La lecture à portée de main
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Je m'inscrisDécouvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Je m'inscrisDescription
Sujets
Informations
Publié par | REVUE_FRANCAISE_DE_SOCIOLOGIE |
Publié le | 01 janvier 1993 |
Nombre de lectures | 11 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 2 Mo |
Extrait
Monsieur Jean-Pierre Hassoun
Des patrons "chinois" à Paris. Ressources linguistiques,
sociales et symboliques
In: Revue française de sociologie. 1993, 34-1. pp. 97-123.
Citer ce document / Cite this document :
Hassoun Jean-Pierre. Des patrons "chinois" à Paris. Ressources linguistiques, sociales et symboliques. In: Revue française de
sociologie. 1993, 34-1. pp. 97-123.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1993_num_34_1_4223Resumen
Jean-Pierre Hassoun : Los patrones "chinos" en Paris. Los recursos linguisticos, sociales y simbólicos.
El artículo estudia un grupo de locutores chinos originarios de Camboya, Vietnam y Laos, convertidos
en "patrones" algunos años despues que llegaron a Francia como refugiados en los años de 1975.
Tiene por objetivo de mejor comprender las condiciones sociales y culturales del asentamiento
económico de este grupo. El autor establece una primera asociación entre los recursos lingüísticos del
cual dispone este grupo social y el hecho de hacerse "patron" en el contexto parisino. Luego, describe
cómo se encarnan la noción vernacular de relación y algunos valores como la "faz", la "confianza", la
"reputación". Sin emnbargo, este análisis general que torna constantemente en cuenta los datos
culturales propios a esta fracción de populación, relativisa la aproximación culturalista, pues la posesión
de los diversos recursos evocados, reposa siempre en unas trayectorias individuales y familiares
consideradas como unas acumulaciones prácticas de las cuales la diversidad y la densidad determinan
la eficacia.
Zusammenfassung
Jean-Pierre Hassoun : "Chinesische" Arbeitgeber in Paris. Sprachliche, soziale, und symbolische
Ressourcen.
Der Aufsatz untersucht eine Gruppe von chinesisch Sprechenden aus Kambodscha, Vietnam und Laos,
die einige Jahre nach ihrer Ankunft als Flüchtlinge in den Jahren um 1975 in Paris ankamen. Zweck ist,
zum besseren Verständnis der sozialen und kulturellen Bedingungen ihrer wirtschaftlichen
Wiedereingliederung beizutragen. Der Verfasser stellt eine erste Verbindung her zwischen den
sprachlichen Ressourcen dieser sozialen Gruppe und der Tatsache, im Pariser Umfeld "Arbeitgeber" zu
werden. Er beschreibt anschliessend, wie der Vernakularbegriff der "Beziehung" und einige Modalwerte
wie "Gesicht", "Vertrauen" und "Ruf ' Gestalt annehmen. Diese allgemeine Untersuchung, die dauernd
die diesem Bevölkerungsteil eigenen kulturellen Daten berücksichtigt, relativiert nichtsdestoweniger die
kulturalistische Annaherungsweise, denn der Besitz dieser gesamten verschiedenen Ressourcen stiitzt
sich immer auf individuelle und familiare Laufbahnen, die als Tätigkeitenakkumulationen betrachtet
werden, deren Unterschiedlichkeit und Tiefe ihre Wirksamkeit bestimmen.
Abstract
Jean-Pierre Hassoun : "Chinese" employers in Paris. Linguistic, social and symbolic resources.
This article examines a group of chinese-speaking people, from Cambodia, Vietnam and Laos, now
employers, after a few years in France, where they arrived around 1975 as refugees. The aim of this
article is to reach a better understanding of the social and cultural conditions resulting from their new
economic status. The author establishes an initial association between the linguistic resources
belonging to this social group and their becoming an "employer" in Paris. He then goes on to describe
how the vernacular notion of "relation" and several other modal values such as "face", "trust",
"reputation" are materially represented. This global analysis which constantly takes into account the
cultural elements of this fraction of the population, nevertheless relativizes the culturalistic approach as
the possession of various resources mentioned always depends on individual or family trajectories
resulting in the accumulation of given practices the diversity and density of which determines their
effectiveness.
Résumé
L'article étudie un groupe de locuteurs chinois originaires du Cambodge, du Vietnam et du Laos et
devenus « patrons » quelques années après leur arrivée en France comme réfugiés dans les années
1975. Il a pour objectif de mieux comprendre les conditions sociales et culturelles de leur
repositionnement économique. L'auteur établit une première association entre les ressources
linguistiques dont dispose ce groupe social et le fait de devenir « patron » dans le contexte parisien.
Puis il décrit comment s'incarnent la notion vernaculaire de « relation » et quelques valeurs modales
comme la « face », la « confiance », la « réputation ». Cette analyse générale, qui prend constammenten compte les données culturelles propres à cette fraction de population, relativise néanmoins
l'approche culturaliste car la possession des diverses ressources évoquées repose toujours sur des
trajectoires individuelles et familiales envisagées comme des accumulations de pratiques dont la
diversité et la densité déterminent les efficacités.R. franc, sociol. XXXIV, 1993, 97-123
Jean-Pierre HASSOUN
Des patrons «chinois» à Paris
Ressources linguistiques, sociales et symboliques*
RÉSUMÉ
L'article étudie un groupe de locuteurs chinois originaires du Cambodge, du Vie
tnam et du Laos et devenus « patrons » quelques années après leur arrivée en France
comme réfugiés dans les années 1975. Il a pour objectif de mieux comprendre les
conditions sociales et culturelles de leur repositionnement économique. L'auteur établit
une première association entre les ressources linguistiques dont dispose ce groupe so
cial et le fait de devenir « patron » dans le contexte parisien. Puis il décrit comment
s'incarnent la notion vernaculaire de «relation» et quelques valeurs modales comme
la « face », la « confiance », la « réputation ». Cette analyse générale, qui prend
constamment en compte les données culturelles propres à cette fraction de population,
relativise néanmoins l'approche culturaliste car la possession des diverses ressources
évoquées repose toujours sur des trajectoires individuelles et familiales envisagées
comme des accumulations de pratiques dont la diversité et la densité déterminent les
efficacités.
Une des conséquences le plus souvent remarquées de l'accueil en France
d'environ 120 000 «réfugiés de l'Asie du Sud-Est» (1) entre 1975 et 1988
est le rassemblement de certaines fractions de ces populations autour de
leurs commerces et de leurs entreprises, ce qui a donné, ou redonné, un
élan à la vie économique de quartiers vieillissants comme Belleville dans
* Cette recherche s'est effectuée par Cambodge, du Vietnam et du Laos (bilan de
étapes. Le terrain a été défriché dans le cadre l'Association France terre d'asile au 30 sep-
d'une étude menée pour la Mission du patri- tembre 1988, communiqué par l'Association
moine ethnologique à propos des réfugiés documentation réfugiés). Outre ces trois na-
d'Asie du Sud-Est de langue chinoise, étude tionalités et les cinq familles linguistiques
qui ne distinguait pas ceux qui étaient deve- présentes en Asie du Sud-Est (sino-tibétaine,
nus « patrons » dans le contexte français (cf. mon-khmère, taï, miao-yao et austro-asiati-
Hassoun et Tan, 1986). Elle s'est poursuivie que; cf. Condominas, 1978, pp. 294-308), on
au CNRS, de 1987 à 1991, sous la forme d'un peut également distinguer dans ce flux mi-
projet individuel au Laboratoire de sociologie gratoire au moins dix groupes ethno-
du changement institutionnel, puis au sein du linguistiques : Cham, Chinois - avec cinq
Centre d'ethnologie française. dialectes -, Hmong, Nung, Khmou, Lao,
(1) Entre 1975 et 1988, la France a offi- Khmer, Taï, Vietnamien, Yao.
ciellement accueilli 118 815 réfugiés du
97 Revue française de sociologie
le XXe arrondissement de Paris ou de tissus urbains plus récents comme
certains secteurs du XIIIe (Guillon et Taboada, 1986 ; Hassoun et Tan, 1986 ;
Hassoun, 1988a et 1989a; Raulin, 1988). La rapidité avec laquelle ces
entreprises et ces commerces se sont montés a surpris la société française,
peu habituée à encourager et à valoriser ce type de dynamisme économique
chez des groupes immigrés. Par ailleurs, l'émergence, en quelques années,
de centaines d'entreprises arborant des idéogrammes chinois ne pouvait
que réactiver le stéréotype du «Chinois commerçant», explication générale
qui s' auto-légitime par sa seule répétition et fin