Des caractères de l évolution et de la régression des sociétés (Conférence annuelle Broca) - article ; n°1 ; vol.2, pg 541-558
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1901 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 541-558
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1901
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yves Guyot
Des caractères de l'évolution et de la régression des sociétés
(Conférence annuelle Broca)
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 2, 1901. pp. 541-558.
Citer ce document / Cite this document :
Guyot Yves. Des caractères de l'évolution et de la régression des sociétés (Conférence annuelle Broca). In: Bulletins de la
Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 2, 1901. pp. 541-558.
doi : 10.3406/bmsap.1901.6002
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1901_num_2_1_6002YVES GUYOT. —CARACTÈRES DE L'ÉVOLUTION ET DE LA RÉGRESSION DES SOCIÉTÉS 541
Enfin, j'ai eu l'honneur, en 1894, de parler de la situation démogra
phique de la France en Europe.
Jusqu'ici, la sociologie qui joue un si grand rôle dans nos préoccupat
ions et dont l'importance est si grande n'avait pas été représentée dans
ces Conférences. C'était une lacune regrettable. Nous avons la bonne for
tune de pouvoir la combler aujourd'hui, grâce à un conférencier dont
l'éloge n'est plus à faire et qui va nous entretenir des caractères de l'évo
lution et de la régression des sociétés.
Je n'ai pas à vous présenter M. Yves Guyot; vous connaissez sa com
pétence dans la matière qu'il va traiter. Je ne peux donc rien faire de
mieux que de lui laisser la parole.
DES CARACTÈRES DE L'ÉVOLUTION ET DE LA RÉGRESSION DES SOCIÉTÉS.
Par M. Yves Guyot.
Mesdames,, Messieurs,
Le Bureau de la Société d'Anthropologie m'a fait l'honneur de me dé
signer cette année pour faire la Conférence Broca. Je vais vous entre
tenir du Caractère de l'Evolution et de la Régression des Sociétés ; mais tout
d'abord, nous devons nous rappeler ce conseil de Voltaire : définissons
les termes.
L'Evolution. — Définition
On se sert beaucoup du mot « évolution » : mais beaucoup de ceux qui
l'emploient lui donnent des significations fort élastiques et très peu scien
tifiques.
Je crois qu'en appliquant ce terme biologique aux sociétés, nous
devons le prendre dans le sens, la formule que donne l'Embryologie
générale de M. Louis Roule (p. 279) : « L'évolution est l'ensemble des
« qualités acquises par les êtres organisés, depuis l'apparition de la
« matière vivante sur notre globe et transmises en s'accumulant à travers
« les séries de générations. »
En l'appliquant aux faits sociaux, nous disons : « l'évolution est
c l'ensemble des qualités acquises par l'homme depuis son apparition
« et transmises en s'accumulant à travers les séries de générations. »
Mon ami, le regretté M. Beaurin-Gressier, dans une étude sur les Forces
Qui déterminent l'Evolution du milieu social appelait évolution « toute série
de mouvements successifs se produisant sur un objet dans un sens régu-
ier et conforme à un ordre préétabli. » 24 octobre 1901 542
Quel ordre préétabli? et pourquoi? et comment? Cette conception méta
physique est analogue à celle des idées innées.
Il y a une dizaine d'années, M. Brunetière commença un ouvrage inti
tulé : l'Evolution des genres. Il en est resté au premier volume : et il n'a
jamais expliqué ce qu'il entendait par son titre. Je ne vous rappellerai
pas les analogies établies, entre autres par Herbert Spencer; le passage
des infusoires monocellulaires aux organismes polycellulaires, puis aux
organismes supérieurs; le passage de l'homogène à l'hétérogène; la
théorie de l'acquisition, dédaignée autrefois; enfin, celle de l'intégration
qui est la concentration des fonctions nécessaires pour maintenir un tout
organisé, et qui représente les conditions de l'unité individuelle du vivant.
On a conclu à des analogies factices ; et on a inventé des organismes
sociaux qui n'ont rien de réel.
En contradiction avec l'Évolution", se présente l'Atavisme que Darwin a
défini : le retour au type des ancêtres. Je recommande l'article du Dic
tionnaire d'Anthropologie, paru sous ce titre et dû à M. de Lanessan.
Mais cette régression absolue peut ne pas se produire, et cependant
l'atavisme signifie aussi l'arrêt de développement qui rend permanent chez
l'individu un état qui n'est que transitoire pour tous les autres individus
de l'espèce à laquelle il appartient : tel est le microcéphale.
Il ne nous est pas difficile de trouver autour de nous^ en nous-mêmes,
des survivances de tous genres : et quel est le caractère des luttes inté
rieures qui agittent chacun de nous, des luttes qui agitent les peuples?
C'est le conflit entre les idées anciennes et les besoins nouveaux.
Les besoins! oh! ce n'est que très récemment que les philosophes ont
commencé à se douter qu'ils jouaient un rôle prédominant dans les desti
nées de l'humanité. Quand le Dr Coudereau, dans son étude sur la Civili
sation, communiquée à la Société d'Anthropologie en 1867, disait : « Le
« besoin, c'est le véritable, le seul mobile qui pousse au progrès. C'est
« lui, le vrai, le seul créateur des sciences, des arts, de l'industrie », il
faisait preuve d'une grande audace. Quand, à la même époque, je définis
dans la Pensée nouvelle, « le droit comme l'expression du besoin », je me
rappelle les sévères admonestations que je reçus : « le droit, me répon
dait-on, a sa source dans la justice éternelle ! »
J'ai adopté le sens que Goudereau donnait aussi au mot civilisation : II
signifie l'état social. Aussi, tout en acceptant la classification générale des
divers états sociaux que fait notre confrère, M. Deniker, dans son savant
ouvrage : Races et peuples delà terre, je fais quelques réserves sur l'accep
tion qu'il donne au mot civilisation (p. 151).
Il assigne les étapes suivantes à l'humanité :
1° Peuples incultes : à progrès extrêmement lent;
2° demi-civilisés : chez lesquels prédomine l'élément conserva
teur de progrès : écriture idéographique ou phonétique. Types : agricul
teurs : Chinois, Malais, Abyssins, anciens Égyptiens, Péruviens ; peuples
nomades : Mongols, Arabes;
3° Peuples civilisés : progrès rapide dans lequel prédomine l'élément ,
GUÏOT. — CARACTÈRES DE l'ÉVOLLTION- ET DE Lk RÉGRESSION DKS SOCIÉTÉS 543 YVES
« initiative novatrice» ; formant des Etats basés sur la liberté individuelle;
ayant une écriture phonétique et une littérature développée. (La plupart
des peuples de l'Europe, de l'Amérique du Nord, etc.)
Les peuples primitifs.
Nous sommes loin des théories sur l'homme à l'état de nature, l'homme
abstrait engendré par le cerveau des philosophes, hantés ou plus moins
parles traditions bibliques. Nous pouvons dire de la sociologie ce que
Littré et Robin disaient de la zoologie :
& Elle n'étudie pas des caractères, des propriétés, considérés isol
ément, abstraction faite, en quelque sorte, des individus, mais des indi
vidus doués d'un ensemble de propriétés inséparables de leur substance. »
Tylor a pris pour épigraphe de son ouvrage La Civilisation Primitive, cette
pensée du président de Brosses : « Ge n'est pas dans les probabilités —
c'est dans l'homme même qu'il faut étudier l'homme : il ne s'agit pas
d'imaginer ce qu'il aurait pu ou dû faire, mais de regarder ce qu'il fait. »
Sir John Lubbock dans ses livre : L'homme avant l'histoire et Les Origines de
la civilisation, Letourneau, dans sa savante encyclopédie de l'évolution
sous toutes ses formes, prouvent à chaque ligne que l'état sauvage repré
sente la condition primitive de l'humanité. L'observation de nos contemp
orains, les Veddahs^ les Fuégiens, les Vaalpens, les Bushmen, les
Indiens de l'Amérique du Nord, nous apprend ce qu'étaient nos pères. Ge
ne sont pas des étrangers, et, autour de nous, nous trouvons des conci
toyens qui, frappés d'arrêt de développement, ont une mentalité si
peu différente

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