Discussion sur la limitation volontaire de la population - article ; n°1 ; vol.7, pg 210-224
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1896 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 210-224
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1896
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Robin
Discussion sur la limitation volontaire de la population
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 7, 1896. pp. 210-224.
Citer ce document / Cite this document :
Robin Paul. Discussion sur la limitation volontaire de la population. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV°
Série, tome 7, 1896. pp. 210-224.
doi : 10.3406/bmsap.1896.6777
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1896_num_7_1_67775 mars 1896 210
rairedes prêts en argent ne s'explique pas peut-être facilement par
lui-même. Il s'explique au contraire très simplement si l'on exa
mine les conditions dans lesquelles s'exerçaient les prêts avant
que la monnaie d'argent fût introduite. Ce qu'on prêtait et ce
qu'on prête encore là où l'argent est rare ou inutile, ce n'est pas
de l'argent. Tout homme vivant de la terre, et n'ayant ni bétail
ni semence, est comme ne possédant rien. Il est dans la nécessité
absolue d'emprunter. Et il emprunte de la semence et du bétail.
Mais lorsqu'il emprunte une vache, par exemple, pour une année,
il est évident qu'il ne doit pas seulement rendre la vache, mais
aussi le veau qu'elle a produit pendant ce laps de temps. De même
à celui qui prêtait une esclave, l'emprunteur était redevable non
seulement de cette esclave, mais de l'en Tant qu'elle avait dû ou pu
avoir. Pour les semences, le remboursement pouvait être de plus
du double de la quantité prêtée, très légitimement. Et telle est
l'origine évidente du taux de l'intérêt. 11 était d'abord basé sur le
taux même d'accroissement de la chose prêtée.
Discussion sur la limitation volontaire de la population.
M. Paul Robin, pour compléter sa réponse à M. Yves Guyot, lit
la note suivante :
Lois positives et lois tendancielles.
Une cause fréquente de malentendus est la confusion entre les
lois positives et les lois tendancielles.
Dans l'expression des premières, tous les éléments de la ques
tion entrent enjeu. Dans l'expression des secondes, on n'en consi
dère qu'une partie, soit parce qu'on trouve cette abstraction utile
au point de vue de la clarté, soit parce que certains de ces él
éments» trop compliqués, échappent à l'analyse. Le premier cas est
fréquent dans les sciences cosmologiques, le second en sociologie.
Précisons par quelques exemples :
La loi de Mariotte est une loi positive. Elle ne comporte que
deux éléments, le volume d'une certaine masse d'un gaz et la
pression à laquelle il est soumis. La relation qui les lie est des
plus simples : leur produit est constant. — LOIS POSITIVES ET LOIS TENDANCIELLES 211 ROBIN.
La loi de Newton, dans son expression générale de gravitation
proportionnelle aux masses et en raison inverse du carré des dis
tances est une loi positive; mais si on la particularise en l'appl
iquant au poids et à la chute des corps à la surface de la terre,
elle prend la forme d'une loi tendancielle qui ne se vérifie jamais
qu'approximativement, même dans les expériences les plus déli
cates. Et de plus, l'industrie utilise une foule de dispositions
mécaniques dans lesquelles la réalisation de la loi tendancielle des
espaces parcourus proportionnellement aux carrés du temps, est
absolument masquée.
Citons encore l'exemple des lois tendancielles régissant les cou
rants aériens; elles sont vraies dans leur ensemble, mais les pré
visions qui en résultent sont sans cesse contredites dans leurs
détails par des influences perturbatrices échappant à l'analyse.
Cette remarque s'applique à toutes les lois tendancielles écono
miques, population, salaires, offre et demande, etc., dans le
squelles se trouvent forcément négligés des éléments dont quel
ques-uns peuvent, parfois, prendre une influence victorieuse de
toutes les autres.
C'est en particulier une grave erreur, pour contester la loi de
l'accroissement de la population de Malthus, de remarquer que ses
prévisions ne se sont jamais réalisées que pendant des temps très
courts et dans des circonstances exceptionnelles.
C'est qu'en effet les obstacles répressifs douloureux qu'indique
l'économiste anglais, n'attendent pas, pour exercer leur action, le
temps qu'il plaît aux contradicteurs de choisir, mais agissent de
suite à partir du premier moment où les moyens de subsistance
sont insuffisants, et s'ils sont ainsi répressifs pour le passé, ils
deviennent préventifs pour l'avenir, sans rien perdre du caractère
douloureux que la science n'a pas le droit de tolérer.
La loi de l'accroissement des subsistances « en progression
arithmétique au plus» est une simple image littéraire, donc
regrettable; elle est infirmée dans diverses circonstances.
Un grand progrès industriel comme celui qui caractérise l'épo
que qui s'achève, accroît la production bien plus vite que ne
l'indique la formule de la loi] précitée, et cette production n'est
pas toujours, tant s'en faut, celle des subsistances accessibles k la
masse, et n'interrompt pas la répression cruelle de l'accroissement
de la population.
D'autre part, ces périodes sont suivies d'autres, et nous entrons 5 mass 1896
dans l'une d'elles, où la production devient stagnante, soit parce
que le développement industriel a atteint un maximum, soit
que notre organisation sociale basée sur l'échange inique 1, s'op
pose à la consommation parle grand nombre et ne la permet qu'à
une insuffisante minorité.
La loi tendancielle de l'augmentation de la population en pro
gression géométrique est mathématiquement démontrable pourvu
que l'on admette cette seule vérité évidente que dans une unité de
temps, une unité de population tend à devenir cette unité, plus
une certaine fraction, prenant pour cette fraction, telle valeur
qu'on voudra supposée ou donnée par l'expérience 2.
Nier cette loi, dirai-je à mon tour, n'est pas scientifique.
J'ignore si c'est patriotique, et cela m'importe peu.
Mais il est scientifique et c'est un devoir humanitaire, connais
sant cette loi, de répandre dans les masses la connaissance des
moyens non douloureux de se préserver de ses funestes effets,
d'entraver son action, de prévenir les misères qu'elle cause exac
tement, comme le font aujourd'hui les hygiénistes et les médecins
en entravant, par tous les moyens possibles, l'action de moindres
maux, reproduction des microbes nuisibles, diffusion des épidé
mies, aggravation des maladies.
Discussion.
M. G. de Mortillet. — II me semble que la discussion s'égare
et se perd dans des considérations générales qui laissent une
grande part aux élans de l'imagination. Ce n'est pas dans les
habitudes de la Société, qui recherche les données positives
appuyées sur l'observation directe des faits. En suivant cette der
nière méthode, la solution de la question me semble bien simple.
Comme base, on a supposé la dégénérescence de nos populat
ions. Cette base n'existe pas. La vie moyenne, chez nous, a fo
rtement progressé. C'est un fait aequis, prouvé. Il n'y a donc pas
dégénérescence, mais amélioration.
* On sait, en effet, que celui qui produit reçoit moins que la valeur de son
travail, que celui qui consomme paie plus que la valeur du produit.
2 Si l'unité de population devient aprè.-* l'unité de temps 4 + a, une popu
lation p devient au bout de ce (emps P (1 + a). Cette nouvelle population
~ V devient, au bout d'une nouvelle unilé du temps, P (1 + a) (1 + a)
(1 +a)2, et après le temps n P (1 + a)n. C'est l'accroissement suivant une
progression géométrique. LIMITATION VOLONTAIRE DE LA POPULATION 213
Comme remède au mal supposé, on a proposé de réduire la
natalité. La dégénérescence n'existant pas, il n'y a pas à chercher
un remède contre un mal idéal. Mais passons et examinons la
valeur du remède. Il s'agit de persuader aux familles de régler
leur progéniture sur les moyens dont elles peuvent disposer pour
l'éducation et le développement des enfants. Donc les jeunes
ménages, qui sont habituellement dans une gêne relative, devraient
attendre pour avoir des enfants que leur position se s

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