Didier Diderot lecteur de Denis : ses Réflexions sur l Essai sur le mérite et la vertu - article ; n°1 ; vol.10, pg 21-39
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Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie - Année 1991 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 21-39
Roland Mortier : Didier Diderot reads Denis: his Réflexions sur l'Essai sur le mérite et la vertu.
Diderot dedicated his translation of Shaftesbury to his brother Didier in a preface which attempted to reconcile morality, philosophy and religion. But his brother was nevertheless violently opposed to the ideas expounded in the Essai sur le mérite et la vertu and expressed his hostility in the annotations he made in his copy of the first edition of the work, preserved in the Langres library. These annotations are presented here, collated with the text of DPV. Didier Diderot's criticism, directed both at his brother and at Shaftesbury, derives mainly from his concern to subordinate morality to religion and to submit to Roman Catholic orthodoxy.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Professeur Roland Mortier
Didier Diderot lecteur de Denis : ses Réflexions sur l'Essai sur le
mérite et la vertu
In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 10, 1991. pp. 21-39.
Abstract
Roland Mortier : Didier Diderot reads Denis: his Réflexions sur l'Essai sur le mérite et la vertu.
Diderot dedicated his translation of Shaftesbury to his brother Didier in a preface which attempted to reconcile morality,
philosophy and religion. But his brother was nevertheless violently opposed to the ideas expounded in the Essai sur le mérite et
la vertu and expressed his hostility in the annotations he made in his copy of the first edition of the work, preserved in the
Langres library. These annotations are presented here, collated with the text of DPV. Didier Diderot's criticism, directed both at
his brother and at Shaftesbury, derives mainly from his concern to subordinate morality to religion and to submit to Roman
Catholic orthodoxy.
Citer ce document / Cite this document :
Mortier Roland. Didier Diderot lecteur de Denis : ses Réflexions sur l'Essai sur le mérite et la vertu. In: Recherches sur Diderot
et sur l'Encyclopédie, numéro 10, 1991. pp. 21-39.
doi : 10.3406/rde.1991.1098
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1991_num_10_1_1098Didier Diderot lecteur de Denis :
ses Réflexions sur V Essai
sur le mérite et la vertu
Lorsque le jeune Diderot publie, en 1745, sa traduction de YInquiry
concerning Virtue, or Merit de Shaftesbury, il livre pour la première fois,
par sa lecture du texte et par ses notes, l'état de sa pensée philosophique
et de sa conception des rapports entre la morale et la religion. Soucieux
de ne pas heurter de front sa famille, et en particulier son jeune frère
Didier-Pierre qui s'apprêtait à prendre les ordres, il fait précéder sa
traduction d'une épître dédicatoire A mon frère dans laquelle il affirme
la liaison étroite entre « la religion bien entendue et pratiquée avec un
zèle éclairé» et le progrès des vertus morales, et dénonce avec force la
confusion de la philosophie et de l'impiété. S'il sauvegarde ainsi, en
plein accord avec Shaftesbury, la nécessité de la religion {point de vertu,
sans religion; point de bonheur sans vertu), il restreint fortement le
concept de religion en condamnant ses aspects coercitifs et ses manifest
ations sanglantes. Pour lui l'incrédulité vaut mieux que l'Inquisition,
car une certaine idée de la piété pousse une moitié de la nation à se
baigner dans le sang de l'autre et à «violer, pour la cause de Dieu, les
premiers sentiments de l'humanité ; comme s'il fallait cesser d'être
homme pour se montrer religieux ! ».
Diderot se faisait des illusions s'il croyait vraiment son jeune frère
sensible à pareil langage. Il le dit «ennemi de l'enthousiasme (c'est-à-
dire, dans le vocabulaire de l'époque, du fanatisme religieux) et de la
bigoterie », sans se douter que cet éloge sera ressenti comme un affront.
Le futur chanoine est déjà homme d'Église, et il l'est pleinement, sans
aucune restriction mentale. Aussi son analyse sera-t-elle sévère et son
jugement négatif. Sa réaction est celle d'un catholique intransigeant,
bien décidé à ne rien concéder sur le fond ; elle est aussi celle d'un
théologien solide, formé aux arguties de la controverse ; elle est enfin
celle d'un lecteur attentif, intelligent, mais totalement fermé au mode
Recherches sur Diderot et sur Y Encyclopédie, 10, avril 1991 a i k c i p e s
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Frontispices de l'édition originale DIDIER DIDEROT LECTEUR DE DENIS 23
de pensée qui sous-tend V Essai et les notes du traducteur. Didier a par
faitement vu où se situait, entre son frère et lui, le point de rupture sur
un point essentiel à ses yeux : la priorité du religieux sur l'éthique, et
au-delà, la soumission à l'orthodoxie romaine.
Madame de Vandeul parle de lui en ces termes dans ses Mémoires
pour servir à l'Histoire de la Vie et des Ouvrages de M. Diderot : « Mon
oncle a fait ainsi que mon père ses études aux Jésuites. Violent, vif,
plein de connaissances théologiques, il suit à la rigueur cette maxime de
l'apôtre : "Hors de l'Eglise, point de salut". Il s'est brouillé avec mon
père parce qu'il n'était pas chrétien, avec ma mère parce qu'elle était sa
femme. Il n'a jamais voulu me voir parce que j'étais sa fille... Après la
mort de mon père, il fit demander ses papiers pour les jeter au feu ; ils
étaient en Russie avec sa bibiothèque».
Denis Diderot a dû offrir un exemplaire de l'édition originale de
Y Essai (Principes de la philosophie morale ; ou Essai de M. S*** sur le
Mérite et la Vertu, Avec Réflexions, A Amsterdam, chez Zacharie
Châtelain, M. DCC. XLV.) à son frère, comme il l'avait fait à son ami
Jean- Jacques Rousseau. C'est à la pagination de cette édition que se
réfèrent les Réflexions de l'abbé Didier. Il est probable qu'il n'a pas
tardé à mettre sur le papier ses réactions personnelles, auquel cas le man
uscrit remonterait à 1745-1746, mais rien ne permet de l'affirmer avec
certitude (voir l'Inventaire de Michèle Gauthier, RDE, n° 9, p. 175,
pièce 15). Les commentaires portent, d'abord exclusivement, plus loin
en ordre principal, sur les notes du traducteur, mais on verra que
l'analyste emporté par son élan (et par la cohérence des deux textes),
s'en prend très souvent à Shaftesbury lui-même sans pourtant le nommer
explicitement.
Nous avons collationné les citations, généralement soulignées dans
le manuscrit et le plus souvent soigneusement paginées, avec la pagina
tion de l'édition critique donnée par Paolo Casini et John Spink dans le
tome I de Hermann (DPV), pages 267 à 437.
La conclusion de Didier Diderot s'inscrit en faux contre la prétention
de son aîné à rendre avec fidélité la pensée de Shaftesbury (« Je l'ai lu et
relu: je me suis rempli de son esprit»). Pour lui, «le style louche et
obscur» du moraliste anglais n'a pas permis à son traducteur de
«comprendre le sentiment de l'auteur», ni d'être «bien entré dans son
esprit». Voilà donc Diderot le philosophe doublement coupable dès ses
débuts, à la fois comme traducteur et comme penseur. S'il eut communic
ation du manuscrit, ce que nous ignorons, il dut perdre bien de ses
illusions et se préparer à de rudes joutes pour des ouvrages moins
conciliants que celui-ci.
Roland Mortier ■
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j'entends, ajoute l'auteur, comme vous cette sombre
disposition qui rend un homme insensible aux charmes
de la nature et de l'art et aux douceurs de la société b.
* Ce texte, conservé à la B. M. de Langres, fait partie d'un cahier intitulé « Réflexions
de M. l'abb

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