Destructions et vandalisme pendant la Révolution française - article ; n°4 ; vol.33, pg 703-719
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1978 - Volume 33 - Numéro 4 - Pages 703-719
Both the counterrevolutionaries and the revolutionary elites were scandalized by the destruction of works of art. For the former (and their historians) the question was a simple one : it was the fault of the Revolution! For the latter, on the other hand, it was necessary to find an explanation which did not disavow the Revolution. For this purpose they invented a complot vandale which was all the more convenient in that it placed the blame for the destruction on ignorant or misguided revolutionaries. The vandals were therefore the perfidious people who inspired the destruction rather than those who actually carried it out and they existed only to the degree that they were unmasked by those who held power. This schema made possible all kinds of manipulations notably after the nineth of Thermidor, the lumping together of vandalism, royalism, and Robespierrism! While this highly political notion of vandalism can scarcely account for the destruction itself, which in fact derived essentially from iconoclasm among the lower classes it did make it easier for the new bourgeois elites to check this iconoclasm and to establish control over the artistic domain. Vandalism is thus a key episode in the process by which the new society took over the artistic heritage of the Ancien Regime
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 186
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Daniel Hermant
Destructions et vandalisme pendant la Révolution française
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 33e année, N. 4, 1978. pp. 703-719.
Abstract
Both the counterrevolutionaries and the revolutionary elites were scandalized by the destruction of works of art. For the former
(and their historians) the question was a simple one : it was the fault of the Revolution! For the latter, on the other hand, it was
necessary to find an explanation which did not disavow the Revolution. For this purpose they invented a "complot vandale" which
was all the more convenient in that it placed the blame for the destruction on ignorant or misguided revolutionaries. The vandals
were therefore the perfidious people who inspired the destruction rather than those who actually carried it out and they existed
only to the degree that they were unmasked by those who held power. This schema made possible all kinds of manipulations
notably after the nineth of Thermidor, the lumping together of vandalism, royalism, and Robespierrism! While this highly political
notion of vandalism can scarcely account for the destruction itself, which in fact derived essentially from iconoclasm among the
lower classes it did make it easier for the new bourgeois elites to check this iconoclasm and to establish control over the artistic
domain. Vandalism is thus a key episode in the process by which the new society took over the artistic heritage of the Ancien
Regime
Citer ce document / Cite this document :
Hermant Daniel. Destructions et vandalisme pendant la Révolution française. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations.
33e année, N. 4, 1978. pp. 703-719.
doi : 10.3406/ahess.1978.293964
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1978_num_33_4_293964DESTRUCTIONS ET VANDALISME
PENDANT LA VOLUTION FRAN AISE
Une historiographie politique
histoire de la Révolution fran aise est depuis ses origines une histoire
polémique Dans cette polémique partisans et adversaires de la Révolution ont
trouvé avec le vandalisme un champ particulièrement commode pour en décou
dre La plupart des écrivains qui ont abordé ou simplement effleuré histoire
du vandalisme se sont comportés en partisans chargeant leurs adversaires
politiques pour innocenter leurs clients histoire ainsi comprise dégénère en
querelle avocats écrivait justement Louis Réau dans la préface de son
Histoire du vandalisme Entre les deux camps le ton est vif la fin du
xixe siècle par exemple dans une France radicale qui célébrait dignement le
premier centenaire de la Révolution historiographie républicaine officielle
opposait des publications inspirées par des convictions politiques et reli
gieuses rigoureusement contraires Aulard dénon ait les boniments contre-
révolutionnaires et indignait on osât déverser odieux sur la Révolution
présenter nos aïeux comme des vandales comme des brutes Plus modéré
Benoît pensait que appréciation du rôle artistique des gouvernements est ressentie des rancunes des partisans de Ancien Régime
qui depuis le jour de leur défaite ont multiplié les récriminations exagérées et
les imputations calomnieuses Dans autre camp Gautherot professeur
Institut catholique de Paris stigmatisait les historiens républicains Robinet
devenait un jacobin farouche et Despois le fils pudique de la révolution
qui essayait de jeter sur les hontes de sa mère un manteau épaisses
équivoques accord entre les deux camps se fait sur existence des destruc
tions provoquées par le vandalisme Il est en effet impossible de les nier le mot
ailleurs été inventé par la Révolution La querelle porte sur leur ampleur et
surtout sur les responsabilités
Conjoncture historique guerres troubles dus la contre-révolution sont les
principales explications avancées par historiographie républicaine pour rendre
703 ID OLOGIES ET CULTURES
compte des destructions Aulard développe la thèse de la défense républicaine
mettant la guerre origine du processus destructif thèse reprise par Robi
net pour qui les destructions ne sont que de justes représailles la guerre im
pie suscitée contre la France par les chefs de la catholicité Soucieux de
mieux cerner les responsabilités les historiens républicains cherchent aussi
évaluer la gravité des destructions Pour cela il faut une part dénombrer les
pertes autre part les comparer avec celles autres époques Vallet de Virville
et Bordier dénoncent le préjugé qui rend la Révolution fran aise responsable
des grandes disparitions de documents historiques Selon Despois le nom
bre des pertes été nettement exagéré et la valeur des monuments détruits sur
faite ailleurs si le peuple brutalisé incendié martelé arraché brisé sans
souci de uvre art est il était incapable de distinguer dans un ouvrage le
sens du sujet et le mérite esthétique Mais qui la faute de son ignorance Est-il
possible de reprocher aux hommes de la Révolution avoir laissé frapper les
monuments gothiques que la royauté leur avait appris mépriser Surtout le
vandalisme est pas spécifiquement révolutionnaire dans ce domaine Ancien
Régime ne donnait guère exemple au Nouveau appât du gain attitude fort
peu révolutionnaire joué parallèlement aux luttes politico-religieuses un rôle
très important dans les destructions Essayant de mesurer importance réelle de
ces deux facteurs pendant la Révolution Benoît conclut que avidité des
bandes noires fut plus nuisible que la passion politique
En montrant le caractère limité et accidentel du vandalisme entre 1789 et
1799 en lui trouvant des antécédents royaux ou religieux historiographie
républicaine ne pouvait que heurter ceux pour qui la Révolution fut une entre
prise systématique de destructions Ces historiens souvent catholiques rendent
les dirigeants révolutionnaires et singulièrement les jacobins responsables un
vandalisme officiel et administratif Cochin dans sa Crise de histoire révo
lutionnaire critique la thèse de la défense républicaine invoquée par Aulard
Chez Gautherot le vandalisme devient complot conspiration destiné
satisfaire une haine furieuse du catholicisme Courajod remplace ce
vandalisme appareil par un vandalisme populaire pour lui il ne faut pas
confondre le gouvernement révolutionnaire avec cette force occulte parfois
inconsciente qui était âme de la Révolution et la poussait proscrire le passé
sous toutes ses formes La sentie comme triomphe des masses in
cultes est condamnée la république en tant administration absoute malgré
échec de ses efforts de protection Cette distinction entre dirigeants et dirigés
disparaît chez Louis Réau qui se contente évoquer le climat révolutionnaire
est-à-dire atmosphère envie et de haine qui explique tant de ruines
Ces deux historiographies militantes cherchent moins analyser la notion de
vandalisme condamner ou innocenter la Révolution Aussi malgré
opposition sur les objectifs poursuivis a-t-il accord sur les moyens Il agit
un procès et chacune des deux parties accumule les faits prouvant le bien-fon
dé de sa thèse Ces combats voilent des choix idéologiques Nous avons rompu
avec cette vieille France qui été reine du monde avec la France de saint Louis
de Jeanne Arc de Louis XIV Nous avons ouvert entre elle et nous une vaste
tranchée où nous avons accumulé le sang et les ruines 10 déplore Boutaric
Derrière la crainte du vandalisme se profile la question religieuse Une église
est le fanatisme disait par antiphrase Victor Hugo on dénonce un monument
on massacre un tas de pierres on septembrise des ruines Yvan Christ parle
704 LE VANDALISME VOLUTIONNAIRE HERMANT
de cette haine convulsive du spirituel qui souvent conduit les démolisseurs
abattre les églises 12 anathème si fréquent dans historiographie du vanda
lisme sert des combats politiques bien sur mais surtout tire sa substance des
valeurs par définition permanentes qui unissent ou divisent fondamentalement
les individus est ce qui explique que la plupart des ouvrages sur le vandalisme
révolutionnaire éprouvent la tentation de quitter leur étroit cadre chronologique
1789/1799 pour inscrire dans un plus long terme Le livre de
Gautherot par exemple examine un chapitre préliminaire les précur
seurs du vandalisme jacobin Il justifie le vandalisme chrétien de la fin de
Empire romain et condamne le vandalisme protestant du xvie Luther est un
précurseur de Hébert épilogue est consacré au vandalisme contemporain
celui des années 1900 et la campagne de Maurice Barres pour protéger les
églises qui écroulent 13

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