kors, D'Holbach' s Coterie; An
Enlightenment in Paris, Princeton, 1977, et au chapitre de Daniel Roche dans Les Républic
ains des Lettres, Fayard, 1988.
Recherches sur Diderot et sur V Encyclopédie, 8, avril 1990 80 GEORGES BENREKASSA
clopédie. Mais dans leur dispersion même, et en accord profond avec la
pratique encyclopédique, ils ont un certain type de cohérence qui peut
se définir par rapport aux questions conjointes de la citoyenneté et de
l'expression de la nation en corps — qui sont précisément celles qui sont
au cœur de l'article représentants comme elles seront au cœur de l'ou
vrage inaugural de Sieyès. Il y a dans V Encyclopédie l'émergence d'une
notion nouvelle de la citoyenneté. Cela se mesure aussi bien à la repré
sentation implicite ou explicite du sujet politique qu'on trouve dans les
articles de Quesnay ou de Saint-Lambert qu'à la lecture des réflexions
que Diderot consacre directement au sujet. On sait comment dans l'arti
cle bourgeois, citoyen, habitant, il souligne fortement que «la qual
ité de citoyen [suppose] une société dont chacun connaît les affaires et
aime le bien, et peut se permettre de parvenir aux premières dignités».
Plus importantes sont les analyses qu'on trouve dans l'article citoyen,
et qui donnent envie de justifier le démiurge du grand œuvre contre les
anathèmes que lancera Robespierre contre la «secte encyclopédique»,
jamais capable de s'élever à la conscience des besoins du peuple et de la
raison révolutionnaire. Diderot part d'une position en apparence
conformiste pour finir par définir un double devoir d'inspiration démoc
ratique : il envisage le cas où il y a « dissolution de systèmes » (intéres
sante périphrase pour « révolution ») , et il fixe le devoir du vrai citoyen :
« . . .11 suivra le parti de sa cité, s'il est unanime ; et s'il y a division dans la
cité, il embrassera celui qui sera pour l'égalité des membres et la liberté
de tous ». Mais ce qui est peut-être encore plus fondamental par rapport
aux positions des très prudents défenseurs du Droit Naturel, auxquels
on se réfère un peu aveuglément aujourd'hui, c'est l'affirmation d'un
autre rapport entre les citoyens et le souverain qui les met « sur la même
ligne [...] avec l'être moral qui leur commande à tous» dans certaines
occasions. Ainsi peut être à nouveau fondée la Nation, ainsi peut-il être
envisagé pour elle une représentation légitimée et légitimante essentie
llement nouvelle, indépendamment même des spéculations sur l'idée
contractuelle dont Diderot donnait une version si timorée dans l'article
autorité politique. Faut-il rappeler qu'en 1765 encore, contre des
prétentions parlementaires qu'on qualifie un peu vite de purement
«réactionnaires», Louis XV réaffirmera le droit qu'il a seul de repré
senter la Nation ? « Les droits et les intérêts de la Nation dont on ose
faire un corps séparé du monarque sont nécessairement unis avec les
miens et ne reposent qu'en mes mains».
C'est évidemment d'abord dans son rapport à une telle prétention,
et par référence en même temps aux principes radicaux qu'il arrive à
Diderot, aussi, de poser, qu'il faut considérer l'article représentants.
Dès qu'on essaie d'en dégager les principes directeurs, on prend la
mesure à la fois de la force de rupture que contiennent les propositions
qui le structurent, et de leur lien à une conception de la souveraineté et 81 D'HOLBACH
de la citoyenneté nécessairement appelée à être remise en cause. Dès
qu'on considère l'article dans sa structure générale et ses arrière-plans
historiques on aperçoit qu'il exprime plus concrètement que les considé
rations de Diderot une dynamique sociale nouvelle et qu'il continue à
s'enraciner dans un type de société que les références nouvelles qu'il
introduit vont rendre obsolète.
«Les représentants d'une nation sont des citoyens choisis, qui dans
un gouvernement tempéré sont chargés par la société de parler en son
nom, de stipuler ses intérêts, d'empêcher qu'on ne l'opprime, de
concourir à l'administration». La notion de représentation et celle de
citoyenneté sont liées dans un ensemble original : de part et d'autre du
qui, on trouve le rapport abstrait nation/citoyen, et le rapport concret
gouvernement tempéré/société. La société par rapport à laquelle se
définit le citoyen de Diderot est une d'ordre «général»: ici, il
s'agit d'une force soucieuse de préserver son indépendance, d'exprimer
un concours d'intérêts, de participer aux décisions qui la concernent ; et
l'expression de cette force suppose un mécanisme politique qui unit gou
vernement tempéré (où les différentes expressions de la puissance —
des « pouvoirs » au sens de Montesquieu — sont partagées) et représent
ation de la nation. Dans le corps de l'article, D'Holbach précisera ce
rapport concret d'ordre général de la façon la plus explicite. Il ne s'agit
pas seulement de récuser la position absolutiste

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